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Mon Journal de guerre

  • Orwell et les Gilets jaunes

    Le mouvement des Gilets jaunes fera date. Les historiens peuvent d'ores et déjà le rapprocher de la prise du pouvoir par Donald Trump aux Etats-Unis, quelques années après le krach financier de 2008 qui a déstabilisé l'organisation politique oligarchique de ce qui était encore la première puissance mondiale.

    Si le mouvement des Gilets jaunes n'a pas de programme politique défini, le programme MAGA d'anéantissement de "l'Etat profond" reste pour l'instant quasiment à l'état de voeu pieux.

    On peut légitimement soupçonner D. Trump, compte tenu du soutien que lui fournissent quelques puissants oligarques, d'être un contre-révolutionnaire déguisé en révolutionnaire (la France a connu beaucoup de révolutionnaires de cette sorte-là, qui n'étaient que des opportunistes). Le financement de partis politiques par l'oligarchie est pour elle le meilleur moyen de se maintenir.

    On pourrait tout aussi bien rapprocher le mouvement des Gilets jaunes de la prise du pouvoir d'A. Tsipras en Grèce en 2015 ou de Giorgia Meloni en Italie (2022), puisque ces deux chefs politiques ont été élus sur la promesse d'une rupture avec le système, promesse qu'ils n'ont pas tardé à trahir tous les deux. Plutôt que la trahison, ne vaut-il mieux pas y voir la force et la résistance de l'Etat profond ?

    La victoire électorale du parti MAGA ne signifie pas la mort de l'Etat profond. La victoire électorale du parti MAGA n'indique pas que les MAGA sont en avance sur les Gilets jaunes, mais que le système électoral nord-américain est une barrière de défense de l'Etat profond nord-américain moins efficace.

    Le mouvement des Gilets jaunes coïncide avec la faillite du pacte de stabilité européen, que E. Macron n'a cessé de représenter depuis la première minute où il exerce son mandat, soutenu à bout de bras par l'ensemble de l'oligarchie française. La "dette covid" est une faillite de 700 milliards présentée par la propagande capitaliste comme une manière de rebondir - les Français ont élu un joueur de casino.

    Par conséquent l'Etat profond prend l'eau : ses coordinateurs bruxellois en sont rendus à vouloir mener une guerre industrielle contre la Russie pour se remettre à flot. Les Gilets jaunes sont suspendus, mais l'Etat profond européen ne l'est pas moins - la sécession de l'Allemagne mettrait officiellement fin à l'Union européenne (1999-2025).

    Une erreur grossière serait de prêter à une nouvelle constitution le pouvoir de fonder une république. Ce serait comme vouloir réparer la coque d'un navire en train de couler. Ce serait ignorer que l'Etat profond nord-américain, comme l'Etat profond européen, contournent le dispositif constitutionnel actuel. Ce serait ignorer la dynamique du Capital. Ce serait ignorer que la légitimité de l'Etat profond, aux yeux de ceux qui ont renoncé à l'exercice de la citoyenneté, n'est pas juridique mais technocratique. La légitimité de Big Brother tient à son mode de fonctionnement. La dictature sanitaire a fourni de ce point de vue-là une leçon magistrale : les Français ont renoncé à tous leurs droits en raison de leur confiance dans la médecine technocratique et ses représentants. Seuls quelques-uns ont osé objecter que le remède était pire que le mal.

    La révolution est la seule constitution dont les Gilets jaunes ont besoin, c'est-à-dire le projet de démantèlement de l'Etat profond, qui demande autant de prudence que le démantèlement d'une centrale nucléaire accidentée.

    Parce que l'illusion constitutionnelle est aussi répandue à droite qu'à gauche, il m'a semblé utile de proposer l'éclairage fourni par George Orwell, en particulier dans "1984", sur la nature profonde de Big Brother.

    Pourquoi, par exemple, il ne peut se passer d'une intelligentsia. Pourquoi l'effort de Big Brother pour produire une culture de masse prolonge la lutte des classes.

    Ci-dessous, voici le sommaire approximatif de cet essai presque achevé à paraître à la rentrée prochaine (aux éds Zébra).

