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Lapinos

  • Le nazisme en 2025

    Le nazisme, en 2025, c'est V. Poutine pour l'Ukraine de V. Zélenski et ses soutiens ; pour V. Poutine et le peuple russe, au contraire, il ne fait pas de doute que l'Ukraine de V. Zélenski incarne le nazisme. Mais encore, pour certains, le nazisme c'est l'islam révolutionnaire ou terroriste, tandis que d'autres voient dans l'élimination de plusieurs dizaines de milliers de Palestiniens par Israël et les Etats-Unis une preuve que le sionisme est un néonazisme.

    Le nazisme en 2025 est à la fois partout et nulle part. On comprend ici la démarche prévoyante de George Orwell qui consiste à étudier le fascisme ou le nazisme tel qu'il est, et non pas tel qu'il prétend être, ou tel que ses rivaux prétendent qu'il fut.

    Cette démarche conduit Orwell à poser l'équivalence du communisme, du nazisme et du libéralisme, alors même que leurs slogans varient. Orwell était le mieux informé du monde de la symétrie des méthodes nazies et des méthodes socialistes-révolutionnaires : on peut parler dans les deux cas de violence rhétorique.

    La propagande ou le mensonge totalitaire n'a pas une finalité machiavélique politique, mais un but religieux : il ne s'agit pas pour les élites dirigeantes d'entraîner malgré elle l'opinion publique dans une direction politique définie, mais de faire adhérer les masses aux élites dirigeantes, suivant un principe de souveraineté populaire où la culture de masse joue un rôle crucial.

    On retrouve ce dispositif totalitaire dans l'étiquette de "culture populaire" collée sur des cultures entièrement produites par les élites dirigeantes ; la ligue de football, de rugby, le cinéma, n'ont absolument rien de "populaires" ; un exemple frappant est la chanson dite "populaire" : son thème est presque systématiquement amoureux, alors même que l'amour est une invention de la caste supérieure aristocratique, puis perpétuée par la bourgeoisie protestante à travers, notamment, le divorce.

    On peut prendre comme une caractéristique de la culture populaire authentique les efforts pour ridiculiser l'amour, ce qui est le cas, par exemple, de nombreux fabliaux du Moyen Âge ou, plus récemment, des romans de L.-F. Céline.

    Les quelques essayistes qui ont signalé le caractère nettement sentimental de la culture allemande dans laquelle s'est épanoui le nazisme, ont immédiatement été contredits par des propagandistes libéraux.

    Fait sans doute significatif : le théâtre de Shakespeare qui ne cesse de montrer la dimension misanthropique et antisociale de l'amour, a été adapté au cinéma d'une façon telle qu'on lui fait dire le contraire. S'il est vrai que Sh. exhibe la passion amoureuse dans ses moindres détails, il n'en est pas moins vrai qu'il souligne son impulsion macabre, quasiment carnassière.

    La culture gay anarchiste est pratiquement la transposition de l'amour courtois chanté par les troubadours occitans, dont Sh. ne cesse de souligner l'imbécillité. Le crime du Frère Laurence dans "Roméo & Juliette" n'est pas de croire à la folie de l'amour, mais de le cautionner, bien qu'il le sache imbécile, pour un motif supérieur utopique. Il s'agit là exactement de la démarche des élites totalitaires telle qu'elle est décrite dans "1984".

    Une des caractéristiques du nazisme selon Orwell, c'est-à-dire du communisme et de la démocratie-chrétienne libérale, est la prohibition de la culture populaire, son remplacement par la culture de masse. La culture de masse est, en soi, un signe de permanence du nazisme, c'est-à-dire d'une barbarie émanant du sommet de l'Etat.

    Le nationalisme allemand sauvage (l'Allemagne a plus cédé au romantisme que d'autres nations occidentales) est un discours amoureux. Il s'étiole à mesure que l'on s'élève dans la société bourgeoise au profit d'un bovarysme plus individuel, pour ainsi dire "petit bourgeois". Mais, fondamentalement, le nazisme ou le stalinisme n'est pas moins irrationnel que l'amour petit-bourgeois ; tandis que le bovarysme conduit Emma au suicide, le nationalisme ou le socialisme-révolutionnaire a le même effet sur le peuple.

    Orwell a convoqué pour crever l'oeil de Big Brother une espèce d'hommes sans âmes, capable de résister à la fascination que l'Occident barbare exerce à travers la culture de masse, y compris sur ses esclaves, qui ne peuvent s'empêcher d'adorer Big Brother.

  • Pourquoi le cinéma est fasciste

    Le critique artistique Walter Benjamin, réfugié à Paris à la fin des années 1930, avant de devoir fuir en Espagne en raison de la défaite française, a expliqué pourquoi le cinéma est un art fasciste. A l'instar du fascisme, dit-il en substance (dans "L'Oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique"), le cinéma a pour fonction d'empêcher la "conscience de classe" de se répandre dans les classes subalternes. C'est ici le rôle du fascisme en période de crise capitaliste, quand la menace révolutionnaire est accrue - dans ce cas la bourgeoisie sociale-démocrate est contrainte de renoncer aux apparences de la démocratie.

    De fait, la mystique totalitaire de "l'unité nationale", qui masque les conflits plus ou moins ouverts entre les différentes classes sociales, qui se tiennent en respect mutuellement, cette mystification est largement cinématographique. Un Français qui lit des bouquins d'Histoire, quelle que soit la classe sociale à laquelle il appartient, sait que "l'unité nationale" relève de la propagande nationaliste, indispensable pour mobiliser des troupes et l'opinion publique en temps de guerre. S'il y a une chose particulièrement abjecte et décadente dans le régime de Vichy, c'est sa propagande, non pas seulement parce qu'elle est antisémite, mais parce qu'elle est conçue pour abuser tous les citoyens systématiquement.

    La propagande européiste (1960-2025) s'encombre aussi peu de la réalité des conflits sociaux, cette fois à l'échelle internationale, que les discours nationalistes précédant le conflit mondial.

    Hollywood a joué un rôle décisif au XXe siècle afin de constituer une propagande nationaliste-fasciste dans une nation -les Etats-Unis-, culturellement assez hostile à l'idée nationale, et plus soudée autour de l'idéal démocratique, idéal qui ne s'est jamais concrétisé dans toute l'histoire moderne, dans le cadre d'une "nation".

    George Orwell n'aurait pas contredit W. Benjamin, d'autant moins que ce dernier pointe particulièrement les "actualités cinématographiques filmées", moyen de sidération particulièrement efficace et qui contribua à diffuser l'antisémitisme en Europe. Les actualité filmées sont, bien plus efficacement que la presse écrite, un moyen de falsifier en temps réel l'actualité politique - à la manière de CNN lors du conflit opposant les Etats-Unis à l'Irak. Avant que le complotisme ne prenne de l'ampleur, Orwell a illustré dans "1984" qu'il constitue une brèche dans le mensonge d'Etat.

    Orwell fulminait en outre contre la ligue de football britannique, bien avant que le football ne devienne un genre cinématographique à part entière, à l'échelle mondiale, remplissant parfaitement la fonction fasciste qui consiste à maintenir la plèbe au niveau sentimental. Ici on peut vérifier l'équivalence posée par Orwell entre le fachisme, le communisme et la démocratie-libérale, idéologies très proches en dépit de la haine qui les sépare.

    W. Benjamin caractérise le cinéma capitaliste comme un cinéma fasciste, en raison de son mode de production antirépublicain. Il souligne de cette façon que le discours et l'art nationaliste sont liés au capitalisme. La peinture fasciste de Marinetti se distingue par l'effort de cet artiste pour donner l'illusion du mouvement à des totems du capitalisme, tels qu'une locomotive ou une automobile.

    On constate que le patriotisme, l'attachement à une région délimitée, qui n'est pas nihiliste, a été éclipsé par le nationalisme au stade du développement industriel capitaliste. Dès le début du XXe siècle, la propagande nationaliste est indissociable de l'économie capitaliste. Certaines oeuvres littéraires patriotiques, souvent taxées de "régionalisme", ont persisté au-delà du fascisme, du nazisme, du stalinisme ou du discours impérialiste américain soutenu par Hollywood. La poésie nationaliste est dépourvue de caractère patriotique, dans la mesure où elle est adaptée aussi bien au Japon qu'à l'Allemagne, la Corée du Nord ou la France.

    Il est intéressant de noter que Benjamin fait une exception pour le cinéma de Charlie Chaplin, le cinéma burlesque d'une manière général ; pourquoi ne le qualifie-t-il pas de "fasciste" ? Le cinéma de Chaplin ne contribue pas à créer un sentiment illusoire de communion nationale, il est irréligieux. Quiconque a vu "Les Temps modernes" (1936) comprend aisément pourquoi Chaplin est le moins moderne des cinéastes, loin d'adhérer à la phénoménologie de l'esprit du cinéma fasciste ou fascisant. Chaplin ne dissimule rien du statut de l'ouvrier dans l'économie capitaliste, entériné par l'Etat de droit bourgeois. "Les Temps modernes" illustre le propos de Karl Marx sur la transformation de l'être humain en objet par le travail capitaliste ; la liberté, fruit du travail promis par le nazisme ou le libéralisme, n'est autre que la mort.

    Le cas du "Dictateur" (1940) est plus discutable, car Chaplin, volontairement ou non, conforte avec ce film la propagande totalitaire qui fait de la folie criminelle d'A. Hitler une explication du déclenchement et du déroulement de la seconde guerre mondiale, négationnisme sans doute grossier, mais très efficace. Hitler n'était pas plus fou que Napoléon Ier.

    Le ridicule, souligné par Chaplin, n'est pas propre à Hitler, et cela bien que le goût pour les parades de toute sorte soit très développé en Allemagne, il est inhérent à la démagogie, ce qui explique qu'une bonne partie du cinéma fasciste américain semblera à la fois ridicule et mortellement ennuyeux à qui est insensible à son charme ; les films de super-héros ne sont pas moins "kitsch" que les parades nazies ou soviétiques. L'Etat totalitaire est notre père, et il nous oblige à avoir un comportement et des goûts infantiles. Le renoncement à devenir un adulte est caractéristique des régimes totalitaires ; tous ces aspects ont été très bien soulignés par A. Huxley aussi dans sa contre-utopie.

    Les exemples sont sans doute assez rares au cinéma de ce que Shakespeare fait avec le théâtre, à savoir le dynamiter de l'intérieur et priver le spectateur de divertissement. Le cinéma macabre d'A. Hitchcock peut dégoûter du cinéma, car la caméra d'Hitchcock est semblable à l'oeil d'un voyeur et donne au spectateur le sentiment qu'il est lui-même une sorte de maniaque. C'est ici encore un lien avec le fascisme, qui repose largement sur la fascination pour la violence de foules apathiques, soudain enflammées par la vitalité émanant de tel ou tel leader charismatique. Le fascisme n'enflamme jamais qu'un terrain préparé par la bourgeoisie sociale-démocrate.

    La censure n'est pas si importante au stade totalitaire que le contrôle des moyens de diffusion et de production du cinéma par la bourgeoisie capitaliste. On le voit à l'heure où Youtube et des canaux de diffusion moins contrôlés permettent à des cinéastes amateurs de publier leurs films ; si la plupart imitent servilement le cinéma fasciste-illusionniste, il arrive que certains fassent preuve d'imagination, chose très rare au cinéma, qui est le genre artistique le moins imaginatif (le plus codifié).

    Qu'il soit "fasciste", "trotskiste" ou "sioniste" importe peu : un démagogue tel que Donald Trump sait qu'il doit faire main basse sur Hollywood, au même titre qu'il doit mettre au pas la CIA ou le FBI. L'Etat totalitaire n'existe pas sans contrôle du cinéma.

