Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

amstrong

  • Le dopage, c'est le capitalisme

    Le dopage est caractéristique des mœurs capitalistes. Le condamner est caractéristique aussi de l’hypocrisie capitaliste… à la française.
    La coexistence de principes de civilisation complètement immoraux et d’un discours extrêmement moralisateur, ce décalage produit des situations mi-bouffonnes, mi-absurdes, comme le mariage homosexuel de Bègles, l’art contemporain, le féminisme, l’avortement industriel, l’écologie, les sites pornographiques qui affichent un label cynique “Nous luttons contre la pédophilie”, etc.
    Ce décalage étrange, cette absurdité qui choque d’abord les âmes sensibles, n’est pas la cause de la décadence, une folie étrange, ce n’est pas “la fin de l’histoire”, ce n’est que le symptôme d’une économie fondamentalement viciée, le résultat d’un engrenage fatal.
    Le matérialisme marxiste permet de voir la force de cet engrenage économique et social. Contre cet engrenage, les sermons sur la “loi naturelle” ne peuvent rien. L’intelligence même, c’est-à-dire la meilleure compréhension de la réalité possible, loin des discours philosophiques, ne peut suffire. Mais le matérialisme permet de prendre la mesure de la force de cette réalité, de mieux saisir le sens de l’esclavage actuel.
    La “dissidence”, qu’on peut compter sur les démocrates-chrétiens pour transformer en simple discours philosophique, n’est cependant plus du domaine du discours, mais de l’action, ne serait-ce que de l’action passive : cette dissidence a besoin d’être éclairée.
    Le sentiment d'impuissance qu'éprouve la poignée de dissidents qui manifeste tous les ans contre l'avortement, contre toute la société, ce sentiment d'impuissance n'est pas infondé. Mais il n'est pas plus justifié de penser que le capitalisme et la démocratie dureront mille ans, ou ce genre de slogan publicitaire.

    *

    Pour revenir au sport capitaliste, que fait-on en France ? On condamne hypocritement des champions cyclistes étrangers relativement obscurs, tandis que Zidane, demi-Dieu de l’Olympe, peut raconter naïvement et en toute quiétude dans des intervious comment il se dope sur les conseils de Johnny Halliday.
    Des crétins de philosophes, le genre à être invités sur les plateaux de télé, ont même pu voir en Zidane un “artiste”, invoquer la “beauté du geste”… Outre que Zidane faisait partie des footballeurs les plus lourdingues, que c’était visblement un des moins “aériens”, ce qui prouve l’esprit moutonnier de ces philosophes, c’est se nourrir d’illusions sur la liberté de Zidane. Plutôt qu’un demi-dieu de l’Olympe, Zidane était un esclave du sport capitaliste, largement dépassé par les “enjeux financiers” - comme disent les capitalistes dans leur langage administratif.

    Aux États-Unis, on a choisi depuis longtemps d’autoriser le dopage, afin de laver le sport du soupçon de tricherie. Le cycliste Armstrong n’avait certainement pas l’impression d’être un tricheur. Il devait se dire que les Français étaient des communistes un peu tarés.
    On peut le comprendre. Les organisateurs du Tour de France n’ont pas les moyens de s’opposer à la mondialisation, en l’occurrence au pouvoir de l’Union cycliste internationale, qui lui impose des coureurs manifestement dopés.
    En outre, le discours moralisateur contre le dopage est tenu principalement par des médias qui sont responsables pour partie de ce dopage, des médias qui ont rendu l’épreuve encore plus inhumaine. Le Tour est organisé en fonction des horaires de diffusion de l’épreuve à la télévision et des recettes publicitaires qui constituent l’essentiel des bénéfices. La seule façon de sortir de cette impasse serait d’organiser un Tour de France où les compétiteurs et leurs équipes auraient d’abord une ambition sportive. Dans un monde capitaliste, c’est inconcevable.

    Le paradoxe français, nous sommes le seul pays au monde à lutter un minimum effectivement contre le dopage, le paradoxe français tient au fait que cette vieille idée aristocratique qu’en sport l’“essentiel c’est de participer”, cette vieille idée réactionnaire, bien qu’elle ait été vidée de son sens, n’est pas encore complètement morte. On n’efface pas en quelques dizaines d’années de démocratie et de capitalisme des siècles de culture aristocratique.
    Elle tient aussi au fait que la France est le seul pays occidental en mesure de tenir encore un discours concurrent du discours libéral yanki. L’Allemagne est décentralisée, et elle s’émancipe à peine de la tutelle yankie. Quant au Royaume-Uni, même si la famille royale, forcément, traditionnellement a un net penchant “européen”, les gouvernements libéraux de droite et de gauche mènent une politique constante de double-jeu. Leur intérêt capitaliste est de se ranger aux côtés des États-Unis, afin d’en tirer un maximum de bénéfices au plan de la croissance, et simultanément de ne pas se couper complètement de leurs voisins européens qui, pour l’instant, se montrent incapables d’imposer un choix au Royaume-Uni. On a fait de Tony Blair un dirigeant qui avait “choisi” d’engager les forces britanniques dans le piège irakien ; c’était lui faire beaucoup d’honneur, Blair n’était qu’un exécutant aux ordres de la City.