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Didier, Pierre, Sébastien, etc.

• Didier s’est marié alors que Delphine était déjà enceinte. Elle voulait pas qu’il l’épouse sous l’emprise du devoir, de son point de vue à elle c’était une mauvaise idée. Mais Didier avait le sens du devoir trop aiguisé, il a passé outre cette objection.
La première fois que Didier a voulu échapper un peu à la promiscuité de la vie moderne qu’il menait dans le XVIIe arrondissement de Paris avec sa femme et son fils - escapade avec une jeune préposée de passage -, sa femme en a profité à son retour pour grimper sur un perchoir de moralité en soulevant sa robe à fleurs, et, de là-haut, elle lui a tenu un discours nettement condescendant, comme si c’était un gosse qui se branlait trop souvent après le couvre-feu, et elle sa mère ! Didier n’a pas supporté longtemps ce ton : il a dû se résoudre à trahir son devoir et à demander le divorce.

• Quant à Pierre, pas loin d’être aussi critique que moi à l’égard de l’Église, qui envoie de jeunes innocents au massacre matrimonial en se contentant de leur bourrer le trousseau avec quelques slogans pseudo-évangéliques, quelques trucs et astuces psychologiques, il voulait juste pas qu’on puisse l’accuser d’avoir trahi son camp. Il avait la fleur au fusil, mais c’était juste pour la photo. Je suis sensible à l’argument du patriotisme religieux, mais il semble que le divorce de Pierre en cours ne lui donne pas entièrement raison. « À moins que je parvienne à convertir mon divorce en annulation de mariage !… Mais autrefois il suffisait de graisser la patte de l’official, aujourd’hui il faut le séduire, le draguer. C’est dégueulasse… » J’ai rien répondu pour une fois, je me suis contenté de hocher la tête et de remplir son verre.

• Sébastien est un cas un peu à part. Un gars spontané, peintre impressionniste. La théologie moderne, il s’en tamponne le coquillard. Pas assez sensuelle. Ce qui l’a rapproché de l’autel où son union a été célébrée, par un vendredi très froid de novembre, la nef était entièrement blanche, fraîchement ravalée, l’impression de pureté bien rendue, Séverine la mariée que je découvrais pour la première fois, elle, était d’une finesse de bouche et de jambes remarquable, je crois pouvoir dire que c’est la peinture, les grands maîtres, les caravagesques surtout.
Les grands sermons n’avaient pas beaucoup d’effet sur mon pote, mais un tableau de trois mètres sur deux, il se sentait tout minable à côté. L’humilité lui nouait la gorge, le mettait à genoux.
Séverine était violoniste, elle, aussi le jeune vicaire a-t-il beaucoup abusé de métaphores artistiques dans son homélie romantique. Sébastien et Séverine ont conjointement demandé le divorce au bout de six mois. Pas le genre à se contenter de métaphores ?

• Erwan, lui, s’est marié par intérêt avec une aristo toulousaine - petite noblesse -, assez riche pour subvenir à ses caprices. Moi, les foucades de mon pote Erwan m’ont toujours pas mal diverti, mais il n’y a jamais eu de contrat entre nous qui m’oblige à supporter ad vitam aeternam ses coups de fil en pleine nuit pour tenter de m’enrôler dans telle ou telle guérilla sud-américaine ou africaine. Le jour où j’en aurai ma claque de ses coups d’État, où il voudra déclencher une grande offensive informatique contre la Maison Blanche, je pourrai toujours dire stop, raccrocher et brûler tous les documents.
Claire, elle, a pris la poudre d’escampette, un train en pleine nuit, pour rentrer chez ses parents. Elle est revenue un peu plus tard récupérer ses deux mômes.

• Pour pas qu’on dise que c’est Lapinos qui porte la poisse, je me sens obligé de citer aussi le cas de mon pote Ludovic, qui n’a pas divorcé du tout. Bien sûr, je lui en veux un peu, à Ludovic, d’ailleurs, parce qu’avec son physique à la Alain Delon (en plus viril), ses onze enfants, il entretient un peu artificiellement le mythe de Tristan et Iseut, du Prince charmant (avec une grosse bite), il me donne tort.
Mais Ludovic s’est marié très jeune parce qu’il avait très envie de baiser. On voit bien ce que son cas a d’exceptionnel.
Je ne parle même pas de quelques autres couples que je fréquente plus ou moins, qui sont encore mariés, eux aussi. Parce que dès le départ ils ont montré un pragmatisme, un sens de la préservation de leurs intérêts très solide, ou bien on pouvait deviner une quasi-absence de besoins sexuels. Des mariages tout juste valides, en somme.

On note que dans mon petit conciliabule de crise, je tiens à éviter autant que possible le style administratif ecclésiastique dont je suis pas un spécialiste, et à examiner le problème sous l’angle de la politique. Je sais bien qu’Aristote a moins la cote aujourd’hui que les paragnostiques ou les fumistes complets, mais je préfère m’en tenir au constat que l’homme est un animal politique et ne pas multiplier les références inutiles.
Ma manière de présenter les quelques cas vivants ci-dessus peut manquer au goût de certains de neutralité. C’est que je ne crois pas beaucoup à la pensée neutre, je suis plutôt adepte de la théorie des pics et des saillies. La neutralité est un concept bio-physique. Il ne faut jamais faire confiance à la bio-physique pour régler un problème grave.

Commentaires

  • Douleurs de l'enfant te ment pre_posthume, ou le sydrome du clapier ?
    Couine couine couine !!
    Ha! la puberté, quel age idiot ; on s'en remet qu'apres la post adolescense c'est bien connu...

  • Casamiento... miento, dit-on en espagnol : mariage menteur. Là-dessus, Cervantes a écrit une nouvelle que je vous recommande, Le mariage trompeur, dans laquelle est enchâssé le célèbre Colloque des chiens, satire de la société de son temps.

  • C'estpas tous les jours fete , bien sur , mais après 30 ans d'un mariage d'amour et 5 moufflets , on rigole toujours , on se dispute aussi , et puis on baise , he oui , comme des gamins.
    Alors ça peut marcher , quand meme , non ?
    Soyons optimistes , et avec un peu de volonté ...

  • Oui, oui, André, je connais des contre-exemples comme vous aussi, mais, euh, est-ce qu'en trente ans les choses ne se sont pas un peu détériorées ? Je veux dire qu'il est de moins en moins permis de faire cinq enfants.

    Faut dire, André, qu'avec un tel prénom, vous devez être à l'abri d'une crise de la virilité.

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