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Léopardi seul contre tous

Au lecteur moderne, Léopardi peut paraître inhumain ; mais il n'est pas moins humain de se défendre contre la société que de déployer des efforts pour s'y intégrer.

Comme le discours contre la famille, le discours contre la société semble même plus humain. Quel autre animal peut promulguer des décrets contre son espèce, vouloir s'isoler pour penser plus à l'aise ?

La barbarie pour Léopardi consiste à faire partie de la société, et l'on peut constater les ravages des doctrines du progrès social, du temps de Léopardi et après lui au cours du XXe siècle.

L'idée de péché, attachée à celle de société dans le christianisme, a sans doute marqué Léopardi. La pierre angulaire de toute société, de toute architecture humaine, c'est ce que les juifs et les chrétiens nomment "péché". Aussi les chrétiens renégats, disciples de Judas, afin de prendre pied dans la société, ont-ils dû trahir la notion de péché. Le théâtre de Shakespeare s'articule autour de cette trahison, matrice de la culture moderne.

L'hostilité de Léopardi à toute idée de progrès social, on peut aussi la comprendre de la façon suivante : Léopardi est assez lucide pour voir qu'il n'y a derrière un tel idéal qu'une motivation assez mesquine, et un principe intellectuel aussi ténu que l'espoir.

Tandis que Nietzsche rejette l'idée de progrès social sous prétexte qu'il s'agit d'un idéal judéo-chrétien débile, Léopardi se contente de tenir la foi dans le progrès social pour une sorte de tare de l'esprit.

 

 

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