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  • Pacte avec la Mort

    Le pacte avec la mort est un nombre d'hommes, le nombre 666. Le pacte avec la mort englobe bien plus que les seuls fanatiques de musique rock, arborant des têtes de mort sur leurs vêtements liturgiques.

    La culture moderne occidentale, dans la mesure où elle se définit comme "anthropologique", est une culture de mort, car le plan humain s'achève dans la mort.

    La mort se résume à un jeu de hasard.

  • Monde sentimental

    La surprise des attentats-suicides dans le centre de Paris passée, le torrent des réactions spontanées a commencé d'inonder les "réseaux sociaux", contribuant à alimenter le terrorisme qui, sans les réactions sentimentales de la foule, n'aurait pas le même impact.

    La stratégie du terrorisme est donc imparable. Elle ne renforce pas seulement la légitimité du terrorisme aux yeux d'éventuels postulants au djihad, mais également la légitimité de l'Etat dans ses fonctions policières et militaires vitales. La raison d'Etat passe d'autant plus pour raisonnable que les citoyens sont en proie à une émotion plus ou moins sincère.

    Les attentats, bien que ce ne soit pas leur but, soulignent deux phénomènes convergents : - la mondialisation, dont le terrorisme est la rançon puisque la mondialisation est un processus impérialiste qui ne peut manquer de rencontrer une résistance. Le choc des cultures oppose la culture des nations soumises à l'impérialisme à la culture des nations qui bénéficient de la mondialisation ;

    - d'autre part le sentimentalisme des masses, conditionnées à l'être. Les réactions sentimentales doivent d'autant plus être caractérisées comme une attitude religieuse trahissant l'absence d'esprit critique (les citoyens qui pleurnichent après les attentats n'hésitent pas à accorder leur blanc-seing à une politique économique impérialiste), d'autant plus que les élites françaises se prévalent d'une saine laïcité (c'est-à-dire, en principe, d'un esprit critique plus aiguisé).

    Les médias et les réseaux sociaux, aussi contrôlés que possible par les institutions étatiques, sont le canal privilégié d'expression de réactions qui vont de l'hystérie à la tentative de récupération politique, mais qui dans tous les cas sont parfaitement inutiles. Le terrorisme ne peut pas se passer de ces réactions ; mais l'Etat ne peut pas se passer non plus des médias et des réseaux sociaux pour étendre et raffermir son emprise, notamment économique.

    On peut définir le terrorisme comme une faille grandissante dans le processus de mondialisation, dans lequel les élites occidentales jouent le rôle le plus actif, et auquel les masses contribuent par leur passivité, c'est-à-dire une manière de réagir où l'émotion l'emporte sur la raison. La question politique est de savoir jusqu'où ira la faille ? Pour le moment, les élites occidentales ne sont guère inquiètes : leur arsenal militaire, d'une puissance sans équivalent dans l'histoire, est là pour les rassurer. Le terrorisme a même pour effet, dans un premier temps, de renforcer la légitimité de l'usage de la violence policière ou militaire. Mais ces élites ne peuvent ignorer le danger que le terrorisme fasse tache d'huile au sein des masses opprimées par l'Occident, qui représentent une force loin d'être négligeable.

    Mais surtout le terrorisme marque la limite de la pensée politique contemporaine, et sans doute de la pensée moderne en général, dans la mesure où celle-ci n'accorde aucune place véritable à l'histoire (le progressisme n'est qu'une philosophie de l'histoire truquée, destinée à servir de religion aux masses dans le cadre totalitaire). En effet, le terrorisme entame la conception béate et optimiste d'une mondialisation heureuse, hypothèse irrationnelle au niveau de la science-fiction.

    On ne fait pas de profit sans casser des oeufs, et la dynamique de la mondialisation est une dynamique de profit. Par conséquent le terrorisme, en tant que "dommage collatéral", a plus de sens que les publicités capitalistes grossières sur le thème "Peace and Love" ou des lendemains qui chantent, perspectives assignées au citoyen lambda d'un régime totalitaire, bien qu'absolument irrationnelles. Dans un régime dont le moteur est la compétition, c'est l'absence de violence qui serait étonnante.

    La réflexion politique ne permet donc pas de voir au-delà de l'horizon du terrorisme. L'histoire offre une plus grande profondeur de vue, dans la mesure où l'histoire, science prophétique, commence par indiquer les limites de la politique et de la réflexion anthropologique. Ce faisant, l'histoire à la manière de Shakespeare purge l'esprit d'une conception politisée de l'histoire dont l'Etat totalitaire a l'usage afin de sidérer les masses.