Le réchauffement du pôle, la grippe aviaire, la bombe atomique iranienne, Le Pen au second tour, tous ces périls finissent par s'annuler les uns les autres et les bons citoyens continuent stoïquement de faire leurs courses et d'arrêter de fumer.
Ce qui ne s'annule pas en revanche, et ça m'inquiète beaucoup plus que la disparition des ours blancs et l'immersion des plaines bataves, c'est tous ces débats démocratiques, toute cette sous-littérature de circonstance, en très très nette inflation.
Affiches géantes dans le métro pour des films désolants, pour le dernier bouquin de Jean-Christophe Ruffin… Les publicitaires feront-ils faillite, au moins, si la grippe aviaire contraint les Français à rester cloîtrés chez eux pendant un mois ? Dans ce cas, vite, une prière pour la grippe aviaire !
Ce Ruffin, c'est une vraie catastrophe culturelle à lui tout seul. Je peux pas supporter sa tronche de furet. À partir de maintenant, le premier qui me parle du désintéressement des French doctors, je le mords.
Pourtant l'autre jour Ruffin râlait contre les écolos qui ont remis à la mode les théories malthusiennes, j'aurais dû être content… mais c'est complètement dément, Ruffin lui-même est un des représentants les plus médiatiques de la politique malthusienne menée en Afrique par les ONG et les organisations internationales… avec le résultat qu'on sait.
De Malthus, Ruffin est passé à Darwin ; « Touche pas à mon Darwin ! », c'est tout ce qu'il a su dire sur ce sujet. Étonnante, la fortune médiatique de Malthus et de Darwin, contre le cours de la science ? Non, rien de plus logique ; c'est quand même plus facile d'expliquer la théorie de Darwin à la télé que celle de Gould, celle de Dawkins, ou même celle de Mendel.
Si on m'avait dit quand j'avais quinze ans et que je pestais contre ma prof de sciences nat. qui m'obligeait à torturer tout un tas de pauvres bestioles qu'un jour je défendrais les scientifiques contre les barbares, je ne l'aurais pas cru.