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  • Sur la mort du catholicisme (2)

    A ma précédente note au sujet de la mort du catholicisme en Europe, c'est-à-dire de sa métamorphose en discours démocrate-chrétien, je me suis vu répliquer que je ne tenais pas compte de la dimension spirituelle du catholicisme. Je n'en tiens pas compte car elle n'existe pas à titre principal - l'Eglise romaine est avant tout une institution politique ; cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de catholiques "spirituels", mais que la cohérence et la permanence de l'Eglise romaine sont romaines, c'est-à-dire politiques. Ajoutons que l'Eglise catholique est précisément haïe pour cette raison par les sectes fondamentalistes nord-américaines.

    L'expulsion des jésuites à la fin du XVIIIe siècle est un événement considérable pour l'Eglise catholique française, car il porte atteinte à son action politique ; l'expulsion des congrégations religieuses au début du XXe siècle est beaucoup moins importante, car le catholicisme ne jouait déjà plus alors qu'un rôle politique et social mineur en France, dont on sait qu'elle était et reste gouvernée de façon très centralisée et fort peu "démocratique".

    La mondialisation a redonné à l'Eglise romaine l'occasion de faire oublier sa compromission avec les élites impérialistes tout au long du XXe siècle. Actuellement, l'Eglise romaine est confrontée au délicat problème de la lutte des classes à l'échelle mondiale, qui oppose le tiers-monde aux puissances démocrates-chrétiennes impérialistes, à commencer par les Etats-Unis. L'isolationnisme de Donald Trump et la répression brutale des Palestiniens ne font que souligner la lutte des classes, mieux dissimulée par les discours hypocrites du parti démocrate "wokiste".

    La plupart des catholiques vivent désormais dans le tiers-monde, tandis qu'il n'y a plus en Occident que des démocrates-chrétiens vieillissants.

    Comment se fait-il, dira-t-on, que le pape François ait fait autant de concessions à la moraline capitaliste LGBT ? Réponse : la moraline LGBT, comme le féminisme ou l'antiracisme, sont AVANT TOUT, pour leurs promoteurs (le "New York Times") un moyen d'occulter l'impérialisme et la lutte des classes. Rome sait parfaitement que la démocratie-chrétienne américaine dispose de moyens de propagande surpuissants. Aucun grand média européen n'a laissé le pape François prêcher pour la paix entre la Russie et l'Ukraine - seul un journal suisse lui a ouvert ses colonnes.

    D'une certaine façon, on peut dire que l'évêque de Rome est l'otage de la propagande occidentale.

    La grosse presse allemande démocrate-chrétienne, la plus sioniste au monde (le sionisme est plus facilement contestable aux Etats-Unis qu'en Allemagne) a accueilli l'élection du nouveau pape Léon XIV de la façon la plus démocrate-chrétienne qui soit, en faisant de lui un portrait aussi vague et complaisant que possible.

    On peut être surpris de la déclaration d'une nonne, affectée à la communication du nouveau pape, qui déclare que l'Eglise du pape Léon XIV saura accueillir aussi bien les incroyants que les croyants en son sein. C'est une déclaration politicienne ; la démocratie-chrétienne n'exige pas la Foi, elle réclame un maximum de suffrages.

  • Lénine et Darwin

    En lisant les oeuvres choisies de Lénine, je me suis demandé : - Lénine était-il infecté par l'idéologie darwiniste ? Les meilleurs critiques du totalitarisme ont montré que la technocratie, qu'elle soit nazie, soviétique ou démocrate-chrétienne, est indissociable de l'idéologie darwiniste. Aldous Huxley a ainsi placé cette conviction au centre du dispositif technocratique barbare dont il a fait une satire cinglante et subversive (Brave New World, 1932).

    Pratiquement on pourrait dire que l'idéologie darwiniste joue dans la culture bourgeoise le même rôle que le droit divin dans l'Ancien régime.

    On parle parfois de l'arrogance ou du mépris d'Emmanuel Macron ; il vaudrait mieux dire qu'il partage un sentiment de supériorité propre à sa caste, le sentiment d'être un "alpha". Ce préjugé est d'ailleurs partagé par les "epsilons", à qui il est inculqué dès le plus jeune âge à l'école. Il n'est pas rare d'entendre, dans la bouche d'un epsilon, la revendication d'un "droit au bonheur", non moins technocratique que l'idéologie darwiniste.

    Les grands singes mâles dominants sont menacés d'être déposés, dès que leur force physique décline. Les alphas perdent le respect qu'ils inspirent dès lors que la perspective du bonheur collectif, dont les bonobos offrent une image relativement satisfaisante, s'éloigne. La domination est acceptée en contrepartie du bonheur.

