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La planète des songes

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Je ne connais pas Cécile Montmirail. C'est un joli prénom et un joli nom, Cécile Montmirail, qui évoque la "bonne foi" : aussi aimerais-je la convaincre de ne pas se laisser séduire trop vite par les arguments "évolutionnistes" du Dr Dor - après tout la science "néo-darwinienne" n'est pas moins lacunaire que la science des noms de famille.
Mais je ne suis pas sûr d'y arriver, vu que le Dr X. Dor est un sacré charmeur, capable de convaincre à la dernière minute une jeune femme de renoncer à avorter, par exemple.

L'"évolution", si elle était un peu plus nettement élucidée dans ses causes, et donc un peu plus probable, n'empêcherait pas qu'il y ait "création". Soit, le préambule du Dr X. Dor est intelligible, mais la création PRIME sur l'évolution ! La moindre des choses, si on veut rester chronologique, c'est d'être "créationniste" D'ABORD.
Dans la jungle des slogans "évolutionnistes", le principe créationniste doit survivre. Il ne faut pas laisser les musulmans ou les sectes protestantes yankies le défendre seuls.

Car le créationnisme est, avant tout, une réaction humaniste à la propagande néo-darwinienne. Il y a chez beaucoup de créationnistes - pourquoi le cacher ? -, l'idée que les schémas darwiniens, après avoir inspiré la propagande nazie, servent aujourd'hui à la propagande démocratique. Pour être plus clair, il y a entre la propagande nazie et la propagande démocratique des liens de parenté assez étroits, nonobstant les grands principes que les démocrates ne cessent de mettre en avant.
Pour un créationniste de mon espèce, le fait qu'on puisse supprimer, en invoquant l'argument du progès social et individuel, deux-cent cinquante mille vies humaines par an en France, sans que quasiment un seul biologiste ou médecin ne réagisse publiquement - les protestations sont surtout le fait de personnalités politiques ou d'historiens -, ce fait n'est pas un hasard. On peut l'interpréter comme la soumission totale des biologistes ou des médecins à l'ordre juridique établi, bien que ces "spécialistes" soient particulièrement bien placés pour savoir en quoi consiste l'avortement d'un embryon, derrière les artifices de langage.
En gardant le silence, ces biologistes et ces médecins acceptent de n'être que des techniciens, des mécaniciens. Par-delà les "animaux-machines" de Descartes, c'est l'idée d'"homme-machine" qui sous-tend les sciences naturelles modernes, et ce n'est pas quelque vague "comité d'éthique" qui y change grand-chose. On est même en droit de soupçonner ce comité d'éthique de servir de bonne conscience à une science inféodée à l'industrie.

*


Si on admet la bonne foi de certains "évolutionnistes", et j'admets celle de X. Dor ou de Stephen Gould, quels sont par ailleurs les arguments scientifiques invoqués par les évolutionnistes pour dénier aux créationnistes toute possibilité de s'exprimer ? L'évolutionniste Ernest Mayr s'est particulièrement attaché à en détailler les principaux (2001) :
- Mayr argue en premier lieu de la succession chronologique des fossiles découverts dans des strates différentes, qui, selon lui, indique une généalogie avec des mutations. Or, si les indices des mutations sont bien là, on peut craindre que l'idée d'une succession dans un sens précis ne soit "téléologique" ; les fossiles ne sont en effet pas assez nombreux pour indiquer avec précision le sens des mutations, ni une véritable généalogie globale. Mayr est obligé d'opérer une reconstitution, et, exactement comme un scientifique créationniste chercherait "la main de Dieu" à toute force dans les indices qu'il collectionne, Mayr se focalise sur l'idée d'évolution à partir d'indices… très insuffisants.

- L'idée d'ascendance commune des vivants, à laquelle Mayr s'accroche farouchement, n'est pas typiquement "évolutionniste" ; n'importe, cet argument de la ressemblance des espèces, et qui indiquerait leur parenté, est encore téléologique ; on est très loin d'avoir démontré que tous les êtres vivants ont une ascendance commune, même si l'hypothèse, anthropomorphique, est séduisante ; même le cousinage avec le singe, présenté par certains comme une vérité, n'est qu'une hypothèse sérieuse. Les évolutionnistes prennent leur désir pour la réalité alors qu'ils sont dans la situation d'attendre une confirmation de la théorie.
Il est évident que l'épistémologie évolutionniste n'est pas pure d'arrière-pensées, contrairement à ce que les démocrates-crétins qui la soutiennent voudraient faire croire. Ainsi, S. Gould s'autosuggestionne comme cet imbécile de Kant à propos de son libre-arbitre - ce qui est quand même le comble pour un évolutionniste darwinien !

- L'argument embryologique est sans doute le moins efficace ; il consiste à invoquer, à l'appui de l'idée de forme ancestrale commune, certaines anomalies comme l'appendice caudal, répérées parfois chez l'embryon. Et les enfants qui naissent avec six doigts ou trois jambes ? C'est la preuve qu'ils descendent du poulpe, c'est ça ? Ou alors le réflexe d'aggripement de l'enfant, comme si les petits d'homme ne s'aggripaient pas eux aussi à leur mère…
À l'instar des évolutionnistes qui reprochent aux créationnistes leur anthropomorphisme, les créationnistes peuvent pointer du doigt le "simiomorphisme" de ces arguments embryologiques évolutionnistes.

- Quant à l'argument tiré de l'observation de la dispersion géographique des espèces, même s'il permet en effet de déceler des chronologies dans certaines espèces, en admettant les datations effectuées, ces observations ne permettent évidemment pas de tracer une chronologie globale ; il faut relever en outre que ce "système d'indices" parcellaire repose lui-même sur la théorie de la tectonite des plaques, une théorie incomplète.

- Les ressemblances observées entre les génotypes humains et animaux vient aussi renforcer la conjonction d'hypothèses en faveur d'une ascendance commune. Encore une fois cette hypothèse n'est pas typiquement darwinienne. En effet, ce que la pression des évolutionnistes pour imposer le nom de Darwin plutôt que celui de Mendel, aussi décisif, ou celui de Lamarck, antérieur, pour imposer aussi leur théorie scientifique comme une vérité scientifique, ce que cette pression cache, c'est que la recherche scientifique néo-darwinienne patauge. La sélection naturelle des espèces reste un phénomène largement mystérieux. Différentes hypothèses s'affrontent. Même en admettant que ces hypothèses pour expliquer la manière dont les espèces mutent ne sont pas contradictoires, mais complémentaires, chacune d'elle est incomplète et il manque ne serait-ce qu'un schéma pour expliquer comment elles s'articulent entre elles.

Les évolutionnistes ne savent pas "comment", mais ils prétendent nous dire pourquoi. Qu'est-ce qui peut bien justifier cet empressement ?

