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Clause de conscience

La "clause de conscience" est un des nombreux privilèges accordés aux journalistes. Elle s'ajoute à leur quasi-irresponsabilité pénale et civile, un abattement fiscal de 30 %, l'accès gratuit à pas mal de spectacles ou de musées.
La "clause de conscience" a deux avantages : le premier, c'est des allocs-chômage en cas de démission ; le deuxième avantage, c'est que cette clause implique que les journalistes ont une conscience, alors qu'on se rend bien compte si on ouvre un peu les yeux que la plupart d'entre eux en sont complètement dépourvus et que le niveau moral moyen de cette profession est un des plus bas qui soit.

Si, au cours de cette campagne électorale, la crise morale et politique que nous traversons n'est pas évoquée publiquement, au profit de futilités comme l'adoption par des couples homosexuels, l'augmentation du SMIC ou la définition de l'"identité nationale", ce n'est pas avant tout la faute des hommes politiques, mais bien celle des journalistes et de ceux qui les écoutent.
Que font les journalistes ? Ils orchestrent l'affrontement idéologique entre les Français, leurs fournissent des boucs émissaires, publient des sondages. Les bobos peuvent bien faire la fine bouche quand on parle de sondages, il est évident que les sondages sont un rouage essentiel du système démocratique français, un facteur de légitimation important de l'oligarchie au pouvoir.

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Un long reportage récemment diffusé par le service public sur la crise du logement en France m'a paru caractéristique du rôle de propagande néfaste joué par les journalistes. La démocratie n'a rien à envier au communisme ou au nazisme quand il s'agit de manipuler les masses.

Pour "dénoncer" la crise du logement et son ampleur, le reportage se concentre autour de l'exemple d'un couple de petits fonctionnaires parents de deux jeunes enfants et vivant dans un appartement de 58 m2 dans le XIXe arrondissement de Paris. Revenus : 3000 euros net par mois. Cette famille rêve de vivre dans 70 m2 ; ils ne veulent pas s'éloigner trop de Paris. Ils ne trouvent rien correspondant à leur souhait à moins de 1900 euros par mois. Et le reporter de crier au scandale et de faire crier au scandale ce couple de "mal-logés". La France est probablement le seul pays au monde où une telle situation peut être présentée comme étant scandaleuse à des téléspectateurs mal réveillés.

Les autres témoignages à l'appui de cette démonstration sont brefs et plus que douteux, tel ce garçon de café qui vit sous une tente, malgré des revenus qui excèdent 1000 euros par mois, et qui dit qu'il a dû quitter l'hôtel qui lui coûtait trop cher (40 euros/jour), et qu'il s'est retrouvé "à la rue", "sans même un sac de couchage !". Qu'est-ce qu'il faut pas dire pour émouvoir dans les chaumières… Il n'avait pas les moyens de s'acheter un sac de couchage, peut-être ?
On nous montre aussi des familles africaines qui vivent à six ou sept dans vingt ou trente mètres carrés et attendent un logement social de la Ville de Paris. Quel Africain s'attend à vivre autrement que dans la promiscuité lorsqu'il franchit la Méditerranée pour venir travailler en France ? D'ailleurs ces gens ont la dignité de ne pas se plaindre. Ah, si, ils se plaignent que les SDF du Canal St-Martin, grâce à une poignée de bobos médiatiques, leur soient passés devant alors qu'ils faisaient la queue, eux, depuis sept ou huit ans.
Le témoignage d'un agent immobilier appelé en renfort pour pester contre l'injustice sociale ne manque pas de sel non plus : les agents immobiliers sont bien entendu les premiers à bénéficier de la hausse excessive des prix de l'immobilier !

