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Branches et filiales

En somme les théoriciens évolutionnistes font penser à ces généalogistes amateurs, peu rigoureux, qui n’hésitent pas, malgré les lacunes, les trous dans les archives, à se prévaloir d’un haut lignage et à se fabriquer des arbres généalogiques hauts comme des séquoïas. C’est une manie fréquente, notamment dans le Nord-Ouest de la France, d’où l’expression bretonne : « Fouillez un buisson, vous trouverez un Kersauzon ; fouillez un bosquet, vous trouverez un Poulpiquet… », “Kersauzon” et “Poulpiquet” étant deux patronymes “aristocratiques” répandus en Bretagne.
Mais, autant cette prétention à “avoir de la branche”, fréquente aussi chez les grands poètes du XIXe, est un sentiment humain bien compréhensible, autant se réclamer avec force du bonobo ou de l’amibe peut paraître incongru. Sans doute est-ce parce que les évolutionnistes se croient plus malins ou plus originaux que le quidam moyen.

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L’idée que l’idéologie, la religion démocratique, a de nombreux points communs avec le nazisme, peut sembler choquante ; mais quelle idée n’est pas choquante en démocratie ? Après, c’est une question de goût : on peut préférer le sobre costard-cravate anthracite ou bleu-roi au kitschissime uniforme nazi ; on peut préférer les discours de Goebbels à ceux de Nicolas Sarkozy, ou vice versa. Je ne prétends pas trancher entre les deux décorums, même si je ne cache pas mon dégoût pour l’art démocratique et le musée Pompidou. Mieux valent encore les arts primitifs célébrés par Picasso ou Chirac aux derniers gadgets à base de philosophie existentialiste ou de foutage de gueule collectionnés avec soin par Pinault & Arnault.

L’idéologie démocratique comporte certainement une dose d’hypocrisie supplémentaire par rapport à l’idéologie nazie, ce qui explique l’adhésion du plus grand nombre à ses valeurs bidons qui ne mangent pas de pain et n’empêchent pas de regarder Tracks sur Arte en sirotant un coca light ; liberté mon cul, égalité mon cul, en vérité - et la fraternité, je n’en parle même pas, il faut être un jeune démocrate-crétin électeur de Bayrou en tee-shirt orange pour faire semblant d’y croire. La propriété, c’est encore ce qu’il y avait de plus sincère, mais on l’a effacée.
Et le féminisme, mon cul aussi ; je veux pour preuve de la parfaite hypocrisie de cette valeur démocratique chère aux grandes bourgeoises, de Simone de Beauvoir en passant par Simone Veil jusqu’à Christine Ockrent, ce petit dossier sur le “business du sexe” paru dans Économie matin, un hebdo distribué gratuitement dans les quartiers d’affaire parisiens (23-29 avril).
Comme, l’affaire est entendue, en dehors des défenseurs aveugles ou intéressés des grands principes démocratiques, nul ne feint d’ignorer que la bonne vieille pute qui faisait le trottoir a été remplacée par des holdings esclavagistes ayant pignon sur rue, je me contente de citer quelques extraits de ce dossier, présenté de façon racoleuse, comme il se doit, à la sagacité des jeunes cadres dynamiques et de leurs secrétaires par Économie Matin :
- « Le titre “DreamNex” - premier site français de charme sur Internet - a gagné jusqu’à 40 % en séance ! Introduit à 35,02 euros, le titre s’échangeait à 46,40 euros en fin de journée. La preuve que le sexe n’est plus un tabou. »
Ce crétin de journaliste libéral-libertaire confond argent et sexe. Non seulement l’argent n’est plus un tabou, mais le taux de croissance est devenu le saint Graal. L’ennemi des poètes, Guizot, a dit : « Enrichissez-vous ! », et Sarkozy, l’ennemi des nostalgiques des poètes ajoute : « Vous êtes nés pour ça ! ».

- « Ces géants du sexe affichent des résultats à faire rougir les plus pudiques. Le groupe allemand “Beate Uhse”, coté en bourse, affichait fièrement un chiffre d’affaires de 270 millions d’euros en 2006 et un bénéfice de 12 millions d’euros. En deuxième position, l’américain “Vivid”, aux rentrées estimées à 75 millions d’euros. (…) La démocratisation du sexe s’est ouverte grâce à l’anonymat offert par Internet. »
Les “géants du sexe”, ça ne veut pas dire qu’ils ont une grosse bite, on peut même penser que c’est justement parce que la nature ne les a dotés que d’une toute petite queue que la vocation du voyeurisme leur est venue ; plus généralement, on observe que les pornocrates ont des physiques particulièrement ingrats, tandis qu’il y avait des maquereaux bien gaulés.

