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Désespoir

C'est sans doute la forme la plus outrée du désespoir que celle qui consiste pour A. Gide à prononcer que "tout a été déjà dit depuis longtemps sur tout, mais la surdité de l'homme oblige à se répéter indéfiniment" (je cite de mémoire). Sous ce regard, l'art moderne ne peut plus paraître ce qu'il s'efforce de paraître : nouveau ou avant-gardiste ; à cet égard il n'est pas difficile de repérer dans l'art d'avant-garde le recyclage habile de formes anciennes.

Paradoxalement les hommes désespérés ne sont pas plus malheureux que les hommes ou les femmes remplis d'espoir. Ils se tuent plus volontiers ou plus facilement, ce qui leur évite un certain nombre de souffrances supplémentaires. On pourra les dire lâches, mais cela revient à confondre courage et masochisme, c'est-à-dire une forme de courage strictement militaire ou féminin ; on peut noter en effet chez les femmes une sorte d'acharnement à vivre, comme ça, le plus souvent sans motif valable, parfois même sans jouissance.

Triste cas d'un vieillard "vu à la TV", un acteur français en fin de vie, répétant avec plus d'amertume que de philosophie : "On est seul, on est toujours seul, bien qu'on pense parfois être plusieurs."  triste, parce que le vieillard en cause a, semble-t-il, passé une bonne partie de sa vie à s'efforcer de contredire cette vérité que la société ne rapproche que des besoins.

Autre cas, celui du jeune garçon ployant sous le fardeau de l'espoir que ses parents ont placé en lui. J'admire Ferdinand Céline d'avoir flanqué sur le bas-côté tout ce bric-à-brac de foutu espoir, le calcul de son paternel ; ça n'a pas dû être facile. Pour moi j'ai toujours pensé que si ma mère m'avait encouragé à partir à la guerre (c'est à la mode de se mettre dans la peau d'un poilu en ce moment), suivant le réflexe qu'ont les mères d'offrir en sacrifice leur progéniture naturelle à la société qui le demande, la première chose que j'aurais faite à mon retour, c'est de flanquer le feu à sa bicoque.

Je voulais dire que le christianisme libère de l'espoir, tout autant que le satanisme, si ce n'est plus.

 

Commentaires

  • Le christianisme libère de l'espoir en l'homme, assurément.

    L'espérance athée est droitement dirigée dans sa soif de civilisation, donc de sa complète et inéluctable finitude.

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