    Pour W. Benjamin, un cinéma socialiste antifasciste devrait révéler aux classes subalternes toute l'illusion contenue dans la mécanique et la technologie modernes - l'idée, par exemple, qu'une automobile est AVANT TOUT un cercueil roulant... avant même d'être un moyen de locomotion pratique, ce qu'elle n'est que très secondairement. Comme l'art bourgeois s'opposait à la "culture de vie" des peuples barbares, un art socialiste devrait s'opposer à la "culture de mort" des temps modernes barbares (technocratiques).

    Aux arguments de W. Benjamin pour qualifier le cinéma de fasciste, Hannah Arendt en ajouta un, ultérieurement (au début des années 50) : le cinéma édulcore presque systématiquement les oeuvres littéraires dont il tire parti, réduisant et amoindrissant leur portée. Cet argument souligne l'effet de nivellement culturel du gouvernement par la nouvelle aristocratie de l'argent ; celle-ci encourage le philistinisme, qui est le meilleur terreau du fascisme. De fait, les meilleures adaptations cinématographiques du théâtre de Shakespeare, les plus fidèles, ont tendance à occulter sa dimension tragique... sans parler de sa dimension parodique, quasiment omniprésente.

    W. Benjamin aurait probablement été consterné par le triomphe du cinéma hollywoodien s'il l'avait connu. Celui-ci semble accomplir la prédiction d'Huxley du bonheur-divertissement, ou du bonheur-stupéfiant, à quoi l'on peut résumer l'Occident au XXe et XXIe siècle, réduit à un songe aussi creux que le fascisme.

  • Le projet capitaliste européen

    On sait depuis une longue enquête publiée le 23 novembre 2024 dans le "Spiegel" allemand que l'attentat contre le gazoduc NordStream, c'est-à-dire contre l'Allemagne, moteur industriel du projet européen, est l'oeuvre d'un commando de soldats ukrainiens piloté par la CIA. On sait, ou plutôt "le grand public est autorisé à le savoir", car les enquêteurs du "Spiegel" étaient au parfum plusieurs mois avant de publier les résultats de leurs investigations.

    Le chef du commando opérant à partir d'un petit port polonais, Roman Tscherwinsky, justifie son action de sabotage en expliquant qu'il voulait frapper l'économie russe ; le gazoduc NordStream était en effet le plus gros au monde, fournissant aux industriels allemands la moitié du gaz qu'ils consommaient ; mais la Russie n'a pas tardé à trouver d'autres acquéreurs pour son gaz. Si la CIA voulait empêcher le rapprochement de l'Allemagne et de la Russie, elle a visé la bonne cible. Cependant il n'est pas difficile de savoir quel usage l'extrême-droite nationaliste allemande (AfD) peut faire de cette information.

    Et le projet européen dans tout ça ? L'Europe est responsable de la guerre en Ukraine et ses dizaines de milliers de victimes inutiles, tant du côté de l'Ukraine, appuyée par les Etats-Unis, que de la Russie de V. Poutine.

    Les dirigeants européens qui ont fait la promotion de l'Europe pendant des années en arguant de son rôle pacifique doivent être regardés par les citoyens français comme des criminels de guerre ; la guerre n'est pas seulement le fait des soudards, mais aussi de ceux qui lui laissent libre cours en amont.

    Et, en même temps, l'Europe n'est pas responsable, car les Etats-Unis et la Russie, depuis la Libération, ont tout mis en oeuvre pour que l'Europe ne recouvre pas son indépendance perdue. Les efforts des services secrets soviétiques et américains pour peser sur la politique française au cours de cette période ne sont pas une rumeur complotiste, ce sont des faits établis, systématiquement dévoilés au grand public avec dix ou vingt ans de retard. Ici c'est la mise en action concrète du processus totalitaire d'occultation des faits en temps réel décrit par George Orwell dans "1984".

    Si l'on ne tient pas compte du fait que l'Europe est un projet capitaliste avant tout, on ne tient pas compte de la raison qui a poussé tous les démagogues "souverainistes" à renier leurs engagements souverainistes une fois élus - Mme Georgia Méloni est la dernière d'une longue liste. Mme M. Le Pen a pris soin de trahir son discours souverainiste avant même d'être élue, afin d'obtenir le soutien de l'oligarchie, sans lequel elle devrait se contenter de distraire la galerie.

    Il n'y a pas de solution juridique à la tutelle de la Commission européenne sur la politique française, allemande, ou italienne, car cette tutelle n'est pas juridique, elle est capitaliste. La Grèce a recouvré sa souveraineté juridique par le moyen des urnes en 2015, mais nullement sa souveraineté effective. Idem pour le Royaume-Uni : tout en ayant voté pour la sortie de l'Union à la majorité, les citoyens britanniques demeurent captifs du paradigme européen capitaliste, dont la Guerre froide fait partie. C'est si vrai que la Suisse elle-même, petit Etat possédant une constitution souverainiste et une armée capable d'assurer sa défense, la Suisse a été contrainte ces dernières années de céder devant les raisons de la guerre capitaliste à outrance entre blocs impérialistes.

    La méconnaissance des rouages (mathématiques) de l'économie capitaliste est un handicap aussi important que d'ignorer où se trouvent les canots de sauvetage du "Titanic" au moment où tout le monde à bord prend progressivement conscience que le navire était piloté par une bande d'imbéciles arrogants.

    Rêver d'un "Titanic" tout neuf qui fendrait les eaux comme du temps du général de Gaulle, ce genre de conte de fées n'est pas pour les Gilets Jaunes, c'est-à-dire pour tous les Français, en particulier la jeune génération, qui voudrait exercer des responsabilités contre le cours du capitalisme qui dissuade le plus grand nombre d'en exercer, incitant plutôt à l'onanisme culturel.

    La révolution libérale MAGA aux Etats-Unis est un conte de fées, une illusion du même acabit que la nostalgie du gaullisme. Pour croire que le bitcoin peut remédier aux problèmes engendrés par le capitalisme étatique, il faut être un zozo anarchiste.

    Le problème du capitalisme étatique le plus flagrant est la financiarisation de l'économie - les 700 milliards d'emprunts de la banque centrale européenne en sont un exemple frappant, en même temps que l'épée de Damoclès suspendue désormais sur les citoyens français, transformés par décret en débiteurs.

    Le bitcoin est un pur produit financier, entièrement détaché de la réalité économique (à peu près comme l'or) et qui devrait, chez les entrepreneurs capitalistes, rencontrer le mépris, a fortiori chez ceux qui ne le sont pas.

    S'opposant à l'analyse de Karl Marx, Joseph Schumpeter fut bien obligé de concéder que la financiarisation de l'économie capitaliste, prédite par Marx, était un phénomène apparemment inexorable et menaçant. Le bitcoin ne fait que révéler la nature antisociale profonde du capitalisme, élucidée naguère par Marx.

    L'histoire du capitalisme depuis la fin du XIXe siècle est l'histoire de la financiarisation accélérée de l'économie capitaliste. Les guerres mondiales n'ont fait qu'accélérer le phénomène.

    Le truc du bitcoin illustre l'inconséquence des partisans du néocapitalisme façon D. Trump et E. Musk, qui jouent un double jeu (Trump n'est pas assez ignorant pour méconnaître que son projet néocapitaliste est du bluff).

    Le projet capitaliste européen est non seulement dirigé contre la citoyenneté française elle-même, mais une entreprise capitaliste au bord de la faillite.

  • Misère de la sociologie

    Le but de ce billet est de faire voler en éclats une idée largement répandue par la sociologie et les sociologues, une idée centrale de cette discipline, l'idée que "le protestantisme est l'esprit du capitalisme".

    Le sociologue français Emmanuel Todd a remis cette thèse à la mode dans un ouvrage à succès récent où il constate et déplore la mort de l'Occident capitaliste, "que n'anime plus le souffle du protestantisme". En effet E. Todd prédit l'effondrement prochain de l'empire nord-américain, comme il avait prédit l'effondrement de l'Union soviétique dès 1976 sur la base d'une analyse démographique. Comme on est en temps de guerre, cette thèse défaitiste a valu à son auteur d'être ostracisé par l'oligarchie française.

    Comme l'Union soviétique a changé de nom et de drapeau, mais non fondamentalement de structure politique et économique, on doit dire ici que le pronostiqueur n'a eu qu'à moitié raison ; l'empire américain remporta contre l'URSS une bataille il y a un peu plus de trente ans, mais non la guerre, puisque la Russie n'a pas tardé à se relever. On peut expliquer cette défaite économique par une croissance trop rapide de l'empire soviétique ; l'outil d'évaluation du sociologue peut mesurer un symptôme tout en laissant sa cause dans l'ombre. Ici E. Todd se présente surtout comme un pronostiqueur plus fiable que les économistes.

    Quid de la multitude des sectes protestantes nord-américaines en activité, c'est-à-dire d'une bonne partie des actionnaires de la première puissance mondiale capitaliste ? Pourquoi leur esprit protestant ne ferait-il pas vivre un capitalisme nouveau, suivant la promesse de ses promoteurs fraîchement élus ? La manière dont E. Todd tranche ce paradoxe est sans doute emblématique de la méthode sociologique. Réponse de l'anthropologue : - Les protestants américains ne sont pas de vrais protestants.

    La démonstration prête d'autant plus à sourire qu'E. Todd avoue une préférence pour le modèle politique et social russe contemporain. Les bolcheviques auraient-ils introduit dans un Etat orthodoxe quasi-médiéval, peu prédisposé au libéralisme, l'esprit protestant du capitalisme ?

    La réalité qu'Emmanuel Todd exprime indirectement ou inconsciemment, c'est la dimension principalement religieuse du capitalisme ; on peut l'énoncer ainsi : en ce début de XXIe siècle, un chrétien est un capitaliste, et un capitaliste est un chrétien, y compris lorsqu'il s'agit d'un Chinois athée.

    Il convient de préciser ici pourquoi la critique marxiste est radicalement antimoderne et, pour cette raison, peu compatible avec les développements ultérieurs de la sociologie qui se réclament parfois du marxisme (ce n'est pas le cas d'E. Todd). Contrairement aux idéologues modernes libéraux, sociaux-démocrates, nationalistes, soviétiques... K. Marx ne met pas le travail humain sur un piédestal ; la ruse esclavagiste conduit à le faire, selon Marx.

    La révolution marxiste, imaginée par Marx plutôt que théorisée, consiste à confier l'organisation du travail aux esclaves, c'est-à-dire à la classe la moins susceptible de réduire en esclavage le reste de la population. Marx a-t-il sous-estimé le désir des esclaves d'être esclaves ? Ou bien l'efficacité de la classe bourgeoise à faire accepter l'esclavage ? Le problème ne se pose pas ici : à aucun moment Marx ou Engels n'ont fait passer le travail pour le Messie, position qu'il occupe à peu près dans le christianisme/capitalisme. Quand un représentant de la classe bourgeoise parle de la "valeur travail", il parle d'une valeur rédemptrice.

    On pourrait parler de la "modernité", toutes idéologies confondues, comme d'une "civilisation laborieuse" ; quiconque a travaillé au sein d'une fourmilière humaine, qu'il s'agisse d'une multinationale ou d'un quartier d'affaires animé soudain à l'aube par l'agitation de milliers d'êtres humains déshumanisés, a déjà respiré le parfum de la modernité, que les idéologies les plus modernes comme le fascisme, la démocratie-chrétienne ou le communisme ont exalté à travers leur art.

    La modernité a même conçu, pour ses élites esclavagistes, des loisirs et des divertissements laborieux, eux aussi déshumanisés, que les derniers moralistes, pas forcément marxistes mais nécessairement antimodernes, ont observés avec consternation, cherchant parfois à fuir cette fête sans joie par le suicide, pour les plus sensibles d'entre eux.

    Nichée au coeur du capitalisme, on trouve cette idée, que l'argent fait des petits, c'est-à-dire qu'il travaille. La dignité du travail rejaillit sur celle de l'argent, et celle de l'argent sur le travail. Palper l'or, c'est palper Dieu en personne, et les coffres-forts sont comme des tabernacles.

