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forssbohm

  • Un peu de fraîcheur

    Cette Allemande, Ludwika Forssbohm, c’est marqué sur son bonnet de bain, elle aura du mal à trouver un partenaire sexuel. La garce, elle me met quinze mètres dans la vue sur cinquante ! C’est souvent comme ça avec les Allemandes, elles sont surentraînées, surpuissantes. S’accoupler avec une gonzesse plus musclée, je crois qu’il n’y a pas beaucoup de mecs qui souhaitent ça, c’est pas très naturel. Et vice-versa, le nageur rapide et taillé en V attire plus les regards des femelles qui font semblant de nager. Pourtant elle n’est pas laide, Ludwika ; il lui reste la solution pour se reproduire de dénicher un champion de triathlon ou de violer un mec pas assez costaud pour lui résister dans les vestiaires.

    Depuis le temps que j’écume les piscines municipales en quête de sensations, je crois que je peux établir une typologie…
    Le petit peuple des piscines - les bourgeois fréquentent plutôt les clubs privés hyper-hygiéniques -, est primitif et assez varié. Je crois que le point commun, c’est qu’on n’a pas peur de se foutre à poil. Si on faisait un sondage : « Croyez-vous à la résurrection des corps ? », je crois qu’il y aurait plus de réponses positives dans cette population particulière.

    Je dis ça, mais c’est peut-être parce que je suis influencé par une nouvelle sous-espèce que je viens de découvrir : le couple de nageurs chrétiens - barboteurs, devrais-je dire. Lui, mal rasé et trapu, porte une large croix de bois autour du cou en toutes circonstances, y compris celle-ci. Au moins il est sûr de ne pas couler. Il pousse par les pieds sa dulcinée, d’une maigreur d’ascète, pour lui apprendre à faire la planche. Ils ont tout à fait l’air d’un couple qui applique la méthode Billings de régulation des naissances par examen des glaires vaginales.

    Sinon il y a des codes vestimentaires assez réduits, forcément, mais quand même. Le bikini est réservé aux nunuches, et il y en a plus qu’on ne croit ! Lorsqu’il est rose avec des paillettes, ça mérite un clin d’œil. Il faut de très petits tétons pour pouvoir nager convenablement en bikini.
    Dans le même genre ostentatoire, cependant beaucoup plus rare, il y a le maillot une pièce noir, façon “James Bond girl”, complètement ridicule mais qui en impose quand même par son audace et l’extravagance du décolleté géométrique ; à condition que la “James Bond girl” sache autre chose que la nage du petit chien.
    Le genre “sportif” est le plus classique. Mais il y a des gonzesses un peu distraites qui sont visiblement là pour faire autre chose, de la chasse sous-marine ou du modern-jazz trempé.
    Personnellement je n’aime pas trop celles qui nagent avec des palmes, c’est conçu pour se modeler des jambes impeccables, mais en attendant ça n’est pas très gracieux.

    En ce qui concerne la mode homme, le bonnet en latex aux couleurs d’un club sportif est ce qui se fait de plus distingué, mais il faut pour le porter un crawl assorti, bien rythmé et sans trop d’éclaboussures, faute de quoi on passera pour un vulgaire frimeur.
    En fait, le “moule-bite” est de rigueur. Les petits shorts serrés ridicules sont faits pour cacher qu’on n’a pas de couilles ou qu’on a un champignon dans l’entrecuisse ; bref, c’est réservé à “Paris-plage” ou aux clubs privés.

    Comme tous les lieux publics, à commencer par les bibliothèques publiques, la piscine attire pas mal de cinglés. Un type bâti comme un gorille qui fait des pompes dans tous les coins, y compris entre mes guiboles, court dans la flotte au lieu de nager, dispose un petit assortiment de boissons énergétiques au bord du bassin, dont il avale une lampée tous les cinquante mètres en se signant, avant d’aller prendre une brève douche froide et de revenir. Celui-là faudrait pas trop le pousser pour qu’il se mette sur une bouée, au milieu, et fasse la circulation avec un sifflet. Ou encore ce fier descendant d’Apache ou de Cheyenne, qui nage exclusivement sur le dos, entre deux eaux, avec des gants palmés, et qui invective quiconque ose l’effleurer, et en revanche se confond en excuses lorsqu’il chatouille quelqu’un…

    Évidemment les nageurs éprouvent un mélange de pitié et de condescendance pour les pauvres filles plus ou moins ratatinées qui font de l’“aquagym” et qui empiètent sur leur espace vital. Brasser de l’eau ne vaut guère mieux que brasser de l’air. Aucun mâle ne s’intéresse à elles, excepté un moniteur qui est payé pour ça.

    J’ajoute que le nageur n’a pas beaucoup de prédateurs en dehors du technicien de surface qui se goure dans le dosage du chlore et intoxique les individus les plus malchanceux.

    Sur le sujet de la piscine je suis intarissable ; les terriens ne peuvent pas comprendre.