En ce samedi 5 juillet, l'ex-candidat à la présidence de la République Eric Zemmour savoure dans un communiqué sa relaxe par le tribunal de Paris : il était accusé d'incitation à la haine raciale pour avoir fait le lien dans un discours entre immigration et délinquance.
- Tout d'abord, dans quel type de régime a lieu ce genre de procès ? Dans un régime gaulliste où le personnel politique, élus locaux et nationaux, est placé sous la tutelle du pouvoir exécutif et de magistrats, dont l'indépendance n'est que très relative. Le jeu électoral est biaisé dans les grandes largeurs, et l'émergence d'un candidat "antisystème" comme aux Etats-Unis pratiquement impossible. J.-L. Mélenchon émerge comme tel puisque le sionisme est le cri de ralliement à l'Etat profond, mais sa position est-elle tenable ?
La classe politique se satisfait de ce dispositif constitutionnel ; le mouvement des Gilets jaunes a montré qu'il repose en réalité sur le pilonnage médiatique et des forces de police pléthoriques protégeant le pouvoir exécutif d'une révolution populaire.
- Il va de soi que la délinquance et l'immigration sont liés. Pas de chantiers du BTP en France sans travailleurs clandestins, régularisés parfois quand leur situation pourrait s'avérer gênante pour tel ou tel oligarque en vue. A un niveau moins élevé, il n'est pas rare que tel ou tel petit artisan défende son employé immigré clandestin menacé d'expulsion : business is business. L'immigration est donc liée à la délinquance des dirigeants de cartels industriels, assez organisés pour ne pas se faire prendre la main dans le sac et proposer des Jeux olympiques propres et bénis par l'inspection du travail, ainsi que par l'ensemble de la classe politique : silence radio des anti-immigrationnistes de service quand Paris fut transformé en vitrine du Capital avide de main-d'oeuvre "discount".
On peut penser qu'un comité de Salut public Gilets jaunes aurait ajourné les JO de Bernard Arnault & Cie et redéployé les moyens financiers et policiers dilapidés par la classe politique.
- Examiner la question de l'immigration et du trafic de stupéfiants, l'une des principales causes de délinquance en France, oblige à creuser la question de la complicité du ministère de l'Intérieur dans ce trafic - ou celle de son incompétence. Faut-il croire ce commissaire de police qui expliquait dans un livre il y a une vingtaine d'années que le trafic de stupéfiants est une bonne affaire pour l'économie française en berne ? C'est probablement une réponse un peu limitée, mais elle prouve que le simplisme démagogique d'Eric Zemmour n'est pas la seule hypothèse envisagée, y compris parmi les flics. L'économie clandestine est mathématiquement plus attractive dans les régions où le taux de chômage est le plus élevé.
Pourquoi les scores d'Eric Zemmour sont-ils aussi faibles en dépit du battage médiatique dont il a bénéficié, avant d'être remplacé par son clone Retailleau ? Le parti de Le Pen dont il a tenté de capter les suffrages est soutenu depuis deux décennies par la classe ouvrière, en voie d'extinction accélérée depuis l'instauration de l'euro. E. Zemmour manquait du charisme nécessaire pour mobiliser cet électorat-là : il n'a séduit à peu près que l'électorat orphelin de F. Fillon, un peu plus bourgeois que l'électorat de Le Pen, et guère différent de l'électorat d'E. Macron. De plus, avec le vieillissement du corps électoral, la démagogie sécuritaire a connu une inflation.
Les crises économiques capitalistes ont toujours eu pour effet d'isoler l'oligarchie du reste de la population ; et toujours cette oligarchie a réagi en finançant des partis politiques désignant des boucs émissaires, afin que l'on ne se penche pas de trop près sur la politique oligarchique.