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Satan et le couple

Il y a bien longtemps que j'ai relevé, sans la comprendre d'abord, l'hostilité du clergé catholique vis-à-vis de la mythologie, et son goût féminin pour l'art abstrait. C'est un tabou dans la République française, mais le goût républicain pour la comptabilité et la science juridique, prolonge celui du clergé catholique romain d'antan. Sans l'Eglise romaine et son anthropologie tautologique, la République ne serait jamais venue à bout de dieu seule.epiméthée,pandora,couple,satan

Pourtant le clergé catholique, pape en tête, feint de s'intéresser au judaïsme, et l'Ancien Testament des juifs est un récit à caractère nettement mythologique. Les prophéties juives sont transmises par des images (à ne pas confondre avec l'interdiction de représenter Dieu lui-même, qui revient à proscrire la théorie et les mathématiques égyptiennes ; un expert-comptable théorisera nécessairement dieu comme le veau d'or, selon son inexpérience des choses concrètes et son goût des équations : l'anthropologue qui étudie pour lui même, afin d'arroser sa petite rose, exige un dieu de rapport).

S'il y a un point commun entre les juifs et les Français, c'est l'esprit concret, anti-intellectualiste, où se vautrent au contraire les logocrates boches ou yankees. Tandis qu'il y a peu de chance d'impressionner un juif ou un Français avec la prose du nazi Heidegger, un plouc texan sachant à peine lire se prosternera devant cette rhétorique en forme de noeud gordien, qui excède tous les byzantinismes précédents. L'intellectualisme est la plus grande faute professionnelle de tous les temps, très proche du péché originel ; il a besoin de se déverser abondamment, pour dissimuler le parasitisme de l'intellectuel. L'intellectuel est ordinairement accompagné d'une greluche comme Narcisse, qui lui fait écho et confirme ses impressions. La greluche Hannah Arendt, par exemple, ça c'est de la bonne de curé !

Dieu ne peut pas être mis en équation : il ne peut être contenu dans le langage, qui est le récipient des choses humaines.

Une des raisons de l'hostilité à la mythologie, mouvement clérical multimillénaire, comme je l'ai découvert ultérieurement (déjà Platon s'efforce de saboter Homère autant qu'il peut, bien avant la grande-prêtresse républicaine J. de Romilly), c'est le rôle de conseiller conjugal tenu par Satan dans la mythologie. Fonction assumée par le curé du village le plus souvent (cf. les deux moines imbéciles dans "Roméo et Juliette"), le parrainage par Satan de cette fonction naturelle essentielle est plutôt embarrassant.

On observe que le tour de Satan est de ramener l'homme aux choses naturelles - à cet égard, on peut tenir les "écologistes chrétiens" pour d'aussi sinistres plaisantins que les "aumôniers militaires chrétiens", parfaitement coupés de l'esprit de dieu. Tandis que la mythologie a la force surnaturelle d'inciter l'homme à se méfier de sa nature, et à ne pas penser selon ses voies.

Pour moderniser le propos, on peut dire que les anthropologues au service de Satan travaillent à détruire la mythologie, et celà d'abord parce que leur domination sur le peuple est à condition d'une vérité la plus hypothétique possible. C'est d'avoir compris cela et de le porter, qui fait de Hamlet l'ennemi n°1 de la civilisation. Shakespeare a créé un personnage aussi haï dans l'Occident moderne que le Christ dans la Rome antique. Shakespeare, à l'aide de la mythologie, fait table rase de la civilisation. Attila est sans doute un plaisantin à côté. Rien ne vaut une bonne saignée, un charnier gigantesque, du point de vue de la civilisation, pour repartir de plus belle. Le bonheur nourrit l'idée de civilisation, comme le calcul requiert l'infini, mais la civilisation n'atteint jamais l'idéal qu'elle promet.

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