Lors du dernier pèlerinage à la Mecque, la télévision montrait la foule des pèlerins procéder à la lapidation rituelle de Satan, rappelant le catholicisme médiéval.
A mesure de l'enrichissement des nations dites "chrétiennes" (on voit les chrétiens se tenir strictement à l'écart des nations dans le Nouveau Testament), s'est lentement effacée la théologie ou la doctrine sur le diable, qui culmine chez Shakespeare, ou Molière en France, et de nombreux contes pour enfants.
Il n'est pas bien difficile de comprendre pourquoi l'inflation monétaire masque le diable. Et si Samuel Johnson, auteur du Bûcher des Vanités, voit dans le libéralisme une invention diabolique, c'est de Shakespeare qu'il tient cette science, violent démolisseur de la superstition moderne, dont il décèle le double caractère sentimental et prédateur.
La "divine Europe" opère comme Diane : elle séduit sa victime, réduite au réflexe sentimental, avant de la transpercer d'une flèche. Le symbole païen et féminin de la lune, dont les renégats démocrates-chrétiens ont rapproché la Vierge Marie, lui rendant un culte idolâtre comme à la "mère de Dieu", signifie encore une fois le pacte passé entre les nations chrétiennes et la fortune.
Il n'y a rien d'étonnant à ce que certains musulmans soient les mieux placés aujourd'hui pour comprendre le message chrétien qui, bien qu'universel et fait pour toutes les nations, suppose pauvreté et humilité de l'esprit. Plus haut s'élèvent les rois de la terre, montre Shakespeare, plus dure sera leur chute ; plus grande sera la surprise d'être désarçonnés de ceux qui croyaient caracoler en tête sur les chevaux du désir indéfiniment.
Tout, dans l'apocalypse, d'où Shakespeare tire une bonne part de son enseignement, annonce le renversement des valeurs et des droits humains, une fois le mensonge réduit au silence, sa tête écrasée par l'Eglise des bienheureux.
Et c'est sans doute ici que le christianisme diffère le plus de l'islam. Le seul rituel de lapidation ne peut suffire pour chasser le diable, qui se rit des rituels et les maîtrise tous. Il sait créer des liens anthropologiques entre les hommes, afin qu'ils n'empruntent pas la voie haute qui pourrait les ramener à Dieu.
Plutôt que le jugement moral d'autrui, voie stérile empruntée par les réformateurs religieux, jugement qui ne fait que renforcer le diable en excitant les divisions cléricales et partisanes, Jésus qui pardonne tout jusqu'à la dernière minute, indique à ses apôtres de viser directement la tête, en opérant la séparation du bon grain et de l'ivraie, et non pas entre ce qu'il nous plaît de croire et de ne pas croire ; cette méthode est d'ailleurs celle des artistes ou des savants médiocres, qui s'achève dans la musique de chambre ou la gastronomie.
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Satan caché dans un nuage sur une fresque de Giotto :
http://www.youtube.com/watch?v=by9_dhRZT-Y