Commentaires

  • Moi j'ai beaucoup évolué depuis dimanche, c'est la parthénogénèse sarkozyienne.

  • "Lacunaire", c'est le seul mot qui résume l'argumentation contre l'évolutionisme. Certes, un gros morceau de mystère demeure au coeur de la théorie de l'évolution, raison pour laquelle il ne faut pas cautionner les scientifiques les plus prompts et bornés qui croient toujours trop vite avoir tout compris. Mais de là à défendre le créationisme... et ce gros paquet de conneries que les religions nous trimballent depuis plus de deux mille ans... c'est vraiment n'importe quoi.

  • De toutes façons, Lapinos ne sait que critiquer. Qu'il nous parle un peu positivement du créationisme, et nous explique, preuves à l'appui, en quoi cette théorie est plus vraie que l'évolutionisme !

  • Pardon VR, mais historiquement c'est Darwin qui a tenté de discréditer Lamarck, Lamarck qui croit naturellement en l'existence de Dieu.
    Je vous mets au défi de prouver que le créationnisme est plus lacunaire que l'évolutionnisme ; on voit bien au contraire que le déterminisme darwinien a beaucoup perdu de terrain et que les indices se sont accumulés qui indiquent que la sélection n'est pas le fruit du "hasard", comme le croit Darwin naïvement.
    Je rappelle que pour Spencer, la religion ne s'oppose en rien à la science ; il n'est pas besoin d'être un grand scientifique pour constater l'apport essentiel des hommes d'Église à la science.
    Ce dont les créationnistes doutent, c'est que la spiritualité démocratique soit plus élevée que la spiritualité nazie. On sait où l'évolution nazie devait aboutir et où elle a abouti. Où l'évolution démocratique doit-elle nous mener ? Sur le plan spirituel le super-citoyen démocratique, qu'il soit décrit par M. Onfray ou par Luc Ferry, n'est guère plus convaincant que le surhomme nazi.

  • "... qui indiquent que la sélection n'est pas le fruit du "hasard", comme le croit Darwin naïvement."

    Oulà, zut alors. Je n'avais pas réalisé que tu n'avais absolument rien compris aux principaux défauts et lacunes de la théorie de Darwin et de son déterminisme, justement. Ahah, ça pourrait presque être drôle si ça n'était si pathétique.

    Le monsieur t'as posé une question Lapin, pas la peine de te défiler en lui en posant une. pas la peine non plus de me demander plus d'explications, les commentaires à un blog servent à discuter des points écrits par l'auteur, pas à alimenter le blog. Je sais bien que tu vas te défiler en me provoquant, en faisant croire que je n'explique rien parce que je n'ai rien à dire et ainsi de suite, sauf que c'est toi qui ne rentre jamais dans le vif du sujet finalement. Et tant mieux, quand je vois les boulettes que tu lances quand tu ne fais que l'effleurer, franchement, tu fais bien de rester à la surface et d'animer ton petit cirque par des provocs.

    Et non, je ne suis pas fanatique, juste un poil plus lucide que je ne l'ai été jusqu'alors. Quand je te dis que je suis pas tolérante Lapinos.

  • (Pour un créationniste, le niveau d'indices est largement suffisant.)
    La véritable lacune scientifique, si l'on essaie de s'abstraire des provocations athées, se situe au niveau des facteurs d'évolution. Le "struggle for life" de Darwin, emprunté à Malthus, laisse une grande part au hasard dans la mesure où il n'indique pas ce qu'il y a derrière le déterminisme ; le "struggle for life" n'est pas métaphysique. En outre, je suppose que c'est à ça que Pimpeleu fait allusion, puisqu'elle refuse de dire quelque chose de positif sur le plan scientifique, certaines observations des naturalistes battent en brèche l'idée que c'est l'individu le mieux adapté, le plus fort, qui a le plus de chances de se multiplier. L'explication de la sélection naturelle par Darwin est donc largement fausse.

    En outre Darwin ne se distingue pas de Lamarck lorsque celui-ci postule l'hérédité des caractères acquis. Ni l'un ni l'autre ne tient compte des lois de Mendel. Sur ce point justement la biologie moléculaire en est à ses balbutiements et dire que l'évolution est "épigénétique", ça reste très très vague. Quand on dit croire au déterminisme comme Sarkozy, on n'a encore rien dit ; le déterminisme est une évidence, mais la liberté n'est pas moins évidente. Les néo-darwiniens sont très loin d'une vérité scientifique, mais leur positivisme leur interdit de le reconnaître.

  • " le déterminisme est une évidence, mais la liberté n'est pas moins évidente"




    Tiens, tiens....

  • Ok, ok Lapinos, tu peux sortir les grands noms des abrégés de bio qui te sont tombés entre les mains, avec quelques noms scientifiques de ci de là, tu continues à brasser de l’air et ne rien expliquer de toute façon.
    Alors d’accord, je te donne quelques éléments de base, que n'importe quel petit étudiant médiocre de licence de biologie des populations pourrait sortir sans ouvrir un seul bouquin. Mais je les simplifie tout de même au max, d'une part parce que j'aimerais autant que toi et tes lecteurs comprennent de quoi il s'agit, ce qui ne semble pas être ta préoccupation principale, et aussi parce que j'ai la flemme de te monter un véritable exposé, précis et documenté. Surtout que tu n'as qu'à ouvrir des bouquins et essayer de comprendre vraiment ce que tu lis au lieu de l‘interpréter comme ça t’arrange (ce qui est déjà plus balèze):

    Effectivement, la sélection naturelle de Darwin est déterministe car elle suit un schéma clair et précis où le hasard n'a guère de place puisque l'espèce ne pouvait évoluer que de telle ou telle façon en s'adaptant précisément à l'environnement. Pour Darwin, la lutte pour la vie déterminait complètement ce qu'est devenue l'espèce.
    Alors certes, Darwin place le hasard à la source et non pas Dieu, mais c'est justement le facteur "hasard" qui oppose aujourd'hui les évolutionnistes entre eux.

    Avec l'avènement de la génétique et de la paléontologie, on s'est aperçus d'incohérences énormes dans cette théorie, qui à la vue des seules observations naturalistes (c’est à dire des observations qui s’arrêtent à la morphologie des espèces pour l’échelle la plus petite) paraissait à l'époque aussi fiable que deux et deux font quatre.
    On s'est notamment aperçus qu'en fait de sélection naturelle qui aurait façonné tel ou tel organe de telle façon, le hasard a joué en amont. On s'est aperçu que des mutations inexpliquées (qu'elles soient épigénétiques ou non) avaient été à l'oeuvre, produisant des individus concurrentiels, qui cette fois par sélection naturelle ont étendu leur génotype et supplanté les autres.

