Drieu La Rochelle est intéressant dans la mesure où il ne veut pas être un bourgeois. L'Amérique lui sembla le comble de l'arrivisme bourgeois - et l'Allemagne nazie une sorte d'anti-Amérique. L'antisémitisme de Drieu La Rochelle est assez incohérent (les antisémites sont rarement aussi cohérents que Nietzsche, qui s'efforça d'être un pur païen et suppôt de Satan).
En voyant l'armée allemande dans Paris, Drieu La Rochelle est déçu : - Encore des bourgeois..., juge-t-il. Et d'en pincer alors pour les soviets, qu'il espère plus radicalement antibourgeois.
Le fait est que le nazisme est beaucoup plus bourgeois et moderne qu'il n'est réactionnaire (= français). La manière de se débarrasser de Juifs est industrielle et cartésienne. C'est l'argument le plus convaincant des thésards qui nient l'existence des chambres à gaz : l'inefficacité du procédé.
"Le travail rend libre" est certainement la devise qui rend le mieux compte de l'esprit bourgeois femelle boche, tandis que la mythologie de Moïse dit que le travail est une infamie, le résumé de la condition humaine.
Le plus méprisable chez Drieu La Rochelle est son amitié avec Malraux : gaulliste, stalinien, cinéphile, voleur, simulateur, simiesque, creux comme le langage, homme à femmes, bref un parfait charlatan, ignare en toutes choses sauf le bagout. Il paraît que le père de Drieu était un escroc - ceci explique peut-être cela.