    Dans la société totalitaire, au stade décrit par Huxley de la consommation sans entrave ou presque, il vaut mieux être une femelle alpha qu'un homme epsilon.

    On sait que Karl Marx s'est laissé abuser par la théorie darwiniste, qui n'était pas encore devenue le grand fourre-tout d'hypothèses contradictoires qu'elle est devenue ensuite. Marx a cru que l'hypothèse de Darwin était "matérialiste", alors qu'elle est en réalité "mathématique", reposant sur la théorie des grands nombres.

    L'hypothèse darwiniste est "progressiste", dans la mesure où elle permet de soutenir une idée du progrès social automatique, largement répandue par les élites libérales, quitte à faire passer les crises économiques à répétition pour un bienfait économique.

    Si le prolétariat est le mieux à même, selon Marx et Lénine, de lutter pour le progrès social auquel la bourgeoisie capitaliste s'oppose, c'est parce que ce prolétariat joue un rôle économique essentiel, en même temps qu'il est bien placé pour voir que la bourgeoisie s'enrichit sur son dos. La mondialisation a, d'une certaine façon, reconfiguré la lutte des classes à l'échelle mondiale. La guerre que se livrent le parti démocrate et le parti MAGA aux Etats-Unis est un nouvel épisode de la lutte des classes. La nouvelle division du travail à l'échelle mondiale ne donne pas satisfaction aux partisans de D. Trump.

    Lénine mentionne incidemment l'hypothèse de Darwin, à titre de comparaison. Il la juge "scientifique", mais il ne semble pas s'y être intéressé de plus près.

    Le léninisme repose largement sur le matérialisme historique de Marx et sa critique de la philosophie idéaliste des Lumières. Sans doute Lénine est-il moins méfiant que Marx vis-à-vis du "miracle technologique", mais cela ne permet pas d'expliquer pourquoi le régime soviétique s'est figé dans la technocratie après la Seconde guerre mondiale, un progressisme plus darwiniste que marxiste, qui fait dépendre le progrès des seules innovations technologiques.

    La crise économique et industrielle de 1929 a porté un coup fatal à la théorie libérale du ruissellement, dont Marx a démontré qu'elle ne repose que sur quelques syllogismes. La guerre de l'Allemagne contre la Russie, si elle s'est soldée par la défaite du IIIe Reich, pris en tenaille, a néanmoins fait triompher le socialisme nationaliste, compatible avec la guerre impérialiste, y compris au pays des bolchéviks. Le parti unique, qui n'était qu'une étape selon Lénine vers un Etat démocratique, est devenu un appareil d'Etat technocratique rivalisant avec l'Etat fédéral étatsunien pour la domination du monde.

  • Lénine contre l'Etat profond

    Lénine souligne la nécessité, à l'instar de Donald Trump, d'anéantir l'Etat profond bureaucratique. Celui-ci est avant tout l'instrument principal de la politique impérialiste bourgeoise. Cent ans plus tard, le diagnostic de Lénine est toujours valable, et assez largement repris par D. Trump sous l'étiquette MAGA.

    Si le parti des "faucons" atlantiste s'en prend à D. Trump et s'est efforcé par tous les moyens de l'empêcher d'accéder au pouvoir, c'est bel et bien en raison de la menace que son programme MAGA représente pour la politique impérialiste des Etats-Unis en général, et le sionisme en particulier.

    En toute bonne logique, Lénine déclare nécessaire de démanteler l'armée, fer de lance de l'Etat bourgeois. Au cours du XXe siècle, quand l'Etat bourgeois a été menacé, il s'est placé sous la protection de l'armée et de la police ; le fascisme n'est rien d'autre que la doctrine d'un Etat bourgeois sous la menace d'être renversé par le peuple. On voit ici à quel point la position de D. Trump est ambiguë, voire intenable.

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  • Gilets jaunes et Nucléaire

    Les Gilets jaunes doivent s'emparer de la question du nucléaire, comme ils se sont emparés de la question du gouvernement oligarchique par le biais de médias audio-visuels qui façonnent l'opinion publique pour le compte de quelques oligarques.

    Aucune constitution ne peut s'opposer efficacement aux modalités technocratiques de gouvernement, dont G. Orwell montre dans "1984" qu'elles ont pris le pas sur des modalités constitutionnelles.

