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chrétien

  • Chrétien à l'insu de son plein gré ?

    Peut-on être chrétien sans même savoir qu'on l'est ? A priori, l'affirmation de l'Apôtre Paul selon laquelle "Seule la Foi sauve" s'y oppose. Comment pourrait-on être chrétien sans connaître la Foi ?

    Il faut tout de même remettre l'affirmation de Paul de Tarse dans son contexte anticlérical pour mieux la comprendre : le clergé juif avait étouffé la Foi sous un tas de rituels ecclésiastiques. "Seule la Foi sauve" veut dire : la Parole de Dieu, et non les sacrements et les rituels des prêtres, qui peuvent se tromper au point de ne pas reconnaître dans Jésus-Christ le fils de Dieu, et le condamner à mort.

    Si les évangiles ne condamnent pas absolument le besoin social de rituels, ils soulignent que ce besoin s'ancre dans la Terre et non dans le Ciel ("Laissez les morts enterrer leurs morts !" Lc 9-60). Féminin ô combien, le goût des rituels : ne dit-on pas d'un homme qui manque de simplicité qu'il est une sorte de femme ?

    (Le rituel catholique du mariage est un tout autre problème, largement traité par Shakespeare, car il porte directement atteinte à la Foi.)

    La Foi protège donc le chrétien des errements humains terrestres. Mais Augustin d'Hippone propose cette métaphore limpide pour décrire l'état du chrétien qui possède la Foi "sèche" sans la Charité : il dit que le chrétien qui n'a que la Foi est "comme un homme assis dans le bon chemin, qui n'avance pas dans ce chemin."

    Il y a déjà un chrétien qui ignore qu'il est chrétien dans les évangiles, c'est le bon Samaritain, dont Jésus-Christ explique qu'il se comporte comme un Juif devrait, alors même qu'il ignore les commandements de Iahvé.

  • Le Chrétien et le Capital

    Commençons par dire pourquoi la "taxation des riches" et l'augmentation du SMIC ne sont pas des programmes d'inspiration marxiste. K. Marx s'opposa sur ce point aux socialistes français, pour une raison bien précise : la revendication d'un salaire minimum par les partis socialistes signifiait que leurs dirigeants n'avaient rien compris à la démonstration du "Capital" - démonstration que la "plus-value" implique la spoliation des travailleurs salariés.

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  • Chrétiens en guerre

               « Heureux les pacifiques, car ils seront appelés les enfants de Dieu. » Math. V:9.             

                  « S’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes. » Romains XII:18.

                Je propose, sous un titre volontairement ambigu, quelques réflexions sur la guerre et la foi chrétienne. L’ambiguïté reflète ici les postures adoptées par les chrétiens vis-à-vis de la guerre, différentes selon l’Eglise à laquelle ils adhèrent, leur nationalité, ou encore selon que la guerre les touche de près ou de loin.

    Cela peut laisser penser qu’il y a trente-six attitudes chrétiennes différentes vis-à-vis de la guerre. Ces tergiversations s’expliquent par la difficulté à être fidèle à la Parole de Dieu à cause du péché, non seulement à respecter cette Parole, mais aussi à l’entendre comme il faut.

    On voit ainsi que les apôtres de Jésus écoutèrent d’abord ses sermons et ses paraboles sans les comprendre ; l’apôtre Pierre manifesta plusieurs fois la volonté d’être fidèle à l’enseignement de Jésus, tout en faisant le contraire, par manque d’intelligence. Il se saisit ainsi un jour d’une épée pour défendre celui qu’il tenait pour son maître, contre des soldats venus l’arrêter, suivant un réflexe bien humain. Le Messie a condamné par avance toute intervention armée, sous prétexte de le défendre ; il a réparé immédiatement la blessure faite par Pierre à un soldat (symboliquement à l’oreille).

    ***

    Balayons pour commencer une contradiction apparente, pointée parfois par des adversaires de Jésus-Christ et de son enseignement, afin de démentir qu’il soit un prophète animé par un esprit de paix : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée. » Math. X:34.

    La guerre revêt ici une apparence symbolique ; le Messie se présente comme le chef d’une guerre sainte conduite contre leguerre,chrétien,témoins de jéhovah,pierre,royaume épée,paul de tarse mensonge, contre l’esprit de Vérité, c’est-à-dire Satan ; cette guerre dont l’apocalypse de Jean décrit symboliquement les étapes, ne passe pas par l’usage d’une épée en fer forgé, mais par la Foi chrétienne, représentée par une épée (on voit parfois l’apôtre Paul armé de cette épée dans des peintures chrétiennes, afin de rappeler le rôle primordial qu’il joue dans la guerre sainte de Jésus-Christ).

    La précision qu’il n’est pas venu apporter la paix « sur la terre » indique bien que le Messie n’est pas un chef ordinaire, qui chercherait à instaurer la paix civile dans tel ou tel pays ou contrée.

    Autrement dit le chrétien contribue par ses actions charitables à la guerre sainte contre Satan ; la parabole du Samaritain incite même à dire qu’un acte charitable, même s’il n’est pas accompli par un chrétien confirmé, contribue à la défaite annoncée de Satan.

    Précisons que les métaphores ou les symboles dans la bouche du Messie renversent l’ordre des obligations et des droits humains : en effet, la guerre qui est pour l’homme une nécessité, dans bien des cas (un acte de défense ou de survie), devient pour Jésus un acte d’amour, aux antipodes de ce que l’homme entend par « guerre » ; il en est de même pour le royaume, le mariage (de Jésus-Christ et de son Eglise), la pierre d’angle (la Foi)…, qui décrivent des réalités spirituelles célestes à l’opposé de ce que l’homme entend par royaume, mariage, pierre...

    On voit que le Messie n’affronta pas l’autorité civile romaine représentée par Ponce Pilate, détenteur d’une autorité politique et civile temporelle, qu’il ne contestait ni ne cautionnait. Le Messie affronta en revanche les pharisiens, le clergé juif, dans la mesure où celui-ci avait accaparé la Loi de Moïse et ne l’avait pas fait fructifier selon le plan de Dieu-Yahweh.

    ***

    Quand il parle de « paix » et de « guerre », Jésus-Christ parle donc de choses difficiles à concevoir pour l’homme, qui ont trait au salut et à la vie éternelle.

    Mais il n’est pas besoin d’être disciple de Jésus-Christ pour concevoir l’utilité de contenir les passions humaines et d’y mettre un frein pour éviter la guerre autant que possible.

    Le célèbre récit de « L’Iliade », plusieurs siècles avant l’ère chrétienne, nous montre que le guerrier le plus intelligent – Ulysse – est celui qui parvient à mettre un terme à la guerre, une guerre qui n’en finit pas, déclenchée par la passion illicite de deux amants.

    Sans trahir Homère, Shakespeare a prêté au personnage d’Ulysse dans son « remake » de « L’Iliade » (« Troïlus & Cressida ») l’intention pacificatrice, doublée de la ruse qui permet à Ulysse d’enrôler des guerriers guidés par leur orgueil au service du bien commun.

    La guerre fournit l’occasion à Homère, et plus nettement encore à Shakespeare, de montrer le mécanisme de la bêtise humaine.

