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Le Berger Allemand

Je regarde Benoît XVI sur KTO, officine de la brigade mondaine chrétienne-libérale. Cela commence par un commentaire de l'Evangile selon saint Matthieu. Le pape se livre plus ou moins à la paraphrase de l'évangéliste devant une foule qui l'écoute religieusement. Si on a besoin pour découvrir l'Evangile d'aller jusqu'à Madrid, tant mieux ; ou plutôt hélas. Quoi qu'il en soit, ce genre de manifestation n'est pas spécialement chrétienne ; c'est une des conséquences du développement du tourisme de masse et de la mondialisation. "Il faut bien vivre avec son temps !", direz-vous, si vous n'êtes pas chrétien (le pape est censé l'être).

Paraphrase d'un bref passage de l'Evangile où Matthieu indique que le chrétien ne peut se contenter de bonnes paroles ou intentions ; elles doivent être suivies d'actes qui les concrétisent. Cela me fait d'abord penser à un autre passage de Matthieu, où l'apôtre cite Jésus-Christ indiquant que : "Ce qui sort de la bouche de l'homme, c'est cela qui souille l'homme.", d'où de nombreux ordres monastiques et les ermites ont tiré l'idée de fermer leur claque-merde (expression garantie 100% chrétienne) la plupart du temps ; médias et politiciens, quant à eux, le moyen de répandre universellement l'impureté. Les bonnes paroles en l'air ne sont pas seulement vaines, selon le Christ elles sont aussi néfastes.

Ensuite je pense à Karl Marx ; pas celui qui, aux dires des staliniens ou des chrétiens libéraux serait un réformateur social, ni celui qui, aux dires des propriétaires, menacerait la propriété. Mais celui qui a consacré sa vie à tenter d'élucider le sens de la marche du monde. Vers le ciel ou vers l'abyme ? Un passage marquant, en lien avec l'Evangile de Matthieu, c'est celui où Marx relève, avec un semblant d'effroi, que le monde est en train de devenir de plus en plus "virtuel", c'est-à-dire où, pour la raison du dividende, le monde est entraîné à ne plus voir la réalité qu'à travers le prisme de l'éthique ou de la morale. Ici, Marx justifie la haine de tous les chrétiens libéraux et réformateurs de tous poils à son encontre, en reléguant la réforme économique et sociale dans le domaine du rêve et des vaines paroles. L'histoire, Marx la tient bien là, quand il explique la furie particulière de l'Occident moderne, par l'alliage monstrueux du christianisme et de la morale. Elle ne vient pas, selon F. Nitche (qui s'exprime au nom de l'antéchrist), de l'absence d'idéal moral, mais bien au contraire de la prolifération de ce type d'idéal, d'ailleurs bien éloigné des préoccupations du paganisme authentique. Nitche, incapable de voir que la morale pure n'est pas le principe du bien-être commun, mais celui du désastre politique.

Finissons d'arracher le clou de la souffrance du peuple au nom du peuple, avec un mot de saint Paul, parfois ramené à l'état de marchand de tapis sarkozyste par les chrétiens libéraux :

"Le sacerdoce étant changé, il est nécessaire que la Loi le soit aussi. En effet, celui de qui ces paroles sont dites appartient à une autre tribu, dont aucun membre n'a servi à l'autel : il est notoire en effet que notre Seigneur est sorti de Juda, tribu à laquelle Moïse n'a jamais attribué le sacerdoce. (...) Ainsi, a été abrogée la première ordonnance, à cause de son impuissance et de son inutilité, - car la Loi n'a rien amené à la perfection, - mais elle a été l'introduction à une meilleure espérance, par laquelle nous avons accès auprès de Dieu." (Hébreux, VII, 12-19)

On constate ici que la loi que le chrétien pourrait être porté à tenir pour la plus pure, celle de Moïse, est reléguée par saint Paul. C'est sûrement le fait d'une possession démoniaque excédant celle de Nitche qui fait coiffer la tiare de la religion à l'apôtre qui a le mieux dévalué le privilège sacerdotal.

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Après son sermon, le pape prononce quelques paroles sur la conjoncture internationale ; elles font opiner quelques-uns des gros bonnets de la haute cléricature romaine. Pas moi. Je relève deux termes étrangers au christianisme, enchâssés dans l'aimable exorde au patronnat à se montrer plus gentil avec ses employés, et les incitations aux spéculateurs à spéculer moins :

- "futur" : il n'y a pas de futur dans le christianisme, qui est sans délai. Ce doit être un vieux restant de goût du purgatoire dans la bouche du pape. Si le pape veut vraiment le bonheur des peuples ici-bas, à l'instar de Staline ou Hitler, il doit savoir que les peuples heureux n'ont pas de futur.

- "doctrine sociale" : théorie parfaitement satanique, comme je viens d'expliquer. Il n'est même pas sûr que dans la religion juive on puisse la soutenir à cause de : "Tu ne tueras point."

Puisqu'il y a une invitation du pape à méditer les évangiles, on pourra y lire le mépris constant de la part du Christ des paravents et institutions morales mis en place par le clergé juif ou les forces d'occupation romaines : impôts, mariage, sabbat, lapidation des femmes adultères, commerce des offrandes religieuses, tribunaux ecclésiastique et pénal...

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