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  • Du Satanisme

    Une nouvelle affaire de profanations de tombes chrétiennes en Meurthe & Moselle est l'occasion pour les médias de prononcer ce mot au parfum sulfureux : "satanisme". Enfin, pas si sulfureux que ça puisqu'il n'y a plus une "teuf" entre ados boutonneux qui ne se déroule sans l'invocation de Satan et les grimaces qui vont avec. En termes de "marketing", le satanisme est un "must".

    - A propos du satanisme, Léon Bloy écrit ceci de plus pertinent qu'un écho de journaliste :

    "Etonnante jocrisserie des occultes (!) qui ont besoin de rites et de grimoires pour sentir la présence du Démon, et qui ne voient pas le satanisme, - à crever les yeux, - de leur épicier, par exemple."

    Crève plus encore les yeux aujourd'hui le satanisme des groupes parlementaires démocrates-chrétiens au parlement de Bruxelles. A côté, le nazisme avec ses croix gammées peut en effet passer pour une "étonnante jocrisserie".

    Bloy insiste ici sur la banalité du satanisme. Les enfants d'épiciers qui se travestissent en suppôts de Satan ne font bien souvent que dévoiler le mobile de leurs parents ou de l'Etat qui se charge de les éduquer.

    Voyons encore ce que dit Simone Weil du diable : "On n'a jamais dit ni écrit qui aille si loin que les paroles du diable au Christ dans saint Luc concernant les royaumes du monde : "Je te donnerai toute cette puissance et la gloire qui y est attachée car elle m'a été abandonnée, à moi et à tout être à qui je veux en faire part." Il en résulte que le social est irréductiblement le domaine du diable."

    De la part d'une femme, cette observation est remarquable, car les femmes ne parviennent quasiment jamais à se connaître autrement que comme des "êtres sociaux", indissociables de l'espèce. A ma connaissance Simone Weil est la seule théologienne à avoir compris que la société a trouvé en Jésus-Christ son plus grand ennemi, et dans le clergé catholique romain son ultime défense au contraire.

    - On peut observer que rien ne divise plus les sociétés aujourd'hui que les "questions de société" - loin de se tenir à l'écart de ce "domaine réservé à Satan", de soi-disant chrétiens s'y tiennent de toutes parts, professant toute la gamme des opinions, mais surtout engageant la parole divine sur un terrain où elle a toujours refusé de s'exprimer. La déduction que Simone Weil fait de saint Luc peut être faite de cent versets concordants.

    Par-dessus ces controverses anthropologiques, donc idéologiques, la véritable fracture sociale, d'où viennent les séismes sociaux - l'argent. Shakespeare a ainsi fait du marchand de Venise Shylock la métaphore de "l'éthique judéo-chrétienne" - métaphore définitive.

    Ce qui constitue les sociétés modernes - l'argent -, est donc par conséquent ce qui les détruit inexorablement. De sorte que l'on peut dire que dieu n'intervient pas dans la marche des sociétés, qui appartiennent et appartiendront jusqu'à la fin des temps à Satan.

    Il y a donc une forme de satanisme qui consiste à vouloir redresser ou réformer la société au nom de Satan (cf. Nietzsche), et une forme de satanisme supérieure en puissance qui consiste à vouloir redresser la société "au nom de Jésus-Christ". C'est dans cette dernière direction qu'il faut regarder pour discerner l'Antéchrist et la bête dont le nombre est 666. Dans les temps modernes, nous dit le prophète Shakespeare, un suppôt de Satan qui ne s'avance pas derrière l'argument de la foi chrétienne est comme officier de cavalerie qui préfère charger à cheval plutôt qu'avec un char blindé.

    Les petits profanateurs de tombes ridicules ne sont d'aucune utilité à Satan, sauf pour faire diversion. Ces gosses sont simplement aliénés, suivant les méthodes éducatives modernes : ils ignorent où est la vertu, et qu'elle est bien plus satanique que le vice. Ce sont des boucs émissaires.