    Il n’est pas besoin d’être chrétien pour comprendre l’utilité de contenir les passions humaines, cependant l’histoire des siècles récents XIXe, XXe et XXIe siècle, illustre combien la culture guerrière a pris le pas sur la civilisation. Le procès de régimes barbares comme le régime nazi ou le régime soviétique ne fait qu’ajouter à la barbarie l’hypocrisie, la moins susceptible d’infléchir le cours de la culture guerrière, qui va bien au-delà du nazisme et du communisme.

    Les chrétiens doivent au contraire remarquer que l’esprit belliqueux a contaminé des nations chrétiennes, ou qui se disent telles, à travers leurs représentants, leurs drapeaux, leurs constitutions…

    Ainsi un homme raisonnable, modéré ou encore civilisé, ne se résout à faire la guerre, ainsi qu’Ulysse, qu’en dernière extrémité seulement, et cela bien qu’il soit parfaitement entraîné au maniement des armes. La réticence d’Ulysse n’est pas celle d’une femme.

    ***

    Un chrétien se conformera à la prescription de l’apôtre Paul d’être en paix avec tous les hommes, autant qu’il est possible. Ce n’est sans doute pas une chose facile par les temps qui courent, tant la culture moderne a tendance à justifier les mouvements politiques violents.

    L’Evangile prohibe-t-il le métier des armes, suivant la pratique de certaines communautés chrétiennes (ordres religieux catholiques désarmés, « quakers » anglais au XVIIe et XVIIIe siècles…) ?

    Actuellement l’organisation des Témoins de Jéhovah proscrit le métier des armes à ses membres, ainsi que la conscription ; cela a valu à cette communauté chrétienne une interdiction de pratiquer son culte par la Fédération de Russie (en 2017), suivie de quelques arrestations pour infraction.

    Cette prohibition des Témoins de Jéhovah peut paraître à la fois une règle sage et une règle folle. Sage, car elle fait office de garde-fou contre l’esprit particulièrement belliqueux du monde contemporain, sa culture et son économie (« course aux armements ») qui semblent concourir à faire la guerre.

    Néanmoins la guerre n’est plus menée seulement par des soldats, maniant des armes, elle est aussi supervisée par des banquiers qui la financent, des ingénieurs qui travaillent à la conception d’armes sophistiquées, des physiciens qui découvrent l’usage létal de certains minéraux, des publicistes qui justifient les déclarations de guerre, des artistes qui exaltent le courage militaire, des ouvriers qui assemblent des chars… autrement dit la guerre mobilise beaucoup de monde et, suivant cette parole d’un philosophe : « Les citoyens d’une nation ne pourraient dormir tranquillement sur leurs deux oreilles si des soldats brutaux et prêts à toutes les exactions ne veillaient pas sur leur sommeil, postés aux  frontières. »

    On ne peut pas imputer aux seuls soldats et chefs militaires la responsabilité de guerres qui sont le fruit d’une volonté collective. On peut se demander si la proscription du métier des armes par les Témoins de Jéhovah est une mesure juste pour lutter contre l’esprit du monde ? Mais également si elle est une protection efficace contre cet esprit satanique ?

    Comme certains chrétiens ont confondu et confondent encore la « guerre sainte » avec la défense d’intérêts politiques terre-à-terre, la paix éternelle promise par Jésus-Christ ne doit pas être confondue avec la paix civile.

    Le pacifisme chrétien est donc un combat pour la paix. Déjà les prophètes de l’Ancien Testament faisaient coïncider l’avènement du royaume du Fils de Dieu, avec l’avènement de la paix :

    « Il [le Messie] sera le juge des nations, L'arbitre d'un grand nombre de peuples. De leurs glaives ils forgeront des hoyaux, Et de leurs lances des serpes : Une nation ne tirera plus l'épée contre une autre, Et l'on n'apprendra plus la guerre. » Esaïe, II,4.

    (Illustration : l'apôtre Paul représenté par Le Gréco portant l'épée de la Foi au côté de Pierre -XVIIe siècle)

  • Sur la Dictature sanitaire

    Quelques mots à propos de la dictature sanitaire instituée en France en mars 2020.

    A ceux qui trouvent le terme « dictature » trop fort, on répondra qu’il décrit mieux la réalité du mode de gouvernement actuel que le mot « démocratie ».

    L’assentiment de la majeure partie des Français à la dictature n’enlève rien à son caractère de impérieux ; depuis plus d'un demi-siècle la France est une monarchie républicaine hypercentralisée, et le parlement joue un rôle symbolique, pour ne pas dire décoratif.

    La crise sanitaire, comme le mouvement des Gilets jaunes auparavant, a eu pour effet de souligner un élément caractéristique de l'organisation politique actuelle, un élément «orwellien» puisqu’il s’agit du rôle crucial joué par les médias. L’assignation des Français à leur domicile et un périmètre de promenade réduit aurait été impossible sans le rôle de "persuasion" de la télévision et de la radio ; l’armée et la police n’auraient pas pu contenir la population française à elles seules.

    On pense ici à «1984» car son auteur y souligne le rôle du mensonge dans la dictature moderne ; celle-ci ne repose pas tant sur la contrainte physique que sur l’adhésion du plus grand nombre aux discours de propagande répétitifs, remplaçant peu à peu la culture écrite.

    On peut parler de fable marxiste car ce que Orwell qualifie de "mensonge" est très proche de l'idéologie combattue par Marx au nom de la science. Les différentes idéologies se justifient les unes les autres, un peu comme « la droite » justifie « la gauche » sur l'échiquier politique français, et vice-versa.

    En effet le nazisme se justifie par rapport au communisme ; le communisme se justifie par rapport à la démocratie-chrétienne (bourgeoisie), et la démocratie-chrétienne se justifie par rapport au nazisme. Tandis qu’en historien, au contraire, Orwell souligne les points de convergence entre les régimes nazi, communiste et démocrate-chrétien ; en effet ce qu’ils ont en commun est plus important que les divers slogans démagogiques qui permettent de les distinguer.

    Orwell accuse de surcroît «les intellectuels» d’être les actionnaires du mensonge, c’est-à-dire de maintenir autant qu’il est possible le peuple dans l’ignorance, au niveau de l’idéologie. Je ne veux pas m’y attarder ici, mais il ne serait pas difficile de démontrer que la télévision et la radio sont avant tout des instruments de manipulation de l'opinion publique, afin de la réduire à une masse la plus malléable possible.

    Certains font observer que la dictature chinoise est beaucoup plus sévère ; peut-être, mais ce genre de comparaison est très difficile à faire ; le nombre de suicides est-il plus élevé en Chine ou en France ? On l’ignore. Quoi qu’il en soit, pour des raisons économiques évidentes, on ne peut plus distinguer nettement la France de la Chine, car une bonne partie des produits de consommation courante vendus en France sont fabriqués en Chine par des esclaves.

    De mon point de vue, la crise sanitaire n’est qu’un aspect de la crise économique qui frappe l’Europe, une réplique de la secousse violente de 2008. La crise sanitaire n’a quasiment de sanitaire que le nom. La paralysie du système hospitalier, d’où découle la décision de placer le pays dans un coma artificiel, faute de réponse appropriée à la situation, est un problème économique et non directement médical. Le système hospitalier tel qu’il fonctionne en France reflète d'ailleurs une conception capitaliste de la médecine, qui touche tous les aspects : l’organisation des hôpitaux, mais aussi les études de médecine et la recherche médicale.