    La fable de Perrette et son pot de lait nous dit que c'est une idée déjà très ancienne, mais c'est Marx qui a, dernièrement, signalé le danger d'une économie axée sur l'investissement spéculatif, d'une économie à qui perd gagne.

    La théorie sociologique revient donc à poser l'équation du protestantisme et de la modernité, que les intellectuels modernes assument,  qu'ils soient papes, anthropologues ou conseillers fiscaux.

    Le protestantisme serait à l'origine de la sanctification du travail, tandis que les catholiques en seraient restés à prier le Dieu des eaux du ciel pour faire tomber la pluie sur leurs semences. L'idée que le protestantisme est progressiste et le catholicisme archaïsant est une idée qui repose sur une méconnaissance de l'histoire des différents courants chrétiens.

    *

    Le protestantisme n'est pas tant une doctrine religieuse chrétienne, qu'un phénomène culturel, dont il n'y a pas de raison valable d'exclure les différentes sectes américaines, et qui s'est produit à l'intérieur même de l'Eglise romaine, bien avant les grands schismes politico-religieux du début du XVIe siècle.

    On peut parler de ce phénomène comme d'un effritement progressif du dogme catholique romain, lié à l'alphabétisation croissante de la population et de la formation d'une élite civile cultivée ; celle-ci s'est emparée de la Bible et a fait sauter les scellés latins qui étaient posés dessus. Le délitement du dogme a commencé bien avant le XVIe siècle à l'intérieur même de l'Eglise romaine, qui n'y a pas réagi bêtement, sans quoi elle serait morte il y a longtemps. Les protestantismes luthérien ou calviniste ne sont que des protestantismes parvenus à maturité politique.

    Les philosophes des Lumières sont-ils protestants sous prétexte qu'ils opposent aux jésuites les écritures saintes afin de les placer face à certaines de leurs contradictions ? Oui, dans la mesure où le protestantisme est un tel phénomène, non dans la mesure où la démarche des philosophes des Lumières est surtout politique (Rousseau mis à part) : il s'agit de discréditer les jésuites en les plaçant en contradiction avec leur propre Foi. L'Etat français et son gouvernement ont préservé les apparences catholiques bien au-delà de Révolution de 1789. Quel souverain fut à la fois plus capitaliste et plus catholique que Napoléon III ?

    La thèse sociologique a de nombreux inconvénients, dont le premier est de fournir une cause ésotérique au développement du capitalisme : l'esprit protestant. On ferait bien de se demander si la sociologie n'est pas entièrement ésotérique : c'est généralement ce qui se produit dans les sciences ou les arts qui accordent une part trop belle aux mathématiques.

    Le raisonnement d'E. Todd se dirige tout droit vers cette conclusion aberrante que les protestants, qu'il décrit comme des lecteurs plus sérieux de la Bible que leurs rivaux catholiques, seraient les derniers à se rendre compte que celle-ci n'accorde aucune valeur rédemptrice au travail, auquel la condition humaine astreint l'homme. L'esprit protestant consisterait par conséquent à lire la Bible la tête à l'envers.

    La démarche plus intuitive que scientifique d'E. Todd véhicule un certain nombre de préjugés (favorables) à propos de l'économie capitaliste, qu'il n'est pas inutile de relever ici, puisque le capitalisme équivaut pour certains aux décrets de la Providence.

    - L'instruction (spécialité "protestante" selon E. Todd), serait favorable au développement du capitalisme en formant des ouvriers qualifiés. Le lien entre la qualification professionnelle et le capitalisme est un cliché qui a de quoi faire sourire un artisan. Moins ignare que Todd en matière économique, J. Schumpeter a décrit les intellectuels comme des ennemis potentiels du capitalisme, incapable de leur procurer un emploi ; si le journalisme et la propagande capitaliste ont absorbé un bon nombre de ces intellectuels, ainsi que d'autres tâches dont il ne vaut mieux pas trop sonder l'utilité sociale, il n'en reste pas moins vrai que le capitalisme embauche surtout des esclaves et du personnel peu qualifié. Cette affirmation gagnerait à être nuancée suivant les pays, mais le cours du capitalisme et celui de l'instruction divergent.

    On peut même soupçonner un lien entre le déclin culturel et éducatif des Etats-Unis et leur fonctionnement économique, qui n'exige qu'un faible niveau d'instruction ; il est probable que les Américains autochtones les plus qualifiés (non des mercenaires recrutés à l'étranger), travaillant dans des secteurs en lien direct avec le capitalisme (et non dans l'artisanat ou le commerce de détail), sont ceux qui exercent les jobs les plus parasitaires. On peut citer un contre-exemple de job indispensable au fonctionnement de l'économie capitaliste et qui réclame un niveau d'études relativement élevé : le job de publicitaire. C'est sans doute une exception à la règle, qui n'est pas très éloignée de celle du journaliste payé à chanter les louanges du capitalisme dans la presse capitaliste.

    - Le préjugé sociologique d'E. Todd réduit aussi l'économie capitaliste au développement industriel. Or, l'expansion du capitalisme n'est pas seulement industrielle, elle est aussi coloniale. Sur ce terrain on ne peut pas affirmer la prévalence d'un "esprit protestant" sur un "esprit catholique". Et de quel côté situer les Britanniques ? Du côté de l'esprit protestant ou de l'esprit catholique ? L'anglicanisme est un esprit hybride.

    L'Allemagne (en partie) protestante et industrielle accusait un retard sur le Royaume-Uni et la France, voire le capitalisme belge qui s'empara du prolifique Congo. Le colonialisme a joué notamment un rôle dans le développement du capitalisme bancaire, d'abord au Royaume-Uni, puis en France au XVIIe siècle.

    Si le capitalisme est animé par un esprit protestant, alors on aurait dû voir les Eglises adverses s'insurger contre le capitalisme. Cela n'a pas été spécialement le cas. Il y a bien eu un socialisme chrétien, qui a tenté de contenir les abus du capitalisme, ignorant la démonstration de Marx que le Capital est essentiellement inique et esclavagiste, mais ce socialisme chrétien n'est pas plus protestant que catholique ; quant au nationalisme, que l'on peut considérer comme la partie éminemment criminelle du capitalisme, il a mobilisé de très nombreux catholiques et protestants.

  • La religion de Donald Trump

    Suivant le dispositif laïc des Etats-Unis, plus voltairien que le nôtre, Donald Trump est affilié à une petite Eglise épiscopalienne que l'on qualifierait volontiers de "secte" en France, où tout ce qui n'est pas supervisé par l'Etat est suspect de déviance.

    Je dis plus voltairienne la laïcité aux Etats-Unis, car les Quakers puritains sont le modèle religieux prôné par Voltaire ; en effet ceux-ci refusaient de se mêler des affaires de l'Etat, aux antipodes par conséquent des jésuites honnis qui n'avaient de cesse de s'en mêler. Les jésuites constituèrent une sorte de franc-maçonnerie avant la franc-maçonnerie, très semblable sur le plan de l'organisation et du but (d'influence politique discrète).

    Evidemment la frontière entre la sphère privée et la sphère publique est très incertaine, sauf pour les casuistes. Les chrétiens puritains ont très tôt réclamé au représentant légal du pouvoir politique des droits, milité pour la fermeture des théâtres publics en Angleterre, et suscité la première révolution d'une longue série en Europe occidentale, la révolution des "têtes rondes" en 1649.

    S'il n'y a pas de religion d'Etat à proprement parler aux Etats-Unis comme en France, où la culture laïque s'est substituée à la religion catholique à la fin du XXe siècle, il y a une sorte de projet apocalyptique commun à de très nombreuses sectes, par-delà la variété des pratiques rituelles. Pour beaucoup d'Américains, le président des Etats-Unis n'est qu'une sorte d'assesseur ou de vicaire du Christ. La différence n'est pas si grande avec l'Ancien régime monarchique, qui exposait le monarque au régicide à motif religieux. On peut imaginer que le jeune criminel qui a tenté d'assassiner D. Trump était un chrétien fondamentaliste soupçonnant D. Trump d'être un imposteur, pour ne pas dire un suppôt de Satan déguisé en prêtre chrétien.

    D'autant plus que -ce n'est pas une blague-, l'Eglise épiscopalienne de D. Trump est connue pour prêcher "l'évangile de la prospérité". Le terme de "prospérité" est assez vague : si on l'entend comme synonyme d'accumulation de biens, la prospérité trouve peu de justifications dans la Bible. Il est probable que cet évangile de la prospérité et son éthique propice au business soient une réaction à un puritanisme plus austère (que Shakespeare a comparé au pharisaïsme).

    Cette religion du ticket de loto gagnant peut prêter à sourire, sous cette forme américaine un peu stéréotypée. En réalité elle est très proche de l'esprit du capitalisme, et donc très répandue dans le monde occidentalisé où le capitalisme a fait de la Fortune sous diverses formes, religieuses ou séculières, le grand Guide suprême qui plie les existences en deux ou en quatre, suivant le cercle de l'enfer où on évolue.

  • La société de consommation égalitaire

    L'égalisation juridique entre les sexes a la société de consommation capitaliste pour contexte. Si la Femme est reine en Occident, tout comme l'Enfant est roi par ailleurs, c'est en vertu du principe de consommation. Les prostituées sacrées sont dans le vrai : j'entends par là les féministes qui prônent la prostitution libre, célébrant ainsi le sexe pour le sexe et apportant leur contribution au consumérisme. Les jeunes femmes qui s'enlaidissent volontairement ne résistent pas ainsi à un patriarcat fantasmé, mais à la pression consumériste.

    Les féministes qui se plaignent de l'avantage salarial accordé aux hommes, en revanche, sont aveugles ; car rien ne dit qu'un cadre commercial surpayé ne claque pas son pognon en cadeaux somptueux destiné à sa ou ses maîtresses. La galanterie est une forme de féminisme français.

    Un certain nombre d'hommes sont convaincus que, dans un monde où tout s'achète, n'importe quelle femme à un prix ; et il se trouve peu de femmes pour les contredire.

    Ayn Rand, la grande prêtresse américaine du Dollar = Dieu, n'était pas féministe. Elle avait parfaitement compris que le règne du dollar n'est pas celui du patriarcat mais du libre-échangisme : de riches femmes peuvent ainsi s'offrir les gosses sortis d'une femme dans la misère.

    Si Don Juan ressuscitait, il tenterait probablement de séduire une Femen lesbienne, car le truc de Don Juan ce n'est pas les filles faciles. Don Juan est le diable, c'est-à-dire le principe même de la séduction ou du charisme. Don Juan comprend mieux les femmes qu'elles ne se comprennent elles-mêmes.

    Selon Marx et Engels, le droit de la famille ou de la tribu primitive reflète son organisation économique. Suivant cet exemple rebattu des vikings, leur société tribale accorde aux femmes et non aux géniteurs la propriété des enfants (matriarcat), car les vikings sont des pillards qui honorent peu leur foyer de leur présence.

    Marx et Engels prennent cet exemple pour expliquer qu'il n'y a pas de droit de la famille idéal, mais un droit de la famille qui reflète la répartition des tâches. La propriété agricole sédentaire confère un statut juridique plus élevé aux hommes en général, non pas tant à cause de la dureté physique des labours que de la nécessité d'une organisation militaire pour protéger le produit des récoltes des pillards et des voisins affamés. Il régnait en revanche, dit-on, au sein des tribus amérindiennes, une relative égalité homme-femme, car ces Indiens étaient des chasseurs-cueilleurs nomades.

    La société de consommation accorde un statut supérieur à la femme, dans la mesure où elle incite à la dépense, quand elle ne dépense pas elle-même. On imagine mal le leader mondial du luxe LVMH -qui ne serait presque rien sans les femmes et leur désir compulsif d'achats inutiles-, faire la promotion d'un magazine misogyne prônant la sobriété.

    Que l'on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas : je ne dis pas que la société de consommation bénéficie surtout aux femmes ou aux enfants : la traite des blanches et des enfants organisée par de grandes banques nationales occidentales prouve le contraire. Mais la société de consommation idéalise la femme et se présente comme une utopie féministe, suivant l'adage : "La femme est l'avenir de l'homme."

