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parabole

  • Les Amis de l'Argent

    On me demande d'expliquer la parabole de Jésus sur le mauvais intendant (Luc XVI, 1-15).

    Cette parabole désigne les pharisiens comme étant sataniques (adversaires de la Foi telle que Jésus l'expose) ; précisons à la suite de Paul que les pharisiens ne sont pas sataniques en tant que Juifs, mais en tant que clergé dépositaire de la Loi de Moïse, restée lettre morte sous leur ministère.

    Cette explication est d'autant plus utile que la culture bourgeoise occidentale nous incite à fraterniser avec l'argent, suivant un processus historique sur lequel je dirai seulement quelques mots.

    Comment puis-je affirmer que la "culture bourgeoise occidentale" incite à fraterniser avec l'argent ? Parce que Shakespeare en a fait la démonstration dans "Le Marchand de Venise" ; cette démonstration constitue en quelque sorte l'élucidation de ce que l'on appelle couramment "capitalisme", qui place l'argent au centre de la vie publique.

    Venons-en à la parabole sur le mauvais intendant (recopiée ci-dessous, après son explication) ; Jésus compare la gestion des biens terrestres à la gestion du trésor que représente pour les chrétiens la Parole de Dieu. Le trésor de la Parole représente pour un pauvre le seul trésor, auquel il a le loisir de se consacrer ; ceci explique la difficulté quasiment insurmontable qu'éprouvent les gens riches à se tourner vers Dieu, car la gestion de leurs biens les accapare et les inquiète au point qu'ils délaissent les choses spirituelles.

    Or le Messie fait une comparaison stupéfiante pour les Pharisiens qui l'écoutent, qui réagissent par des moqueries. En effet Jésus montre en exemple un mauvais intendant, un intendant véreux qui a dilapidé la fortune de son maître au lieu de la gérer convenablement ; et c'est cet exemple, dit Jésus, qu'il faut suivre ! "Faites-vous des amis avec la Richesse malhonnête", dit Jésus.

    De fait le mauvais intendant n'est pas un "ami de l'argent" : sa négligence le prouve. Il n'est pas non plus stupide, puisqu'il parvient in extremis à rétablir sa situation auprès de son maître, grâce à sa ruse.

    Le maître suspend la sanction. C'est lui aussi un "mauvais maître", d'une certaine façon ; un ami de l'argent pourrait le trouver laxiste de garder à son service un serviteur qui l'a spolié.

    Il ne faut pas se comporter de façon plus bête avec le trésor de la parole divine qu'un intendant véreux avec les biens d'un homme riche ; il y a là une invitation à se comporter intelligemment vis-à-vis de la Parole divine, et non en dévot.

    L'idée qu'il y a une justice dans l'argent est bien sûr très répandue dans la culture bourgeoise capitaliste. Encore une fois, je ne m'attarderai pas ici sur la démonstration de ce phénomène historique exposé par Shakespeare, mais la notion (déterministe) même de "lois économiques" ou de "science économique", contraire à la réalité des faits politiques, véhicule l'idée qu'il y a une justice comptable.

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    Luc XVI, 1-15 : "Il disait aussi à ses disciples : "Il était un homme riche qui avait un intendant ; celui-ci fut dénoncé comme dissipant ses biens. Il l'appela et lui dit : "Qu'est-ce que j'entends dire de toi ? Rends compte de ton intendance, car tu ne pourras plus être intendant." Or l'intendant se dit en lui-même : "Que ferai-je, puisque mon maître me retire l'intendance ? Bêcher, je n'en ai pas la force ; mendier, j'en ai honte. Je sais ce que je ferai pour que, quand je serai destitué de l'intendance, il y ait des gens qui me reçoivent chez eux." Ayant convoqué chacun des débiteurs de son maître, il dit au premier : "Combien dois-tu à mon maître ?" Il dit : "Cent mesures d'huile." Et il lui dit : "Prends ton billet, assieds-toi vite et écris : "quatre-vingts" Et le maître loua l'intendant malhonnête d'avoir agi d'une façon avisée. C'est que les enfants de ce siècle sont plus avisés à l'égard de ceux de leur espèce que les enfants de la lumière.

    Et moi je vous dis : - Faites-vous des amis avec la Richesse malhonnête, afin que, lorsqu'elle viendra à manquer, ils vous reçoivent dans les pavillons éternels. Qui est fidèle dans les petites choses est aussi fidèle dans les grandes, et qui est malhonnête dans les petites choses est aussi malhonnête dans les grandes. Si donc vous n'avez pas été fidèles pour la Richesse malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si vous n'avez pas été fidèles pour le bien d'autrui, qui vous donnera le vôtre ? Nul domestique ne peut servir deux maîtres : car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et la Richesse."

    Les Pharisiens, qui étaient amis de l'argent, écoutaient tout cela et ils se moquaient de lui. Et il leur dit : "Vous, vous êtes de ceux qui se font justes aux yeux des hommes ; mais Dieu connaît vos coeurs ; car ce qui est élevé parmi les hommes est abomination aux yeux de Dieu."