    Derrière ces mutations, selon les athées, c’est le hasard qui est à l'œuvre. Mutations qui rappelons-le, sont encore à l'oeuvre sur toutes les espèces vivantes ; le cancer n'est qu'une forme de mutation cellulaire par exemple. Selon les croyants, Dieu se trouve derrière celles-ci. A l'heure qu'il est la science ne peut aucunement prouver qu’une thèse ou l’autre est bonne et mauvaise, pas même les charlatans du lobby créationniste. Pour ma part, je n'ai pas envie que l'on prouve l'une ou l'autre, j'ai sondé mon coeur et n'y ai pas trouvé la foi. Et si des croyants tordus ont besoin de preuves scientifiques pour avoir la foi, c'est bête mais la science ne peut rien pour eux.

    Une autre énorme faille de Darwin c'est qu'il n'avait -forcément- pas vu que l'évolution des espèces n'était pas du tout linéraire, qu'il y a eu des périodes d'explosions, des situations de crises dans l'histoire de la planète, des disparitions massives d'espèces et au contraire des poussées évolutives.

    "… certaines observations des naturalistes battent en brèche l'idée que c'est l'individu le mieux adapté, le plus fort, qui a le plus de chances de se multiplier"

    Ce n'est pas ce que je veux dire puisque c'est faux comme tout lycée en 1ère scientifique le comprend très vite.
    Effectivement, le règne qui compte le plus d'individus de par le monde, nous bouffe dans le cercueil et même avant, qui nous survivra comme il est apparu des milliards d'années avant nous, qui est en fin de compte maître du monde est... l'être le plus insignifiant et le moins évolué qui soit: la bactérie.
    Pas besoin d'être naturaliste franchement pour le comprendre et on a pas attendu après les créationnistes pour s'en rendre compte.

  • Arf, zut, mes propos sont ambigus en fait. Plus court ç'aurait été mieux: certains organes et génotypes sont apparus sans être spécialement adaptés dans un premier temps. Que certains organes comme les ailes n'étaient pas prévus pour le vol, par exemple. Mais finalement ces individus (ou ces organes) sans vocation dans un environnement précis, étaient assez adaptés pour subsister et finir par supplanter le génotype commun.

    Voilà, j'espère que c'est plus clair.

  • Oui, c'est à peu près ce que je voulais dire sur le hasard et Darwin ; je reconnais que le terme de hasard était ambigu, peut-être parce qu'un créationniste est mal à l'aise avec la notion de hasard : "Le hasard n'est que la mesure de notre ignorance."
    L'arrogance et le hasard des évolutionnistes néo-darwiniens cachent une très grande ignorance des différents déterminismes et des causes des mutations. Si le néo-darwinisme s'est affiné par rapport au darwinisme, il n'en reste pas moins vrai que la théorie de l'évolution ponctuée de Gould, par exemple n'est qu'une théorie bancale.

    En réalité la critique du créationnisme repose sur une caricature, une ignorance du point de vue créationniste ; c'est frappant chez Ernest Mayr qui oppose aux créationnistes des arguments qui pour la plupart sont… créationnistes justement. Les créationnistes ne se préoccupent pas de la preuve de Dieu, ils ne craignent pas non plus que les évolutionnistes parviennent à démontrer l'existence du néant, ils s'opposent à ce qu'il soit enseigné comme une vérité aux enfants que l'homme descend du singe et toute la métaphysique laïque afférente.

    Au plan épistémologique, où il se justifie aussi, le créationnisme est une incitation à la prudence scientifique. Pourquoi le pape devrait-il reconnaître le sérieux de telle ou telle hypothèse scientifique ? C'est complètement extravagant ! Pour un créationniste, l'Église doit être à la pointe de la science comme elle l'a été pendant des siècles, et non à la remorque d'une science guidée de plus en plus par des intérêts financiers.

    (Je ne suis pas sûr d'avoir compris ton histoire édifiante de "règne" des bactéries, Pim : cela signifie que tu adhères au "struggle for life" de Darwin et de Malthus ? Ou alors que tu lis des romans de Bernard Werber, et dans ce cas je te conseille plutôt Pierre Boulle.)

  • D'après un sondage IPSOS au lendemain du premier tour, 20% des personnes ayant votés Le Pen au premier tour voteraient Royal au second.

  • Je pensais Vendredi qu ' un tel article "exploserait "
    les posts , mais non ... Sarko et l ' autre andouille
    monopolisent semble - t - il les cer veaux !
    Mais merci quand meme , Garenne.

  • Très bon article Lapinos.

  • Deux choses Lapin, d'une ce qui me dérange dans tes propos c'est que tu essaies de faire croire que les évolutionnistes ignorent que leurs théories, leurs thèses sur le déroulement de l'évolution sont... des théories et non des vérités. C'est vraiment prendre les gens pour des imbéciles, le mot "théorie" n'est pas employé en vain.

    D'autre part, tu affirmes que les évolutionnistes ignorent les thèses créationnistes, et base tout ton discours sur la critique des évolutionnistes et non sur les thèses créationnistes. VR t'as posé une question à laquelle tu n'as pas répondu, quelles sont ces thèses Lapin?

    Et là où tu détournes les faits, ce qui oppose les partisans de l'Intelligent Design et Gould (par exemple), c'est que les créationnistes ne se contentent pas de contrebalancer les évolutionnistes propagandistes anticléricaux, ils voudraient que l'on parle en science de la Création. Et ne nous méprenons pas, quand on parle de Création on n'a encore rien dit, pourquoi ce serait le fruit du travail d'un Dieu unique et transcendantal d'abord? Les créationnistes veulent que l'on parle de Dieu pas de Shiva, ça n'est pas cohérent. Et ce qu'il l'est encore moins, c'est qu'il ne s'agit pas de science que l’on parle de Shiva ou de Dieu ou d’un créateur supérieur sans nom. La théorie de l'évolution est enseignée comme une théorie comme son nom l'indique au sein de laquelle il existe des vérités, avérées comme 2+2=4, que même les créationnistes ne peuvent plus nier. Et ces vérités tiennent de démarches scientifiques, ce qui n'est pas le cas de la métaphysique.

    Mes excuses Lapin à propos de "règne", rien à voir avec "le struggle for life", je te parle en jargon scientifique là: il existe 5 règnes dans le monde du vivant selon des définitions techniques précises, des mécanismes vérifiés (croissance, reproduction ou multiplication etc.) : celui des animaux, celui des végétaux, les bactéries, les virus et les champignons. Ce qui me permet de rebondir sur les énormes failles de la science d'ailleurs, tu trouveras dans des manuels assez récent que les champignons sont des végétaux, c'est absolument contradictoire avec la définition du "végétal". Paradoxe et erreur scientifique affirmées jusque là comme une vérité. La science n'a pas réponse à tout et heureusement, sinon la vie serait bien triste Lapin. le propre d'une démarche scientifique c'est de s'en tenir aux faits et de les remettre en question, justement, devant les évidences relevées par des avancées techniques.