    Certaines femmes peuvent être moins capitalistes que certains hommes, c'est-à-dire moins cupides - le pire est probablement de justifier la cupidité par la théorie du "ruissellement", ce que tous les partis capitalistes font.

    Le patriarcat juif, lui, n'était pas d'ordre économique (un modèle juridique), mais d'ordre spirituel, le judaïsme étant une religion contre-nature (1). J'en parle au passé, car ce  judaïsme a pratiquement disparu au profit d'un judaïsme talmudique matrilinéaire, c'est-à-dire biologique. Ce faisant les pharisiens avaient fait du judaïsme la religion d'un peuple, ce qu'elle n'est pas selon les prophètes.

    Si le capitalisme rétrograde de Donald Trump peut se permettre quelques déclarations misogynes superficielles, c'est précisément parce qu'il est rétrograde et prétend revenir (le truc du voyage dans le temps est presque une religion aux Etats-Unis) à un stade antérieur du capitalisme, plus productif. La surconsommation capitaliste (en phase avec le féminisme), bien qu'elle soit extrêmement délétère sur le plan économique, est avant tout une réponse au problème de la surproduction capitaliste. Le parti du pénis et celui du vagin sont complémentaires.

    (1) Contre-nature au sens prométhéen.

  • Karl Marx contre David Graeber

    On ne présente plus l'auteur du "Capital", dont je prétends que le travail critique est soigneusement ignoré en France, à quelques exceptions près, bien entendu.

    David Graeber, quant à lui, est le principal penseur du mouvement "Occupy Wall-Street" de protestation contre les cartels capitalistes aux Etats-Unis, à la suite du krach mondial de 2008. Si le "krach" a marqué plus durablement les esprits américains, c'est sans doute parce qu'on pratique aux Etats-Unis un capitalisme sans filtre. L'élection de Donald Trump à la surprise générale en 2016 est en partie une conséquence du "krach". Elle peut sembler paradoxale, mais la faillite bancaire a eu pour effet d'accroître considérablement l'exaspération des citoyens américains vis-à-vis des "élites de Washington", dont D. Trump a eu l'habileté de se démarquer nettement sur le plan idéologique.

    Sans se présenter comme positivement "marxiste", D. Graeber a eu le temps avant de mourir (en 2020) de publier un essai à succès, "Bullshit jobs", qui illustre l'effet dévastateur du capitalisme sur le monde du travail. "Dévastateur" n'est pas trop fort pour parler du phénomène que D. Graeber décrit, et dont la particularité est, selon lui, d'être ignoré par les médias de masse et l'ensemble de la classe politique. Pour résumer, D. Graeber décrit un phénomène proche du phénomène stigmatisé dans l'Union soviétique par les idéologues capitalistes. Il emploie le terme de "retour à la féodalité", qui n'est pas moins approprié pour décrire le régime soviétique à l'agonie dès le milieu des années 70 selon les rares économistes qui avaient pronostiqué sa chute.

    A n'en pas douter, le mouvement des Gilets jaunes s'inscrit dans la continuité du mouvement "Occupy Wall-Street" ; c'est en partie un mouvement de désarroi face à l'absence d'Etat. Soyons précis : l'Etat existe bien encore, mais il constitue un problème bien plus qu'une solution. On perçoit ici la force des slogans de Donald Trump et Elon Musk auprès de la jeune génération, qui proposent ni plus ni moins de liquider l'Etat.

    David Graeber n'était pas plus favorable à la planification étatique qu'Elon Musk, mais il n'était pas assez bête pour ignorer que la planification étatique centralisée découle directement de l'économie capitaliste : seule une économie capitaliste pouvait se permettre d'empêcher les petits entrepreneurs de travailler pendant deux mois ; la dictature sanitaire chinoise, conçue pour préserver l'appareil de production industriel, est une dictature capitaliste.

    La raison pour laquelle D. Graeber tient à prendre ses distances avec la critique marxiste est assez mystérieuse. Peut-être est-ce à cause de la connotation révolutionnaire du marxisme ? Marx ne prône pas tant la révolution qu'il montre que l'économie capitaliste la rend inéluctable. Ou bien D. Graeber croit faire oeuvre originale ? Il écrit :

    "Le capitalisme n'est pas un système unique et totalisant qui modèlerait notre existence dans tous ses aspects. Sans doute cela ne rime-t-il à rien de parler de "capitalisme" comme d'un ensemble d'idées abstraites qui se seraient concrétisées, on ne sait trop comment, au sein des usines ou des bureaux (...). Le monde est beaucoup plus complexe et désordonné que cela."

    L'argument de la complexité du monde est un argument d'intellectuel. Il sert à creuser le fossé entre des élites académiques qui se donnent l'air de se colleter avec la complexité insondable du monde et le populo. Le prestige des intellectuels est, en lui-même, un phénomène capitaliste. La théorie et les théoriciens n'avaient pas tant de prestige au début du XVIIe siècle, avant le début de l'emballement du capitalisme. Le discours sur l'art, par exemple, n'avait pas encore éclipsé la production artistique.

    Quand Marx énonce que "le capitalisme est le règne de la putain universelle", tout le monde comprend ce que ça veut dire. Le capitalisme modèle bien l'existence dans tous ses aspects... si l'on n'y prend garde. L'éthique barbare de la compétition sexuelle, professionnelle ou ludique, est une éthique capitaliste. Le capitalisme modèle bien sûr l'existence de l'esclave, mais aussi celle de l'esclavagiste direct ou indirect. L'Allemagne s'est ruée vers l'enfer comme un seul homme, dupée par l'illusion de sa puissance industrielle retrouvée.

    Qui refuse de se soumettre au mode de vie capitaliste éprouvera nécessairement deux choses : qu'il est plus facile de s'y opposer à trente ans qu'à cinquante, car le mode de vie capitaliste entame la force vitale ; qu'il nage à contre-courant.

  • La Femme réactionnaire

    On trouve chez Baudelaire une théorie de la "femme réactionnaire", que l'on peut résumer ainsi : - plus proche de la Nature que son compagnon (naturel), la femme est plus réactionnaire que lui. Bien sûr Baudelaire n'emploie pas ce mot, qui sera utilisé par la suite au XXe siècle par les partisans de la modernité comme une insulte visant les partisans d'une "tradition" plus ou moins définie, dont F. Nietzsche me paraît le représentant le plus intéressant ; la notoriété de Nietzsche tient largement à ce qu'il associe le christianisme à la modernité qu'il vomit.

    Il y a nécessairement une connotation apocalyptique et chrétienne derrière la notion de "modernité", quoi que cette connotation soit souvent dissimulée. Il est difficile de concevoir le progrès en dehors du christianisme ; à moins de le ramener au seul progrès technique : or celui-ci est passif, principalement dû au hasard ; le darwinisme social sous toutes ses formes (nazie, capitaliste ou communiste) n'est qu'une sorte d'idéologie du progrès automatique.

    On pourrait dire que la femme fait corps avec la Nature, et que cela inspire à Baudelaire un dégoût du sexe féminin. Le patriarcat juif est certainement lié  à cette notion* : la femme a plus de mal que l'homme à penser contre la Nature.

    On pourrait dire que le paganisme est plus égalitaire, fondé sur la complémentarité naturelle des sexes, sur laquelle la répartition du travail repose dans certaines cultures.

    La notion de Salut n'a guère de sens du point de vue païen, tandis que le judaïsme est entièrement organisé autour d'elle*, et le message de Jésus-Christ plus nettement encore. Jésus condamne le clergé juif qui s'était approprié la Loi. On peut traduire la fuite symbolique du peuple Hébreu hors d'Egypte comme le rejet de la religion païenne.

    Le judaïsme auquel Jésus-Christ se heurta était presque entièrement dépourvu de spiritualité, une sorte de judaïsme-réflexe, ramené à une collection de rituels qui déclenchent la colère du Christ.

    - Et le féminisme contemporain, n'est-il pas tout sauf "réactionnaire" ?

    En apparence le féminisme contemporain est tourné vers l'avenir et non vers le passé. Mais il faut dire d'abord que le féminisme ne représente pas un point de vue féminin, mais celui de l'Etat moderne et de tous ceux, hommes ou femmes, qui adhèrent à cette formule que l'on peut qualifier "d'égalitariste". L'Etat moderne est un Etat religieux. Or, ne voit-on pas que l'égalitarisme, loin de contribuer à l'amélioration de la condition des femmes, incite à une compétition naturelle féroce entre les nations et entre les individus ? La religion égalitariste abolit quelque peu la différence biologique, mais non la compétition et la violence.

    Pour les chrétiens, l'Occident moderne reste soumis à la Nature à travers l'illusion du progrès technologique ; en dépit des slogans étatiques vaniteux, l'Occident ne maîtrise pas les technologies d'où il tire sa puissance. Le capitalisme est pratiquement hors de contrôle depuis la fin du XIXe siècle (et non depuis 2008 !). Même un philosophe néo-païen tel que Nietzsche paraît moins soumis à la Nature que bien des fanatiques partisans des valeurs égalitaristes de l'Occident moderne.

    *La transmission matrilinéaire de la "judéité" est une théorie juive talmudique, dont on peut dire qu'elle s'assoit sur l'esprit du patriarcat juif. Il existe d'ailleurs des sectes juives qui s'y sont opposé au nom de la Torah, c'est-à-dire de la Loi juive écrite.

    Le judaïsme identitaire est donc talmudique : c'est celui qui est décrit par Shakespeare à travers Shylock dans "Le Marchand de Venise", parallèlement à un catholicisme qui n'est pas moins identitaire (c'est pourquoi la pièce de Shakespeare n'est pas antisémite : elle renvoie dos-à-dos le judaïsme talmudique et le catholicisme identitaire des bourgeois vénitiens qui méprisent Shylock).

  • Identité, piège à moules

    Je lisais il y a quelque temps le billet d'une blogueuse résidant au Quartier latin à Paris, dans un périmètre où le tourisme est, pour les habitants, un véritable fléau. Cette blogueuse ne précise pas, un fléau capitaliste, ce qui est pourtant l'évidence même. On peut considérer l'électeur de droite comme le "crétin de base", dans la mesure où il ignore absolument le fonctionnement de l'économie capitaliste, tout en passant le plus clair de son temps à se plaindre de ses conséquences dans le domaine des moeurs.

    Je prends un exemple, au passage : il n'est pas rare que le crétin de droite se plaigne de la disparition ou de l'érosion de l'autorité ; en mode : - Mais plus personne ne respecte rien, où est donc passée l'Autorité !? J'ai un pote Kabyle musulman de droite comme ça ; heureusement, il n'a pas le droit de vote. L'autorité n'a pas disparu, elle a été remplacée par l'injonction de l'argent ; et d'où vient la généralisation de cette injonction, si ce n'est du capitalisme ? En conséquence, la plupart des rapports sociaux sont des rapports de domination et de soumission, que ce soit au travail, dans le couple, à l'école, etc.

    Le touriste se situe, lui, à un niveau encore plus bas que le crétin de droite, au-dessous du niveau de la mer. C'est ce que ma blogueuse observait, de son balcon où elle sirotait son café. Les touristes ne se contentaient pas de lui gâcher la vue, ils se gênaient eux-mêmes les uns les autres, comme des fourmis dont le GPS se serait soudain détraqué. L'éthique du touriste, venu de l'étranger ou monté de sa province à Paris, est parfaitement absurde, pour ne pas dire dadaïste. Quel plaisir trouve-t-il à s'agglutiner dans des périmètres délimités, où des commerçants-escrocs rivalisent d'astuce pour lui soutirer l'argent qu'il a gagné à la sueur de son front ? Cette éthique heurtait la conception de la jouissance de ma blogueuse, moins éloignée du savoir-vivre.