    On pourrait multiplier les exemples concrets à propos de cette médecine qui n’en est pas vraiment une ; je n’en citerai qu’un, ô combien significatif : l’arnaque du viagra à l’échelle mondiale ; il n’est guère difficile de comprendre en quoi et pourquoi la fameuse pilule bleue est un « remède » typiquement totalitaire.

    Disons aussi pourquoi la fable de G. Orwell n’est pas «complotiste», pourquoi elle ne fournit pas une explication et une solution simplistes. Orwell pointe la responsabilité des «intellectuels», ce qui n’implique pas tant une action concertée de leur part, que la faiblesse morale des intellectuels, qui trouvent dans l’idéologie ou le mensonge un certain confort, exactement comme le soldat ne peut pas se passer de «l’esprit de corps», ou les femmes de la «famille». Orwell ne craignait pas l'inconfort intellectuel, ce qui est la marque d'un esprit plus scientifique que militant.

    Les médias et la presse ne forment pas plus que l’armée française un «complot». Ils sont simplement caractéristiques d’une organisation politique où le mensonge, c’est-à-dire la publicité, la substitution du rêve à la réalité, joue un rôle essentiel.

    «1984» ne signale pas tant l’activité politique sournoise d’un parti accaparant le pouvoir qu’il souligne la passivité politique du plus grand nombre, travestie parfois en activisme politique. Les rares dissidents sont considérés et traités comme des grains de sable enrayant la mécanique du pouvoir.

    «Big brother» pourrait aussi bien être une intelligence artificielle, résolvant les problèmes d’organisation, exactement comme si l’espèce humaine était une espèce animale comme les autres.

    *

    Et les chrétiens dans tout ça ? Les chrétiens sont dans une position particulière sous plusieurs rapports. D’abord parce que le mensonge médiatique revêt parfois une teinture ou une coloration chrétienne. La démocratie-chrétienne, qui associe la démocratie à Jésus-Christ au mépris de son interdiction de mêler le Salut aux affaires humaines, n’est que la queue d’un vieux procédé consistant à accommoder la Foi chrétienne aux besoins des élites dirigeantes. La démocratie-chrétienne est avant tout destinée à légitimer le pouvoir de la bourgeoisie.

    Or les chrétiens fidèles sont les mieux placés pour reconnaître cette apostasie et la combattre ; je prétends d’ailleurs que c’est ce que Shakespeare a fait dans de nombreuses pièces, abattant méthodiquement tous les pans de la culture médiévale dans laquelle ce mensonge s'enracine.

    D’autre part, suivant les explications d’Augustin d’Hippone dans son sermon sur la chute de Rome, il n’y a pas de nation ni de ville sacrée sur cette terre pour les chrétiens puisque la « Jérusalem céleste » est la seule terre sacrée des chrétiens, dont la signification est métaphysique.

    La rébellion contre la dictature n’est donc pas plus chrétienne que le soutien à celle-ci. Ces deux erreurs, qui sont comme des pièges tendus par Satan, n’en sont qu’une seule, en fait.

    Rebelles ou obéissants, les gens le sont généralement par nature et alternativement ; nul n’est justifié d’accuser son prochain. Le chrétien ne doit pas craindre d’être traité de lâche par les rebelles ou d’anarchiste par les tenants de l’ordre public dictatorial. La Foi soustrait le chrétien à la folie du monde.

    Le Christ s’est contenté de souligner l’extrême difficulté pour le jeune homme riche d’accéder aux choses spirituelles, et on peut penser que cela vaut plus globalement pour les parties du monde corrompues par une richesse excessive, telle que l’Occident aujourd’hui.

  • Joie chrétienne ?

    Peut-on parler de "joie chrétienne" ? Y a-t-il quelque chose de réjouissant à se savoir dans la Vérité, tandis joie,chrétien,job,mélancolie,albert dürerque les autres cheminent dans les Ténèbres de l'ignorance ?

    La charité empêche ici de se réjouir de savoir autrui dans les Ténèbres, y compris quand il s'y obstine suivant une pente humaine.

    La plainte du prophète Job adressée à Dieu fait écho à cette question un peu théorique. Loin de se réjouir ou d'être satisfait de son sort, Job envierait plutôt les païens et leurs dieux souvent généreux, pourvoyeurs de dons.

    Sans l'assistance de l'Esprit saint, la Vérité demeure comme un petit trou de lumière au bout d'un tunnel, y compris quand on est chrétien. L'effort de l'Apôtre pour faire comprendre à ses disciples pourquoi seule la Foi sauve, à l'exclusion des oeuvres, n'est ni un mince ni un vain effort ; ce n'est pas un effort caduc non plus, si l'on se fie aux âneries proférées parfois par de soi-disant "chrétiens".

    Un païen au cours de son existence terrestre connaît une certaine quantité de jouissances physiques et une certaine quantité de frustrations physiques dont l'équilibre approximatif et précaire représente à peu près ce que l'on appelle "bonheur".

    Le bonheur et la joie de vivre des chrétiens ne sont pas si différents du bonheur et de la joie de vivre terrestres des païens, dont la pierre angulaire décelée par leur philosophe (Epicure) est la modération. Pour la même raison que l'Apôtre recommande d'accomplir des oeuvres sur cette terre, il est recommandable de cultiver la vertu comme font les païens ou les athées ordinairement, s'efforçant d'être ainsi en bonne intelligence avec la Nature.

    - Comme je l'ai déjà écrit ici : il n'y a aucune raison de voir dans l'aliénation mentale et les délires hystériques qui les accompagnent autre chose que le vice. Les chefs des communautés chrétiennes, à l'instar de Paul, ne devraient pas permettre à tel alcoolique ou tel illuminé de se proclamer "chrétien" ; encore moins soustraire aux autorités civiles des criminels ou délinquants, ce qui revient à préférer la gangrène à l'hôpital.

    Quelques mots sur la mélancolie, par lesquels j'aurais dû commencer. En effet, aussi heureux soit-il, l'athée n'échappe pas à la mélancolie, "humeur" que le peintre érudit Albert Dürer a figurée sous les traits de Satan, ange déchu, entouré d'objets symboliques. De la mélancolie on peut dire qu'elle est le propre de l'homme -les plus belles oeuvres d'art ont toujours un caractère mélancolique, parfois imperceptible au commun des mortels qui préfère la musique à des arts moins légers. La mort a pour effet de conférer aux plus belles oeuvres et aux plus grandes jouissances humaines une légère amertume.

    Le chrétien, lui, n'est pas condamné à la mélancolie, ni sous la forme aristocratique de l'art, ni sous celle, vulgaire et entraînant la déchéance, de l'alcoolisme.

  • Chrétien dans la Cité (4)

    La "culture moderne" est la manifestation la plus courante de l'athéisme ; elle découle directement de la "culture chrétienne", ennemie de la foi et qui la combat de l'intérieur à la manière d'un poison lent.

    La "culture moderne" compte beaucoup d'avocats ; pourtant il n'est pas difficile de démontrer que la "culture moderne" est impliquée dans la plupart des grands massacres perpétrés au XXe siècle. La "culture moderne" est effrayante comme l'enfer pour quiconque ose la regarder en face (Jérôme Bosch, Shakespeare...) au lieu de se voiler la face comme font les fous.

