A ma précédente note au sujet de la mort du catholicisme en Europe, c'est-à-dire de sa métamorphose en discours démocrate-chrétien, je me suis vu répliquer que je ne tenais pas compte de la dimension spirituelle du catholicisme. Je n'en tiens pas compte car elle n'existe pas à titre principal - l'Eglise romaine est avant tout une institution politique ; cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de catholiques "spirituels", mais que la cohérence et la permanence de l'Eglise romaine sont romaines, c'est-à-dire politiques. Ajoutons que l'Eglise catholique est précisément haïe pour cette raison par les sectes fondamentalistes nord-américaines.
L'expulsion des jésuites à la fin du XVIIIe siècle est un événement considérable pour l'Eglise catholique française, car il porte atteinte à son action politique ; l'expulsion des congrégations religieuses au début du XXe siècle est beaucoup moins importante, car le catholicisme ne jouait déjà plus alors qu'un rôle politique et social mineur en France, dont on sait qu'elle était et reste gouvernée de façon très centralisée et fort peu "démocratique".
La mondialisation a redonné à l'Eglise romaine l'occasion de faire oublier sa compromission avec les élites impérialistes tout au long du XXe siècle. Actuellement, l'Eglise romaine est confrontée au délicat problème de la lutte des classes à l'échelle mondiale, qui oppose le tiers-monde aux puissances démocrates-chrétiennes impérialistes, à commencer par les Etats-Unis. L'isolationnisme de Donald Trump et la répression brutale des Palestiniens ne font que souligner la lutte des classes, mieux dissimulée par les discours hypocrites du parti démocrate "wokiste".
La plupart des catholiques vivent désormais dans le tiers-monde, tandis qu'il n'y a plus en Occident que des démocrates-chrétiens vieillissants.
Comment se fait-il, dira-t-on, que le pape François ait fait autant de concessions à la moraline capitaliste LGBT ? Réponse : la moraline LGBT, comme le féminisme ou l'antiracisme, sont AVANT TOUT, pour leurs promoteurs (le "New York Times") un moyen d'occulter l'impérialisme et la lutte des classes. Rome sait parfaitement que la démocratie-chrétienne américaine dispose de moyens de propagande surpuissants. Aucun grand média européen n'a laissé le pape François prêcher pour la paix entre la Russie et l'Ukraine - seul un journal suisse lui a ouvert ses colonnes.
D'une certaine façon, on peut dire que l'évêque de Rome est l'otage de la propagande occidentale.
La grosse presse allemande démocrate-chrétienne, la plus sioniste au monde (le sionisme est plus facilement contestable aux Etats-Unis qu'en Allemagne) a accueilli l'élection du nouveau pape Léon XIV de la façon la plus démocrate-chrétienne qui soit, en faisant de lui un portrait aussi vague et complaisant que possible.
On peut être surpris de la déclaration d'une nonne, affectée à la communication du nouveau pape, qui déclare que l'Eglise du pape Léon XIV saura accueillir aussi bien les incroyants que les croyants en son sein. C'est une déclaration politicienne ; la démocratie-chrétienne n'exige pas la Foi, elle réclame un maximum de suffrages.