    On peut même dire que l'équilibre des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, rêvé autrefois par Montesquieu, n'a jamais été accompli en France car cette belle théorie s'est heurtée, dès la fin du XVIIe siècle, à une organisation technocratique. La république bourgeoise n'a pas aboli la technocratie, bien au contraire. Montesquieu ignore absolument les conséquences de l'empirisme scientifique, qui bouleverse les conditions de l'action politique.

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  • Jeunes Communistes révolutionnaires

    Je me réjouis de la création d'un parti communiste révolutionnaire en France. Il ne peut que contribuer à faire table rase des codes de la gérontocratie française, le "penser vieux" inculqué dès les premières années du collège aux petits Français.

    La classe politique française à l'unanimité vient d'approuver l'introduction de cours d'éducation sexuelle capitaliste à l'école, c'est-à-dire de masturbation. K. Marx avait bien compris que la masturbation s'oppose diamétralement à la révolution qui proclamait : "L'existentialisme est un onanisme !".

    Les révolutions sont toujours provoquées par l'effondrement des forces politiques conservatrices, qu'il s'agisse de la révolution de 1789, de la Commune ou de la révolution russe de 1917, qui avait été précédée de l'écroulement du régime quasi-médiéval tsariste. Lénine a saisi la balle au bond, en quelque sorte ; les bolchéviks n'ont pas commis les erreurs des Communards trop naïfs, impitoyablement massacrés par les Versaillais. Les bolchéviks se sont emparés du pouvoir presque sans coup férir car, en dépit des apparences, la répression féroce de Stolypine n'avait fait qu'accorder un sursis de quelques années à un régime corrompu, miné de l'intérieur.

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  • Sur la Chasteté chrétienne

    Au préalable il faut faire le constat que la chasteté, en général, s'oppose à la société de consommation, prêchée par la télévision 7 jours sur 7, mais aussi par la radio, le cinéma. L'obsession sexuelle est le signe que nous vivons une époque particulièrement dévote.

    La chasteté est un moyen intéressant pour comprendre ce qui distingue le message évangélique des autres messages ou doctrines religieux, et pour distinguer le satanisme, c'est-à-dire la subversion du message évangélique par des chrétiens. Le satanisme est le thème central de l'oeuvre de Shakespeare.

    Il est affligeant de voir que l'Eglise catholique continue de dire n'importe quoi sur la chasteté chrétienne, en dépit de la corruption morale d'une partie de son clergé, cause de scandales à répétition. Une bonne partie de la littérature catholique sur ce thème mériterait d'être détruite, car elle élève l'immoralité au rang de la spiritualité.

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  • Le Complot maçonnique

    ...n'est pas là où on croit.

    La fiche Wikipédia sur le "Grand Orient de France", loge maçonnique française la plus ancienne, créée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, dissout assez sobrement et efficacement la théorie selon laquelle la franc-maçonnerie aurait joué un rôle actif dans la Grande révolution de 1789. L'encyclopédie en ligne explique "qu'il y avait des francs-maçons dans tous les camps", parmi les républicains (Mirabeau), mais aussi parmi les aristocrates qui durent prendre la fuite, et aussi dans le clergé.

    Ultérieurement le franc-maçonnerie contribuera elle-même à cette rumeur flatteuse, laissant croire qu'elle avait contribué à la Révolution.

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  • Bilan (intermédiaire) des Gilets jaunes

    Le rôle de la presse oligarchique, ce pourquoi elle est payée, est d'étouffer ou de contenir le mouvement des Gilets jaunes. Depuis le mandat de F. Hollande, les représentants de l'oligarchie se démènent pour prendre le contrôle des réseaux sociaux américains, au risque de laisser apparaître à une large part de l'opinion publique que la Chine est le modèle politique des dirigeants de l'Etat profond européen.

    Les dispositifs sécuritaires trahissent une dimension essentielle de l'Etat profond : il est gérontocratique. Le corps électoral vieillissant, qu'il soit "de gauche" ou "de droite", adhère très largement aux décisions arbitraires de la Commission.

    Le terme de "lutte des classes" est impropre à qualifier la grève générale étendue des Gilets jaunes en 2018. La comparaison avec la révolution libérale MAGA s'impose plutôt. Il est plus juste de parler d'un combat intergénérationnel que de lutte des classes, compte tenu de la division du travail à l'échelle mondiale.