    Caractéristique commune à la Foi chrétienne et à la "culture moderne", foyer du satanisme : la prétention à l'universalité.

    On note ici que c'est la LA SEULE RAISON qui explique l'importance prise par la géométrie algébrique (mathématiques dites modernes ou "post-euclidiennes") dans la science occidentale, la moins matérialiste et la plus mystique de toutes les sciences. Cette remarque permet de comprendre que la "culture moderne" s'étend non seulement à l'éthique, la politique, l'art, mais aussi la science.

    A la "culture moderne", cette civilisation-mirage, qui incite le chrétien à se poser la question de l'étendue de l'apostasie ou du pouvoir de l'Antéchrist, une petite minorité d'athées (F. Nietzsche) oppose le retour à la "civilisation véritable" ; le dégoût de l'Occident inspire sans doute à beaucoup de jeunes gens le goût de la vertu. Mais l'illusion de la civilisation antichrétienne n'est pas beaucoup moins grande car il n'y a pas de civilisation stable, pas plus qu'il n'y a de bonheur stable, cela n'a jamais existé.

    Nous, chrétiens, ne devons pas nous étonner que les athées, privés de la Foi véritable, se tournent vers le mirage de la "civilisation" ou de "l'art", comme on trempe une épée dans le feu pour la durcir. Mais en aucun cas nous ne devons contribuer à l'illusion humaine contenue dans la civilisation, au risque de basculer dans l'étang de feu comme tous les actionnaires de ce monde.

  • Chrétien et/ou Gilet jaune

    Je répète depuis plusieurs années sur ce blogue ces deux choses :

    - La première est que l'idéologie démocrate-chrétienne et le capitalisme sont étroitement liés, à savoir un machiavélisme politique d'une ampleur sans précédent dans l'Histoire et une "économie" dont K. Marx a élucidé l'impulsion mystique.

    Les soi-disant "économistes" qui tentent de rendre compte de façon rationnelle du capitalisme ne parviennent pas à en rendre compte. Ce qui permet d'ailleurs de tirer un constat d'échec global de toutes les "sciences humaines" modernes, non pas faites pour éveiller la conscience mais pour l'endormir.

    - La seconde est que K. Marx a décrit il y a près d'un siècle et demi la mondialisation et ses conséquences catastrophiques ; tandis que la culture libérale impose de les ignorer. L'ignorance est une condition du capitalisme comme elle est une condition de la dictature.

    En ce qui concerne le mouvement des Gilets jaunes, de soulèvement contre les conditions de la vie moderne dans un pays relativement riche (endetté auprès de nations où règne un esclavage plus dur), il présente un avantage et un risque.

    Ce soulèvement a le mérite de mettre à jour le machiavélisme extraordinaire des élites dirigeantes, tout l'arsenal rhétorique qu'il requiert, où les journalistes et l'enseignement scolaire ont une part prépondérante dans une France en principe sécularisée. Une part de ceux qui ne distinguaient pas dans la démocratie libérale une dictature molle a sans doute été déniaisée.

    Le risque du mouvement des Gilets jaunes est d'inciter à une nouvelle rêverie politique. A cet égard, il faut dire que les chrétiens sont parfaitement dissuadés d'espérer dans la politique autre chose que ce que la nature nous permet d'attendre. Les oeuvres ne mènent pas au Salut chrétien promis par le Christ explique l'Apôtre, mettant ainsi un terme définitif à la démocratie-chrétienne, imputable à des chrétiens félons ou orgueilleux.

    Ce n'est pas l'enrichissement que font miroiter les édiles démocrates-chrétiens qui est désirable, mais au contraire la pauvreté qui est une porte ouverte sur les choses de l'Esprit.

  • Chrétien dans la cité (3)

    Souvent citée en référence à propos des questions de politique, l'épître de Paul aux Romains l'est souvent mal à propos.

    Le chrétien ne trouvera aucun encouragement chez l'Apôtre à se mêler des "questions de société", pour la simple et bonne raison que ces questions peuvent être dites "mondaines".

    Le chrétien ne peut se comporter en actionnaire du monde. De surcroît, il n'est pas évident que les débats et l'agitation autour des questions de société aient une quelconque fonction pratique. Leur fonction première et essentielle n'est-elle pas de divertir la foule, et de la scinder en plusieurs groupes ? (car un peuple uni est pratiquement ingouvernable par une petite minorité).

    Croit-on vraiment que le choix par la société du divorce fut un véritable choix ? N'est-ce pas plutôt l'industrialisation qui a fait perdre au mariage la valeur qu'il a dans le monde paysan ?

    A propos de la Procréation médicalement assistée (PMA) et du débat autour de celle-ci -qui donne du grain à moudre aux journalistes-, on peut observer qu'elle se présente avant tout comme un progrès technologique. A cet égard un tel procédé représente un symbole pour une culture qui s'appuie essentiellement sur le progrès technique et juridique, et pour cette raison évite systématiquement de faire un bilan sérieux de ce dit "progrès".

    Et ce n'est pas comme si la technologie faisait soudain irruption dans les moeurs des Occidentaux, où elle a pénétré depuis longtemps déjà.

    J'ai ouï-dire de certains démocrates-chrétiens qui forment des groupes de pression opposés à la PMA ; comme ils sont moins nombreux à s'opposer à la vente d'armes ultra-modernes et ultra-destructrices à des dictateurs, on peut les suspecter d'hypocrisie.

    S'opposer au progrès technologique tout en faisant usage de celui-ci est comme vouloir le feu sans la brûlure.

    Le chrétien s'abstiendra de céder aux sirènes du progrès technique autant qu'il est possible en comprenant que, de façon générale, il donne une impulsion supplémentaire à la vanité naturelle de l'homme - c'est particulièrement net en ce qui concerne la démocratie, qui a pour effet de rendre immodeste l'homme du peuple, ouvrant ainsi droit à un régime où la flatterie devient l'essentiel du discours politique.

  • Chrétien dans la Cité (2)

    A propos de l'exhortation d'un prélat catholique français : - C'est un devoir chrétien de voter.

    Celle-ci a été prononcée il y a quelques années, mais il est à craindre que ce prélat ne la renierait pas aujourd'hui.

    Il s'agit là d'un péché contre l'Esprit, autrement qualifié de "fornication" dans la théologie chrétienne, car c'est le péché le plus grave que l'on puisse commettre - sa gravité excède celle de l'impudicité.

    L'Apôtre prône dans son épître aux Romains la soumission aux autorités civiles. Il faut comprendre que Paul prône la soumission dans le domaine des affaires civiles, non dans le domaine spirituel (cela peut sembler une évidence, mais dans les temps modernes la politique a pris une coloration mystico-religieuse dans de nombreux pays).

    Le vote n'est pas une obligation légale en France; bien que les pouvoirs publics incitent fortement les citoyens à voter, aucune sanction n'est prévue en cas d'abstention. Le chrétien n'a aucune raison d'aller au-delà de ce que la loi civile exige - ce prélat est donc un menteur ; or c'est le devoir du chrétien de combattre le mensonge.

    - Si l'on se place dans un contexte où l'abstention est sanctionnée, comme c'est le cas au royaume voisin de Belgique, dans ce cas le chrétien assujetti au roi des Belges doit voter, ou tout du moins s'acquitter de l'amende prévue en cas de défaut, comme les autres sujets. Mais ce n'est pas là son devoir "en tant que chrétien", mais en tant que sujet du roi des Belges.

