Les papes romains ont bien raison de rendre hommage à l'université moderne. Sa contribution au maintien des peuples dans l'ignorance est en effet exceptionnelle.
Pour moi je suis plus près de croire Rabelais vrai, à travers les siècles, quand il décrit les savants issus de l'université comme des imbéciles - des idiots, sans doute utiles d'une quelconque manière, sans quoi ils ne seraient pas payés.
J'ai déjà parlé sur ce blog contre Michèle Le Doeuff, mais je suis à chaque fois estomaqué quand je lis cette représentante de la science moderne, par sa stupéfiante méthode. Or la science moderne peut se résumer à une méthode stérile, selon une démonstration de Bacon qui n'a pas pris une ride. Si tout est "scientifique" dans le monde moderne, à commencer par la police, c'est parce que rien ne l'est.
Michèle Le Doeuff s'efforce vainement de résoudre l'inéquation suivante : F. Bacon est un "homme de progrès", mais il n'est pas pour autant "féministe" ; à certains propos, on pourrait même soupçonner le savant anglais de "masculinisme". A aucun moment cette femme savante ne semble s'aviser que Bacon est "physicien", et non militant. Elle ne s'avise pas non plus de l'hostilité de F. Bacon vis-à-vis de la culture médiévale, à l'origine du féminisme, le clergé catholique octroyant aux femmes un statut qu'elles n'avaient pas auparavant.
Dans ses aphorismes, F. Bacon souligne la "virilité" de la reine Elisabeth Ire ; mais il est bien loin de prôner des règles politiques ou sociales fondées sur les exceptions ou les écarts par rapport aux lois physiques. Parce qu'elle n'a aucun sens sur le plan naturel, l'égalité ne peut en avoir un sur le plan politique et social. C'est ici la grande feinte de la société occidentale moderne - la promesse qu'elle ne tiendra jamais. Et Bacon n'a pas fourni la première pierre de l'ordre totalitaire où nous sommes.
Par chance la prose de Bacon est assez claire pour se passer des commentaires scolastiques. Par malchance l'université a, dans les temps modernes, une sorte de monopole sur la pensée.