Réduit à la musique ou au problème éthique, il n'y a aucun progrès à attendre de l'art. Dans ce cas, A. Gide a raison : tout a déjà été dit depuis le début, et le reste n'est plus qu'une question d'angle sans intérêt, ou de calcul du nombre d'or à l'infini. L'art moderne, c'est-à-dire religieux, est essentiellement fait pour tenter de dissiper l'ennui des élites.
J'expérimente chaque jour que la société est invariable depuis la fable racontée par Moïse d'une femme tentant de convaincre un homme de s'appuyer sur la vertu, l'arbre de la connaissance du bien et du mal où loge le serpent. A quoi bon se perdre dans les thèses socialistes, quand une fable les résume en quelques lignes, et fournit la moitié du sens de l'histoire ? Si ce n'est pour se divertir et lutter contre l'ennui. La masse du peuple est continuellement victime à travers les âges de l'inaptitude de ceux qui la commandent à s'occuper l'esprit autrement que par l'hypothèse religieuse. Les prophètes parlent aux peuples en savants, avec toute l'humilité requise pour recevoir les dons de l'esprit. Orgueil et religion sont liés depuis le début jusqu'à la fin du temps.