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Censure démocratique

Je trouve la mise à l’index médiatique de Tintin au Congo caractéristique du néo-colonialisme démocratique. Tous les ingrédients de la propagande sont là.
Pour appréhender le néo-colonialisme d'un seul coup d'œil ? Eh bien qu’on songe par exemple au rôle capital de “Total” dans la vie politique française. Ou qu’on se souvienne de Chirac dans son costard de représentant de commerce en Chine. Voir encore l’état de l'Afrique après cinquante ans d'humanitarisme moderne tendance Bernard Kouchner. Les propos malthusiens tenus récemment par l’animateur Pascal Sevran sur l'Afrique sont aussi une bonne illustration.
Il me vient encore une image : celle des massacres entre Hutus et Tutsis sous le regard indifférent des “soldats de la paix”.

Non, vraiment, la “condescendance” de Tintin vis-à-vis des Africains n’est pas de mise ; lorsqu’on se contente d’exploiter les ressources minières du Tiers-Monde comme font les néo-colonialistes, mieux vaut être le plus diplomate possible et adopter l’attitude de maître Renard dans la fable : « Que mes ancêtres furent méchants avec vous, et comme vous avez eu du mérite à les endurer !… Cette autocritique vaut bien quelques concessions pétrolières, sans doute. »

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La méthode est caractéristique également de l’hypocrisie néo-colonialiste. Le procès de Tintin au Congo est instruit par les médias. Sur le fond, le verdict est posé d’avance : Tintin est raciste, indubitablement. Pour ce qui est de la forme, on sait d’avance que Tintin au Congo ne sera pas officiellement censuré. Les néo-colonialistes veulent non seulement faire étalage de bons sentiments humanitaires, mais pouvoir réaffirmer de surcroît leur réprobation vis-à-vis de la censure… après avoir matraqué que Tintin et Hergé étaient de vilains colons belges sur toutes les ondes ! Et puis Tintin au Congo, même raciste, contribue à la croissance.

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Le paradoxe n’est pas que l’extrême-gauche pseudo-marxiste ou pseudo-anarchiste et les libéraux capitalistes s’entendent comme larrons en foire pour dénoncer le racisme d’Hergé et le colonialisme belge. Rien de plus logique à ça. Ils communièrent aussi dans la haine de Saddam Hussein, et je n’ai pas souvenir de vives protestations lorsque Mitterrand prit la décision d’envoyer quelques avions pour bombarder Bagdad dans le sillage des Yankis. Aujourd’hui, tous ces néo-colonialistes rêvent ouvertement d’une guerre civile en Birmanie.

Probablement les troskistes n’ont pas pardonné à Tintin d’avoir été un des premiers à dénoncer les crimes du régime trotskiste dans Tintin chez les Soviets… et les capitalistes “libéraux” d’avoir dénoncé la brutalité et le cynisme des Yankis, leur morale de gangsters et de journalistes, dans Tintin en Amérique.
Le paradoxe est plutôt que des Africains éprouvent le besoin de s’impliquer dans ces gesticulations médiatiques de néo-colonialistes contre Tintin. Mais la connerie n’est-elle pas universelle ?

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