    Le réflexe d'agglutination, que l'on retrouve chez les supporteurs de foot ou des vedettes de musique pop., est un réflexe identitaire. Shakespeare montre que l'attraction fatale du Néant est dans l'Amour. Le suicide conjoint de Roméo & Juliette ne convient pas à tous les tempéraments - certains brûlent à plus petit feu ; le bûcher des vanités est plus tiède sur les côtés.

    Le touriste ne subit pas l'attraction de Paris, qu'il pourrait découvrir beaucoup mieux en restant chez lui lire Balzac ou Maupassant, mais il est happé par la foule, le flot auquel il se mélange avec délice. Juliette n'est pas amoureuse de Roméo, elle est amoureuse de l'Amour. De même Paris n'est qu'un point de fixation pour le touriste.

    Si la culture identitaire nationaliste est un fanatisme (de droite ou de gauche), contrairement au patriotisme qui a une dimension d'attachement rationnelle à une région ou un pays, c'est parce qu'elle ne tient pas compte de la réalité. La culture identitaire est aussi abstraite que l'amour ou la musique ; l'utopie des anarchistes est encore plus abstraite (l'anarchie est presque un raisonnement mathématique appliqué à la politique).

    L'écologie politique, qui n'est ni pas forcément de gauche (mais très souvent manipulée) consiste à aborder la politique au travers de problèmes concrets plus délimités, comme par exemple les conséquences de la pollution urbaine sur la santé des enfants et la population riveraine des grands axes routiers ; très vite le bon sens écologiste se heurte au capitalisme, car le capitalisme est un mode de gestion théorique qui tient peu compte des réalités économiques concrètes. Si la pandémie de coronavirus a été gérée de façon aussi absurde, heurtant le bon sens médical et écologique, c'est parce qu'elle a été gérée de façon bureaucratique, c'est-à-dire capitaliste.

    La formule bureaucratique du capitalisme est la mieux tolérée par la gauche pour des raisons purement démagogiques : les fonctionnaires d'Etat dont la mission est de faire appliquer les règles étatiques votent souvent à gauche (sauf les flics). L'anticapitalisme de Marx n'a pas pénétré les milieux socialistes français à la fin du XIXe siècle, car il était peu compatible avec le bras de fer entamé par les syndicats ouvriers avec le patronat sur le terrain électoral ; à mesure qu'ils obtenaient des augmentations de salaire et de nouveaux droits, les socialistes ont remplacé l'anticapitalisme marxiste par la mythomanie du rapport de force avec le patronat et le Capital, transformant le socialisme en doctrine du partage équitable de la plus-value capitaliste.

    Le socialisme français a réconcilié très tôt la classe ouvrière avec un capitalisme qui conduit selon Marx les nations inexorablement à la guerre, ou encore à un phénomène tel que l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis représente, à savoir l'affrontement du nouveau capitalisme représenté par les GAFAM et la révolution MAGA (qui se présente comme un capitalisme plus pur), et de l'ancien modèle capitaliste bureaucratique représenté par le parti démocrate.

  • Noël, fête pédophile

    Quand on me demande comment et avec qui je fête Noël, je réponds parfois que je préfère boycotter cette gigantesque fête pédophile. Quand j'étais gosse, j'appréciais de passer Noël en famille ; on sait que l'on est devenu adulte lorsque fêter Noël devient une corvée. Certains s'en acquittent en allant distribuer avec l'Armée du Salut ou le Secours populaire la soupe aux sans-abris.

    On peut mesurer deux choses avec cette fête de Noël : l'occidentalisation du monde et son infantilisation.

    En signe de bonne foi, les catholiques devraient rayer Noël du calendrier de leurs célébrations ; leur clergé n'est-il pas régulièrement accusé de se livrer à des abus sexuels sur de jeunes enfants ? Je n'ai pas subi ce genre d'abus, à titre personnel ; j'aurais sans doute été capable de me défendre, mais les pédophiles criminels savent choisir leur proie. En revanche il m'est arrivé, étant gosse, d'être harcelé par de jeunes femmes ; histoire de dire que l'abus sexuel n'est pas toujours le fait des hommes ; il a lieu aussi entre femmes : l'essayiste féministe Simone de Beauvoir avait un casier judiciaire comportant une telle affaire de moeurs.

    On ne peut pas sérieusement traiter le problème de la pédophilie criminelle, sans traiter de la culture pédophile au sens large, dont la célébration de Noël est une sorte d'apothéose. L'enquête de Frédéric Martel sur la pédophilie dans le clergé catholique ("Sodoma") pointe à juste titre la responsabilité, non seulement du loup, mais de ceux qui le font entrer dans la bergerie et lui permettent d'y prospérer. Bien qu'ils ne soient pas positivement criminels, leur négligence, leur imprudence ou leur naïveté en fait des complices.

    Comme je ne veux pas paraître un anticatholique primaire, j'ajoute que c'est la société de consommation qui, d'une manière générale, est pédophile ; certains catholiques font d'ailleurs des efforts pour tenter de se démarquer de ce qui s'apparente à un culte du veau d'or. On pourrait dire que la publicité commerciale s'adresse à la partie infantilisée de la société.

    La société occidentale moderne est pédophile comme elle est féministe ; l'exaltation de l'enfant et de l'enfance, ou celle de la femme, dissimulent l'exaltation de la chair.

  • Notre-Dame ou la putain universelle

    "Puis l'un des sept anges qui portaient les sept coupes vint me parler en ces termes : "Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux, avec laquelle les rois de la terre se sont souillés, et qui a enivré les habitants de la terre du vin de son impudicité." Et il me transporta en esprit dans un désert." (Apocalypse XVII, 1-3)

    Les chrétiens du monde entier ont assisté à une cérémonie étonnante le samedi 7 décembre 2024 dans la cathédrale gothiqueputain universelle,or,notre-dame,paris,apocalypse,jean,patmos,grande prostituée,babylone,ishtar Notre-Dame de Paris restaurée, cérémonie animée par le chef de l'Etat Emmanuel Macron et suivie par la reprise du culte catholique (mystagogie platonicienne).

    Emmanuel Macron s'inscrit dans une longue tradition française ésotérique de confusion entre le pouvoir politique temporel et la religion, tradition qu'il a lui-même mentionnée dans son discours. Les tenants de la République laïque peuvent être surpris par une telle cérémonie : ils méconnaissent l'histoire de la République et le maintien de cette tradition ésotérique par les républiques successives.

    Cet ésotérisme ou ce culte identitaire prêché par E. Macron a, bien sûr, du point de vue de la Foi chrétienne, un parfum de satanisme. Il n'y a pas de pire péché pour un chrétien que le détournement de la parole divine à des fins temporelles.

    On peut voir dans l'Evangile que les Romains (païens) ne comprennent pas la signification spirituelle du "royaume du Christ", qui n'est pas temporelle et théocratique. Les Romains prennent donc le Christ pour un illuminé. Je lisais récemment sous la plume d'un représentant de la démocratie-chrétienne française que "Jésus-Christ a fondé la laïcité" en refusant de cautionner la théocratie romaine. C'est oublier un peu vite que la démocratie-chrétienne restaure cette théocratie à travers le culte des droits de l'Homme et du suffrage universel, équivalent moderne du "droit divin" romain.

    L'Empire romain était conçu pour durer éternellement ; la démocratie-chrétienne s'efforce de le prolonger.

    On peut se demander si la trahison de Judas Iscariote n'est pas due à une déception : la déception que Jésus-Christ, considéré comme le  Messie annoncé par les prophètes, ne restaure pas la souveraineté temporelle d'Israël ; dans ce cas Judas était un "Juif charnel", c'est-à-dire un Juif identitaire. Cette hypothèse est d'autant plus plausible que les onze autres apôtres ne comprennent pas non plus le dessein spirituel de Jésus. Il se contentent de suivre le Messie comme des enfants.

    L'idéologie démocrate-chrétienne est discrètement impérialiste ; elle maintient, derrière les références au christianisme de ses dirigeants, une idéologie politique et des valeurs romaines typiquement providentialistes, concrétisées par la puissance financière du Capital. Le dollar est le véritable dieu des démocrates-chrétiens. E. Macron a fait une discrète allusion à cette spiritualité truquée. Rome n'est plus, mais l'idéologie romaine persiste à travers la démocratie-chrétienne.

    Ce qui est nouveau dans la cérémonie de Notre-Dame, c'est l'échelle mondiale de celle-ci. Les journaux les moins chrétiens, battant le rappel des fidèles, présentent d'ailleurs cette cérémonie de réouverture comme un culte sollicitant une ferveur mondiale, pas très éloignée de celle des Jeux olympiques.

    La connotation chrétienne étonne certains Français laïcs ou athées, mais le nazisme laïc a été vaincu par le communisme laïc au XXe siècle, qui a lui-même été dominé par la démocratie-chrétienne laïque ensuite. Il n'y a rien d'étonnant à ce que la démocratie-chrétienne, qui domine actuellement le monde, impose sa marque et son style politico-religieux.

    La présence de nombreux chefs d'Etat démocratiquement élus est à rapprocher du symbole des "grandes eaux, avec lesquelles les rois de la terre se sont souillés".

    L'évêque de Rome le pape François n'a pas souhaité se joindre directement à la cérémonie ; on peut penser que le contexte de guerres violentes entre certaines nations occidentales et des pays en voie de développement plus pauvres, où son Eglise compte de nombreux fidèles, l'a dissuadé de s'afficher aux côtés de potentats perçus comme des oppresseurs dans ces pays opprimés. Le pontife romain est lui-même né dans une nation asservie par le dieu Dollar. L'évêque de Rome est pris au piège de la mondialisation démocrate-chrétienne, qui s'avère être un régime d'oppression à l'échelle mondiale.

    Le procédé d'asservissement capitaliste, bien que les dirigeants capitalistes préfèrent parler "d'employés", est d'ailleurs celui de la prostitution. Karl Marx, qui arracha leurs masques aux dirigeants européens à la veille de la guerre civile européenne, qualifiait à bon droit le capitalisme de "règne de la putain universelle".

    Parler de "valeur travail" revient à poser l'équation du travail et de la prostitution, et l'on peut même dire que le capitalisme a rétabli une forme de prostitution sacrée en Occident, de "culture de vie" païenne.

    La prostituée décrite dans l'Apocalypse aux versets suivants du même chapitre (3-6) est une déesse babylonienne, revêtue d'une apparence chrétienne. Ce camouflage provoque la surprise de l'apôtre visionnaire. De fait, Notre-Dame de Paris passe pour "un temple chrétien" ; ce qui saute d'abord aux yeux, c'est le caractère somptuaire de cet édifice.

    La prostituée de la prophétie évoque Ishtar, divinité babylonienne majeure, qui est à peu près la Vénus des Romains, avec de surcroît des attributs martiaux.

    Le symbolisme des sept têtes, des sept montagnes, des sept rois et des dix cornes est politique : il nous permet de situer le règne de la prostituée dans le temps qui précède la fin du monde sous l'emprise de Satan. Une prostituée passant aux yeux du monde pour "chrétienne" évoque forcément le capitalisme (démasqué par Shakespeare dès le début du XVIIe siècle).

    La prophétie dit en effet que cinq rois, c'est-à-dire cinq empires, sont déjà tombés au temps de la vision, et qu'il y en aura un, bref, suivant la déchéance de la prostituée. Nous vivons actuellement, depuis le début du Moyen-Âge, au temps du sixième empire.

    "Et les dix cornes que tu as vues sur la bête haïront elles-mêmes la prostituée ; elles la rendront désolée et nue ; elles mangeront ses chairs et la consumeront par le feu." (XVII, 16)

    Le règne de la prostituée n'est donc pas ultime ; ici j'émets l'hypothèse de la chute de l'Occident démocrate-chrétien satanique derrière le symbole du "retour de la bête de la terre". J'avoue être influencé par le constat de la haine de Jésus-Christ que la prostituée et les potentats qui la vénèrent inspirent dans le tiers-monde, en raison de leur barbarie et leur sournoiserie (le piège diabolique des droits de l'Homme). Les démagogues nazis et communistes n'ont pas eu de mal à provoquer la haine des peuples opprimés contre les banquiers occidentaux, juifs, les riches koulaks faisant usage du message évangélique à des fins esclavagistes.