    En tant que chrétiens nous devons conserver à l'esprit que, selon l'Apôtre, "les oeuvres ne sauvent pas", mais seulement la foi en Jésus-Christ ; l'action politique ne contribue pas au salut, car il s'agit d'une oeuvre de chair. En se mêlant trop de questions sociales ou politiques, le chrétien risque d'oublier l'avertissement du Messie selon lequel son royaume n'est pas de ce monde - c'est là le plan de Satan : faire prêcher un faux christianisme.

  • Chrétien dans la Cité (1)

    Le thème du "chrétien dans la cité" ou du chrétien en politique est la bouteille à l'encre. Il a donné lieu à des débats infinis au cours des siècles et à des conclusions radicalement différentes.

    Je ne vais pas essayer d'élucider cette question en quelques lignes mais je me contenterai de quelques remarques et observations.

    Les chrétiens se sont trouvés et se trouvent confrontés au cours des siècles à des régimes politiques et des gouvernements très différents, tantôt encourageant certaines formes de culte chrétien, tantôt en dissuadant par la force, ou encore les tolérant.

    "Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures ; car il n'y a point de puissance qui n'émane de Dieu, et toutes lui sont soumises." (Rom. 13)

    Quand l'apôtre Paul, lui-même juif et citoyen romain, ordonne à ses disciples de respecter les pouvoirs publics romains, il contredit une idéologie ou une mentalité répandue en son temps parmi les juifs, les portant à croire que le messie allait libérer Israël du joug romain.

    Paul ne fait que confirmer l'avertissement de Jésus-Christ : "Mon Royaume n'est pas de ce monde."

    La manière dont Dieu veut établir son Royaume de Justice n'est pas celle dont rêvent les hommes. Ce n'est pas un procédé éthique ou politique. Il n'y a pas non plus de doctrine sociale ou politique "chrétienne" possible selon l'Apôtre, pour la même raison qu'elle revient à se substituer à la volonté de Dieu qui a été révélée aux Gentils par Jésus-Christ.

    "La sagesse de ce monde est folie devant Dieu." (1 Cor. 3:19)

  • L'Avenir de l'Homme

    Je ne connais que deux sortes d'hommes capables d'insulter l'Avenir : le suppôt de Satan et le chrétien ; entre les deux, la masse grouillante des dévots, qui préfèrent laisser le "hasard" décider à leur place.

  • Du Mysticisme

    Le mysticisme est le déguisement préféré de la bêtise et de l'ignorance.

    Je ne veux pas restreindre le propos au mysticisme religieux, car nous vivons dans une époque mystique au sens très large, sans doute l'époque la plus mystique de tous les temps.

    Cela fait bien rire d'entendre parler de "cartésianisme" en un temps où la croyance dans la démocratie, ou bien dans le voyage dans le temps, les univers multiples, l'amour, la paix dans le monde, les super-héros (j'en passe et des meilleures), sont répandues dans le peuple et même les élites.

    Le goût généralisé de la musique est le signe d'une culture mystique ; comme la musique est un remède, cela signifie que le mysticisme est une maladie.

    - Le christianisme est-il une religion mystique ? On peut le croire si on se fie à la coïncidence suivante : les nations occidentales, baignant dans cette culture mystique, revendiquent en même temps le plus souvent le christianisme, à l'exemple des Etats-Unis ou de la Russie, revenue aussi vite qu'elle l'avait abandonnée à l'orthodoxie. On peut le croire si on se fie à un ouvrage tel que le "Génie du christianisme" (Chateaubriand), mystique à bien des égards, pour ne pas dire mystificateur.

    Mais si l'on examine les écritures saintes chrétiennes, on verra qu'elles ne sont pas mystiques. D'abord parce que les apôtres éclairent des pans de la religion juive demeurés obscurs jusqu'à l'avènement du Sauveur, de sorte que l'on peut dire que le christianisme est moins mystique que le judaïsme, qui déjà se distinguait des religions païennes par une vision du cosmos plus claire, moins propice à l'hystérie mystico-religieuse.

    On note qu'il y a bien quelques aspects des évangiles qui demeurent mystérieux, comme le nombre de la bête (666) ; saint Paul qualifie aussi de "grand mystère" le mariage du Sauveur et de son Eglise ; l'apocalypse de Jean peut paraître un texte mystérieux : de nombreux passages sont seulement mystérieux du fait de l'ignorance de l'homme moderne du langage des symboles.

    Néanmoins, dans tous les cas, l'encouragement explicite du Sauveur et des apôtres est à élucider les quelques passages mystérieux des Evangiles, non à entretenir le mystère. De même les évangiles ne font pas de la science un péché ; les Français le savent bien puisque les philosophes des Lumières se sont appuyés sur les évangiles pour contester le monopole du clergé catholique sur la vérité scientifique, vérité bien sûr relative compte tenu de l'ignorance persistance de nombreux aspects du cosmos.

  • Elections et boniment crétin

    A quel péché capital le chrétien songe-t-il en observant le cirque des élections présidentielles ? Je dirais la luxure, au vu de cette débauche de tracts, d'interviews, de temps passé à arpenter le pavé pour tenter de convaincre son prochain de voter pour tel ou tel candidat...

    Mais aussi, comme la démocratie est un régime de plaideurs, où la rhétorique occupe une place extraordinaire, le chrétien songe à l'évangile de Matthieu, largement consacré à la défense de la vraie religion contre celle des pharisiens et des scribes :

    - Ecoutez et comprenez ! Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l'homme. (Matth. XV, 11)

    Il n'y a rien de plus détestable que le "boniment chrétien", et les flatteries en direction du peuple à l'occasion de la campagne électorale y ressemblent beaucoup, du fait de cette philanthropie frelatée que l'on trouve dans toutes les bouches, dont l'organisation sociale dément systématiquement la sincérité.

  • Votez con !

    Voter est ce qui s'appelle du point de vue chrétien "se jeter dans la gueule du loup".

    Redisons ici à quel point la démocratie prouve Dieu et l'Histoire, à travers l'acharnement bizarre de cette idéologie moderne et de ses prêtres à flatter le peuple dans le sens opposé à celui indiqué par l'évangile de dieu, auquel la démocratie-chrétienne se garde de s'attaquer directement.

    En cela la démocratie-chrétienne diverge nettement de la tactique d'éradication du judaïsme et du christianisme prônée et ourdie par Nietzsche.

    Comme je l'ai déjà écrit ici, la tactique démocrate-chrétienne est tactiquement bien supérieure à celle des suppôts de Satan qui s'expriment ouvertement comme Nietzsche.

    C'est un fait aisément démontrable que la "démocratie-chrétienne" tend peu à peu à n'être plus qu'un "parti démocrate", composé d'adorateurs du veau d'or ; cependant elle ne doit pas trop s'éloigner de la mission qui lui a été assignée par Satan de former entre le peuple et Jésus-Christ une sorte de cordon sanitaire.

    On peut soupçonner à travers le propos de la démocratie-chrétienne elle-même son antichristianisme sournois, et d'une espèce plus redoutable que l'apologie de Satan. La démocratie-chrétienne est en effet assimilable à une promesse de salut universel ; au contraire Jésus-Christ annonce que "peu seront élus" par le Père, invités au festin de la vie éternelle, car il sait combien le pouvoir d'attraction de Satan est grand, et l'homme faillible dès lors qu'il est privé de la force de l'esprit.

