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  • La Cité du Chaos

    Avant de mentionner quelques éléments "babyloniens" saillants de la culture contemporaine, rappelons les sources bibliques de la Tour de Babel et de Babylone, surnommée "Cité du chaos" ou "Cité de la Confusion" par le prophète Isaïe.

    L'épisode de la Tour de Babel apparaît dans le livre de la Genèse (chap. XI), attribué à Moïse. Les ruines de la Tour de Babel, c'est-à-dire le ziggourat de Babylone, sise au Sud de l'actuelle Bagdad, ont été redécouvertes en 1913, mais la Tour de Babel est d'abord une allégorie.

    La Tour de Babel représente en effet l'orgueil humain, plus exactement la prétention de l'homme à faire son salut sans l'aide de Dieu puisque la tour monte au ciel.

    Il s'agit-là d'une riche métaphore, car l'architecture est en tous temps et en tous lieux représentative de la volonté humaine, qui atteint parfois des sommets de vanité -que l'on songe par exemple aux châteaux construits par Louis II de Bavière, ou encore à la cathédrale de Beauvais, dont la nef fut conçue pour dépasser toutes les autres, et qui ne tarda pas à s'effondrer; les nombreux gratte-ciel de New York pourraient valoir à cette cité le surnom de "nouvelle Babylone"... si la plupart des mégapoles ne songeaient à se doter à leur tour de vertigineux "buildings".

    Tous les édifices somptuaires ou vaniteux, non seulement le ziggourat de Babylone, sont des édifices que l'on peut dire "religieux", car ils tendent vers l'infini - signe d'une forme d'espoir mystique. Ce n'est donc pas la science qui est condamnée à travers le symbole de la destruction de Babylone, mais bien une forme de religion, d'espoir insensé et voué à l'échec, car fondé sur la seule volonté humaine.

    L'Apocalypse d'Isaïe évoque la destruction de Babylone à la fin des Temps (Is. 24) : "Elle est renversée, la ville de confusion ; toute maison est fermée, on ne peut y entrer. On pousse des clameurs dans les rues, faute de vin ; toute allégresse a disparu, la joie est bannie de la terre. Il ne reste de la ville que décombres, et les portes brisées sont en ruines."

    Et la vision prophétique de l'apôtre Jean relaye la prophétie d'Isaïe. Aux yeux des chrétiens, Babylone est encore le symbole de l'orgueil humain qui scinde l'homme de Dieu.

    On peut remarquer l'analogie entre le mythe de Babylone et celui de Prométhée, considéré à juste titre comme le symbole de l'émancipation funeste du dieu suprême ; comme dans le récit de la Tour de Babel, la technique rend l'homme ivre d'orgueil. Il s'agit-là d'une ivresse que l'homme a éprouvée au cours des derniers siècles, compte tenu des ravages extraordinaires causés par le progrès technique au cours des XIXe et XXe siècle, au nombre desquels il faut compter la "shoah".

    Les grands massacres du XXe siècle nous renseignent sur la nature du châtiment divin prédit par les prophètes.

    Derrière l'apparente émancipation de la Nature et le "progrès scientifique" se cache en réalité un culte rendu à la Nature.

    - A bien des égards le monde et la culture contemporains évoquent la Babylone des prophètes et son effort insensé pour affranchir l'humanité de ses chaînes.

    En premier lieu il faut mentionner l'architecture. Dans le monde contemporain, l'architecture est partout. Non seulement en raison de l'urbanisation sans cesse croissante, mais aussi de la planification technocratique qui s'est imposée comme le mode de gouvernement le plus sophistiqué ; il y a même des normes juridiques "somptuaires", dénuées d'utilité pratique et qui n'ont -à l'instar de certains édifices religieux- qu'une fonction ornementale.

    L'importance de l'enseignement de la géométrie algébrique dans le cursus scolaire des nations privilégiées signale encore l'importance de l'architecture.

    Certains technocrates font valoir comme une qualité la "complexité du monde moderne" : il s'agit là d'un point de vue architectural et urbain - quasiment d'une illusion d'optique.

    - On peut encore citer la partie du mythe qui a trait au langage. Le langage fait l'objet d'un véritable culte aujourd'hui. La position avantageuse qu'occupent les intellectuels dans l'organigramme social a trait à leur aptitude à manier les mots.

    La dimension mystique du langage (qui du point de vue scientifique n'est qu'un simple outil) est une incitation à promouvoir un langage unique afin de pouvoir décréter l'universalité du langage. Cet effort a pour l'instant échoué -à l'exception notable du langage algébrique qui est de plus en plus fréquemment promu comme un "langage universel".

    La culture babylonienne présente un aspect de monothéisme ou de religion unique, centrée sur l'homme (l'architecture et la géométrie algébrique sont l'expression de la volonté humaine), que l'on retrouve aussi bien dans le mythe que dans la culture occidentale contemporaine dominante, qui tend par la force de son organisation technocratique à s'imposer au monde entier.

    On remarque qu'après la Pentecôte, quand les premiers apôtres de Jésus ont reçu l'appui de l'Esprit, ils se montrent capables de s'exprimer dans chacune des différentes langues parlées par leurs auditeurs. La différence entre les langues et la division entre les nations n'est pas abolies, cependant l'Esprit accomplit l'unité là où la volonté humaine orgueilleuse échoue.