    Cette barbarie moderne stimule la naissance et le développement de cultes fanatiques ouvertement néo-païens, dont on peut considérer F. Nietzsche comme le précurseur (en Europe). On voit d'ailleurs que le vernis chrétien des élites politiques démocrates-chrétiennes est très superficiel.

    Au sein de la marée humaine, obéissant souvent à des mouvements instinctifs (aucun régime politique dans l'histoire de l'humanité n'a été doté de moyens de propagande aussi sophistiqués et aussi fascinants que ceux dont dispose la démocratie dite "chrétienne"), les "fidèles" sont assurés par le messager de Dieu de la "victoire finale de l'Agneau". La Foi est leur seule arme, qui leur sert à la fois à se prémunir des séductions de la prostitution et des faux sermons identitaires chrétiens.

    L'Apocalypse délivre un message d'espérance aux chrétiens fidèles à la fin des Temps, afin qu'ils ne se tournent pas vers le Veau d'or comme le peuple hébreu apeuré fit dans le désert, en l'absence de Moïse.

    Illustration : représentation de la prostituée de l'apocalypse, image de l'Eglise chétienne infidèle, telle qu'elle est décrite au chapitre XVII de l'Apocalypse, par l'artiste-peintre allemand Hans Burgkmaier (actif au début du XVIe siècle). La vision comporte une représentation alternative complémentaire de l'Eglise fidèle au Christ, une femme à la tête couronnée de douze étoiles.

  • L'Etre et le Néant

    Comme un ami s'étonnait récemment de mon franc mépris pour la philosophie allemande de Jean-Paul Sartre, je lui répondis que cette philosophie étant diamétralement opposée de celle de Shakespeare, mon mépris était inévitable.

    La philosophie réactionnaire trouve quelques éléments qui la confortent dans le théâtre à vocation universelle de Shakespeare. La philosophie moderne, aucun. Les talibans sont plus modernes que Shakespeare. Le théâtre de Shakespeare procède impitoyablement au massacre des philosophes modernes, comme si Shakespeare avait prévu le nombre infini de leurs victimes.

    L'entreprise de censure "cryptocatholique" de J.-P. Sartre se limite à dénigrer une poésie hérétique française (Baudelaire, Flaubert...) car le rayonnement de Shakespeare est très faible en France ; on sabotera Molière beaucoup plus utilement (on peut s'amuser à regarder les mises en scène françaises du théâtre de Shakespeare comme un sabotage systématique, le plus souvent inconscient. Je ne suis pas certain qu'Anouilh ait fait exprès d'amputer "La Nuit des Rois" des scènes qui permettent de comprendre que Shakespeare n'est pas Marivaux).

    Le détournement de Shakespeare par Victor Hugo et Paul Claudel me paraît plus malin ou intentionnel. Victor Hugo est le prototype de celui qui n'aime rien parce qu'il aime tout. Le rapport de Victor Hugo à la littérature et à l'art est le même que son rapport aux femmes, il est pantagruélique.

    Dès les premières pièces, Shakespeare désacralise la littérature et la culture, sapant ainsi complètement la modernité. C'est ce qui a plu à Nietzsche, et pourquoi il a cru être Shakespeare réincarné pendant un certain temps... avant de déchanter car "L'Eternel retour" n'est qu'une philosophie de bonne femme selon le "grand Will". Si la philosophie réactionnaire plaît tant aux femmes, c'est parce qu'elles savent bien qu'elles l'ont inventée.

    Shakespeare montre que l'Amour et l'Argent sont les deux agents principaux de décomposition du corps social. Courir après l'Argent, c'est courir après le Néant. Cela explique, par exemple, pourquoi des personnes multimillionnaires, ont la sensation au soir de leur vie d'avoir gâché leur existence et que leur fortune ne s'oppose pas aux Néant ; on peut les voir s'adonner alors à des activités encore plus puériles, comme courir après l'Amour ou entamer une collection de timbres, aller visiter la lune en fusée.

    Il me semble que c'était mon état d'esprit quand j'étais au collège, et que j'avais effectivement l'impression de me mouvoir au ras du Néant, comme le marin sur son bateau. Par chance j'ai pu découvrir assez tôt dans ma vie -expérimentalement- que le marin aspire au Néant, c'est-à-dire à disparaître de la surface de la terre sans laisser de traces - j'explique de cette façon que la culture japonaise soit une culture de mort et que les Japonais se soient convertis aussi facilement à la barbarie occidentale moderne.

    C'est, à peine quelques années plus tard, en observant que toutes les lycéennes alphabétisées de mon lycée lisaient Sartre (un vrai piège à filles), que je me suis demandé : - Qu'est-ce qu'elles peuvent bien trouver à ce machin allemand ? Et alors j'ai lu Sartre. J'ignorais qu'il était laid et qu'il avait trouvé le moyen d'y suppléer en jonglant avec les mots, comme font la plupart des pasteurs en chaire le dimanche pour le plus grand bonheur des dames, suivant une observation déjà ancienne (de La Bruyère).

    L'Amour et l'Argent, porte-parole du Néant, sont de très vieux démons : la philosophie antique les avait déjà vaincus, dira-t-on. Ce n'est pas si sûr ; il n'est pas certain que l'Antiquité avait compris Homère et la victoire d'Ulysse sur "la bête de la terre", comme les disciples d'Homère les plus sagaces comprennent son "Iliade" et son "Odyssée" aujourd'hui.

    D'autre part Shakespeare montre comment la bourgeoisie et la philosophie moderne font du Néant, ce à quoi l'Antiquité n'avait pas pensé, un usage politique, de telle sorte qu'on peut comparer la philosophie moderne avec "un livre des Morts".

    Je me demande si Karl Marx avait saisi la monstruosité de la bourgeoisie moderne dans toute son étendue ? La charogne n'est pas seulement "belle", selon le mot de Baudelaire (qui en dit un peu trop au goût du censeur Sartre), c'est le plat quotidien du charognard moderne, dont il se repaît jusqu'à dévorer ses propres enfants en cas de disette.

  • Pourquoi le sionisme est un satanisme

    Le sionisme est un satanisme pour la même raison que la démocratie-chrétienne l'est. La démocratie-chrétienne est un satanisme car elle fait passer ses ambitions et ses calculs avant le royaume de Dieu. Elle renouvelle la faute de Simon-Pierre, qui se voit avec ses frères à la droite de Jésus-Christ, régnant sur un royaume qui n'est pas celui que le Christ annonce. Le sionisme n'est qu'un accessoire de la démocratie-chrétienne.

    Voyez l'hypocrisie des démocrates-chrétiens : ils condamnent les croisades ; a posteriori, ils disent : nous n'avons rien à voir avec cette entreprise infâme, guidée par l'esprit de conquête et qui transformait la Foi en prétexte fallacieux. Et, à la première occasion, ils vont chercher dans les évangiles des justifications à leurs crimes odieux, perpétrés d'une manière qui peut choquer des assassins de métier (je ne parle pas de soldats mais de types qui perçoivent le prix du sang pour salaire). Ils se déclarent popriétaires de la "Terre sainte" ou garants de cette propriété au nom de la Bible !

    Je pense en particulier aux Américains et leur couplet sur la Rome satanique, mère de toutes les impudicités ; leur couplet sur la vieille Europe qui a engendré Hitler, le communisme, etc. A leur tour ils se sont lancés dans une croisade odieuse, une "purification ethnique" d'une barbarie extraordinaire - pour reprendre le terme qu'ils emploient à propos de l'Allemagne nazie. Ils se croyaient plus forts que Satan, les voilà tous possédés ou presque.

    Il ne fait pas de doute que certains Américains sont consternés et horrifiés par la vengeance d'Israël, dotée des armes américaines, et dirigée par un soldat qui semble se prendre pour le Messie.

    Il reste que la nation américaine entière est compromise, et la Foi chrétienne une fois de plus traînée dans la boue. Simone Weil, qui voyait dans la condamnation à mort de Jésus-Christ par la foule, excitée par les pharisiens, la première expression du suffrage universel, ne se trompait pas !

  • La Guerre (mondiale) des Sexes

    Il n'est pas une semaine qui passe sans que l'actualité ne fournisse une illustration à la guerre des sexes. J'en citerai deux exemples récents : - le procès truqué des "violeurs de Mazan", et la campagne pour les élections présidentielles américaines, du moins telle qu'elle est rapportée par les médias européens atlantistes.

    Pourquoi le procès des "violeurs" de Mme Pélicot est-il truqué ? 1. Parce qu'il est médiatique et médiatisé : il s'agit à travers ce procès-spectacle de dire aux Français les plus faibles d'esprit quoi penser. 2. Parce qu'il élude soigneusement le problème de la misère sexuelle, inhérente à la société de consommation. Les violeurs de Mazan sont des consommateurs de produits illicites (c'est plus excitant), et Mme Pélicot a épousé une sorte de maquereau-dealer-sociologue tout à fait dans le coup (le profil parfait d'un candidat à la députation).

    C'est loin d'être la première fois que les médias se servent d'une affaire judiciaire - en particulier d'une affaire de moeurs - pour endoctriner l'opinion publique française.

    Le second exemple est plus intéressant que ce procès immoral, qui ne fait pas avancer la justice (la violence à l'égard des femmes n'est pas moins grande dans les pays dotés d'une législation féministe) :

    Lle vote en faveur de D. Trump est présenté comme un "vote masculin", et le vote en faveur de Kamala Harris comme un "vote féminin" par certains journalistes européens. Aussi ridicule soit cette présentation, elle traduit une forme de diabolisation de l'homme qui n'est pas spécialement le fait du sexe féminin (les mouvements féministes sont très peu représentatifs), mais qui est typiquement cléricale, multiséculaire.

    Le féminisme qui cherche à s'imposer à travers les médias de masse est une éthique étatiste. D. Trump a su habilement faire de l'appareil d'Etat une cible, et fédérer un électorat chrétien évangéliste, par principe anarchiste et anti-impérialiste (isolationniste). Cet électorat a pris conscience, il y a déjà plusieurs décennies, de la nécessité de s'organiser contre l'appareil d'Etat, afin de ne pas se voir imposer les réformes "sociétales" des technocrates de Washington.

    L'électorat de D. Trump n'est pas moins composé de femmes que d'hommes. L'hostilité aux valeurs familiales n'est pas plus féminine qu'elle n'est masculine. Le féminisme contemporain est  une variante de l'égalitarisme, dont le démagogue D. Trump est bien obligé, lui aussi, de prendre en compte. Ce qui fait du discours égalitariste un discours totalitaire, c'est son absolutisme. L'Etat capitaliste est le plus égalitariste, en même temps qu'il est le plus inégalitaire (on retrouve-là le dispositif paradoxal mis à jour par G. Orwell dans "1984").

    Les jeunes "masculinistes" (sic) ont tort de s'en prendre aux femmes : l'incrimination des hommes est en réalité le fait d'une sorte de doctrine bureaucratique, dont Sandrine Rousseau se fait la porte-parole.

    La contribution des "masculinistes" à la guerre des sexes fait le jeu de l'Etat totalitaire. Ce sont des idiots utiles, la preuve requise par le clergé totalitaire que le diable existe bel et bien.

    Pourquoi le féminisme du parti démocrate américain est-il un cléricalisme ? Parce que l'Etat moderne totalitaire exige une légitimation religieuse - c'est un Etat non-pragmatique. Il entend régenter la vie sexuelle des citoyens en les incitant à procréer dans certaines circonstances (besoin de main-d'oeuvre ou de soldats), ou au contraire à ne pas procréer (main-d'oeuvre surabondante dans des régions du monde désindustrialisées).