    Il est un fait constatable, dans la littérature et la culture démocrate-chrétiennes, c'est l'effacement progressif de Satan. Cet effacement a pour corollaire ce que les anthropologues modernes qualifient de "triomphe de la raison sur les mythes". Quel mythe lesdits anthropologues cherchent-ils à faire passer à la trappe ? L'apocalypse, c'est-à-dire l'histoire tragique du combat de l'homme contre Satan.

    L'asservissement dont Jésus-Christ nous explique que l'homme est victime, et dont la mort est la conclusion effective, cet asservissement l'idéologie démocrate-chrétienne le nie, tout en assignant au peuple un but dont les évangiles ne comportent pas l'amorce.

    On peut par conséquent être chrétien et ne pas se sentir concerné par le mysticisme frelaté et somptuaire de l'élection du président au suffrage universel. En revanche les mensonges proférés par les démocrates-chrétiens au nom de Jésus-Christ requièrent que nous indiquions où se situe la vérité - dans la direction opposée au piège tendu par la démocratie-chrétienne et ses représentants, laïcs ou prêtres. 

  • Foi et Raison

    Un catholique authentique, se réclamant de la Parole de Dieu, ne peut amalgamer la foi et la raison, ni même les juxtaposer. - Seule la foi sauve, dit justement l'apôtre Paul, et non les oeuvres. Cette mise en garde de Paul, fortement étayée, est dépourvue d'ambiguïté.

    Il faut en déduire que la "raison" n'a pas de portée universelle selon Jésus-Christ. Aucune société n'a de d'ailleurs de mérite particulier aux yeux de Dieu. Le "peuple juif" n'est pas un peuple, une société ordinaire, dont les membres seraient liés par le sang ; quant aux expressions de "France chrétienne" ou "d'Occident chrétien", elles sont entièrement dénuées de sens - ce sont des expressions sataniques, c'est-à-dire des expressions faites pour dissimuler la signification spirituelle des Evangiles.

    Quel besoin les propriétaires ont-ils de la bénédiction de leur propriété par Jésus ? Pourquoi ne la réclament-ils pas plutôt à Satan ? Ou, si le mot de Satan leur déplaît, à Bouddha ou Zarathoustra ? On voit bien, ici, que le besoin est d'abord pour Satan de régner à travers des mensonges.

    Comme l'antichristianisme procède surtout de l'enfouissement de la Parole divine sous des mensonges, le chrétien se doit de dévoiler l'antichristianisme, comme dans l'allégorie imaginée par Shakespeare, "Hamlet, Prince de Danemark".

    Dans cette tâche, le chrétien peut compter sur l'assistance de l'Esprit de Dieu (figuré dans "Hamlet" par le spectre du roi assassiné).

    Qu'est-ce qui se cache derrière l'invocation de la raison ? La philosophie. Au moyen-âge, certains clercs catholiques prétendirent s'appuyer sur Platon ou Aristote ; aujourd'hui, c'est la philosophie de Hegel qui soutient le discours des hauts dignitaires du clergé catholique.

    Or Jésus-Christ s'adresse à ses apôtres largement par le biais de l'allégorie ou de la parabole, et non comme un philosophe s'adresse à un collège de disciples. L'auteur de "Hamlet" est ainsi justifié de passer par le biais de l'allégorie.

    Si le discours philosophique de la raison peut être regardé comme désuet au regard de la foi chrétienne, autour de laquelle se jouent l'avenir et la fin de l'humanité, Jésus-Christ ne prône pas la folie pour autant. Il rend à Platon ce qui est Platon, comme il rend à César ce qui est à César.

    Quand un chrétien se mêle de philosophie ou de politique, il ne peut manquer d'établir une hiérarchie entre sa foi chrétienne et la raison qui gouverne temporairement les hommes. Ainsi firent par exemple le savant chrétien Francis Bacon ou René Descartes à sa suite, distinguant avec netteté, au contraire des théologiens dits "scolastiques", les vérités et recherches relevant de la foi supérieure, des raisonnements et sciences subalternes, c'est-à-dire "anthropologiques".

    C'est l'amalgame entre la foi et la raison qui équivaut au péché de fornication, dirigé contre l'Esprit de Dieu, et qui représente la colonne vertébrale de l'antichristianisme. Il s'agit ici, de façon sans doute plus intentionnelle et rusée, de conférer à la philosophie ou à la raison l'aura d'une parole sacrée.

    Un observateur attentif de notre société mondialisée peut mesurer à quel point le discours visant à amalgamer la foi et la raison, suivant diverses stratégies (dont l'hégélianisme n'est pas le seul exemple), est représentatif de l'idéologie dominante, que celle-ci soit confessionnelle ou laïque, voire athée.

    Ainsi l'utopie démocratique moderne n'emprunte à Platon pratiquement aucune de ses modalités pratiques ; en revanche elle est, comme chez Platon, constituée d'un mélange de foi et de raison.

    On peut mesurer aussi à quel point, non seulement la foi chrétienne se trouve altérée par cet amalgame, mais également la raison philosophique ou politique, voire la science.

     

  • Le Christ anarchiste

    Contrairement à ce qu'affirment les philosophes catholiques menteurs, il n'y a pas d'anthropologie chrétienne autrement que sous la forme d'une trahison de l'esprit et la lettre de l'Evangile ; le raisonnement anthropologique correspond en effet à ce que l'Evangile nomme "bâtir sur du sable".

    On peut prendre l'architecture comme le raisonnement anthropologique-type. L'architecture ou la géométrie constitue l'essentiel de la pensée païenne antichrétienne, dans la mesure où une géométrie intelligente et raisonnée (ce que n'est pas la géométrie algébrique moderne) est une "philosophie naturelle", c'est-à-dire un art supérieur à ce que l'homme moderne appelle "doctrine sociale", et qui a conduit à de nombreuses catastrophes humanitaires.

    L'architecture catholique romaine trahit le plus visiblement le message évangélique. Les cathédrales gothiques, en particulier, ont toute l'apparence d'un culte rendu au diable.

    Le plus gros écueil sur laquelle le mensonge de la philosophie catholique se heurte, c'est l'apôtre Paul ; c'est pourquoi le clergé romain mène une guerre secrète contre l'apôtre Paul afin de dissoudre son enseignement extrêmement peu compatible avec les thèses des élites judéo-chrétiennes. La démocratie-chrétienne ne peut s'en prendre directement à la figure du Christ - la ruse serait alors trop visible.

     

  • De l'Athéisme

    En ce qui me concerne, j'ignore en tant que chrétien le concept de "communauté chrétienne". Seul le terme de "camp des saints" a une consistance évangélique ; on peut dire que tout individu qui se veut chrétien "frappe à la porte du camp des saints".

    - De surcroît, il serait malhonnête de ne pas reconnaître la prévalence du "mode de vie" sur la religion aujourd'hui. Et si l'on a un peu de lucidité, en plus de la bonne foi, on reconnaîtra que la notion de "mode de vie" est une notion religieuse. On peut fort bien défendre son mode de vie de manière fanatique : les événements politiques récents fourmillent de tels exemples.