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  • Immigration et délinquance

    En ce samedi 5 juillet, l'ex-candidat à la présidence de la République Eric Zemmour savoure dans un communiqué sa relaxe par le tribunal de Paris : il était accusé d'incitation à la haine raciale pour avoir fait le lien dans un discours entre immigration et délinquance.

    - Tout d'abord, dans quel type de régime a lieu ce genre de procès ? Dans un régime gaulliste où le personnel politique, élus locaux et nationaux, est placé sous la tutelle du pouvoir exécutif et de magistrats, dont l'indépendance n'est que très relative. Le jeu électoral est biaisé dans les grandes largeurs, et l'émergence d'un candidat "antisystème" comme aux Etats-Unis pratiquement impossible. J.-L. Mélenchon émerge comme tel puisque le sionisme est le cri de ralliement à l'Etat profond, mais sa position est-elle tenable ?

    La classe politique se satisfait de ce dispositif constitutionnel ; le mouvement des Gilets jaunes a montré qu'il repose en réalité sur le pilonnage médiatique et des forces de police pléthoriques protégeant le pouvoir exécutif d'une révolution populaire.

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  • Lire Lénine en 2025 (4)

    Tout d'abord une remarque sur le roman national, tel qu'il est enseigné à l'école aux gosses entre dix et dix-huit ans. On peut le qualifier de catéchisme républicain ; il vise à la glorification des élites françaises dirigeantes.

    Le roman national répond au besoin, qualifié de totalitaire par G. Orwell, de "contrôler le passé pour mieux contrôler le futur". A la fin des années 1980, il est devenu nécessaire de réécrire le roman national pour l'accommoder au nouveau projet d'Union européenne, gommer en particulier la germanophobie de la version enseignée entre 1950 et 1980 par les "libérateurs" gaullistes et communistes. Cette germanophobie était peu propice à l'accouplement avec la nouvelle Allemagne officiellement dénazifiée.

    Le roman national allemand est encore plus nettement totalitaire que le roman français. Il y a quelques jours, le nouveau chancelier allemand Frédéric Mertz a tenu à Washington ce propos d'un négationnisme invraisemblable lors d'un récent sommet diplomatique avec D. Trump, expliquant que l'Allemagne avait été soumise par le parti nazi... contre son gré (!).

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  • Les Luttes de classes en France au XXIe siècle

    "Les Gilets jaunes ont fait naître de grands espoirs et, en ce qui me concerne, m'ont réconcilié avec mon pays, dont je commençais à désespérer. Je considère, à titre personnel, que j'ai une dette envers eux. Ils ont prouvé que nous, Français, étions encore capables de grandes choses." Emmanuel Todd

    Quelques mots à propos de l'ouvrage d'E. Todd (2020) d'où est extraite cette citation. C'est une excellente initiative, exceptionnelle puisque cet essayiste est un des rares membres indépendants de l'intelligentsia française, à n'être pas employé par tel ou tel oligarque, comme sont la plupart des publicistes français aujourd'hui. L'initiative d'E. Todd m'a poussé à écrire mon propre essai car "Les Luttes de classes en France" m'a semblé singulièrement dépourvu de perspective historique pour un livre d'Histoire. Précisons ici qu'Emmanuel Todd se réclame de l'école française des Annales ; il s'en dit même l'ultime représentant.

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  • L'Occident introuvable

    Quand le IIIe Reich s'encombrait d'une théorie darwiniste complexe du "surhomme aryen", l'impérialisme de l'OTAN au XXIe siècle se contente du slogan des "valeurs occidentales". Est "occidental" tout ce qui va dans le sens du commandement militaire de l'OTAN (Donald Trump après Joe Biden), et est "anti-occidental" tout ce qui s'y oppose.

    Définir l'Occident est une chose difficile, voire impossible. Les définitions contradictoires entre elles abondent. Tentons quand même une définition large, à partir de Nietzsche, qui se montra le plus critique vis-à-vis de l'Occident moderne ; on pourrait presque dire que Nietzsche a fantasmé la conversion à l'Orient immobile d'un Occident agité comme une nef dans la tempête. A l'opposé, malgré sa tête de Mongol, Lénine voyait pratiquement dans l'Occident "le sens de l'Histoire".

