Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

petain

  • Je n'en rate pas une

    J’avais raté la controverse sur Sarkozy et Pétain ; j’adore ça, les controverses historiques ! Grâce à une de ces affiches virulentes contre Sarko, devant lesquelles je passe régulièrement, je comprends mieux de quoi il retournait. La citation de Sarkozy, la voici : « La France n’a pas inventé la “solution finale”, elle n’a donc pas à rougir de son Histoire ! » C’est donc à cause de cette phrase que Sarko avait été comparé à Pétain par l’extrême-gauche, par un raisonnement un peu tordu.

    Le plaidoyer de Sarkozy n’en est pas moins, lui aussi, inexact, car la France a bel et bien inventé "la solution finale". En fait, il s’agit d’une erreur de traduction. On le voit bien si on regarde les archives du procès de Nuremberg et qu’on tend l’oreille pour entendre la réaction du maréchal Goering, partiellement couverte par la voix "off" du commentateur d’Arte : celui-ci proteste avec véhémence lorsque les traducteurs disent "solution finale" pour traduire "totale Lösung", le terme des documents incriminés ; on peut trouver qu’il est un peu tatillon sur ce coup-là, Goering, mais il y a bien un "faux sens" en l’espèce, une idée de préméditation dans "solution finale" qui n’est pas dans "solution globale". Autant lorsqu'on mène une campagne électorale, on peut se permettre de dire tout et n’importe quoi, c’est même la règle du genre, quand on cause histoire il faut un minimum de précision ; il vaudrait mieux ne pas mélanger les deux genres comme ne peuvent pas s'empêcher de faire tous les politiciens pour tenter de donner un peu de relief à leurs discours et à leurs idées.

    Ce n’est pas dans un "meeting" de l'UMP qu'on peut régler la question de savoir si la France doit rougir ou pas de son histoire récente, si tant est que la question ait un sens.
    La comparaison entre Sarkozy et Pétain est certainement abusive, ne serait-ce que parce que Pétain n’a jamais eu à mener une campagne électorale et qu’au plan militaire, même s’il a encadré quelques émeutes en banlieue, Sarkozy n’a pas l’expérience de Pétain. La télé fait que les “civils” d'aujourd'hui sont presque plus effrayés par les émeutes en banlieue que les "civils" de 14-18 ne furent effrayés par les combats du front. On comprend mieux pourquoi les grands-mères qui passent beaucoup de temps devant la télé ont voté massivement pour Sarkozy, mais il vaudrait mieux éviter de regarder la télé au premier degré, quitte à passer pour un cynique, un mauvais citoyen, voire un lepéniste.

    Je ne sais donc pas si la France doit rougir de son histoire, mais une chose est sûre, elle peut rougir de son "niveau d’histoire", et Sarkozy paraît mal barré pour relever le niveau.