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  • L'Affaire NordStream

    Je suppose que tous les disciples d'Orwell ont réagi comme moi en apprenant que les gazoducs "NordStream" de la compagnie russe Gazprom avaient été sabotés sous la mer : - Ouah, les types (les sous-merdes) qui ont fait ça sont sacrément imprudents !

    Et là je suis obligé de donner une définition de la "sous-merde humaine", une définition orwellienne pour le cas où quelqu'un qui n'aurait pas lu "1984" passerait par là. Evidemment, pour Orwell, une sous-merde humaine n'est pas "un gros nazi", suivant la définition du dictionnaire, mais "un gros nazi qui se fait passer pour un antinazi pour s'approcher plus près de sa proie". Il va de soi que la sous-merde évolue en bas de l'échelle sociale : son humanisme est badigeonné à la peinture bleue sur son casque. Il agit par amour ou pour l'argent, comme un type binaire lambda. Au-dessus des sous-merdes, il y a ceux que j'appelle "lieutenants du chaos", mais vous pouvez leur donner un nom moins pompeux si ça vous chante. Quoi qu'il en soit, les lieutenants ne mettent jamais les mains dans la nitroglycérine ; parce que ça peut péter à la figure, mais surtout parce qu'ils ne doivent pas être pris la main dans le sac.

    Oui, je me souviens parfaitement où j'étais le jour de l'attentat contre le World Trade Center, ce jour où les Etats-Unis se sont pris en pleine poire le boomerang du chaos qu'ils avaient semé, en bons chrétiens, dans les déserts montagneux infertiles d'Orient ; mais l'endroit où j'étais n'a aucune importance, sauf pour moi. Je me souviens aussi de l'extraordinaire brouhaha médiatique qui a suivi, dès le soir même, comme un nuage de poussière recouvrant rapidement tout : les ruines, les morts, les survivants, les indices ou l'absence d'indices, un vrai simoun !

    J'ai toujours eu horreur des puzzles, depuis le jour où j'ai retrouvé mon oncle spécialiste de la conception de robots à quatre pattes sur le carrelage du salon de mes grands-parents pour faire un "1000 pièces". Il avait 39 ans ! La pluie torrentielle d'informations qui s'abat sur nous quand nous allumons la radio ou la télévision me fait le même effet que ces puzzles que l'on offre aux fous dans les asiles psychiatriques pour entretenir leur folie.

    Au temps de l'attentat du WTC, j'avais entamé ma lecture de K. Marx pour soigner ma tête de con. J'aurais aussi bien pu lire "1984" à ce moment-là, qui est à la fois plus difficile (pour une tête de con) et plus facile que K. Marx. Dans les deux cas, il s'agit de lectures peu féminines ; il va de soi que les femmes préfèrent les trucs ludiques. Je n'ai lu "1984" que bien après le 11-Septembre, par acquis de conscience, comme on peut lire Flaubert après avoir lu Balzac.

    Le silence assourdissant qui fait suite au sabotage du pipe-line russe fournissant à l'industrie allemande le précieux sang dont elle a besoin pour inonder le monde de chimères en acier et en plastique, ce silence fait écho au vacarme assourdissant des commentaires plus autorisés les uns que les autres sur l'attentat de Manhattan.

    Un reste d'esprit spéculatif m'a poussé à me demander, je le confesse, qui avait commandité ce coup extrêmement bas, d'une bassesse subaquatique, des enculés russes ou des enculés du Pacte atlantique ? Assez naturellement j'ai soupçonné les Russes, que je tiens dans l'ensemble pour des joueurs d'échecs, des lecteurs de Dostoïevski, des Huns, des loups se faisant passer pour des chiens domestiques, des "mencheviks"... ne dit-on pas que Vladimir Poutine a été éduqué au KGB, ce qui est la meilleure façon de devenir une sous-merde en se prenant pour un gros malin. Le jeu d'échecs est proche du puzzle, bien qu'il y a une part de sadisme arachnéen supplémentaire dans le jeu d'échecs. Sous prétexte que tout est déterminé à l'avance aux échecs, les abrutis dans le genre de Gary Gasparov s'imaginent - ou plutôt déduisent -, qu'il en est ainsi partout : dans la vie, en politique, dans les arts comme à la guerre...

    Le silence assourdissant de la presse et des journalistes - d'une manière générale de tous les employés du grand souk médiatique tumultueux-, soudain muets, matés comme on voudrait qu'ils le soient définitivement, par l'officier suédois en charge de l'enquête sous-marine, ce soldat-belge du "secret défense", voilà qui a coupé net mes spéculations "racistes", comme disent ceux qui manipulent et financent des escadrons de nègres afin que leurs exactions proclament partout la supériorité de la race blanche... L'Empire du Mensonge vient de surgir dans les ténèbres de la Guerre froide, plus net et plus visible qu'au cours des Trente Glorieuses, brillantes comme une boule à facettes - l'Empire du Mensonge arc-bouté sur la soif de mensonge de la foule, tel qu'il n'a pas de secret pour les lecteurs de ce brave Georges Orwell.