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possédée

  • La possédée d'Avila

    Thérèse d'Avila (1515-1582) est une nonne (carmélite) originaire de Castille, proclamée sainte par l'Eglise romaine au début du XVIIe siècle, et docteur de cette Eglise de surcroît.

    Les ouvrages de cette nonne sont publiés désormais dans la collection Pléiade, censée incarner le raffinement de la culture française moderne.

    Thérèse d'Avila est communément présentée comme une religieuse mystique catholique. Or le christianisme est la religion la moins mystique de tous les temps, puisque c'est une religion apocalyptique, c'est-à-dire une religion du dévoilement de dieu à ses fidèles "à la fin des temps".

    Le qualificatif de "mystique" pose d'emblée problème. Les soi-disant historiens qui en usent pour Th. d'Avila ignorent manifestement le sens des évangiles et du christianisme.

    Il faut évoquer ici un autre aspect, lié au mysticisme religieux, à savoir le caractère sacrificiel de ce type de religion ; une des preuves que le christianisme n'est pas mystique, c'est qu'il met un terme définitif au rapport sacrificiel que les dévots entretiennent avec leur(s) divinité(s) ; que l'on se souvienne ici de la colère de Jésus dans le temple juif contre les pharisiens - ou plutôt : que les soi-disant chrétiens qui prétendent que le christianisme est un culte mystique s'en souviennent !

    Le christianisme n'est pas non plus "moderne", car il affranchit du rapport mystique et sacrificiel entre le citoyen moderne et l'Etat, c'est-à-dire un dieu qui, en comparaison des anciennes divinités païennes, est plus abstrait (les objets de culte que sont les oeuvres d'art modernes le sont aussi pour cette raison).

    Le christianisme souligne par contraste que la sexualité est le fondement des cultes mystiques païens. Si le christianisme, pour sa part, n'est pas mystique, c'est parce qu'il est "indéterminé sexuellement", pourrions-nous dire pour employer le vocabulaire moderne. La spiritualité chrétienne évangélique est PURE DE TOUT MOTIF CHARNEL. Il est important de le souligner, à l'heure où les évêques romains font l'apologie de la fornication (je pense ici par exemple à ladite "théologie du corps" apostate de l'ancien souverain pontife polonais Jean-Paul II).

    Thérèse d'Avila mérite-t-elle cette réputation de "mysticisme", terme que le chrétien peut assimiler au vu des saintes écritures à la possession satanique ? Il faut dire ici que la pente naturelle de chacun des individus de chair et de sang que nous sommes est au mysticisme, à nous forger des idoles et des espoirs en conformité avec notre appétit sexuel. Aussi peut-on dire que le christianisme authentique a aussi peu d'adeptes que la science "consciente" (consciente de quoi ? consciente du caractère mystique des "nouvelles technologies").

    Or de nombreux indices laissent penser que le mobile de Thérèse d'Avila fut sexuel, c'est-à-dire anthropologique. Non seulement la statue du sculpteur baroque/décadent Le Bernin, représentant cette nonne en extase, mais d'autres indices d'une foi marquée par le préjugé médiéval. La dissociation anthropologique, mais non scientifique, entre le corps et l'âme, est en effet un héritage des mystères de l'ancienne Egypte, véhiculés par Platon, puis par le monachisme catholique occidental au moyen-âge. Un tel mysticisme n'a aucun fondement évangélique.

    La dévotion particulière de Thérèse d'Avila pour "le Christ à la colonne", ainsi que les prétendus "exercices spirituels" masochistes qu'elle conseille à ses consoeurs, signale là encore un mobile sexuel. Le masochisme est en effet emblématique, non pas du christianisme mais de l'aspiration sexuelle féminine à l'autodestruction, caractéristique de l'éthique moderne totalitaire (propice pour cette raison aux massacres d'Etat et aux génocides).

    Si Thérèse d'Avila séduit toujours les élites cultivées, en dépit du caractère médiéval et catholique de sa doctrine, c'est pour la raison que la culture moderne totalitaire, bourgeoise et démocratique, emprunte largement à la culture médiévale catholique.

    Je crois en outre que Thérèse d'Avila est appréciée au sein de la secte psychanalytique pour la raison suivante : on peut l'étudier sous l'angle de sa psychose masochiste et du refoulement d'une sexualité trop virile et extériorisée. De plus les adeptes de la psychanalyse ont conscience que mettre en avant le mobile sexuel d'une prétendue théologienne ou docteur de la foi catholique revient à faire la preuve de l'athéisme de sa doctrine, c'est-à-dire du caractère anthropologique de son propos. Evincer dieu peut être un moyen pour le clerc, le thaumaturge ou le sorcier, le philosophe, d'accroître son pouvoir.

    La meilleure preuve de la possession satanique de Thérèse d'Avila est sa propre interrogation sincère à propos des manifestations de son mysticisme. La nonne s'est en effet demandée si elle n'était pas le jouet du diable. La part du miracle demeure en effet immense dans une société, la nôtre, qui n'a exploré qu'une faible part du cosmos - je dirais même plus, dans une société dont la communauté scientifique est incapable de donner une définition ou une explication de l'intelligence humaine, par conséquent de la conscience. Notre société moderne, en particulier, donne raison à J.-J. Rousseau lorsqu'il fait l'observation que le développement des sciences humaines entraîne un recul paradoxal de la connaissance de l'être humain.

    Or ce doute - suis-je possédée ou non ? - n'est pas chrétien. En effet, comment l'apôtre Paul pourrait-il faire une description dans ses épîtres de l'antéchrist et de sa domination sur le monde, s'il était possédé ou ne serait-ce qu'en proie au doute ? Je prends exprès l'exemple de Paul, car les esprits modernes lui vouent une haine tenace, pour une raison précise - Paul de Tarse, pour se plier à l'exigence catholique du Messie, a aboli le clergé ; or il n'y a pas de culture plus cléricale et scolastique que la culture moderne.

    Ajoutons que Shakespeare est le meilleur antidote au mysticisme catholique, dont il met à jour dans de nombreuses pièces la racine sociale ou anthropologique, et par conséquent antichrétienne.