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Culture ou Totalitarisme

Bien qu'elle paraisse décadente ou vulgaire à certains, la culture est nécessairement un point de vue élitiste, comme le droit.

La médiocrité de la culture moderne tient principalement au besoin de justifier l'Occident aux yeux du reste du monde, jusqu'à plonger certains Occidentaux eux-mêmes dans un comas intellectuel et artistique profond, dans "l'art numérique" le mieux fait pour réduire l'homme à l'état de machine. De là l'uniformité cinématographique et le style édulcoré de la culture contemporaine.

Autrement dit, critiquer la culture moderne au nom de cultes plus traditionnels, revient à ignorer sa fonction, passée ou présente, de soutien psychologique à une oppression impérialiste de nature plus violente. On comprendra aisément que l'exigence quantitative du monde moderne rejaillit peu à peu sur la qualité artisanale. L'art démoniaque rutilant de Versailles n'est plus permis, sauf en de rares occasions. 

+ Si les acteurs culturels ont récemment été contraints, bon gré mal gré, de céder le pas à une poésie plus puissante, celle des publicitaires, c'est encore parce que l'argent est l'agent culturel qui remplit le plus efficacement la fonction de domination et de justification. Sur le plan conceptuel, la monnaie dépasse bien des palinodies d'artistes-fonctionnaires ou assimilés.

L'artiste (collabo), qui pose l'équivalence entre une oeuvre d'art et un bien de consommation courante, devrait baptiser "bien culturel" une production qui relève des ministères de la culture ou de l'industrie. En dehors des cas de collaboration à un régime de type totalitaire, aucun artiste n'admettra le régime de la propriété intellectuelle bourgeoise, procédé d'exploitation et de saccage dissimulé derrière l'argument juridique conservateur. Il ne semble pas inutile d'ajouter que la mécanique de l'exploitation culturelle dans le régime libéral totalitaire est exactement la même que celle qui touche la nature, c'est-à-dire la source d'inspiration de toute religion technocratique barbare. Un mouvement écologique artistique pourrait bien surgir, parallèlement à l'écologie politique, tout aussi vain et absurde que celle-ci.

+ La pensée matérialiste est la plus hostile au mobile culturel et à ses arguments. On ne trouvera chez Marx aucune aspiration culturelle, mais au contraire la critique de la poésie baroque de Racine en tant que propagande d'un régime despotique. La culture se contente d'embrasser, tandis que la critique aime. On peut dans une vitrine placer Molière et Racine côte à côte ; quand on aime Molière, on ne peut manquer d'observer qu'il défend un christianisme opposé à celui de Racine. L'étalage imbécile dans une vitrine de Beaubourg de différents écrivains opposés est une méthode de maquignon ou de libraire : "Crétins qui passez, voyez quels grands écrivains la France bourgeoise continue d'engendrer." Un niveau de rhétorique aussi faible n'est possible qu'en raison de la préparation des esprits, dès le plus jeune âge, à la soumission culturelle, la publicité commerciale étant certainement le plus grand criminel pédophile du monde, devant les mères de famille et leur art multimillénaire d'araser l'esprit critique de leurs enfants et les prédisposer ainsi à tous les sévices sociaux.

D'une manière générale, aucune pensée qui se donne pour vocation la recherche de la vérité ne fournira d'appui à l'édification d'une culture. Les penseurs fachistes ou élitistes qui prônent la culture ou son renouveau avec sincérité ne peuvent manquer de préciser le bénéfice du mensonge dans la perspective culturelle (Nitche, Barrès, Chardonne, Valéry, etc.), c'est-à-dire de la part qualifiée d'opium par Marx. L'idée de "culture chrétienne" est elle aussi, avec ses instruments, une imposture grandiloquente, dont la seule fin est aujourd'hui de servir d'appui à la contre-culture républicaine, qui ne fait que répéter le mécanisme anthropologique des institutions religieuses chrétiennes défuntes.

+ Le vocable de "culture" masque d'ailleurs à peine l'aspect de culte et l'origine paysanne de la religion adoptée par la bourgeoisie républicaine. Pourquoi "paysanne" ? Parce que les religions ont la défense de la propriété, possessions sexuelle et foncière, pour axe principal.

Si la République a une culture, elle a nécessairement un dieu. Marx dit après Shakespeare lequel : le veau d'or. Quoi de plus naturel que la censure de Marx par les idéologues républicains : la critique prônée par Marx ferait perdre à la culture républicaine sa fonction justificatrice, ou de "vernis de la pomme", pour emprunter à Shakespeare sa science naturelle, la peau du fruit (les bénéfices) étant la part la plus vitaminée et celle qui protège le mieux du pourrissement.

Quant à la "quête identitaire", assignée comme mobile personnel dans les régimes totalitaires, en dissimulant tant bien que mal ses relents de cimetière, ça n'est qu'une théorie abstraite pour dissimuler l'aliénation à un plan culturel ou moral d'ensemble, impliquant le sacrifice des moins "cultivés". Peu importe que l'Etat-major se moque de l'identité, pourvu que ceux qui vont au charbon soient persuadés de la mériter ainsi.

La culture, sous prétexte d'élever l'homme spirituellement, le change en fétu de paille à la merci des éléments politiques déchaînés. Gigantesque projet pédérastique que la culture, à l'échelle du monde. Pangloss, clerc et philosophe sado-masochiste, peut savourer son triomphe sur la critique, accessoirement de l'esprit anarchiste français sous les tonnes de lisier de la culture boche.

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