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berleand

  • Table rase de la télé

    C'est toujours au moment de partager le magot qu'on voit le vrai visage des gangsters.

    "- Salauds de patrons libéraux, profiteurs !

    - Bande de syndicalistes irresponsables, khmers rouges  !"

    Mêmes visages écoeurants à gauche comme à droite, franchement il est difficile de dire si la vulgarité de Valérie Pécresse ou de Xavier Bertrand excèdent celle de Bernard Thibaut, ou si c'est l'inverse ? Je zappe aussi vite que je peux pour éviter ces visages mous et autoritaires à la fois. Je tombe sur Catherine Robbe-Grillet, égérie d'un autre académicien décadent (pas Jean d'Ormesson cette fois). C'est une sorte de mamie Nova du sado-masochisme, lancée dans des explications techniques : ennui mortel ! Elle dicterait sa recette de confiture de myrtilles, ça serait plus excitant. Seul cet acteur débile, François Berléand, sur le plateau, semble intéressé.

    *

     Le succès de Sade et du sadisme dans la France compassée des Droits de l'Homme peut paraître étonnant. En réalité, ça ne l'est que pour ceux qui ne connaissent pas Sade. Albert t'Serstevens fournit, lui, l'explication :

    "(...) A bien examiner l'affaire d'Arcueil, celle de Marseille et celle de La Coste, les seules applications réelles des principes du fameux marquis, on découvre qu'il ne s'offrait que des débauches de petit bourgeois, prostituées de bas-étage, boniches, laquais, le tout en catimini, dans des rues dérobées ou dans une retraite campagnarde (ce qui l'a d'ailleurs perdu) ; et pour finir, à petite dépense, car il a encore plus tiré le diable par la queue que le diable n'a tiré la sienne.

    Quelle autre allure ont dans la corruption le prince de Conti et tant d'autres dont les inspecteurs de M. de Sartine nous révèlent les perversions sexuelles, y compris la fustigation ! C'était priapisme de grands seigneurs, avec des femmes en vue ou même de qualité, un étalage au grand jour, qui bravait la réprobation de toute la noblesse et du roi lui même. Si les thuriféraires du triste Sade avaient impérieusement besoin d'une idole, que n'ont-ils choisis le maréchal Gilles de Rays, seigneur de Laval, qui, après avoir violé, torturé et décapité une centaine d'enfants, garçons et filles, mourut, la corde au cou (...).

    Rien de plus minable que l'affaire d'Arcueil. Ce glorieux marquis ramasse dans Paris une mendiante qui n'est ni jeune ni jolie, promet un mince salaire à sa complaisance, l'emmène en fiacre dans sa villa de banlieue, la fait se dépouiller de ses guenilles, la fouette et la scarifie sans conviction, et lui propose une indemnité pour acheter son silence. Ce sont là plaisirs de petit rentier, sans goût, sans raffinement, sans générosité. C'est l'économie dans la dépravation la plus banale.

    Car je n'ai pas besoin de le dire, ce prétendu novateur n'a rien inventé. La déformation sexuelle à laquelle il a donné son nom est vieille comme l'histoire et peut-être la préhistoire, à l'égal de la sodomie et du tribadisme. Tout ce qu'il érige en système est déjà dans Brantôme, dans Saint-Simon et dans Tallemant des Réaux. Il est seulement le premier à avoir délayé à l'infini ce sujet scabreux, à l'avoir poussé jusqu'au paroxysme, à avoir fait une théorie de ce qui n'est qu'un phénomène pathologique.

    Ses livres sont le produit d'une imagination surexcitée par l'abstinence, par l'impossibilité d'atteindre au réel, faute de moyens, même physiques, de partenaires et aussi de courage. Il a mis dans ses oeuvres toutes les rêveries d'une surabondance luxurieuse à quoi peut se complaire un onaniste. Les trois ou quatre fois qu'il tente de réaliser ses divagations solitaires, il ne rencontre, comme il fallait s'y attendre, que le bas et le médiocre : putains de bordel, valets, maritornes, bouges à punaises, fessées et martinets, petits coups de canif, grossesse ancillaire, et pour châtiment, au lieu de l'enfer éternel, la police, le cachot, le cabanon. (...)"

    Dans ces temps tristes de naufrage politique, on n'éprouve de réconfort que dans la fréquentation d'esprits aristocratiques tels que t'Serstevens. Les bons livres sont le meilleur remède contre la démocratie.