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jude

  • Apocalypse de Jude

    "Pour vous, bien-aimés, souvenez-vous de ce qui vous a été annoncé d'avance par lesfrancis bacon,luther,shakespeare,dante alighieri,jude Apôtres de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ils vous disaient qu'au dernier temps il y aurait des hommes moqueurs, vivant au gré de leurs convoitises impies, gens qui provoquent des divisions, hommes sensuels, qui n'ont pas l'esprit.

    Pour vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur le fondement de votre très sainte foi, et priant dans le Saint-Esprit, conservez-vous dans l'amour de Dieu, attendant la miséricorde de notre seigneur Jésus-Christ, pour la vie éternelle.

    Il en est qu'il faut confondre comme déjà séparés de vous ; d'autres, sauvez-les, en les arrachant au feu ; pour les autres, ayez-en pitié, mais avec crainte, haïssant jusqu'à la tunique souillée par la chair."

    Epître de Jude, (II, 17-23)

    + Le premier paragraphe explique pourquoi, des premiers apôtres à l'Occident moderne, les chrétiens ont souvent pu croire la fin du temps proche. La débauche de la Rome catholique sert ainsi d'argument à Dante Alighieri au moyen âge pour imaginer a contrario Béatrice, Eglise pure des bienheureux, personnage emblématique de sa fiction du jugement dernier ("La Divine Comédie"). L'apôtre Jean nomme en grec "Kyria" cette même femme.

    (Je dis "fiction" à cause des arcanes médiévales de Dante, mélange de christianisme et de paganisme romain, contestable et contesté par F. Bacon alias Shakespeare.)

    Plus tard Luther, qui voue aux gémonies tous les marchands allemands, non seulement les usuriers juifs. Luther, qui répète ainsi le catholique Dante, mais d'une façon qui frappe sans doute moins les esprits, puisque certains sociologues débiles ont pu voir dans le protestantisme un esprit favorable aux trafics capitalistes en tous genres.

    On retrouve même le motif apocalyptique, entre autres, dans la révolution française de 1789 (d'Holbach, l'abbé Grégoire), même s'il est pratiquement occulté systématiquement dans la propagande de la foi républicaine, enseignée dans les écoles et universités pour nourrir le populisme.

    Il est très facile de comprendre, encore mieux quand on n'a pas subi le matraquage républicain, l'usage qui peut être fait des Evangiles à la fin du XVIIIe siècle, contre un clergé en principe catholique, mais qui revêt toutes les apparences d'un culte solaire égyptien en voie de décadence.

    Par comparaison avec la religion en vigueur aujourd'hui, à savoir la publicité d'abord, véhicule le plus efficace des "valeurs actuelles" : c'est comme si on apportait la preuve flagrante que la pub, dont l'argument principal est de faire le bonheur des hommes, est en réalité une des causes premières de leur grande difficulté à jouir en dehors d'appareils d'auto-flagellation ; par exemple dans une étude qui démontrerait que la pub joue un rôle décisif dans le désir de suicide précoce des adolescents, décimés à chaque génération.

    + Bref, on pourrait reprocher à Jude de n'être guère prophétique. Lui opposer la constance des hommes à adorer le veau d'or depuis des millénaires. Ce paragraphe a au moins le mérite de contrecarrer toute formulation d'une quelconque utopie chrétienne, morale ou politique.

    + Le conseil de Jude n'est pas la fortification par les sacrements et rituels ecclésiastiques, mais par l'Esprit. Au point où nous sommes rendus de vaines querelles de bonnes femmes à propos des rituels les plus appropriés, on ne peut qu'admettre la sagesse de Jude. Il est fort douteux, d'ailleurs, que les rituels religieux n'aient pas nécessairement une connotation charnelle, érotique ou charnelle, comme plusieurs passages de l'Evangile l'indiquent, et la colère de Jésus-Christ contre les marchands d'offrandes.

    + Le dernier avertissement est apparemment plus énigmatique. Concernant le salut des païens, en quoi le christianisme diffère nettement du judaïsme, Jude signale plusieurs catégories de païens. La première catégorie est une catégorie de traîtres, qu'il convient de "confondre", probablement comme "faux prophètes", c'est-à-dire se réclamant du Christ mais ne lui étant pas véritablement fidèles. La prostituée de l'apocalypse de Jean est la figuration de l'Eglise infidèle, acoquinée avec les rois de la terre. "Et les dix cornes que tu as vues sur la bête [symbolisant des puissances temporelles] haïront elles-mêmes la prostituée ; elles la rendront désolée et nue ; elles mangeront ses chairs et la consumeront par le feu." (Ap. Jean, XVII, 16-18).

    + L'injonction d'arracher au feu confirme la vision plus réaliste et conforme à l'Evangile de l'art de la Renaissance, peignant l'enfer ici et maintenant, plus réaliste que les projections médiévales encore marquées par le paganisme, même si on peut déjà relever chez Homère une vision peu morale ou politique de l'existence, et de ces supplétifs vitaminés que sont la gloire ou l'avenir.

    + Pour la tunique souillé par la chair, on peut y voir un rappel des vêtements portés par Adam et Eve après leur chute, et le symbole de l'anthropologie, de toutes les mailles que tissent les hommes afin de se protéger naïvement de la vicissitude qui les étreint. La soldatesque romaine se partagea la tunique de Jésus après l'avoir crucifié et qu'il se fut vidé de son sang.

    Cependant il est écrit que le Christ de la fin du temps, monté sur un cheval blanc, et qui a inspiré de nombreux contes occidentaux, porte une telle tunique rouge, teintée de sang (chap. XXI, 11).