Le but visé par les "reporters" du service public était de se faire passer pour des chevaliers blancs, de se donner bonne conscience à peu de frais en criant "haro sur le proprio". Ce faisant, les médias ne font qu'aggraver les difficultés de ceux qui n'ont pas de carte de presse et ont plus de mal à se loger. Face à la pression de lois sociales dictées bien souvent par les médias, les propriétaires s'adaptent ; ils se sont déjà adaptés en faisant de plus en plus appel à des agents mercenaires qui se chargent de la louer pour leur compte et appliquent des règles encore plus strictes qu'avant. Ou bien les propriétaires liquident leurs biens immobiliers, investissent dans des garages, louent à des sociétés.
Quiconque connaît un tant soit peu Paris voit bien que petit à petit le Paris populaire se vide, les immigrés, les ouvriers, les employés en sont chassés par la racaille des journalistes, des publicitaires ou des techniciens du cinéma. Au lieu de s'en prendre aux propriétaires, on aimerait que ces valeureux journalistes, toujours prêts à dégainer leur déontologie, s'en prennent plutôt aux grand capital qui finance leurs activités.

Commentaires

  • Seriez-vous l'heureux propriétaire de 100m² dans Paris?

  • Comme disait Jean-François Kahn rigolard comme toujours il y a quelques années lors du scandale du parc privé de la ville de Paris : " Moi j'occupe un appartement de deux cent mètres carrées à Saint-Germain des Prés pour six mille balles par mois : j'ai rien demandé !".

    Bien entendu aucun rapport avec ses fonctions de directeur -fondateur de l'Evènement du Jeudi !

  • À moins vous ne m'épouseriez pas, Mlle ?

    (J.F. Kahn m'agace d'autant plus qu'il s'est donné pour mission de faire croire que les journalistes peuvent se permettre d'être politiquement incorrects aujourd'hui, un peu comme Philippe Val - l'illusion était plus grande avec Val, vu que son canard n'est pas financé par la pub, jusqu'à ce qu'il vienne vendre son bouquin chez Guillaume Durand et qu'il reçoive le soutien de Nicolas Sarkozy et de toute l'intelligentsia ou presque lors du procès contre les associations musulmanes. Le coup des faux dissidents, les régimes nazi ou communiste n'y avaient pas pensé.)

  • Comment dire... vu la vision (assez apocalyptique) que vous avez du couple, je pense que vous aurez besoin d'espace.
    Et puis vous connaissez mieux que moi - j'imagine - la réputation "prolifique" des lapins, qui nécessite elle aussi de l'espace.
    Vous trouverez donc tout seul (je vous crois assez intelligent pour cela) la réponse à votre question.

    Vous avez eu raison de supposer qu'en tant que femme, je pouvais être sensible à ce genre d'arguments!

  • Je n'ai pas de vision du couple, Mlle ; depuis la Chute, il n'y a plus de couple, il n'y a plus que des familles.
    Toutes les morales qui font abstraction de la Chute, que ce soit celle de Rousseau, celle de Nitche, ou de je ne sais quel hurluberlu encore, ont très vite tourné en eau de boudin. La doctrine de l'Eglise contemporaine dans le domaine conjugal, ça ressemble un peu à ça, un mélange de Rousseau et de Nitche, le "bon supercouple naturel" (Gutes naturelles Überpaar).

    Je fais le lien avec la crise du logement : si les questions de morale sont absentes ou presque du débat public - même les candidats "favoris" des Français qui se disent catholiques n'abordent pas de front les problèmes moraux -, c'est évidemment parce que les points de vue moraux chrétien et musulman (Les musulmans ont un sens plus développé de la morale aujourd'hui que les chrétiens) sont proscrits dans les médias. Pourtant on voit bien que le problème d'une majorité des sans-logis est un problème moral. Beaucoup sont des hommes alcooliques ou drogués, divorcés, abandonnés par leurs femmes et brisés par conséquent. Les journalistes et les bobos transforment ce problème moral en un problème matériel, en une pseudo-lutte des classes où ils se donnent le beau rôle.

  • "au grand capital qui finance leurs activités". Vous parlez comme Arlette, camarade Lapin. Vous ne lisez plus seulement Marx mais Trotsky. J'en ai les larmes aux yeux...

  • Plutôt comme Delacroix, qui à l'aube de la révolution industrielle et capitaliste s'inquiétait déjà de la menace que le "règne des agioteurs" représentait pour la civilisation.