    La guerre des sexes est donc dans l'intérêt de l'Etat ultra-moderne ; il est difficile pour la jeune génération de s'en affranchir, car, en Europe, l'Etat est omniprésent et appuyé par toutes les sortes de clergé ou presque ; c'est probablement encore pire au Japon, où beaucoup de jeunes Japonais font le choix radical de renoncer à la sexualité, tant le couple représente une source de conflit et d'échec social. La "valeur travail" modèle la sexualité au stade totalitaire : cela aussi, "1984" le montre.

    Cette renonciation forcée n'est pas loin de la misère sexuelle révélée par le procès Pélicot et dissimulée par les médias et leur discours sur la "culture du viol".

    Les sectes évangélistes soutenant D. Trump, dans une nation où l'emprise de l'Etat est moins large et plus récente, paraissent donc le dernier rempart en Occident de la famille. Il n'est pas rare de voir chez des défenseurs européens de la famille... un poste de télévision ! Le chrétien évangéliste américain, lui, est un peu plus sérieux : il sait parfaitement que la famille et la télévision sont incompatibles.

    Mais le renoncement de ces sectes à l'anarchisme souligne l'illusion sur laquelle leur démarche repose. En effet l'Etat capitaliste est nécessairement impérialiste et colonial. Le parti démocrate de Kamala Harris est le parti de la justification de l'impérialisme, mais le moyen de cet impérialisme est le capitalisme.

    L'égalitarisme totalitaire, les "réformes sociétales" sur le dos du tiers-monde, ne font que refléter l'économie capitaliste. La Chine moderne est le meilleur exemple que l'on puisse citer de la complémentarité de l'Etat totalitaire et du capitalisme. Mais la Chine est aussi l'illustration de la fragilité de l'Etat totalitaire. La soumission et le conditionnement totalitaire des masses n'est pas inéluctable ; la sidération des masses par les écrans de télévision, les divertissements bas de gamme, les récompenses pavloviennes, absorbent une bonne partie des forces de cet Etat : c'est là en grande partie l'explication de la faillite de l'Education nationale française, tombée au niveau des mathématiques : instruire et éduquer au-delà du niveau de l'intelligence artificielle est contre-productif pour un Etat totalitaire.

    D. Trump est donc, lui aussi, un parfait hypocrite : la dépénalisation de l'avortement est typique d'une économie capitaliste au stade tertiaire, où la production est largement déléguée à des esclaves dans le tiers-monde. La neutralité de l'Etat, neutralité "hobbésienne", dont rêvent les électeurs de Trump aux yeux desquels l'Etat centralisé incarne Satan, est une illusion semblable à celle du bolchevisme ou du marxisme-léninisme.

    Deux mots sur la "culture du viol", la vraie. Elle est inhérente à la guerre, de sorte qu'il n'y a pas de guerre, antique ou moderne, sans viols, plus ou moins brutaux, qui sont des rituels de soumission aux vainqueurs ou aux forces d'occupation. Les femmes qui couchent par dizaines de milliers, voire centaines, avec les forces d'Occupation allemandes, sont-elles consentantes ? Oui et non. Nul ne peut prétendre sérieusement qu'il se plie de son plein gré aux lois de la Nature.

    Les quelques exemples de femmes incorporées dans des armées modernes démocratiques ont montré qu'elles sont aussi capables de sévices sexuels et de tortures. Quiconque prône la guerre, prône en même temps la culture du viol.

    Ceux qui parlent de "guerres propres" ou de "guerres éthiques", de "frappes chirurgicales", on les appelle communément "pharisiens".

  • Totalitarisme et Inconscient

    Je relis "1984" en prenant des notes pour le besoin d'un petit essai que je suis en train de rédiger, intitulé "Orwell et les Gilets jaunes".

    Orwell montre clairement que le totalitarisme -qu'il ne peint pas comme un complot des élites- a pour effet d'ôter aux citoyens toute conscience morale et politique. Les citoyens d'Océania n'ont plus que des réflexes de haine et d'amour, et l'idéologie leur tient lieu de conscience politique. Cette idéologie s'impose par le biais d'un conditionnement culturel, et plus on s'élève au sein de l'appareil d'Etat, où le ministère de la Culture occupe une place prépondérante, moins on est croyant et fanatique (O'Brien incarne ce type intelligent, qui séduit Winston Smith au début de la fable, car il a un regard plus humain).

    Je note que le parti républicain de D. Trump exerce le même genre d'attrait que la "Fraternité" de Samuel Goldstein dans "1984". L'objectif affiché de D. Trump n'est-il pas de détruire "l'Etat profond" et d'émanciper les Américains d'un Etat qui a trahi l'idéal démocratique de cette nation ? Le lecteur de "1984" est averti que l'idéologie libertarienne de Trump n'est qu'un leurre, comme la Fraternité de Goldstein.

    Quel est le rapport entre l'inconscience (collective) dans laquelle sont plongés les citoyens d'un régime totalitaire par le biais de la culture de masse, notamment, et la théorie freudienne de l'inconscient ? Y a-t-il un rapport entre l'aliénation des citoyens d'un régime totalitaire et la théorie psychanalytique ?

    On doit rappeler ici ce qui oppose la médecine allemande de Sigmund Freud à la religion juive. Le propos de Freud tend à nier ou à abolir la notion de péché, centrale dans le judaïsme, et à l'assimiler à une culpabilité maladive qui bride le désir et la volonté ; la conscience du péché est, a contrario, le point de départ de la morale juive (et probablement de l'éthique grecque) ; la conscience du péché est, en effet, ce qui élève l'homme au-dessus de la bête qui, elle, n'en a pas conscience et tue en toute innocence. Le judaïsme est une religion "spéciste", et très réticente à admettre sans preuves scientifiques solides que la conscience du péché est le résultat d'un processus d'"adaptation". La conscience du péché ne va pas dans le sens de l'adaptation.

    "La Guerre c'est la Paix ! La Liberté c'est l'Esclavage ! L'Ignorance c'est la Force ! A ce moment-là, la foule tout entière s'enfonça dans une profonde et lente mélopée rythmée. C'était en partie un hymne à la sagesse et à la grandeur de Big Brother, mais plus encore un mécanisme d'auto-hypnose. Winston eût l'impression que ses entrailles se refroidissaient. Il ne pouvait pas s'empêcher de communier à ce délire général, mais cette mélopée infra-humaine le remplissait toujours d'horreur." (1984 - Partie I)

    L'abaissement des citoyens d'Océania au niveau du comportement animal est un thème récurrent chez Orwell. Le totalitarisme est, selon lui, le gouvernement de l'humanité considérée comme une espèce. Tout ce qui est propre à l'homme est éradiqué : l'humour, l'écriture, la science (dissoute dans la technologie), l'art (réduit à la propagande ou au divertissement). Il n'y a pas plus éloignés que Huxley et Orwell des diverses formules du "darwinisme social", que l'on retrouve à l'arrière-plan de la plupart des politiques technocratiques au XXe siècle.

    On retrouve cela au plan de la "novlangue" ; celle-ci réduit le langage à un outil de communication comparable à celui dont les animaux disposent ; la novlangue est conçue pour asservir les citoyens d'Océania à Big Brother, comme les espèces animales sont soumises aux cycles naturels. Simone Weil avait fait cette observation dans "Les causes de l'oppression" que l'Etat totalitaire moderne reconstitue les causes de l'oppression naturelle.

    On pense ici bien sûr au nazisme, mais aussi à la société de consommation libérale, derrière laquelle se profile l'apologie de la prédation ; le surhomme libéral a un fort pouvoir d'achat, il n'est pas beaucoup moins ridicule ni moins dangereux que le surhomme nazi...

    L'éthique des citoyens d'Océania est, par ailleurs, une éthique puritaine, c'est-à-dire une culture de mort. Ici encore, comme l'idéologie est plus enracinée chez les soutiers du régime que ses dirigeants, exactement comme la croyance dans le droit divin monarchique et ses pouvoirs magiques était plus ancrée dans le petit peuple que dans l'aristocratie, la culture de mort puritaine se retrouve au bas de l'échelle sociale.

    La bestialité d'O'Brien est aristocratique et sadienne, et Winston Smith ne peut s'empêcher d'être subjugué. Ici Orwell décrit le pouvoir de séduction du luxe et du raffinement culturel des élites dirigeantes sur la classe moyenne.

    Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, la théorie freudienne a subi une altération significative ; le propos de Freud a fortement été dénaturé sur un point important : tandis que "l'inconscient" n'est pas, en soi, une chose positive pour S. Freud -il peut contribuer à entraver la jouissance normale-, il est devenu, au cours du XXe siècle, presque synonyme d'imagination. Cette "trahison" de Freud par les freudiens, au profit de la folie, s'accorde parfaitement avec le conditionnement de la société de consommation ; celle-ci a atteint son apogée au cours des "Trente Glorieuses", épisode de barbarie libérale resté invisible aux yeux des citoyens d'Océania.

    De même "le rêve américain" est-il la formulation politique d'une aspiration puritaine, très proche de l'aspiration bolchevique à la fraternisation populaire (dans le cas des Etats-Unis comme de l'URSS, l'Etat a émergé de façon "accidentelle", à la faveur de la guerre civile).

    La société de consommation est donc la formule du conditionnement totalitaire libéral, en apparence moins coercitif que le conditionnement communiste, mais en réalité seulement plus insidieux ; la société de consommation prospère sur la stimulation de l'instinct du bas peuple, comme le nazisme. Impossible de dire si la Chine contemporaine est "communiste" ou "libérale" : en revanche la pandémie de coronavirus a fait peser une menace très sérieuse sur la société de consommation chinoise, c'est-à-dire sur le principe du mouvement totalitaire.

    A la question posée au début, de savoir si Big Brother peut être décrit comme une sorte de "surmoi" freudien, on peut répondre "oui et non". Oui, car la volonté des citoyens d'Océania est bel et bien troublée, altérée : ils n'ont pas de volonté propre, déléguant à Big Brother la faculté de vouloir à leur place. Winston et Julia pèchent et se savent "corrompus" de vouloir jouir égoïstement ; cette jouissance les projette hors d'une société qui proscrit la jouissance comme une chose antisociale. La jouissance est réduite au stade totalitaire à la récompense pavlovienne.

    Mais la psychanalyse freudienne est sans doute le point d'où le totalitarisme est le moins visible. La façon dont Winston et Julia bravent momentanément Big Brother n'a pas grand-chose à voir avec la méthode psychanalytique. Comme Adam et Eve, Winston et Julia enfreignent l'Interdit suprême ; comme Adam et Eve la transgression de Winston et Julia se termine mal : l'illusion que partagent Winston et Julia de pouvoir échapper à l'emprise de Big Brother n'était, comme l'amour et comme la Fraternité de Samuel Goldstein, qu'une illusion.

    L'Etat totalitaire est une forme d'aliénation que Freud est loin d'envisager. On ne peut, du point de vue freudien, concevoir le progrès de l'humanité que comme un processus biologique évolutionniste ; or, du point de vue historique d'Orwell, le progrès passe par un éveil de la conscience du peuple, maintenu au niveau de l'instinct par la culture totalitaire.

  • Chrétien à l'insu de son plein gré ?

    Peut-on être chrétien sans même savoir qu'on l'est ? A priori, l'affirmation de l'Apôtre Paul selon laquelle "Seule la Foi sauve" s'y oppose. Comment pourrait-on être chrétien sans connaître la Foi ?

    Il faut tout de même remettre l'affirmation de Paul de Tarse dans son contexte anticlérical pour mieux la comprendre : le clergé juif avait étouffé la Foi sous un tas de rituels ecclésiastiques. "Seule la Foi sauve" veut dire : la Parole de Dieu, et non les sacrements et les rituels des prêtres, qui peuvent se tromper au point de ne pas reconnaître dans Jésus-Christ le fils de Dieu, et le condamner à mort.

