La seule femme que j'ai jamais aimée d'un amour pur, sans l'ombre d'une haine ni jamais la toucher, comme ces moines-puceaux amoureux transis du moyen âge, non loin de la damnation par le fait même, c'est une mère de famille humiliée, je soupçonne même rossée, abandonnée par plusieurs hommes successifs. La peau très blanche ayant souffert plus nettement de l'attentat du temps. Il me semble que mon père aussi l'aime bien : quelle pédérastie ! Mère de plusieurs enfants, dont plusieurs des pauvres lambeaux de chairs, à peine traversés par l'esprit : des poèmes ratés.
Et pourtant jamais, JAMAIS je n'ai entendu cette femme proférer une parole féministe, verser dans l'aigreur, la pose d'Alceste où le premier petit ou gros épargnant en manque de liquidités tombe immanquablement !
J'avoue, moi qui manque de courage à côté, que j'ai guetté une plainte de cette sainte, un reproche contre dieu, les hommes, la société... mais rien, que dalle ! D'une intelligence hors norme avec ça, pas le genre à croire au destin. A côté d'elle, la cohorte des grenouilles de bénitier au premier rang pour applaudir le pape : "Viva el Papa !", ou des culs bien roses et bien attractifs, mais sans plus.
Mais je me trompe sans doute lourdement sur son compte : pas d'une sainte, seulement une combattante hors norme, un tempérament d'acier bien trempé, auquel se doit comparer quiconque à la prétention d'être un homme et non un fonctionnaire ou un courtier en assurances. Grâce soit rendue à cette femme unique ! Je pense à elle plus qu'à ma mère ou un quelconque substitut du même style quand j'ai besoin d'être galvanisé dans la bataille contre les chiens capitalistes.