  • C'est marrant, Pimpeleu, comment Lapinos est capable de nous faire perdre notre temps. Parce que je suis convaincu que pour Lapinos, défendre le créationisme n'est qu'un jeu - un défi "à sa hauteur", pense-t-il sans doute... Impossible autrement d'être aussi idiot et borné.
    "Le créationnisme est une incitation à la prudence scientifique" que dit Lapinos... C'est trop n'importe quoi ça ! Le créationisme est un retour direct à l'obscurantisme le plus opaque !
    "L'Église doit être à la pointe de la science comme elle l'a été pendant des siècles". C'est dingue quand même d'en arriver aujourd'hui à balancer des inepties pareilles ! Le christianisme a toujours haï la science, c'est l'idée même de la pomme de l'arbre de la connaissance et du péché originel ! Et quand je pense qu'ils ont voulu brûler Galilée...

    Que ça soit bien clair : la science propose des théories, dont un bon paquet marchent à merveille, y compris la théorie de l'évolution, pour toutes les raisons que Pimpeleu a présentées. Après ça il reste du mystère, après ça il faut bien comprendre que la science ne propose aucune valeur morale quant à la façon dont elle doit être employée. Mais le créationisme est bien la pire façon de limiter les "débordements". Avec le créationisme, les juifs aussi ont justifié quelques génocides...
    Et pour finir, les nazis était bien plus proches de l'Eglise catholique que des partisans de Darwin, Lamarck & Co.

  • L'évolutionnisme se caractérise précisément par un questionnement sur le "comment". Il ouvre la possibilité, pour des scientifiques honnêtes, de réfléchir sur le "comment" indépendemment du "pourquoi". Le créationnisme, en revanche, ne dissocie pas les deux. La critique que vous énoncez en conclusion s'applique donc à tous les créationnistes, mais à une partie des évolutionnistes seulement. Vous essayez d'instaurer une symétrie là où il n'y en a pas.

    Ensuite, que Darwin soit une référence pertinente ou pas, c'est sûrement une question passionnante, mais perso je m'en fous.

    Que le fanatisme athée se serve du questionnement évolutionniste sur le "comment" pour en tirer une métaphysique à deux balles dans laquelle la matière précède l'esprit, c'est assez inévitable. Mais ce n'est pas en dénonçant la seconde de ces démarches que vous récuserez la première dans son entier.

    Je suis obligé de reconnaître cependant qu'au milieu de toute la confusion de votre argumentaire et de vos provocations gratuites, vous posez de bonnes questions. En tout cas, par beau temps on jurerais qu'on les y voit.

  • Pimpeleu, je te remercie de l'effort que tu as accompli pour lire enfin, par-dessus le mur qui nous sépare, ce que j'avais tenté d'exprimer, pas toujours clairement je l'admets.

    La pomme de discorde entre nous, je crois que VR l'incarne très bien ; je considère que son discours est extrêmement représentatif de l'idéologie évolutionniste dominante qui découle plus ou moins involontairement du discours de certains théoriciens néo-darwinistes.
    VR n'est pas le seul exemple que j'ai en tête, bien sûr, puisqu'il ne fait que répéter ce que la plupart des journalistes disent.

    Pour le moine Mendel, la Genèse biblique n'était pas une simple hypothèse ; ni pour le savant chrétien Lamarck. La dissociation des sphères intellectuelles et spirituelles qu'opère Gould, qui se veut honnête, est artificielle ; la preuve ? Si Gould se montre compréhensif vis-à-vis d'un des pionniers yankis du créationnisme, il ne peut pas le cacher, c'est parce que ce type lui est sympathique, c'est un progressiste comme lui ; drôle de manière d'évaluer des idées, dirait un philosophe kantien, mais les philosophes kantiens sont des cons qui n'entendent rien à rien.

    Si tu veux vraiment comprendre mon créationnisme, Pim, permets-moi de revenir au sens de mon billet. Étant donné que je partage quelques idées et actions de X. Dor, et que son discours évolutionniste (je le tiens à ta disposition, si ça t'intéresse) est forcément empreint de créationnisme, à l'instar de l'"évolution créatrice" de Bergson (qui n'est qu'un philosophe, j'en conviens, mais très "suggestif"), ou de l'évolutionniste Spencer, le "dialogue" m'a paru possible entre lui et moi. Ce qui me gêne chez Dor, c'est qu'on sent le passionné de sciences naturelles et d'embryologie, séduit, "captivé" par les observations sur le pouce du panda végétarien, l'appendice caudal du fœtus humain, et qui du coup est porté à conclure trop vite à l'évolution, qui suppose quoi que tu dises, dans l'obscurité de la théorie, pour pas mal d'évolutionnistes, pas seulement Lamarck et Darwin, une certaine forme de progression - à conclure trop vite tant la théorie lui semble belle, harmonieuse, logique. Il me semble que c'est le même enthousiasme qui a porté Lamarck à des conclusions paraît-il trop hâtives à propos de l'allongement du cou des girafes ; pour ce qui est de Darwin, je parlerais plutôt d'arrivisme que d'enthousiasme.

    C'est dans cette perspective que je définis le "créationnisme" lamarckien, à l'opposé de l'évolutionnisme darwinien, comme une ligne de conduite plus prudente.
    Un mélange d'idéalisme et de réalisme, d'imagination et de bon sens, nourrissent la pensée scientifique, du moins c'est ce que pensent Bergson ou Spencer, et je suis de cet avis. La théorie de l'évolution n'est donc pas gânante, dans l'absolu, au contraire, en tant qu'idéal, mais c'est comme si elle avait pris, dans le domaine de la recherche scientifique, la valeur d'un dogme religieux aujourd'hui. Sinon qu'est-ce que ça peut bien foutre que quelques créationnistes aux États-Unis, des fanatiques idiots dans l'esprit des néo-darwiniens, refusent qu'on enseigne à leurs enfants certaines hypothèses touchant au passé et à l'avenir de l'humanité ?

    C'est assez évident que l'évolutionnisme chez Dor a pris un caractère de vérité, puisque, c'est un comble alors qu'il s'oppose à certains créationnistes qui usent du même procédé, il propose une nouvelle lecture, évolutionniste cette fois, de la Bible. C'est évident chez Dor, mais ça ne l'est pas moins chez certains évolutionnistes athées pour qui le hasard remplace manifestement la Providence des catholiques. Au centre il y a Gould. Mais je ne crois pas, Pim, pour ma part, qu'en dehors de la géométrie, le centre existe. Ce n'est qu'un faux-semblant.