    Si les évangiles ne condamnent pas absolument le besoin social de rituels, ils soulignent que ce besoin s'ancre dans la Terre et non dans le Ciel ("Laissez les morts enterrer leurs morts !" Lc 9-60). Féminin ô combien, le goût des rituels : ne dit-on pas d'un homme qui manque de simplicité qu'il est une sorte de femme ?

    (Le rituel catholique du mariage est un tout autre problème, largement traité par Shakespeare, car il porte directement atteinte à la Foi.)

    La Foi protège donc le chrétien des errements humains terrestres. Mais Augustin d'Hippone propose cette métaphore limpide pour décrire l'état du chrétien qui possède la Foi "sèche" sans la Charité : il dit que le chrétien qui n'a que la Foi est "comme un homme assis dans le bon chemin, qui n'avance pas dans ce chemin."

    Il y a déjà un chrétien qui ignore qu'il est chrétien dans les évangiles, c'est le bon Samaritain, dont Jésus-Christ explique qu'il se comporte comme un Juif devrait, alors même qu'il ignore les commandements de Iahvé.

  • Un malentendu à propos de Karl Marx

    Il est un malentendu persistant à propos de Karl Marx, entretenu par le régime des Soviets, puis par les intellectuels communistes en France, un malentendu tel que l'on peut dire que le marxisme n'a pas essaimé en France*.

    Ce malentendu consiste à prendre Karl Marx pour un "utopiste". Le projet clairement affiché de Marx et Engels était de vacciner le prolétariat contre le romantisme révolutionnaire, c'est-à-dire l'utopie. Lénine, qui n'était pas illettré, savait très bien qu'il inventait quelque chose qui n'avait qu'un lointain rapport avec la critique marxiste.

    Si, donc, la critique marxiste n'a rien perdu de son utilité, c'est en raison des ravages persistants de l'utopie, sans doute le principal obstacle au progrès.

    Si on prend la peine de lire Marx, on verra qu'il ne démolit pas seulement l'utopie du ruissellement libéral, avant que l'Histoire n'ait illustré la puissance génocidaire de cette utopie -cousine germaine du communisme-, dont l'égalitarisme n'est autre que l'expression juridique ; l'illusion du ruissellement rejaillit sous la forme de l'illusion de l'égalité parfaite.

    Marx démolit aussi l'utopie des "droits de l'homme" virtuels : dès la fin du XIXe siècle, bien avant G. Orwell, Marx a défini la démocratie-chrétienne comme un Etat de non-droit (anarchique).

    Marx démolit encore l'utopie de l'Etat providentiel hégélienne, architecture néo-gothique derrière laquelle on devine l'Etat totalitaire ultra-moderne. L'Etat soviétique omnipotent est, en réalité, une architecture hégélienne. Le clergé communiste s'est employé, pour cette raison, à réhabiliter la philosophie de G.W.F. Hegel, dont Marx avait démontré qu'elle ne tenait que par des syllogismes.

    On peut ici parler de "clergé" car l'Etat hégélien est une institution analogue à l'Eglise romaine. Le tour de passe-passe de Hegel consiste à intégrer le processus historique dans l'Etat, tandis que l'Eglise romaine était structurée autour du "droit naturel". Dans les deux cas, qu'il s'agisse du "sens de l'Histoire" hégélien ou du "droit naturel" catholique romain, il s'agit de PURE RHETORIQUE. L'Etat totalitaire hégélien repose donc sur une théorie de la providence, la plus destructrice du progrès véritable ; la liberté et la démocratie brillent comme des idoles au fronton des régimes totalitaires.

    George Orwell prolonge bien K. Marx quand il décrit "Big Brother" comme une idole, réclamant l'amour des citoyens et non seulement le respect et la crainte comme un Léviathan ordinaire (tel que Hobbes l'a théorisé et qui n'a jamais vu le jour).

    Orwell prolonge encore Marx puisque "1984" est une contre-utopie. La religion des régimes totalitaires est l'utopie, qu'elle soit nationale-socialiste (utopie biologique), communiste (hégélienne), ou libérale (ruissellement de la richesse). En affinant l'analyse, on démontrerait que ces trois utopies ne diffèrent que par des détails.

    Si la critique du capitalisme apparaît moins nettement dans "1984" que dans la satire d'Huxley où la plus immonde société de consommation est admise par 99% des citoyens ("Brave New World"), la raison en est que ce sont les ruines de l'Europe industrielle qui ont servi de décors à Orwell. "1984" est concentré sur le dernier pouvoir auquel s'accroche Big Brother - celui des mots. La ruine est, quoi qu'il en soit, où l'économie capitaliste conduit systématiquement, cycliquement.

    Marx n'est pas un utopiste : il croyait à la capacité de l'humanité de s'extraire de la logique autodestructrice de l'économie capitaliste, quoi que ce ne soit pas dans l'intérêt des élites dominantes de s'extraire d'un tel mode de gouvernement, car leur domination en dépend, et qu'elles ne connaissent pas d'autre moyen que l'esclavage.

    *Si la critique marxiste avait exercé une influence en France, il n'y aurait pas autant de Français à croire que le suffrage universel est un "instrument démocratique".

  • La misogynie comme péché

    Traiter le thème de "la misogynie comme péché" est une manière de décoder la culture contemporaine, que la sociologie et les sociologues s'emploient au contraire à chiffrer. Précisons que mon propos n'a pas grand-chose à voir avec celui d'E. Zemmour, qui ne prend pas en compte le bouleversement des moeurs résultant de l'économie capitaliste, ce qui revient à ignorer l'élément liquide quand on écrit un traité sur la navigation en mer.

    L'éthique occidentale est désormais structurée autour de l'inculpation de la virilité. Cela ne veut pas dire, en pratique, que tous les hommes l'admettent - certains mêmes se rebiffent -, mais cela veut dire que l'argument féministe est un concentré de l'éthique occidentale : "Je suis féministe, donc je suis Occidental." La misogynie est devenue un péché.

    C'est pourquoi le féminisme a autant d'écho, bien que les militants féministes ne représentent qu'une petite minorité de femmes et d'hommes ; le féminisme a, par ailleurs, perdu toute signification univoque. Je lisais récemment le témoignage d'une jeune femme, militante d'une organisation féministe luttant contre la prostitution, expliquant qu'elle avait été agressée physiquement par d'autres féministes, luttant au contraire pour faciliter la prostitution (on retrouve là les deux formes d'anarcho-capitalisme "de gauche" et "de droite").

    L'Occident impérialiste ne s'avance plus "au nom du christianisme", mais "au nom du féminisme", c'est-à-dire d'un christianisme sécularisé. Cet aspect de la propagande est d'autant plus évident en cas d'invasion d'une nation ou d'une région où la paysannerie n'a pas encore dit son dernier mot. Dans le cas de l'affrontement médiatique de deux hommes, V. Poutine et V. Zélenski, la propagande occidentale n'a pas manqué de caricaturer V. Poutine en despote viril, bien que l'Ukraine soit moins moderne sur le plan économique que la Russie.

    Ainsi l'on voit que le christianisme, s'il peut paraître avoir régressé sur le plan religieux en Occident, reste largement dominant, de fait, sous la forme d'une culture féministe qui conserve sa fonction de diabolisation. Autrement dit, les anarcho-capitalistes de droite comme de gauche sont des chrétiens qui s'ignorent, et cela pour une raison simple : l'anarchie est inconcevable en dehors du contexte chrétien (F. Nietzsche en a fait la démonstration, tout en occultant que l'anarchie vient des élites chrétiennes, tentant de persuader qu'elle est une "morale des faibles".)

    Le féminisme s'impose d'autant plus comme un argument impérialiste que les Etats-Unis sont devenus la première puissance mondiale au cours de la seconde moitié du XXe siècle ; la France républicaine n'a jamais eu besoin de cet argument-là (la misogynie républicaine 1790-1940 est anticatholique).

    Le cas Donald Trump mérite qu'on s'y attarde, car c'est un objet politique difficilement identifiable vu de France.

    Il faut dire d'emblée que la propagande de D. Trump vise un électorat isolationniste : le féminisme n'a donc, sur le plan rhétorique, aucun intérêt pour le candidat républicain, qui sait parfaitement que la majorité des femmes ne sont pas des militantes radicales. Trump ne drague pas comme son adversaire des minorités ethniques et religieuses éparses, mais l'Américain "moyen". Le parti républicain ne se targue pas d'exporter la civilisation, comme le parti démocrate. La civilisation, pour D. Trump, se résume à l'argent et au ruissellement de celui-ci. Du point de vue européen, l'idéologie politique trumpiste est proche du néant.

    Contrairement au catholicisme et au protestantisme en Europe, pratiquement dissouts dans la démocratie-chrétienne, le protestantisme américain demeure religieusement vivace sous la forme de sectes évangéliques, parfois substantiellement différentes les unes des autres, mais qui ont en commun une organisation ecclésiastique où le père de famille et le prêtre ne font pratiquement qu'un. Le débat fait rage aux Etats-Unis pour cette raison entre Républicains et Démocrates sur le changement sociétal - un débat parfaitement stérile dans le contexte capitaliste, mais qui mobilise deux camps manipulés par leurs leaders respectifs, prêts à en découdre.

    D. Trump a entrepris habilement de fédérer cet électorat contre le changement sociétal qui, c'est là la contradiction profonde de son discours, est une évolution des moeurs qui porte la marque du capitalisme. Il n'est pas impossible que cette contradiction soit perçue comme une ruse diabolique par certains fondamentalistes évangéliques illuminés de son propre camp.

    Hannah Arendt s'est trompée en disculpant le christianisme et en accusant les seuls régimes communiste et nazi d'être des régimes totalitaires. La notion de "monde libre" appliquée au Etats-Unis, si on pouvait encore l'admettre quelques années après la fin de la Seconde guerre mondiale et du choc titanesque entre l'Allemagne et l'Union soviétique, a perdu très vite son sens au cours de la Guerre froide, qui a suscité deux nouveaux monstres badigeonnés en hâte d'arguments humanistes, répétant les méthodes de l'Allemagne nazie. A. Huxley, en revanche, ne s'y est pas trompé, incluant les "valeurs judéo-chrétiennes" dans sa satire d'un monde sans pitié pour les plus faibles et en désignant la technologie comme le culte commun aux trois totalitarismes nazi, communiste et démocrate-chrétien.

    H. Arendt s'appuie pour sa démonstration sur l'analyse de "La Cité de Dieu" (d'Augustin d'Hippone). Mais cette doctrine qui tend à désacraliser le pouvoir politique romain est très peu représentative du pouvoir chrétien tel qu'il a été exercé au cours du dernier millénaire, que ce pouvoir soit catholique ou même protestant. Si la théocratie est facile à déceler dans la vieille monarchie catholique défunte, elle perdure dans la démocratie-chrétienne où la monnaie, le dollar, a une valeur et une fonction eucharistiques. Comme le droit divin monarchique renforçait la puissance publique monarchique, le dollar soutient la démocratie-chrétienne américaine.

  • Alain Soral, idiot utile ?

    Le combat dAlain Soral et de son comparse Dieudonné contre le puissant lobby sioniste est un exemple de bravoure ; mais Don Quichotte ne manque pas de courage non plus

    Le lobby sioniste est-il un moulin-à-vent ? On peut penser en effet que ce groupe de pression na pas dautre grain à moudre que lantisionisme, quoi qu'il semble exercer une surveillance rapprochée de la classe politicienne ; mais avant de développer cet argument, je voudrais expliquer en quoi le propos dAlain Soral rejoint celui de George Orwell, et en quoi il sen éloigne.

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  • Le Chrétien et le Capital

    Commençons par dire pourquoi la "taxation des riches" et l'augmentation du SMIC ne sont pas des programmes d'inspiration marxiste. K. Marx s'opposa sur ce point aux socialistes français, pour une raison bien précise : la revendication d'un salaire minimum par les partis socialistes signifiait que leurs dirigeants n'avaient rien compris à la démonstration du "Capital" - démonstration que la "plus-value" implique la spoliation des travailleurs salariés.

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