    Contre les combattants mahométans qui ont fait un carnage dans une salle où était donné un concert de musique satanique, les Français ont été mobilisés au nom de la laïcité, mais plus largement encore au nom de la notion plus terre-à-terre du "mode de vie". Evidemment les Français dans le besoin ricaneront à l'évocation du "mode de vie" à la française, qui permet surtout de former une ligne de défense ou d'attaque entre un riche athée et un riche catholique, musulman, juif, etc., contre ceux qui menacent, non leur liberté, mais leur jouissance.

    Je ne tiens donc pas compte dans mes rapports avec mon prochain des opinions religieuses ou athées qu'il professe. Plus une opinion est superficielle, plus elle traduit le besoin d'un individu de se rassurer en se réfugiant dans son opinion. L'expérience est un moyen pour l'homme de se libérer de ses opinions primitives, je dirais comme un oiseau saute du nid, avec le risque de s'écraser.

    Il convient ici de remarquer la force de l'opinion chez "le jeune con de première ligne", que celui-ci soit "djihadiste" ou "antidjihadiste" ; l'étincelle qui jaillit et met le feu au tonneau de poudre du "choc des cultures" est produite par la friction de deux opinions contraires, aussi peu profondes l'une que l'autre. La nature de l'opinion compte peu. Seul l'effet qu'elle produit compte. Seconde remarque : aucune société, ni aucune culture, ne peut se dispenser, comme une fourmilière a ses soldats, de maintenir un certain nombre d'individus au stade de l'opinion. Les cultures et les sociétés les plus dangereuses sont celles qui feignent le contraire.

    - De surcroît j'évite autant que possible de fréquenter ce que j'appelle des "démocrates-chrétiens" ; "Vade retro satanas !" a dit le Christ à ses apôtres, chaque fois qu'ils ont projeté sur sa parole divine leurs fantasmes. Or l'idéologie démocrate-chrétienne est le principal vecteur de l'antichristianisme aujourd'hui, c'est-à-dire de la subversion du message évangélique. Je me souviens du temps où j'étais encore "démocrate-chrétien" comme d'un temps où mon esprit était absorbé par des détails, comme entravé. J'ai entendu dire récemment que, pour les mahométans, l'enfer est surtout peuplé de femmes. Je dirais plutôt, en tant que chrétien, que les femmes ont un souci excessif des détails ; telle est leur tournure d'esprit particulière. Or dieu n'est pas dans les détails, ni même Satan d'ailleurs. C'est ce que dit Jésus à Marthe : - Cesse de t'occuper des détails, entends plutôt la Vérité.

    C'est ce qui explique, comme les anciens Grecs l'avaient déjà remarqué, que le soldat a une tournure d'esprit féminine ; c'est la mort qui est dans le détail, et elle est pour une femme comme pour un soldat une divinité ou une sanction supérieure à toutes les autres.

    A propos de l'athéisme, je voulais faire la remarque qu'il s'est éloigné de la "libre-pensée" ou de l'esprit critique avec lesquels il a pu se confondre naguère, et s'est rapproché de plus en plus de l'opinion ou de la conviction. Je ne connais pas beaucoup d'athées aujourd'hui, capables comme les philosophes des Lumières d'argumenter contre Pascal ou contre les prétendus dogmes catholiques.

    On entend et lit parfois des personnes faisant profession d'athéisme qui se plaignent de la résurgence des religions. Ils feraient bien d'observer que l'opinion fait office de pensée chez beaucoup d'athées depuis longtemps déjà. De sorte que le fanatisme ne passe pas exclusivement par le prisme du mot "dieu". Ces athées-là font confiance à un enseignement scolaire laïc dont la valeur scientifique est approximativement celle du catéchisme.

    Il n'y a pas un, mais DES athéismes, et le plus répandu en France prend racine dans l'anthropologie catholique romaine. C'est un catholicisme larvé ou "inconscient".

    L'antichristianisme de Nietzsche n'est pas un athéisme au sens où on l'entend couramment, puisque, selon Nietzsche, ce sont les chrétiens et les juifs qui sont les seuls athées, mus par un raisonnement catastrophique et non par dieu. Nietzsche accuse les juifs et les chrétiens, non pas de se soumettre à une force supérieure, mais au contraire de ne pas s'y soumettre. Si Nietzsche fait prévaloir, D'UNE MANIERE TRES PEU ATHEE ET TRES PEU MODERNE, l'art sur la science, c'est précisément à cause des caractères religieux et théologique qu'il accorde à l'art, bien plus qu'à la science.

     

  • Marx chrétien

    L'idée que la critique et l'histoire marxistes puissent être dites "chrétiennes" dérangent le plus souvent, bien au-delà des autorités ecclésiastiques romaines.

    Les évangiles et la critique marxiste ont en commun d'être actuellement censurés ; les évangiles par l'Eglise romaine, qui leur prête une signification anthropologique qu'ils n'ont pas (le théâtre de Shakespeare illustre le mécanisme de substitution de l'anthropologie catholique à l'eschatologie chrétienne) ; la critique marxiste a été occultée quant à elle par la doctrine politique stalinienne ou marxiste-léniniste ; celle-ci a rétabli le culte de l'Etat, que Marx et Engels avaient ébranlé au nom de la science et de l'histoire.

    Lénine fit lui-même le rapprochement entre le communisme, religion d'Etat, et le catholicisme romain du temps de Louis XIV, largement vidé de son sens eschatologique pour servir les intérêts d'une élite politique. Lénine constate cette évolution pour la déplorer, sachant à quel point le marxisme authentique est peu enclin au culte moderne de l'Etat bourgeois. De fait la France de Louis XIV connût avant la Russie soviétique un essor technique et administratif, promptement baptisé "progrès" par la propagande.

    On peut parler de censure dans la mesure où la critique marxiste comme le christianisme sont plus connus du grand public dans leurs versions "officielles" qu'ils ne sont dans leurs versions scripturaires authentiques.

    Si l'adjectif "libéral" voulait dire quelque chose, il devrait s'appliquer à Marx dans la mesure où celui-ci définit le respect de l'Etat comme un sentiment de dévotion religieuse dérivé du catholicisme romain.

    Le culte de l'Etat ou de ses représentants les plus éminents n'est pas une chose tout à fait nouvelle, mais il a pris sous l'impulsion du clergé catholique romain une dimension plus mystique que jamais - disons plus "abstraite", pour employer une expression moderne qui indique de quoi le mysticisme et la foi dans l'Etat moderne totalitaire sont faits - c'est-à-dire de l'abolition (théorique) des limites de l'Etat.

    L'idée d'un Etat et d'un gouvernement mondiaux est ainsi une idée religieuse mystique, qui découle indirectement de l'interprétation anthropologique des évangiles. En effet l'Etat moderne est "absolu" au sens où il n'a pas de limite physique ; sa limite est l'avenir de l'humanité, horizon le plus indéfini. La philosophie antique recherchait à la fois des limites et des justifications au pouvoir politique dans la nature ou le cosmos ; la pensée moderne s'affranchit de ces limites en faisant reposer la légitimité du pouvoir sur l'homme ou l'humanité. C'est sur ce dernier point que se situe l'influence de l'anthropologie catholique romaine, qu'elle porte un masque athée (Feuerbach, Sartre) ou non (Hegel).

