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table rase

  • Table rase

    "Table rase" est l'expression marxiste la plus évangélique, probablement directement inspirée des sources bibliques de K. Marx et de sa volonté de s'affranchir du préjugé hégélien dominant son époque.

    Le profit qu'il y a à s'affranchir de toute forme de culture, à rejeter le culte identitaire anthropologique, qui n'est autre que la formule totalitaire de la culture, est en termes de conscience. Si le Christ n'est d'aucune culture, que rien ne le rattache à la terre, ce n'est pas parce qu'il est mort ou abstrait, suicidé ou victime, c'est parce qu'il est catholique, c'est-à-dire divin et universel. Les catholiques romains défient le ciel en inventant une culture catholique.

    Au contraire le gain de l'identité et de la culture est en terme de sécurité : il n'y a rien d'étonnant à ce que les personnes les plus faibles physiquement et spirituellement, se soumettent aux aléas de la culture moderne (la plus labyrinthique) ; la culture de masse est d'ailleurs un puissant motif d'incitation au culte identitaire.

    L'érudit néo-païen Carl Jung note le dégoût de l'homme pour l'inconscience, c'est-à-dire sa pétition de principe en faveur de la liberté ; en pleine possession de ses moyens, il est en effet pénible à l'homme de concevoir que son existence n'est que la réponse plus ou moins active à des stimuli du type de ceux auxquels l'animal obéit. Aussi confus soient les savants évolutionnistes, ils s'efforcent de trouver des explications à l'originalité de la conscience humaine, au regard de la conscience animale. Les personnes religieuses sont les moins aptes à qualifier cette différence, en raison du mouvement collectif que supposent les religions "horizontales" ou la culture.

    En même temps que ce dégoût de l'inconscience, C. Jung relève qu'il est une limitation à la conscience dont l'homme s'accommode facilement, et qui correspond à peu près à l'état heureux. On peut comprendre par-là le mépris des hommes de science vis-à-vis de la religion épicurienne, non pas spécialement athée, mais essentiellement orientée vers la quête du bonheur. On pourrait dire que l'homme moyen ou vertueux se contente d'une conscience moyenne, et qu'il se doute inconsciemment du risque que comporte la vérité.

    Quoi qu'il en soit, le plan politique ne peut englober celui de la vérité ou de la liberté, car le plan politique ne peut faire mieux qu'atteindre des objectifs moyens. Tout parti politique qui feint d'associer à ses moyens le but d'atteindre la liberté doit être regardé comme l'antéchrist en action - à commencer par la démocratie-chrétienne et les démocrates-chrétiens contre qui, tôt ou tard, la colère des apôtres finira par se déchaîner.

    Comme la culture moderne est inférieure en termes de moyens à la religion épicurienne, cette culture moderne définit l'état de l'homme moderne au niveau de la sous-humanité ou d'un esclavage extraordinaire, touchant aussi bien les maîtres du monde que leurs esclaves. Sur ce point le chrétien ne peut qu'approuver Nitche. En revanche, il n'est pas véridique que cette culture de mort soit absurde. Elle a bien un sens que Nitche ignore.