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  • Sur la mort du catholicisme

    Le constat de décès du catholicisme en France est tiré par les sociologues qui indiquent que les moeurs des catholiques français ne diffèrent plus de ceux des autres Français depuis le milieu des années 1980 ; auparavant ces experts de l'analyse des comportements pouvaient encore repérer un "vote catholique", par exemple, ce qui n'est plus le cas par la suite. La vieille fracture éthique entre les partisans de la laïcité et ses adversaires catholiques n'est donc plus visible depuis près d'un demi-siècle.

    Complétons ce constat : le catholicisme survit à l'état de folklore "identitaire" et d'idéologie(s). Emmanuel Macron et ses prédécesseurs draguent les catholiques identitaires comme on drague une minorité qui, sous ce jour, peut sembler avoir plus d'influence qu'elle n'en a. L'anticléricalisme typiquement IIIe République (bourgeoise) de "Charlie-Hebdo" est complètement à côté de la plaque : il s'attaque à un fantôme. Il y a longtemps que la République bourgeoise ne compte plus sur les officiers catholiques et les paysans catholiques pour mater le prolétariat.

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  • Un erreur de Lénine

    On ne doit pas s'étonner du mépris shakespearien ou marxiste pour l'utopie et les utopistes. Bien comprendre Marx, c'est d'abord comprendre qu'il est "machiavélien". C'est la thèse bourgeoise de "la fin de l'Histoire" qui, du point de vue marxiste, est une utopie, assez semblable à celle de la domination de l'empire britannique sur le monde, qui a pris fin avec le "blitz" du IIIe Reich.

    Répandre l'utopie dans le peuple, en lieu et place des religions traditionnelles démodées en Occident est une stratégie efficace de la part de la caste dirigeante : la démocratie-chrétienne est une formule essentiellement utopique, un ersatz d'opium du peuple : pour s'en assurer, il suffit de lire Tocqueville et de constater à quel point son projet était éloigné du projet démocrate-chrétien de domination mondiale.

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  • Israël, Etat terroriste ?

    Nous donnons ici un point de vue marxiste ; on verra qu'il diffère du point de vue "altermondialiste".

    S'il y a bien une organisation qui mérite d'être qualifiée de "terroriste", ce n'est pas d'abord le Hamas, et ce n'est pas non plus l'Etat israélien, mais c'est l'organisation des Nations unies. L'ONU est coupable de deux crimes qui ont acculé le Hamas et Israël à un affrontement militaire. Le premier crime est de ne pas avoir oeuvré efficacement à une paix durable entre deux entités politiques secondaires, Israël et le peuple palestinien ; le second crime est d'avoir dissimulé à l'opinion publique mondiale que les politiques impérialistes du bloc OTAN et du bloc russe empêchaient l'accord de paix - autrement dit d'avoir dissimulé l'impasse politique dans laquelle ces entités se trouvaient. Du point de vue marxiste "le droit international des nations" est donc un instrument de camouflage de l'impérialisme. Israël ne s'affranchit pas du droit international, car il n'a jamais été qu'un simulacre.

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  • Lire Lénine en 2025 (3)

    L'échec de Lénine et des bolchéviks est généralement admis, et "1984" incite à le penser. Pourtant Lénine aurait pu écrire "1984", car il partageait bon nombre des idées politiques d'Orwell : le socialisme, le combat contre le socialisme utopique, le combat contre l'impérialisme, la dénonciation de la culture de masse comme un instrument de domination de la classe bourgeoise...

    Si l'on est un minimum honnête, on devra admettre que l'échec des élites libérales nord-américaines à faire des Etats-Unis une démocratie, contre le modèle européen impérialiste, n'est pas moins avéré. L'espoir de Tocqueville n'était pas plus dans une oligarchie imposant au monde entier l'hégémonie du dollar que l'espoir de Lénine n'était d'imposer la dictature d'un appareil d'Etat technocratique.

    Au fiasco du régime soviétique, il faut ajouter celui des Etats-Unis et, bien sûr, des vieilles puissances impérialistes française et britannique dont Lénine pronostiqua la déchéance.

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  • Lire Lénine en 2025 (2)

    Est-ce un enthousiasme excessif qui me fait dire que Lénine est le plus grand homme politique du XXe siècle, avec G. Orwell ? Ce dernier est admirable parce que, tandis que les élites technocratiques s'efforçaient de l'éteindre, Orwell a maintenu la flamme de la politique allumée. Orwell est le théoricien de la persistance et de la banalisation du nazisme, par-delà la chute des dignitaires de ce régime. S'il est une cible privilégiée des diffamateurs professionnels depuis cinquante ans, l'efficacité de la démonstration d'Orwell en est la cause. Orwell refusait de faire le deuil de la "vérité objective", que les propagandistes du bloc russe ou du bloc atlantiste piétinent allègrement tous les jours au nom des "Droits de l'Homme", de la "civilisation", du "camp du bien", de "l'Occident", de la "démocratie"... et parfois même au nom d'Orwell lui-même !