  • Ah, j'oubliais de te demander ce que tu penses, Pim, de cette citation d'Henri Poincaré, ce grand savant positif chrétien, inventeur de la théorie de la relativité, et qui dit : « Le hasard est la mesure de notre ignorance. » Tu ne la trouves pas un peu… créationniste ?

  • Guichardin (ça sonne tellement mieux !), votre pensée escorte, épouse tellement bien celle de Pim, que je ne sais trop quoi vous dire de plus…

    Vous avez raison, pour un créationniste, et même pour un évolutionniste comme Lamarck, on ne peut pas dissocier le comment du pourquoi, ou, du moins, c'est un artifice intellectuel qui ne se justifie pas forcément dans toutes les analyses et synthèses scientifiques.
    Notez que c'est Kant qui opère le mieux ces dissociations artificielles, que Kant est inapte à comprendre l'intuition, que Kant dit n'importe quoi dès qu'il porte un jugement dans le domaine des réalités concrètes (comme Finkielkraut ou Ferry), et que Kant est directement responsable du bourbier métaphysique nitchéen ou d'heideggerien.
    Même si elle n'est plus à la mode, la dialectique marxiste, héritée d'Aristote, me paraît beaucoup moins oiseuse et plus fructueuse sur le plan scientifique.

    Quant à la symétrie dont vous parlez, elle existe bel et bien (Gould fait aussi un parallèle), même si elle n'est pas parfaite (ainsi la doxa évolutionniste est largement dominante, du moins en Europe), et qu'il est difficile pour certains de l'admettre.

    Vous devriez faire des déclarations communes avec Pim, Guichardin, ça serait plus simple pour moi.

  • Lapinos, tu es malade, il faut te faire soigner.

  • Aïe, je sais que c'est pas facile d'être pris comme cobaye dans une démonstration scientifique, VR ; moi-même en tant que lapin, on a déjà essayé de m'attraper. Je pensais que vous étiez assez anesthésié comme ça.

  • Lapin, je n'ai pas eu à regarder par-dessus un mur, tout ce que tu peux lire dans mes interventions n'est pas nouveau, j'ai terminé mes études de bio voilà 4 ans maintenant et ma position sur ce point n'a pas bougé d'un iota.

    Je me fiche des convictions religieuses de Mendel. Je te le dis depuis le début, des astrophysiciens croient en Dieu et j'avais aussi un prof d'histoire des sciences biologiste et évolutionniste qui n'a pas hésité à nous dire qu'il était croyant. Peu importe, ce qui m'intéresse chez Mendel c'est le mécanisme qu'il a décrit, pas ses convictions. Des convictions j'ai les miennes, influencées comme celles de tout être pensant bien entendu, mais ça j'en ai bien conscience. Le mécanisme est avéré, vérifié, tangible. La conviction ne l'est pas, de fait n'a pas à l'être, et on s'en fout, tu comprends ça Lapin?

    Gould n’a pas du tout dissocié la sphère intellectuelle et la sphère spirituelle et moi non plus, car il n’y a pas antinomie entre l’intellect et l’esprit. De grands penseurs scientifiques sont croyants, d’autres ne le sont pas et ça ne saurait en aucun cas dévaloriser leur argumentaire scientifique.
    En revanche, les considérations métaphysiques décrites par Gloups n'ont pas leur place dans un cours de science et ne l'auront jamais. Bien qu’il y ait des personnes malhonnêtes dans tous les domaines, la science doit être pragmatique pour servir à quelque chose. "L'esprit" n'est pas un élément tangible jusqu'à preuve du contraire et ça ne le positionne pas par rapport à la matière, ni en amont, ni en aval, ni au-dessus, ni au-dessous. La matière est là, personne ne peut la réfuter. L’esprit est là aussi, mais il est animé, vif et faillible, il fluctue au gré de nos pensées et c’est tant mieux. Quel besoin de rendre palpable ce qui ne l’est pas? ça n'a aucun sens. Si l’on introduit de la métaphysique en cours de science, alors celle-ci n’a plus de raison d’être, puisque tout se vaut et que la preuve tangible n’est plus opposable. Tu vois ce que je veux dire ?
    Exemple : On accepte d’accéder à cette requête des créationnistes de parler de la Création en cours de science. Dans 100 ans, admettons, le Shinto envahit l’occident. En cours de science, tes arrières petits enfants apprendraient donc que telle version de tel gène domine telle autre version (loi de Mendel), l’iris de l’oeil pigmentée domine l’iris de l’oeil non-pigmentée et bleue par exemple, et que cette règle n’est pas le fruit du hasard mais a été établie par le Dieu-Cerf des forêts ancestrales nippones pour que la race nippone dont l’oeil est pigmentée domine le monde. Peut-être que ça ne te pose pas problème Lapinos, moi en tant qu'athée ça m'en pose, et je crois que ça en poserait à des croyants de diverses obédiences.

    Mon cheval de bataille là, c'est que la science reste à sa place, juste ça. Qu'elle se contente de la vérité, des faits qui lui permettent justement de se remettre en question, et ainsi de laisser de la place dans l’esprit humain à toutes les hypothèses métaphysiques qu'il veut y placer.

    "Le hasard est le mesure de notre ignorance", tout à fait d'accord avec Poincaré. Mais la métaphysique, quelle qu’elle soit, ne peut pas combler le vide, elle ne fait que pallier le désespoir du vide.

  • Juste un détail mais c'est ambigü donc je le précise: dans mon exemple du Shinto, l'alternative que je propose n'est bien entendu pas militante. Je propose que la science se contente de parler de la loi de Mendel, qu'à la question du "pourquoi", on n'oppose ni le Dieu-cerf, ni le hasard, que l'on se contente de dire que l'on ne sait pas. Comme c'est le cas actuellement.

    Voilà.

  • Gloups, c'est plus court. Mais vous devriez lire Guicciardini, c'est une vraie intelligence. Je vous soupçonnerais de lui préférer son ami Machiavel, qui fait parfois penser à vous par ses raisonnements désincarnés.

    Je vois bien que l'idée que vous défendez, c'est que le pourquoi et le comment sont indissociables. Mais vous ne le démontrez pas de façon très convaincante. En fait vous ne le démontrez pas du tout. Et c'est bien sur ce point de départ que nous ne sommes pas d'accord. Je pense pour ma part que cette division opérationnelle du raisonnement est parfaitement viable, et qu'elle n'a rien d'un dualisme.

    Et je ne vois toujours pas ce que vous entendez par "créationnisme", en particulier pour ce qui est du "comment".

  • Eh bien il me semble que si vous savez seulement comment vous faites les choses ou comment vous les pensez, Gloups, mais plus pourquoi, vous baissez d'un cran pour choir au rang du bonobo. Votre petite astuce de la division "opérationnelle" ne prend pas, car la division de Pim n'est pas "opérationnelle", c'est une pétition de principe.

