- Dans un opuscule où il étudie l'"Histoire naturelle de la religion", David Hume (1711-76) découvre la vocation pratique de la religion, en général. Elle consiste à ouvrir l'horizon futur pour faciliter le présent. Certes, dit Hume, la religion est mensongère, mais elle joue une fonction pratique essentielle de métronome, qui la rend indispensable. Sur le plan vital ou "existentiel", comme disent les pédants, la religion est donc insurmontable.
- Selon cette définition, le christianisme est l'ANTIRELIGION parfaite, ou l'anticléricalisme parfait. Le Christ n'accomplit pas son devoir religieux. Il met fin au principal, le sacrifice. Et c'est pourquoi il fait scandale depuis des millénaires (cf. "L'Antéchrist" de F. Nitche). Les marchands du temple vendent des offrandes pour le sacrifice, comme les marchands d'art aujourd'hui vendent des oeuvres d'art culturelles.
- L'analyse de Hume peut être utilisée contre le fanatisme républicain (dernièrement celui de "Charlie-Hebdo") ; au sens où Hume définit la religion, comme un ciment social, le civisme républicain n'est pas moins religieux que de nombreuses variantes de l'islam. Citation tirée d'une gazette républicaine BCBG : "Osons la politesse !" Mieux vaut rire de ce fanatisme religieux, probalement supporté par le ministère de l'Intérieur.
L'islam entre en concurrence avec la religion républicaine la plus agressive au plan des modalités pratiques d'organisation sociale et de jouissance. Les religions "pratiques", au niveau de la doctrine sociale, sont comparables au niveau de la jouissance. Laquelle est la moins oppressante ? La difficulté est que, depuis l'exploitation des ressources naturelles à l'échelle mondiale, le bonheur ou la jouissance dans les républiques dites "démocratiques" fait le malheur des 2/3 restant de la planète. Place à la guerre de religion totale, sous couvert des arguments les plus cyniques.