    La grandeur de Lénine se mesure au fait qu'il traite, en 1905, de problèmes politiques dans lesquels l'humanité se trouve plus que jamais empêtrée en 2025 et devant laquelle l'Intelligence artificielle, cette surfemelle alpha, reste muette. La plupart des théoriciens politiques du XXe siècle ne parviennent même pas à formuler ces problèmes.

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  • Lire Lénine en 2025 (1)

    Je lis Lénine pour le besoin de la cause des Gilets jaunes ; Lénine et Orwell sont sans doute les deux plus grands hommes politiques du XXe siècle. Tous les autres n'en ont que les apparences ; tous les autres sont en réalité des "hommes d'Etat", c'est-à-dire des cornacs plus ou moins habiles à mener l'éléphant, qui finissent souvent écrasés sous la bête comme A. Hitler ; l'Histoire n'en gardera trace que comme "phénomènes".

    Orwell explique le risque que représente l'Histoire de faire chuter l'éléphant ("Mon Reich de mille ans pour un éléphant !", aurait crié Hitler avant de se suicider avec sa secrétaire). Le ministère de la Vérité travaille 24h/24 a écrire et réécrire le roman national.

    Quelque décennies séparent Lénine d'Orwell, ainsi que l'échec de la révolution bolchévique à mettre fin à "la dictature de la bourgeoisie". Lénine indique que toute la bourgeoisie n'a pas intérêt au dispositif dictatorial imposé par la très grande bourgeoisie (on parlerait aujourd'hui de bourgeoisie "oligarchique"). La très grande bourgeoisie a aussi la capacité financière, observe Lénine, d'acheter une partie du prolétariat. C'est ce qu'elle a fait en France entre 1950 et aujourd'hui, en achetant les grandes centrales syndicales ; les Gilets jaunes ne sont pas dupes de cette mystification, ce qui explique en partie leur grève générale, débordant non seulement les partis inféodés à la Commission allemande, mais aussi les syndicats, démasqués.

    En parlant de l'échec de la révolution léniniste, on doit immédiatement ajouter que la révolution française de 1789 échoua précédemment à instaurer les idéaux républicains dont elle se réclamait. Staline était "communiste" comme Napoléon Ier fut "républicain".

    Mais on doit aussi -et surtout- parler de l'échec du processus démocratique aux Etats-Unis, tel que Tocqueville l'appelait de ses voeux. La guerre civile dite "de Sécession" a très tôt sonné le glas de l'espoir démocratique libéral tel qu'il est formulé par Tocqueville. Autrement dit, les Etats-Unis ne sont pas plus "démocratiques" que le régime de Staline ne l'est.

    G. Orwell était conscient de l'équivalence de ces échecs. "1984" est par conséquent aussi subversif en 2025 que le léninisme en 1905.

    Les Gilets jaunes "constituants" sont des Gilets jaunes "libéraux" (au sens de Tocqueville) : la lecture de Lénine ou Orwell les informerait utilement de l'inconvénient majeur de "De la Démocratie en Amérique" ; si Tocqueville ne donne pas prise au gouvernement oligarchique (réputé intolérable depuis l'Antiquité), pour autant son essai n'est d'aucun secours pour comprendre la mécanique oligarchique, par exemple le détournement de la science à des fins d'oppression par la bourgeoisie oligarchique. Lénine était beaucoup plus conscient que T. que la très haute bourgeoisie ne reculerait devant aucun moyen pour garantir sa position dominante.

    Lénine se posa en 1917 la même question que les Gilets jaunes et Donald Trump se posent cent ans plus tard : - comment démanteler un Etat profond ? La tâche de Lénine et des bolchéviks était ardue ! En effet, lorsque Lénine évoque l'Etat profond, il ne parle pas tant de la monarchie russe que de l'Etat prussien qui domine alors l'Europe. Lénine n'ignorait pas que la monarchie russe devait à sa propre bêtise et à la fragilité de sa structure, surtout militaire, de s'être effondrée sur elle-même. La monarchie russe était bien plus inadaptée que n'importe quelle autre à l'essor du capitalisme. L'Etat profond est donc, aux yeux de Lénine en 1917, l'Etat allemand.