    Il y a un mouvement habituel de l'âme à chercher à voir au-delà des nuages - habituel et difficile à réprimer (C'est ce qui est plaisant chez les athées du XVIIIe siècle, d'Holbach et surtout Diderot, cette aptitude à se remettre en question, eux et leurs certitudes.) ; aujourd'hui la foi athée à laquelle Pimpeleu se cramponne est comme prématurément vieillie et poussiéreuse. À quoi sert ce saucissonnage kantien ?
    Séparer la métaphysique de la science, mais ça n'a aucun sens avant l'ère industrielle ! C'est un anachronisme. Et la science ne date pas de l'ère industrielle. À vrai dire, même à l'ère industrielle où nous sommes, la métaphysique est toujours là, c'est net chez Gould, même si c'est une toute petite métaphysique en l'occurrence. Je préfère celle de Poincaré. Notez que Pimpeleu vient de trahir sa propre métaphysique, opposée à celle de Poincaré pour qui le hasard ou le vide n'est pas une source de désespoir mais un beau mystère divin à résoudre.

    Pim est comme retombée derrière le mur de nos discordes, mais je ne peux m'empêcher de lui recopier une dernière citation qui lui rappellera peut-être ses chères études - elle est de Pierre Termier : « La Terre est un livre dont les premiers feuillets ont été brûlés. » Une citation qui va à l'encontre de la phylogenèse trop systématique de certains néo-darwiniens.

  • Je n'ai rien trahit du tout Lapinos, je t'ai donné des faits d'une part et ma conviction d'autre part avec le plus de sincérité possible. J'ai eu la décence de ne pas me moquer de ta foi. Le respect est une métaphysique que les créationnistes ne connaissent pas dirait-on.
    Tu n'expliques rien une fois de plus, tu fais du name-dropping, de l'esbrouffe et de la provocation. Tu prétends connaître Gould, tu parles de NOMA et de phénomènes épigénétiques sans en comprendre un traitre mot, manifestement, ce qui passe inaperçu bien sûr auprès de tes lecteurs habituels, et c'est bien normal. Auprès de moi ça ne peut pas passer inaperçu Lapinos, tu t'es tiré des balles dans le pied, alors tes leçons d'histoires, balance les tant que tu veux, ce ne sont que de jolis mots sur un tableau de chasse. J'ai pu être dupe sur beaucoup de domaines du fait de mon ignorance, pas là désolée.

    "Saucissonnage kantien", c'est censé expliquer quelque chose ça? Non mais sans blague!

  • "La Terre est un livre dont les premiers feuillets ont été brûlés." Oui, la sainte bible quand à elle ne l'est pas hein.

  • Bon, alors, si mon histoire de division opérationnelle est une "petite astuce", c'est sûr que j'ai tort. Mais je ne vois pas pourquoi.

    Les scientifiques qui ont fait avancer les choses se sont posé des questions "opérationnelles" qui remettaient en cause les explications labellisées par leurs systèmes religieux dominants, qu'il s'agisse de la religion chrétienne ou de pseudo-métaphysiques athées. Ils se distinguent précisément par cette capacité à réinterpréter la lettre du dogme, et donc à s'en émanciper. Il y a bien une division "opérationnelle". Qui ne signifie pas remise en question fondamentale du dogme lui-même.

    Cette attitude les a conduits, au fil du temps, à réfuter l'idée que les espèces ont été créées ex nihilo, telles quelles, comme un aboutissement. Cette idée a été remplacée par celle qu'il existe une succession d'espèces, une généalogie, plus ou moins complexe. La structure de cette généalogie, le mode de passage d'une espèce à l'autre, et bien sûr l'origine de l'ensemble font débat. Mais c'est bien cette rupture avec l'idée d'une création initiale ex nihilo (ou créationnisme) qui constitue l'évolutionnisme (qui n'est pas une idéologie). Pour autant que l'on puisse en juger d'après vos propos (dans lesquels vous vous dîtes tantôt l'un, tantôt l'autre, en fonction de l'effet que vous souhaitez produire), vous êtes un banal évolutionniste, comme tout le monde. Un évolutionniste catholique, en tout point conforme aux prescriptions du Très Saint Père. En tout cas vous n'avez pas réussi à me convaincre du contraire.

  • "La métaphysique ne comble pas le vide mais ne fait que pallier le désespoir du vide", c'est encore une métaphysique, Pim, voilà ce que je disais ; j'ajoutais que l'athéisme flamboyant de la première époque, celui de Diderot, me paraît plus estimable que l'athéisme, disons "sartrien", auquel tes convictions sont apparentées. Sois sûre que ton discours athée n'est pas plus facile à avaler pour un catholique ou un musulman...

    A l'attention de Gloups, cette fois, quelques précisions :
    - vous semblez ignorer que pour les chrétiens la Bible fonde essentiellement un discours moral (cf. saint Augustin), aussi l'Eglise n'a-t-elle pas réagi négativement aux travaux de Copernic, au contraire, mais à ceux de Galilée qui prétendait que ses découvertes avaient des implications sur le récit biblique. Je disais justement que l'interprétation "évolutionniste" que fait le Dr Dor du récit de la Genèse, avec ses phases successives était un peu, disons, téméraire. Le récit biblique comporte pour les chrétiens une part mystérieuse et non élucidable, une part inépuisable ; cependant l'Eglise catholique (puisque je suis un "créationniste" catholique) n'a pas pour coutume d'interdire la confrontation avec les mystères, ce n'est pas contradictoire, c'est humain.

    - L'évolutionnisme n'est pas une simple "hypothèse de travail", vous simplifiez excessivement la réalité sur le mode kantien en disant ça. J'en veux pour preuve que la phylogenèse évolutionniste, impossible en l'état actuel des connaissances, est présentée dans l'enseignement en France comme un but à atteindre (L'histoire de la bactérie de Pim est bien jolie, mais de la période précambrienne, que sait-on ? Les différents règnes, fort bien, mais que fait-elle des protistes ?) ; une autre preuve ? Je prends exprès l'exemple de Dor, pour que vous compreniez en quoi je ne suis pas "évolutionniste" comme lui : Dor est bien obligé d'admettre que l'évolution relève pour partie de l'intuition, il y a donc bien de sa part comme une adhésion à une idée. Etant pour ma part plus sceptique de nature, ou porté à croire que le monde est infiniment plus complexe que les zoologistes le décrivent, et par ailleurs que la "morale évolutionniste" n'a fait la preuve pour le moment que de son cynisme, pour ne pas dire autre chose, je suis "créationniste" et entend défendre un point de vue différent sans me laisser marcher sur les pieds. Je connais un peu Dor. Il est trop gentil, et puis c'est un idéaliste, il a tendance a toujours tout justifier par les bonnes, ou excuser par les mauvaises idées que peuvent avoir les gens. C'est un peu naïf et dangereux de ne pas voir qu'il y a des intérêts et pas des idées derrière les mobiles de chacun. Vous savez, Gloups, on peut être créationniste et croire à un certain type de déterminisme, ce n'est pas illogique.