    (Évidemment Arlette Laguiller est beaucoup plus à la mode que Delacroix aujourd'hui, mais ça ne change rien à mes références.)

  • Mais c'est que nous allons finir par tomber (presque) d'accord, Lapinos. Cela devient inquiétant pour mon évolution intellectuelle!
    Plus sérieusement, je partage votre analyse sur l'importance de la Chute, je ne reviens donc pas sur ce sujet.
    Je nuancerai simplement ce que vous dites à propos de la crise du logement.
    Regardez dans votre entourage: combien de jeunes familles peinent à trouver un appartement décent ! si vous êtes un peu au fait de la tendance immobilière, vous savez que dans Paris ou dans la banlieue (même au-delà de la petite couronne), pour 800€ on a entre 35 et 40m². C'est déjà compliqué de vivre à 4 dans une telle superficie. Imginez les problèmes pour ceux qui souhaiteraient accueillir d'autres enfants. Je vous assure que je n'invente rien, je connais plusieurs familles dans le cas que je vous cite.
    Je crois que l'exemple que vous choisissez pour dénoncer la crise du logement est peu pertinent, parce que les hommes brisés dont vous parlez ont toujours eu et auront toujours du mal à se loger pour des raisons qui me semblent extrinsèques au cours de l'immobilier. En revanche, pour les familles dont je vous parle, la situation leur aurait été beaucoup plus favorable il y a 15 ou 20 ans, et là encore je parle d'expérience.
    J'y verrai davantage une répercussion (indirecte?) de la mondialisation.

  • Mais nous sommes entièrement d'accord, Mlle.
    Simplement j'ajoute qu'il est malhonnête intellectuellement de prendre comme exemple le marché de l'immobilier dans le centre de Paris, un régime spécial dû à la mondialisation et surtout au fait qu'une bonne partie de l'économie française est concentrée en Ile-de-France et à Paris.
    D'autre part, ce "couple témoin" de petits fonctionnaires paie 900 euros par mois pour 58 m2. C'est beaucoup plus cher qu'en province, certes, mais compensé par d'autres avantages. Cette famille n'a pas besoin d'un véhicule ; les parents vont travailler à vingt minutes de chez eux. En outre, cet argument ne vous touchera peut-être pas, mais comme le dit Mme de Staël, "Paris est la seule ville au monde où l'on puisse vivre sans être heureux."
    Et l'appartement, on ne le voyait que très peu, mais il avait l'air plutôt "coquet".

    Mais surtout ce que je dis, c'est que cette pression médiatique dirigée contre les propriétaires immobiliers n'a fait qu'accroître les difficultés à se loger dans Paris pour les familles ayant des revenus faibles. Sous la pression des médias les politiciens mènent une politique du logement délirante. Ils édictent des règles sociales qu'ils ne peuvent pas appliquer et que les propriétaires contournent en édictant des clauses "léonines".

    Ce n'est pas une véritable politique sociale qui est menée, mais par exemple un discours bidon sur la "fracture sociale", dont le seul but est de soigner la mauvaise conscience des bobos et des journalistes, de les brosser dans le sens du poil.

    Je pense que vous êtes d'accord avec ça, Mlle. Non, vraiment, si vous ne pouvez pas m'épouser, ce n'est pas à cause de nos divergences, mais bien plutôt un problème social (Je ne suis pas propriétaire d'un 100 m2 dans Paris.)

  • Mon petit Lapin,

    Si vous avez lu attentivement mes commentaires, vous vous doutez bien que mon refus (outre le fait -secondaire? - que je ne vous connais pas) ne se justifierait pas par des motifs d'ordre social....

  • T'inquiète pas je vais te caser mon Lapinou même si c'est moins Grand Siècle !

  • Faut jamais s'avouer vaincu Pidiblue! Le Grand Siècle a ses difficultées...et son charme...certain!

  • Ce n'est pas à la FNAC que Lapinos trouvera sa promise avec une telle vision du couple (que je partage!! Entre autre).
    Avouez ce n'est pas très tendance quoi!!