    Le contexte de l'insurrection des Gilets jaunes est aussi un contexte de gouvernement de l'Union européenne par l'oligarchie allemande ; la constitution gaulliste dictatoriale de 1958 n'est plus qu'une illusion ; elle s'est effondrée sur elle-même, comme la monarchie russe. Les oligarques français se tamponnent de la constitution gaulliste comme de l'An 40, ou comme ils se tamponneraient d'une VIe République. Emmanuel Macron est un PDG, un président japonais, qui applique à la France une politique de redressement économique inefficace. Le rendre responsable de la situation serait, de la part des Gilets jaunes, ignorer leur propre responsabilité politique historique. On ne règle pas le problème du naufrage du "Titanic" en balançant le capitaine par-dessus bord.

    Comment démanteler l'Etat profond ? Il n'y a pas de réponse constitutionnelle à ça, mais seulement une réponse politique imparfaite. E. Macron lui-même avait peut-être des velléités de démanteler l'Etat profond, avant de se retrancher derrière ses piliers : la police, l'Education nationale, les grandes centrales syndicales et l'industrie nucléaire (on oublie parfois que le monopole de l'Etat sur la fourniture d'énergie est l'un des principaux atouts de l'Etat profond - certaines dictatures oligarchiques reposent entièrement sur ce moyen).

    Les constitutions sont toutes "platoniques", c'est-à-dire sans rapport avec la vie politique, comme l'amour platonique se tient à l'écart de la sexualité (on peut déceler dans le constitutionnalisme de Tocqueville son puritanisme). Ce qui plaît tant aux femmes dans les régimes totalitaires - ça c'est Orwell qui le fait remarquer -, c'est leur apparente pureté. La République de Platon est nulle et non avenue, car c'est une République entièrement faite de mots et de concepts. Platon est un anarchiste qui s'ignore.

    Donald Trump entend démanteler l'Etat profond, tout en restaurant la prospérité capitaliste : cela s'appelle scier la branche sur laquelle on est assis, car la domination de l'empire américain sur le monde n'aurait jamais eu lieu si F.D. Roosevelt (le Goebbels étatsunien) n'avait suscité un Etat profond aux Etats-Unis.

    L'échec des Soviets n'est pas si loin, car ils ont essayé de démanteler l'Etat bourgeois profond, tout en faisant la guerre. La dictature du prolétariat, qui est une dictature défensive, a été entraînée dans l'engrenage de la guerre. Pratiquement la seconde guerre mondiale a eu pour effet de convertir l'Union soviétique au capitalisme et pour effet de convertir les Etats-Unis au dirigisme d'Etat.

    La chance des Gilets jaunes (que les manifestants de "Mai 68" n'ont pas eue, et dont F. Mitterrand et ses partisans n'ont pas su profiter), est d'avoir vu une brèche s'ouvrir dans l'Etat profond. L'oligarchie a dépensé mille milliards au bas mot pour colmater cette brèche depuis 2018. Les actionnaires de l'Etat profond, au sens large, ne savent rien faire d'autre que cornaquer l'éléphant. Les Gilets jaunes ne peuvent que compter sur eux-mêmes, comme Lénine et ses partisans.

  • L'euthanasie, une "rupture anthropologique" ?

    On peut poser le principe que toute réforme "sociétale", depuis la fin de la Seconde mondiale, est AVANT TOUT un moyen pour l'Etat profond de faire diversion et de susciter des polémiques médiatiques à l'échelle nationale. La réforme sociétale dissimule l'absence de réforme politique. L'Etat profond se heurte en 2018 au mouvement historique des Gilets jaunes, dix ans après une crise financière mondiale qui a révélé que le "Titanic" était piloté par des incapables, et que la "méritocratie" française est une illusion dangereuse. La méritocratie française fait penser à la marine de guerre française, totalement imbue d'elle-même, alors qu'elle a pour seule fonction d'être une publicité pour la construction navale.

    Quand fut promulguée la loi Simone Veil dépénalisant l'avortement en 1975, la société civile française y était préparée, selon le témoignage ultérieur de S. Veil ; elle s'attendait à une vigoureuse opposition, en particulier des autorités religieuses catholique, protestante, juive... mais ne rencontra aucune opposition, à sa grande surprise.

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