Je proteste auprès d'une jeune femme athée que le suicide n'est pas un tabou chrétien comme elle prétend, mais un tabou social. Aucune société ne tolère qu'on démissionne avant d'avoir versé pour elle son quota de sueur et de sang.
Puis je m'enquiers aussitôt des raisons de vivre de cette jeune athée, car l'absurdité du monde, et en particulier de la démocratie, me paraît une potion plutôt amère à avaler. A l'art et aux civilisations, le chrétien prête moins d'attention qu'aux étoiles filantes. Mais qu'en est-il de l'athée ?
- La curiosité, me répond-elle avec assez d'aplomb. Et c'est une assez bonne raison pour son jeune âge.
Il me faudra penser à lui dire que la curiosité est, en société, un vilain défaut, et que pour blanchir ses crimes plus facilement, le monde doit s'efforcer de maintenir à son maximum l'ignorance. Le nombre d'étudiants entretenu par la France n'est-il pas proportionnel à son ignorance ?