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Coming out & flash back

Question piège n° 1 - Êtes-vous raciste ? - Non merci, sans façon !… Hop, hop, hop, pas si vite ! Qu’est-ce qu’un raciste, d’abord ? Un con ! Affirmatif. C’est un des signes distinctifs. Or, un con qui déclare qu’il ne l’est pas, vous le croyez, vous ? Non, hein, vaut mieux se méfier… C’est pas si simple, donc. Ça se complique, même, car si quelqu’un avoue qu’il est un gros con, on va se méfier encore plus. Ferait pas une petite dépression, lui ?

Question piège n° 2 : - Êtes-vous homophobe ? - Homo… quoi ? Ah, non merci, ça non plus !… Oui, mais là, c’est beaucoup plus compliqué, un vrai casse-tête. C’est quoi un homophobe ? C’est une autre espèce de con, un con qui n’aime pas les homosexuels, ce coup-ci. Et ça, c’est pas facile, de savoir si on aime ou pas les homosexuels, sexuellement je veux dire - car c’est une question éminement sexuelle, l’homosexualité.

Comme Socrate, je vais illustrer mon propos par un exemple. J’avais 18 ans. David aussi. On avait pas mal bu. Je devrais dire : il m’avait beaucoup resservi (c’est pas trop difficile de me faire picoler). La tête me tournait un peu et je m’allongeai sur la pelouse. Jusque-là, j’ignorais qu’il en pinçait pour moi. Quand il m’embrassa sur la bouche, ce fut le déclic, je compris enfin : ce foulard Hermès qu’il nouait délicatement autour de son cou, ces eaux de toilette coûteuses dont il s’aspergeait… Mais, comme je ne fermai pas les yeux, que je ne soupirai pas d’aise, David devina ma réticence. Sans se vexer, il s’enhardit alors à m’attraper les couilles, gentiment, à travers mon jean, pour essayer de me séduire par là. Bon réflexe, je m’abstins de m’énerver bêtement, genre : “Lâche-moi la grappe, gros pédé !”. Je dis “réflexe”, mais à vrai dire j’étais médusé. Comme une fille à qui tu mets la main dans la culotte sans crier gare, alors qu’elle te trouve sympa, certes, mais qu’elle n’apprécie pas particulièrement ton physique. J’étais très gêné, surtout pour lui. Il s’acharna deux minutes sur mes parties génitales, me sussurrant à l’oreille des flatteries sur mon anatomie, puis, voyant que je ne bandais pas d’un chouïa, lâcha prise. Je refoulais peut-être mes désirs homosexuels, mais tellement bien que c’était pas la peine d’insister. Un peu plus tard dans la soirée, il a pleuré, je crois que c’était parce qu’il avait un peu honte, il voulait pas que sa mère l’apprenne, et puis il s’était mis à écluser à son tour le Bordeaux. Moi, j’étais fixé sur mon compte, je savais désormais que j’étais homophobe, confusément, parce qu’à l’époque le mot n’existait pas encore, c’était il y a un peu plus de dix ans.

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