  • Je pense que la condamnation de Galilée a plus à voir avec l'atmosphère de la Contre-Réforme qu'avec une différence fondamentale avec Copernic, dont il ne faisait que défendre la théorie très controversée à l'époque. L'héliocentrisme oblige à une réinterprétation de certains passages de la Bible, et il aurait fallu en passer par là, Galilée ou pas. En plus Copernic avait déjà rencontré des réticences importantes.

    Je ne comprends toujours pas ce que vous entendez par votre créationnisme, vous ne le dites jamais.

    En gros, votre raisonnement semble être le suivant: "il y a une part de foi dans l'adhésion à l'évolutionnisme, donc je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas avoir foi dans le créationnisme".

    Ben si vous voulez, vous ne dérangez personne. Il y a une part de foi dans ma croyance en l'existence de Jules César, que personne de vivant n'a jamais vu. Vous pouvez avoir foi dans le fait que tous les bouquins qui parlent de lui sont des canulars, ça ne me gêne pas plus que ça. Je ne suis pas sûr que ça soit aussi spirituel que vous le pensez.

  • "La métaphysique ne comble pas le vide mais ne fait que pallier le désespoir du vide", c'est encore une métaphysique, Pim". Jamais dit le contraire, je t'ai dit que je te livrais des faits et mes convictions, ma métaphysique si tu préfères. Décidément tu ne lis pas tes interlocuteurs, tu ne fais que chercher ce qui peut t’arranger dans leurs propos pour les caricaturer.
    Je me fiche de Sartre, dont je ne connais que le nom, et je me fiche de ton opinion concernant mon cas personnel, notamment mon athéisme.

    La discussion est close en ce qui me concerne, je n’ai rien à apporter d’intéressant dans un débat pareil.

  • Vous voyez, Gloups, le fait que vous mettiez au même niveau les preuves de l'existence de Jules César, de l'existence de Jésus-Christ, ou bien de la création de l'univers par Dieu, voire de l'évolution des espèces, c'est ça qui est choquant pour un créationniste, entre autre ; non pas sur le plan religieux, mais bien sur le plan scientifique, bougre d'âne (de Prewalski) ! Les historiens ne savent pas tout de l'existence de Jules C. ou de J.-C., il y a des zones d'ombre, je vous le concède, mais aucun spécialiste ne doute qu’ils aient existé, vous passez pour un guignol (kantien) avec cette comparaison !

    En revanche, aucun zoologue n'est capable de fournir une explication complète, précise et logique, des causes qui entraînent des mutations dans les différentes espèces. On en est au stade d'indices qui se complètent de façon séduisante pour dessiner un schéma qui indique un "transformisme" des espèces. Et on travaille sur l'histoire entière de l'Humanité ! On patauge encore dans l'Inconnu, et chaque nouvelle découverte au cours des siècles passés a remis en cause au moins partiellement les hypothèses précédentes ! Je ne vous cache pas que la théorie de Gould de l’évolution ponctuée, notamment, fait l’effet d’un rafistolage des différentes théories précédentes, un cache-misère en quelque sorte.

    Toutes proportions gardées, les convictions évolutionnistes font penser aux fantaisies des psychanalystes et à leurs affirmations fumeuses sur l'inconscient, alors que la neuroscience en est à ses balbutiements (Toutes proportions gardées car le sérieux des zoologistes, embryologistes et autres paléontologues n'est pas en cause, sauf le sérieux du père Teilhard de Chardin, peut-être, et que les théories psychanalytiques sont démodées partout hors de France où un certain corporatisme, un certain "poujadisme", les a maintenues artificiellement au-dessus de la sphère des superstitions modernes où elles sont été ailleurs discrètement reléguées.)

    Dernier point, Gloups : ne me dites pas que vous ne voyez pas l’usage que les industriels capitalistes font d’une version simplifée de votre théorie de l’évolution, voulant faire croire à l’opinion que puisque nous descendons du singe (J’ai entendu des types passés par l’université française me soutenir ça comme un fait acquis et définitif.), il n’y a aucune raison que nous n’évoluions pas vers l’androïde bourré de gadgets. Comme l’homme n’est qu’un stade relatif, manipulons-le à notre guise ! L’eugénisme en France, il n’y a pas que moi qu’il choque, je pense que si je cite le Pr Sicard, ça vous impressionnera plus. Le progrès, ça ne me pose aucun problème, il est évident pour moi que l’imagination, la curiosité occidentale, gréco-latine, judéo-chrétienne, est étroitement liée au développement de la science.

    Mais le progrès tel que les fabriquants de gadgets technologiques le définissent n’a rien à voir avec la tradition chrétienne. Ils peuvent se mettre leur i-pod au cul, pour parler crûment.

  • "Les historiens ne savent pas tout de l'existence de Jules C. ou de J.-C., il y a des zones d'ombre, je vous le concède, mais aucun spécialiste ne doute qu’ils aient existé.

    En revanche, aucun zoologue n'est capable de fournir une explication complète, précise et logique, des causes qui entraînent des mutations dans les différentes espèces."

    Mais ils constatent ces mutations, comme l'historien constate l'existence de Jules. C'est l'existence de ces mutations qui constitue l'évolutionnisme, pas l'explication des causes. Vous êtes donc bien évolutionniste, comme tous les bons citoyens. Nous voilà rassurés.

  • La conclusion de Gloups est juste : Lapinos est un évolutioniste. Et s'il se dit créationiste, comme il vient de l'expliquer, c'est uniquement à cause des débordements que peuvent engendrer les thèses évolutionistes (le type truffé de gadgets, l'idée qu'on peut faire ce qu'on veut avec le corps humain car celui-ci est de toutes façons voué à changer). Cela dit, Lapinos, c'est faire preuve de bien peu de probité que de se réclamer de l'idéologie inverse de celle dont ont souhaite prévenir les débordements, uniquement à cause de ces débordements. Tout le travail avenir réside dans la troisième voie ; les raisonnements binaires en matière de morale sont généralement faux (entendez "dangereux").

  • Mais non, Gloups, l'évolutionnisme va au-delà du simple constat qu'il y a des mutations ; tout l'intérêt de Lamarck ou de Darwin ce sont leurs hypothèses (en grande partie fausses) pour expliquer globalement le phénomène des mutations ; l'évolutionnisme est une théorie globale, je vous renvoie à la "Zoologie" de Grassé (1963), au chapître "Généralités" par Tébry :
    "(...) Cette première loi de "complexité croissante" ne souffre pas d'exception ; chaque découverte paléontologique la vérifie ; le nouveau fossile trouve une place dans l'échelle des êtres et du temps, en harmonie avec son degré d'organisation."

