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Ta mère la pute l'Art

Bien sûr les acteurs du marché de l'art ne peuvent anticiper la faillite de leur négoce, qu'il s'agisse des artistes qui s'efforcent d'être modernes, ou bien des revendeurs qui sont bien obligés d'y croire. Le caractère sacré de l'art - c'est-à-dire le fétichisme -, doublé du mobile spéculatif du commerce - c'est-à-dire religieux, empêche le moindre recul (même s'il y a dans le milieu de l'art des types aussi rusés que Tartuffe). L'art moderne est comme le GPS d'une auto : il montre le chemin, sans indiquer le sens du voyage. Si Marx doit faire table rase de la culture juridique hégélienne ou nazie, c'est afin de discerner le progrès de l'histoire : s'il y en a un, ou bien si tout n'est au contraire que de l'ordre du recyclage culturel ou du stylisme. L'idée d'éternel retour paysan, sur lequel la notion de culture repose, ne nie pas dieu directement, mais un dieu métaphysique. C'est là que se situe le front de la bataille, entre la culture négationniste de l'histoire ou de l'apocalypse, et l'historien occidental, tel Shakespeare ou Marx, qui peint la culture comme une mise en abyme. De quoi les bien-pensants ont-ils peur ? Du sens de l'histoire, puissant dissolvant de l'inconscient collectif. La liberté condamne les nations et le monde : c'est pourquoi ils n'en veulent pas.

- Peut-être avez-vous relevé la tendance actuelle de l'art moderne à se rapprocher du musée ? Ce n'est pas tout à fait nouveau, puisque Picasso ne cesse de pomper le musée, beaucoup plus intelligemment que les écrivains d'aujourd'hui, qui croient connaître quelque chose à l'art, alors qu'ils ne connaissent que l'art pédérastique de jouer du pipeau pour impressionner la galerie (Picasso est un très grand conservateur, bien plus à la hauteur de Franco ou de l'Espagne que le parasite Dali, pas très loin des clichés ou des chromes du cinéma).

Mais, si Picasso ne savait dissimuler son conservatisme, au moins aux profanes, il ne serait pas Picasso, mais un impuissant. Tandis qu'aujourd'hui la tendance est presque à revendiquer le musée ; à mélanger les bidules en plastique de Jeff Koons avec les machins en bois doré du château de Versailles, par exemple. Ou encore à exposer des dessins de graphomanes modernes à côté de ceux de Tiepolo, Boucher, dont l'effort était inverse de la graphomanie, mais peu importe, c'est le "cote à cote" qui compte.

On trouve des grenouilles de bénitier pour s'en offusquer, des vieilles demoiselles refroidies du "Figaro" : elles ne pigent pas que le musée joue le rôle d'étalon-or. Même Jean d'Ormesson n'est pas assez gâteux pour ça ! Si les demoiselles du "Figaro" en sont à ne pas piger qu'un vieux manoir résiste mieux au temps quand on le rénove régulièrement à coups de Manet ou de Picasso, c'est que tout en baignant complètement dans la religion, elles ne comprennent pas sa mécanique fatale.

- Il n'y a pas plus de "culture chrétienne" que de "culture marxiste" - et l'histoire officielle de l'art est une vaste plaisanterie qui consiste à moraliser complètement l'art pour en faire une vitrine -, puisque la culture sert à justifier l'homme, comme une cuirasse renforce un soldat.

La culture ou l'art pour l'art n'est pas moins utile que la publicité au commerce, simplement son utilité est d'ordre moral. Elle est invisible. Qu'il y ait des tocards chrétiens à prétendre le contraire n'y change rien ; la culture va au néant, un point c'est tout, quelle que soit son estampille. Et ce sont les sectes sataniques qui sont les plus justifiées de porter la croix. Elles indiquent à juste titre la note dans le domaine artistique. L'homme forge donc son identité culturelle contre le dieu des chrétiens, qui effraie l'homme par son manque de familiarité, tandis que Satan est, lui, au contraire, à l'aise dans tous les foyers.

Notre révolution à nous, chrétiens, n'est pas si méchantes, puisque nous demandons simplement à des vieillards, plus très éloignés de la mort et qui s'en sont fait quasi une raison, de cesser de nous bassiner avec leurs valeurs et leurs vieux trucs de bonnes femmes usés jusqu'à la corde.

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