Lénine souligne la nécessité, à l'instar de Donald Trump, d'anéantir l'Etat profond bureaucratique. Celui-ci est avant tout l'instrument principal de la politique impérialiste bourgeoise. Cent ans plus tard, le diagnostic de Lénine est toujours valable, et assez largement repris par D. Trump sous l'étiquette MAGA.
Si le parti des "faucons" atlantiste s'en prend à D. Trump et s'est efforcé par tous les moyens de l'empêcher d'accéder au pouvoir, c'est bel et bien en raison de la menace que son programme MAGA représente pour la politique impérialiste des Etats-Unis en général, et le sionisme en particulier.
En toute bonne logique, Lénine déclare nécessaire de démanteler l'armée, fer de lance de l'Etat bourgeois. Au cours du XXe siècle, quand l'Etat bourgeois a été menacé, il s'est placé sous la protection de l'armée et de la police ; le fascisme n'est rien d'autre que la doctrine d'un Etat bourgeois sous la menace d'être renversé par le peuple. On voit ici à quel point la position de D. Trump est ambiguë, voire intenable.
Lénine propose de remplacer l'armée au service de la politique impérialiste bourgeoise par une sorte de garde nationale formée de volontaires, contrôlée par le "prolétariat", c'est-à-dire par la fraction du peuple consciente et garante de son intérêt.
Depuis 1917, la Russie et les Etats-Unis sont devenues des puissances impérialistes, tandis que la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont cessé de l'être peu à peu. L'armée française n'est plus, depuis la fin du XXe siècle, qu'une armée supplétive des Etats-Unis, la plus bureaucratique qui soit.
Lénine propose en outre de dissoudre les assemblées parlementaires bourgeoises. Cette proposition ferait sans doute l'unanimité en France en 2025 si elle était soumise à un référendum populaire. L'argent du contribuable ne saurait pas être moins bien employé qu'en parlotes et en commissions parlementaires.
Les guerres coloniales "au nom des droits de l'homme" menées par l'Etat profond étatsunien au cours des trente dernières années ont littéralement essoré l'économie des Etats-Unis, menaçant sa prospérité : le vrai mobile "anti-impérialiste" du programme MAGA est là, dans le parasitisme économique de la politique impérialiste.
Lénine s'oppose néanmoins au démantèlement immédiat et complet de l'Etat réclamé par les anarchistes, projet qu'il compare à un rêve. "Nous poursuivons le même but de destruction de l'Etat que les anarchistes, dit Lénine, mais nos moyens diffèrent".
Ce chef révolutionnaire propose, dans un premier temps, de supprimer toutes les fonctions de l'Etat qui ne sont pas républicaines, subordonnées au bien public. A quoi bon entretenir des effectifs de police pléthorique, si cette police est incapable d'empêcher le trafic de produits stupéfiants pour satisfaire les besoins d'une petite minorité de Français ?
La mission principale de la police bourgeoise est d'empêcher une révolution populaire. Si les Gilets jaunes prenaient le pouvoir, les policiers pourraient être affectés à des missions plus utiles à la société, comme l'entretien de la voirie ou des jardins publics.
La révolution menace la sécurité de l'emploi des fonctionnaires, mais vu l'état avancé de corruption de l'Etat profond, son effondrement est une menace plus grande encore pour les fonctionnaires qu'une révolution des Gilets jaunes. Le dysfonctionnement des services publics tient principalement à ce qu'ils sont détournés de leurs missions de service public par l'Etat profond. Le cas est flagrant de l'armée française mise au service de la politique impérialiste des Etats-Unis, ou de la police en charge de défendre la bureaucratie, mais c'est aussi le cas du service public hospitalier, comme le confinement sanitaire l'a illustré.
Voici comment Lénine présentait les modalités d'anéantissement de la bureaucratie bourgeoise en 1917 (dans "L'Etat et la Révolution") :
"Il ne saurait être question de supprimer d’emblée, partout et complètement, la bureaucratie. C’est une utopie. Mais briser d’emblée la vieille machine administrative pour commencer sans délai à en construire une nouvelle, qui permettrait de supprimer graduellement toute bureaucratie, cela n’est pas une utopie, c’est l’expérience de la Commune, c’est la tâche directe, immédiate du prolétariat révolutionnaire.
Le capitalisme simplifie les fonctions administratives de "l’Etat" : il permet de rejeter le "hiérarchisme" et de tout ramener à une organisation de prolétaires (en tant que classe dominante), qui, au nom de toute la société, embauche "des ouvriers, des surveillants et des comptables".
Nous ne sommes pas des utopistes. Nous ne "rêvons" pas de nous passer d’emblée de toute administration, de toute subordination ; ces rêves anarchistes, fondés sur l’incompréhension du rôle de la dictature du prolétariat, sont foncièrement étrangers au marxiste et ne servent en réalité qu’à différer la révolution socialiste avec les hommes tels qu’ils sont aujourd’hui, et qui ne se passeront pas de subordination, de contrôle, de "surveillants et de comptables". (...)