    "je n'ai pas de vision du couple, Mlle ; depuis la Chute, il n'y a plus de couple, il n'y a plus que des familles.
    Toutes les morales qui font abstraction de la Chute, que ce soit celle de Rousseau, celle de Nitche, ou de je ne sais quel hurluberlu encore, ont très vite tourné en eau de boudin. La doctrine de l'Eglise contemporaine dans le domaine conjugal, ça ressemble un peu à ça, un mélange de Rousseau et de Nitche, le "bon supercouple naturel" (Gutes naturelles Überpaar).

  • Si vous n'aviez pas été si impressionniste, Sfumata, je risquais le coup de foudre nitchéen, avec vous.

  • Je sors d'un mois de cauchemard bureaucratique pour pouvoir louer une maison pour ma famille. La raison : "dossier atypique" comme disait cette demeurée d'agent immobilier, c'est-à-dire monsieur à son compte sans revenu régulier, madame à la cuisine sans revenu du tout. Malgré des cautions en acier trempé (je devrais dire en or massif), ce n'était pas le proprio mais l'agence qui se méfiait (elle en faisait plus que son client). Il a fallu que nous contactions les propriétaires et que nous allions chez eux les voir pour que tout s'arrange, évidemment.

    Les lois qui sont supposées protéger les pauvres les empêchent de se loger. Sans appuis fort thunés, sans fiches de paie bien grasses, rien. Quel gouvernement rendra aux pauvres cet immense service que de faire que réellement on puisse aisément foutre à la rue les locataires indélicats ?

    Enfin je m'en fous je l'ai eue ma maison, une maison construite pour une peintresse dans le village d'une autre peintresse plus connue d'ailleurs. Quel dommage que je ne sache même pas "faire un bonhomme" !

  • Vous lancez une nouvelle devinette culturelle, Nadine ? En même temps des peintresses il n'y en a pas beaucoup, ça ne devrait pas être trop difficile…

  • Je compatis, Nadine! Nous avons eu des problèmes similaires avec de "charmants" agents immobiliers, plus scrupuleux que leurs clients, qui refusaient de louer quoi que ce soit à une famille avec 7 enfants... Nous en avons plusieurs fois fait l'expérience (et dans différentes villes): il est quasi impossible (sauf à s'adresser directement au propriétaire et encore) de se loger avec une famille nombreuse en centre ville....heureusement que les "gens de la campagne" sont moins bornés (ou ont plus de mal à louer donc sont moins exigeants?)!

  • Surtout pour vous, car je pense être dans le bottin. Mais non, non, non. Ca m'amusait que justement vous évoquiez cela qui est mon pain quotidien ces temps-ci, vous qui peignez, vous dont le terrier est fréquenté par Mme des Charbinières qui peint elle aussi, et sans doute d'autres qui sauraient faire un usage artistique de cette jolie véranda à toit de zinc dans le jardin, visiblement bâtie pour qu'on y peigne.

  • Mon commentaire faisait suite, à celui du lapin ; vous êtes plus rapide que moi, Calamity Jane ! Mes parents ont connu des déboires semblables aux vôtres (et avec un peu moins d'enfants pourtant), je vois très bien ce que vous avez pu traverser... enfin là vous avez l'air établis pour un moment dans votre Far West ? Je vous le souhaite, vous semblez bien installés !

  • Nadine, cette encyclopédie chère à notre hôte recense quelques femmes peintres, cochez la bonne réponse. Je suis déçue je n'y suis pas!!!

    Marie Laurencin est absente de cette liste ce qui est bien dommage
    http://www.ngv.vic.gov.au/orangerie/images/63_389.jpg

  • Désolé, mais il m'est impossible de vous laisser dire du bien des délayages de Marie Laurencin sur mon blogue. Rosa Bonheur à la rigueur, mais pas la Laurencin ! D'autant plus que les délires d'Apollinaire servent souvent de justification à l'art existentialiste, vu qu'Apollinaire n'était pas le dernier des poètes.

    En revanche je m'incline volontiers devant Élisabeth Vigée-Lebrun.

  • LA Laurencin !! C'est bon, j'ai compris!!

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