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révolutionnaire

  • Du Capitalisme révolutionnaire

    Le mouvement de l'économie capitaliste est, du point de vue de Marx ou Lénine, "révolutionnaire". La bourgeoisie s'est imposée sur l'aristocratie en Europe, entre le milieu du XVIIe siècle et la fin du XVIIIe siècle, non pas en raison d'idées plus avancées, mais en raison de son poids économique accru. Le marxisme-léninisme est donc parfaitement incompatible avec le roman national républicain enseigné en France, qui est en réalité un roman "bourgeois".

    De son analyse poussée du Capital, Marx avait déduit un mouvement dynamique. Le Capital n'a rien de fixe. Probablement il n'a jamais été mobile qu'au XXIe siècle où la valeur d'un consortium industriel peut varier de quelques dizaines, voire centaines de milliards, en quelques jours.

    Marx avait prévu que ce mouvement détruirait les structures sociales traditionnelles. Il voyait déjà dans la "Comédie humaine" de Balzac cette destruction à l'oeuvre, on ne peut mieux décrite par son auteur. On emploie le vilain terme de "juridicisation des rapports sociaux" pour décrire ce qui constitue, selon Marx, la révélation par Balzac des conséquences sociales du capitalisme. On peut dire que l'Etat totalitaire, au XXe siècle, est le carrefour - un véritable noeud gordien - de tous les rapports sociaux. Au stade totalitaire la distinction entre la vie privée et la vie publique est, de ce fait, abolie, suivant la description saisissante d'Orwell dans "1984".

    Le capitalisme est la force révolutionnaire qui permit à la classe bourgeoise de s'imposer sur l'aristocratie foncière. Compte tenu du retard de la Russie monarchique sur le plan industriel, vaincue par un Japon plus moderne, on comprend que certains marxistes aient contesté à la révolution russe le caractère de révolution "communiste". La guerre civile de Sécession des Etats-Unis est en revanche une révolution bourgeoise typique (qui discrédite largement l'analyse libérale-rousseauiste de Tocqueville). La bourgeoisie capitaliste n'a pas tant "aboli l'esclavage", qu'elle lui a substitué le salariat ouvrier. Ce dernier s'oppose à l'esclavage, mais aussi à l'artisanat et à la propriété foncière individuelle.

    Si la révolution de 1650 fut moins violente Outre-Manche, explique Marx, c'est en raison de la conversion d'une large partie de l'aristocratie foncière britannique à la nouvelle économie capitaliste. Autrement dit les intérêts de l'aristocratie foncière britannique et les intérêts de la bourgeoisie industrielle étaient beaucoup plus entremêlés qu'en France. La lutte des classes peut donc être plus ou moins violente.

    En même temps que l'Etat bourgeois est le produit de la révolution, il s'oppose à la révolution populaire ou prolétarienne qui menace à son tour sa position dominante. Tout en célébrant la révolution comme un événement fondateur, la culture bourgeoise décrète plus ou moins discrètement le monopole de la bourgeoisie sur la révolution. G. Orwell n'a pas seulement montré que ce dispositif est caractéristique de l'Etat stalinien, mais qu'il l'est de l'Etat bourgeois, d'une manière générale.

    Le premier réflexe d'un certain nombre de publicistes bourgeois a été de retirer le label révolutionnaire au mouvement des Gilets jaunes. Comment les Gilets jaunes pourraient-ils se dire "révolutionnaires" si les apparatchiks prétendent l'être ?

    Le mouvement libéral MAGA se dit "révolutionnaire", mais il s'agit d'une révolution doublement supervisée par le président des Etats-Unis et une bonne partie de l'oligarchie.

    La culture bourgeoise contre-révolutionnaire passe donc en France par l'enseignement des valeurs laïques et républicaines issues des Lumières. La révolution n'a plus de raison d'être, en somme, puisqu'elle a déjà eu lieu et que l'Etat républicain en constitue le plus merveilleux accomplissement.