- « (…) Il faut à tout prix se positionner sur les nouveaux médias émergents (téléphonie, web 2.0…) dont on sait déjà que le X est leur [sic] premier vecteur de développement et la principale source de marge. Et la demande est forte. »
Dixit G. Dorcel, capitaine d’industrie veinard qui a bénéficié de la propagande massive, des entreprises privées et de l’État, en faveur de l’équipement en matériel informatique d’un maximum de citoyens.

- « 70 % des sommes dépensées sur le net sont liées au sexe. »
On sait que le puritanisme yanki est inversement proportionnel à la prospérité du trafic de la moule filmée et de la frite survitaminée. Cette tendance au “faux cul” se répand aussi de plus en plus dans la patrie de Rabelais et de Céline. « Pourvu que l’islam ne tue pas la poule aux œufs d’or. », pensent les philosophes à la mode, Finkielkraut, BHL, Luc Ferry, Yann Moix…

- « La concurrence des nouveaux rayons sex toy au Printemps et aux Galeries Lafayette ? “Au contraire, ça fait connaître nos produits.” »
Dixit Karen Von Glück, cette fois, aristo de mes deux, tenancière d’une boutique de godemichets en plastique ou en or pour tuer le temps perdu retrouvé. À part ça le groupe PPR ne se contente pas de vendre des vibromasseurs à six vitesses aux bourgeoises féministes, on sait qu’il diversifie ses activités en finançant des campagnes électorales.

Le jeune cadre dynamique et sa secrétaire, nourris de l’idée néo-darwinienne primaire que, de toutes façons ils descendent du singe et qu’ils sont voués à la bactérie rongeuse… Et en outre on n’échappe pas aux “lois du marché”, ma bonne dame ! D’ailleurs, quoi qu’on fasse ou qu’on ne fasse pas, on sera toujours moins salauds que ces salauds de nazis !… le jeune cadre et sa secrétaire attrapent Économie matin qu’une jeune “beurette” leur tend à la sortie du métro, et ils vont le feuilleter en mâchonnant un muffin aux normes sanitaires et en sirotant un café “américain” au Starbuck Café de l’avenue de l’Opéra en attendant que leur patron leur donne des ordres d’achat ou de vente.
On n’échappe pas aux lois de l’évolution sociale ; le confort matériel entraîne le confort intellectuel et l’abrutisssement fait du citoyen démocratique une proie facile pour les prédateurs.

Commentaires

  • Votre comparaison démocratisme/nazisme n'était déjà plus originale à l'époque de "The Wall", et sonne creux. C'est du Godwinisme à deux balles.

  • Au fond il faudrait revenir au bon vieux temps où le jeune séminariste Mugnier visitait la galerie de peintures de l'exposition universelle de 1867 au bras d'un digne abbé qui lui disait devant quels tableaux il fallait passer en fermant les yeux et devant lesquels on pouvait les rouvrir ... en général les plus mauvais.

  • Je ne prétends pas être original, Guichardin, ce n'est pas du tout ma conception de l'art ni de la science. Je crains surtout de brasser des évidences, sauf pour le jeune cadre qui machouille un muffin en attendant des ordres.
    N'ai-je pas précisé que je ne suis qu'un nostalgique des grands poètes et pas un grand poète moi-même ?

    Votre désir d'être converti me touche, Driout, même s'il m'épuise un peu parfois. Que vous répondre ? Vous avez une idée de l'évolution, comment dire, bien rétrograde. Gardez-vous de faire comme Mugnier et de gober toutes les nouveautés philosophiques qui passent…

  • Vous préférez Sollers à Mugnier, sans doute ?

  • Lapin, je suis prise d'un doute affreux : moi qui suis professeur, je n'arrive pas à suivre le rythme de vos posts; je me pose donc cette question non pas ontologique (je ne voudrais pas vous contrarier) mais à tout le moins métaphysique: feriez-vous partie, vous aussi, de la 2° armée du monde?

  • Tiens, c'est drôle, je me suis posée la même question...