    Selon Marx l'Etat moderne, non seulement incarne l'iniquité, mais il est le nouveau nom donné à dieu suivant une ruse républicaine et une adaptation à la nouvelle donne économique industrielle.

    La meilleure façon de prouver que Marx n'est pas chrétien serait de démontrer que sa doctrine est une doctrine socialiste ; en effet, le christianisme authentique est radicalement anarchiste et antisocial. Ainsi, l'incitation évangélique à la pauvreté est entièrement dépourvue de fonction sociale. La pauvreté, dans le christianisme, a une vocation spirituelle, non pas éthique ou politique.

    Un lecteur des évangiles, simplement de bonne foi, pourra constater deux choses : - Jésus-Christ ne cède à aucune revendication temporelle ou sociale de son entourage ; - l'accomplissement social de la loi de Moïse par le clergé juif est à quoi le Messie s'oppose le plus et la cause du complot des pharisiens contre lui, car l'ordre ecclésiastique est lié à l'ordre social.

    De façon lapidaire on peut dire que toute la difficulté du message chrétien est qu'il n'est pas un message social - sa difficulté de compréhension, aussi bien que d'accomplissement, et cela d'autant plus que l'on occupe sur l'échelle sociale une position élevée. Shakespeare, d'où Marx découle largement, a montré que l'absurdité moderne, politique et sociale, consiste dans le mariage incohérent et impossible de l'élitisme moral et politique (morale et politique sont nécessairement élitistes) et du message chrétien (nécessairement antiprovidentiel et antiélitiste).

    La mythologie de Shakespeare ne permet de fonder aucun socialisme - ni un socialisme antichrétien, tel qu'en rêvèrent Nietzsche ou Hitler, ni encore moins un socialisme chrétien, le tragédien illustrant dans la plupart de ses pièces sur quelle fausse spiritualité médiévale cet amalgame repose.

    Marx est-il beaucoup plus socialiste ? La preuve qu'il ne l'est guère fut la nécessité pour Lénine d'inventer le "marxisme-léninisme", c'est-à-dire d'ajouter un volet révolutionnaire et politique à une critique marxiste bien plus orientée vers l'histoire et la science qu'elle n'est vers la recherche d'une solution politique.

    Un régime politique qui ne fait pas place à l'ignorance, y compris sous la forme contemporaine de la "culture de masse", s'expose à l'instabilité. La science n'est en effet d'aucun secours ni usage sur le plan politique. Le savoir ne contribue en rien à la soumission à l'Etat que la citoyenneté implique. La science ne fait pas partie de ce que l'on qualifie parfois de "libertés politiques", et qui sont restreintes à la liberté de jouir plus ou moins suivant des circonstances qui échappent à la volonté et au contrôle du citoyen lambda. La limite de la "science universitaire" est une limite d'ordre politique.

    C'est enfin la déconstruction de l'édifice du droit moderne, sans chercher à remplacer cette casemate par une autre, qui fait de Marx un penseur bien peu "socialiste". En cela Marx prolonge encore Shakespeare, qui fait apparaître le droit comme une vérité relative, et non absolue ainsi que le citoyen moderne incline à penser le plus souvent, suivant une culture totalitaire empreinte de mysticisme.

     

  • Marx chrétien ?

    La réponse à cette question est relativement simple et on peut la présenter sous la forme de l'équation suivante : "Existe-t-il une doctrine sociale marxiste ?"

    - Si la réponse est "oui", dans ce cas Marx ne peut être considéré comme un chrétien, amoureux de la vérité, car les évangiles et la parole divine forment un rempart inexpugnable, une barrière de feu contre toute tentative de doctrine sociale. "Mon royaume n'est pas de ce monde !" : peut-on être plus clair et désigner plus nettement la théorie du royaume chrétien ou de la démocratie-chrétienne comme un culte solaire déguisé ?

    - Si la réponse est "non", alors on peut commencer à envisager Marx comme un penseur chrétien de la fin des temps.

    C'est un fait établi que Marx a lu attentivement la Bible, rédigé des sermons chrétiens dans sa première jeunesse - et je n'ai lu nulle part sous la plume de Marx, contrairement à Nietzsche, qu'il tenait la Bible pour un tissu d'âneries. Le fait est également avéré de la détermination d'Engels contre le christianisme truqué de sa caste.

    La preuve que le marxisme n'est pas une doctrine sociale, on la trouve dans le "marxisme-léninisme", qui est la preuve que le marxisme seul n'est pas social. Comment prendre le pouvoir ? S'y maintenir ? Le distribuer ? A toutes ces questions, Lénine et Trotski ont dû répondre seuls.

    Marx est-il un économiste ? Si Marx est un économiste, alors c'est un économiste libéral. Nul critique moderne, à l'exception l'écologiste Nietzsche, n'est plus dissuasif de tenir l'économie pour une science, ni même un "art sûr".

    Sur l'évolution sociale de la société occidentale, contrairement à un préjugé répandu, Marx ne porte pas une appréciation positive. Là où Nietzsche discerne un phénomène de régression funeste, auquel il convient de remédier pour éviter ses conséquences catastrophiques, Marx voit un phénomène inéluctable, incarné par la bourgeoisie. A l'énoncé de la physiocratie libérale, Marx ne fait qu'ajouter que la pompe à fric physiocratique est, à terme, condamnée, comme si le capitalisme était le "stade terminal" d'une vie de dépense.

    Nietzsche et Marx ont en commun d'être des penseurs très peu "occidentaux". Le premier parce qu'il propose pour remédier à la décadence bourgeoise un modèle oriental. Le second parce qu'il place la science au-dessus de toutes sortes de civilisation, la science n'ayant pas, contrairement aux livres, de "sens de lecture".

    Où Nietzsche et Marx s'opposent radicalement : le premier conçoit que son choix de la civilisation implique de renoncer à la science et la vérité ultimes (luttant fermement pour cette raison contre tout ce qui vise une vérité ultime, comme l'histoire ou la métaphysique) ; pour Marx au contraire, tout l'art du monde n'est rien à côté de la science.

     

  • Politique et christianisme

    Il y a en politique peu d'appelés et beaucoup d'élus. Peu d'hommes ou de femmes sont prédestinés à faire de la politique, domaine qui exige en principe une grande vertu, c'est-à-dire une grande force de caractère.

    Combien d'hommes, ainsi, n'hésiterons-t-il pas devant la trahison de leurs principes ou ami, pour une question de sentiments, quand bien même l'intérêt commun doit prévaloir sur le sentiment ou la faiblesse particulière ?

    Et beaucoup des hommes ou des femmes prédestinés à faire de la politique sont élus, à moins qu'une force supérieure au destin vienne contrecarrer leur élection.

    L'évangile énonce au contraire que "beaucoup sont appelés, mais que peu sont élus". On comprend que rien ne prédestine quiconque à être chrétien, aucun don naturel, ni aucune culture particulière. Il y a de quoi rire pour un païen, obéissant au droit naturel et à lui seul. A une telle "égalité des chances", la nature lui paraîtra opposer un démenti formel. Mais peu sont élus, car les hommes ou les femmes échappent rarement au destin et à la flèche du temps. Encore moins, nous dit Shakespeare, ceux qui ayant conçu le dessein d'échapper au destin, se précipitent au-devant de lui (S. décrit ici un mouvement suicidaire propre à l'Occident).