    Cet ouvrage est un classique. Vous aurez noté le ton dogmatique, Gloups, même si l'auteur est obligé d'admettre un peu plus loin que la théorie comporte de vastes lacunes. Depuis des progrès ont été faits dans le domaine de la biologie moléculaire, mais on est encore très loin, c'est un euphémisme, d'avoir élucidé les mystères de l'ADN.

    Je me demande... Vous ne seriez pas un peu influencé par l'esbrouffe scientifique de Raël, Gloups ?

  • ????

    Connais pas.

    Vous citez la définition d'un évolutionniste dogmatique. C'est donc forcément une définition dogmatique. Ca ne fait pas de l'évolutionnisme ce que vous voudriez que ce soit. Et vous ne dites toujours pas votre créationnisme.

  • "... tout l'intérêt de Lamarck ou de Darwin ce sont leurs hypothèses (en grande partie fausses) pour expliquer globalement le phénomène des mutations."

    Darwin et Lamarck n'ont jamais parlé de mutations, ils n'en soupçonnaient pas l'existence. Ce sont les théories qui succèdent qui en parlent.

    Par ailleurs l'évolutionnisme n'est pas une théorie, ce sont plusieurs théories assez divergentes finalement. Et ce sont des théories, comme le nom l'indique, au même titre que la création. A la différence près que la Création telle qu'elle est décrite dans la Bible et autres livres d'autorité en la matière évoque des mécanismes physiquement impossibles, de la magie en quelque sorte. Jean-Paul II ne devait pas avoir très envie de passer pour un magicien le jour où il a signé la théorie de l'évolution.

    Tu fais bien de ne pas vouloir dissocier l'esprit des faits Lapinos, en restant dans l'éthéré on est certain de ne jamais dire de bêtises.

  • Monsieur,

    j'ai lu le commentaire que vous avez bien voulu écrire sur l'interview que j'ai faite du Docteur Dor relative à la question du créationisme et de l'évolutionisme.
    Je crois que c'est faire un mauvais procès au Docteur Dor que de le ranger parmi les évolutionistes. Sa position exacte est que l'un n'empêche pas l'autre mais qu'en revanche, le darwinisme, qui attribue au hasard les évolutions est une erreur manifeste, unanimement reniée par les scientifiques.

    Sur la complicité des scientifiques de tout poils au génocide actuel des enfants, que vous dénoncez, et qui les discréditerez dans leur défense de l'évolutionisme, je ne crois pas que ce soit le bon argument. S'il est possible de tuer dans le ventre de leurs mères les enfants, de trier les embryons, de faire sur eux des expériences, c'est en raison du droit positif qui nie toute possibilité de référence à un ordre en dehors de celui voulu par la volonté générale. Là est le problème et c'est précisément ce que dénonce le docteur Dor en faisant référence au fameux texte de Rousseau "conscience, conscience" qui signe la filiation satanique du refus de la dépendance à son créateur.

    Vous avez l'ambition de me faire changer d'avis. Pour tout vous dire, je n'ai pas d'avis tranché sur la question. Je cherche surtout à donner de vrais arguments aux parents qui n'en ont pas et qui assistent impuissants à la destruction de la foi encore fragile de leurs enfants à l'école à cause de cette question. J'avais eu une discussion avec le docteur Dor et son point de vue m'avait paru de nature à remplir cette mission, du moins partiellement. Yves Daoudal a d'ailleurs répondu au docteur Dor toujours dans Reconquête, preuve de la liberté, réelle, dont nous jouissons dans cette revue.

    Je trouve cette question passionnante et tant que le magistère ne s'est pas prononcé, nous pouvons en débattre. Car, la raison nous a été donnée par notre Créateur pour que nous nous en servions. Ce faisant, j'ai appris que le saint Père venait de sortir un livre sur cette question mais seulement en langue allemande. Mon mari, qui maîtrise cette langue, m'a promis de me le traduire car je me méfie beaucoup de ce qu'en a dit le Monde. Je suis certaine que ce texte nous apportera beaucoup et je ne manquerai pas de vous en faire part à moins que vous même vous puissiez lire cette langue.

    A bientôt donc.
    Amitiés,
    Cécile Montmirail

  • Je suis assez surpris, Madame, que vous attendiez que "le magistère" tranche cette question d'une complexité scientifique vertigineuse (proche de l'infini ?)
    Dans l'affaire Galilée, les autorités ecclésiastiques ne sont intervenues que pour empêcher Galilée de tirer des conclusions métaphysiques hasardeuses de ses observations astronomiques. De même les provocations gratuites de Darwin ont-elles été mal reçues par les catholiques ; en outre, Darwin a largement pillé Lamarck (cf. C. Allègre), et les Français n'aiment guère se faire détrousser par des Anglo-saxons.

    Peut-être l'évolutionnisme n'est-il pas la seule raison du silence assourdissant des médecins français, de leur soumission à des impératifs juridiques (et commerciaux !), mais je maintiens que l'idéologie évolutionniste tend à combattre l'idée que l'être humain est un être spécial. Ce n'est pas moi qui le dis, mais, hélas d'une manière confuse, le Pr Sicard dans "Le Monde" : la science française est devenue "eugéniste". Il n'utilise pas le mot d'eugénisme par hasard.
    Une remarque supplémentaire, Mme Montmirail ; vous observerez que c'est aux Etats-Unis et dans les pays musulmans où le discours créationniste est au minimum "licite" qu'il est possible également de combattre l'avortement sans se faire embarquer par la police.

    Sur le plan scientifique, enfin, c'est votre scepticisme devant des théories qui, pour être séduisantes n'en sont pas moins très incomplètes, qui me paraît le plus sage.

    Immanquablement les propos du pape seront interprétés par les médias et retransmis à l'opinion publique comme une infirmation ou une confirmation de la théorie de Darwin, même s'il se contente de dire qu'elle n'est pas contraire à la Foi, voire qu'il la trouve séduisante à titre personnel. Puisqu'il faut choisir un camp, la neutralité n'étant qu'une fiction entretenue par les démocrates-crétins, je choisis le point de vue créationniste, qui est le plus chronologique et le plus moral en l'état actuel des choses.

    Toute l'ambiguïté de votre interviou du Dr Dor dans "Reconquête", et c'est pourquoi elle m'a fait réagir, c'est qu'il y exprime une conviction, une opinion scientifique, alors que cette revue traite essentiellement de questions politiques et religieuses ; étant donné le crédit moral dont bénéficie le Dr Dor dans les milieux traditionnalistes et le respect que lui vaut sa courageuse défense des plus faibles, il ne faudrait pas que ses conjectures soient prises pour parole d'Evangile.

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