Une certaine franchise de la part de Nitche, bien qu'elle va à l'encontre de son apologie du mensonge, le rend moins antipathique que ses disciples. Peut-il franchement ignorer que Shakespeare, qu'il a lu, est à l'opposé de son prêche néo-païen conservateur ?
Avec les disciples de Nitche, la culture de vie païenne devient presque une science ésotérique. C'est un perfectionnement au sens où le mobile d'une société doit demeurer occulte. S'il n'y a pas des types pour se jeter par la fenêtre quand on le leur ordonne, la société est en péril. Les personnes morales ou éthiques, qui sont les piliers de la société, doivent être rompues au mal.
L'apologie de Satan par Nitche, notamment, est gênante et trop directe dans un Occident dont la défense des valeurs sonnantes et trébuchantes sont en partie assurée par des soldats et aumôniers catholiques, voire musulmans. Il a fallu gommer cet aspect du nitchéisme pour permettre à des imbéciles d'endosser l'uniforme sans trop faire de cauchemars. Faites lire par exemple "L'Antéchrist" de Nitche à un officier de cavalerie yankee, et il risque d'être un peu surpris de voir sa religion, qu'il croit chrétienne, prônée au nom du diable avec beaucoup plus de raison. Personnellement, je tiens ce procédé pour un crime contre l'humanité plus sournois que ceux des nazis, pour avoir vu des jeunes types bernés de la sorte, à l'état de loques humaines, après avoir éradiqué quelques-uns de leurs contemporains de la surface de la terre, dans des conditions qui situent leur courage physique à peu près au niveau de celui du gosse qui tue un hérisson d'un coup de talon.
Qu'est-ce qui peut bien unir un entraîneur de footballeur, un auteur de fiches de philosophie laïque républicaine, un avocat véreux, un journaliste libidineux, un universitaire "judéo-chrétien", un philosophe de plateau télé, un curé de paroisse catholique romaine, tous oecuméniquement derrière le nom de Nitche, sans presque tenir compte des principes de Nitche ?
Leur dénominateur commun, c'est le truc de la "morale pure", prônée par Nitche, c'est-à-dire l'opium du peuple. Exactement le procédé du slogan publicitaire moderne, dont Nitche n'a pas vu qu'il remplace avantageusement les vieilles religions païennes familiales de l'antiquité ; avantageusement, c'est-à-dire que la mécanique sociale moderne ne peut revenir à Dionysos pour subjuguer la masse des hommes. Le pouvoir de l'élite moderne dont Nitche défend les prérogatives, repose sur la croissance économique. Sans elle, le pouvoir religieux s'écroule, et il n'y a rien d'étonnant à ce que l'homme d'élite moderne soit attaché aux choses les plus triviales.
Commentaires
J'ai toujours été frappé par la corrélation entre les supporteurs du moustachu transi et ses idées. D'un extrême à l'autre, en passant par le milieu, ce qui existe de pire se reconnaît en lui. Même l'excellent Soral devient mauvais lorsqu'il se pique de prendre sa défense dans sa dernière vidéo. L'exercice est périlleux, on le sent mal à l'aise, comme défendant une erreur de jeunesse, en équilibre précaire sur la nécessité de répondre.