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henri amouroux

  • Cause perdue

    Il y a certainement quelque chose de noble à défendre une cause perdue, et la cause de Jacques Chirac est la dernière cause perdue à la mode en ce moment - mais peut-on pour ce faire utiliser des arguments spécieux ?

    Ainsi Henri Amouroux argue que Chirac nous a évité l’intervention des troupes françaises et tout ce sang versé injustement et inutilement en Irak. Certes, la bêtise de la politique étrangère yankie n’est plus à démontrer. D’ailleurs, dès le départ, pour ne pas tomber dans l’anti-américanisme primaire, on se souvient que des conseillers influents de George Bush avaient indiqué le piège. Mais le système démocratique et médiatique est ainsi fait, "en Amérique", que Bush a dû céder aux pressions.
    Mais revenons en France… Amouroux prétend que Chirac, dans cette affaire, a même fait preuve d’un "grand courage". C'est un peu court comme démonstration… On sait que dans un bouquin, le chancelier allemand G. Schröder se prévaut de l’initiative de ce non-alignement sur la "stratégie" yankie. Chirac n'aurait fait qu'acquiescer.
    De fait, ni la France ni l’Allemagne n’avaient intérêt à se mêler à cette guerre désastreuse à tous les points de vue (Il se trouve même des intellectuels israéliens pour s’inquiéter de ses répercussions.) La position commune de Schröder et de Chirac était logique. On peut penser que Ségolène Royal, ou même Sarkozy, auraient eu la même position.

    Ce qui a changé par rapport à la première invasion de l'Irak, c’est que l’Allemagne s'est émancipée un peu plus de la tutelle yankie. Le véritable changement, ce n’est pas celui de Chirac par rapport à Mitterrand, mais bien celui de Schröder par rapport à Helmut Kohl, qui, lui, ne pouvait pas se permettre alors de bafouer les États-Unis. C’est la position des Britanniques qui est bizarre ; disons pour être poli avec les Anglais qu’il est probablement dans la nature double de Tony Blair de jouer en permanence sur deux tableaux. Quant à Berlusconi, c’est le type prêt à tout pour se distinguer, et sa passion pour le football indique assez la médiocrité de son point de vue ; mais même Berlusconi a assez vite changé d’avis. Les Polonais, je n’en parle même pas, lorsqu’on a une philosophie comme la leur, on ferait mieux de s’abstenir de faire de la politique. La Pologne est le symbole de l’obstacle que représente le système démocratique à une union politique des grandes nations européennes pour contrer les agissements néfastes des États-Unis.

    Bref, s’il tient à défendre Chirac, Henri Amouroux doit trouver des arguments un peu plus sérieux que le prétendu courage de Jacques Chirac.