  • Sais-tu que je fais pareil avec ton blog, je passe devant en fermant les yeux pour ne pas trop frémir - de temps en temps j'en ouvre un après avoir fait appel à mon directeur de conscience ...

  • C'est malin, Driout, par votre faute je ne peux plus voir ce feuilleton, "Dr House", sans m'identifier au personnage principal et imaginer Pim dans la petite interne butée de son service (C'est un peu le même genre, physiquement.)

    Ah, au fait que pensez-vous de ma théorie pour expliquer pourquoi les Français sont incapables de produire des feuilletons de cette qualité, Driout ?

    (Késako la 2e armée du monde ?)

  • Lapon, la 1° armée du monde (du moins sur le plan numérique), c'est l'armée chinoise.... juste après (toujours en nombre) vient l'Education Nationale française....




    Votre question peut donc être considérée comme une réponse (à votre habitude) - vous n'auriez pas été élève chez les Jésuites?

  • Je pense que c'est surtout parce qu'à TF1 ils ne font pas appel à toi pour leurs séries qu'ils produisent "Navarro" ou "Julie Lescaut" au lieu de "La Philo pour les Nuls", "Bobo devine qui vient dîner ?" et "Sexe dur et avortement démocrate" ...

  • Scusez, mais je n'ai pas tout suivi. Quelle est cette théorie à propos de Dr House ? Pour ma part je crois beaucoup, de manière un peu simplette, en la fainéantise.

  • La fainéantise des producteurs et des scénaristes français ?

    (Dites-moi, Mlle, vous avez une façon bien mystérieuse de vous exprimer, vous n'appartiendriez pas au IIe Bureau, vous, par hasard ?)

  • Ah, trop fort, Lapinos est prof. Mais oui, tout concorde.

  • Vouis.

  • Ciel, me voilà démasquée!!!



    En tout cas, si vous n'avez pas été élève chez les Jésuites, vous pouvez leur donner des cours. "Quel est le meilleur moyen de répondre à une question? - poser une autre question."

  • Un peu court comme explication, Tlön ; il me semble qu'il y a en France des écrivains, comme Anna Gavalda, du niveau de ceux dont sont inspirés les feuilletons télé yankis, qui sont étonnants de subtilité par rapport aux feuilletons français - je pense à "South Park", "Dr House", le machin sur une poignée de femmes modernes toutes plus connes et laides les unes que les autres, j'ai oublié le titre - tout en restant au niveau de la propagande, of course (Derrière "Sex in The City", il y a l'apologie de la classe bourgeoise new-yorkaise).

    Ma théorie c'est que ces feuilletons yankis sont l'équivalent de notre littérature, que l'élite yankie ne lit presque pas, elle regarde la télé, par conséquent son niveau d'exigence est plus élevé, elle ne pourrait se satisfaire des grosses ficelles de "Plus belle la vie", ce genre de truc indigent. Ce qui reste de l'élite en France ne regarde pas ou très peu de feuilletons à la télé, les bouquins ou les journaux ont encore leur préférence.

  • Dites, vous êtes vraiment de la police pour croire qu'on doit répondre à toutes vos questions, Mlle ? En l'occurrence, j'y ai déjà répondu plusieurs fois et je vous avoue que ça me gêne qu'on puisse me soupçonner de faire partie de l'Éducation nationale, na, voilà. Je suis si conformiste que ça ?

  • Ce n'est pas une question de conformisme, plutôt de temps libre...

  • "Desperate Housewives"

    Tu vois que je sais travailler des deux mains ...

  • Mademoiselle est du 2° bureau (bonjour, mademoiselle!) et moi du Reichssicherheitshauptamt (R.S.H.A).....c'est quoi ce blog????????????

  • Parce que c'est pas un peu conformiste de dire que les profs n'ont rien d'autre à foutre que de rédiger un blogue, peut-être ?

  • Pour une fois je serais assez d'accord avec vous !

  • Mais, je suis entièrement d'accord avec vous, cher ami, étant moi-même professeur...

    Il n'empêche que ce sont des réflexions que j'entends souvent, et j'ai trouvé quelque peu piquant pour une fois, non seulement de me retrouver dans la position de mes adversaires, mais de voir que les gens réagissent comme je le fais lorsque j'ai droit à ce genre de remarques.


    Cela dit, comme la plaisanterie - médiocre, je le reconnais - ne semble pas vous convenir, j'en reste là ; je ne voudrais pas vous rendre plus irascible.

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