Faut-il jeter Sade à la poubelle, suivant le désir des censeurs puritains ? On aurait tort de croire que les puritains n'ont pas de désir ; leur désir de censure est un désir en creux, un désir potentiellement sadique.
C'est peut-être la seule leçon à tirer de Sade : derrière le puritanisme sommeille un sadisme, un désir de couper la tête du roi, ou de trancher les parties génitales des cinéastes, les rois de notre époque où l'illusion tient lieu de droit divin. Posséder, la suprême illusion - être possédé, la triste réalité.
Si l'on jette Sade, on devra aussi brûler Barbey d'Aurevilly, ce Sade à repentirs, un vrai piège à filles comme le "divin marquis". Barbey avait, dit-on, une certaine expérience de la fascination que les types démoniaques exercent sur les bas bleus.