Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

A force de mâcher du chewing-gum

Léger malaise en me réveillant ce matin. Y’a de la commémoration dans l’air, je le sens dans mes articulations…
Aujourd’hui, nous célébrons la gloire des jeunes héros français qui, après des années d’une Résistance sublime, pour ne pas dire subliminale, prirent leur courage à deux mains pour aller botter le cul des nazis, devançant ainsi des soldats américains, certes forts sympathiques, mais un peu longs à la détente à force de mâcher du chewing-gum.
Je me rappelle cette leçon de mon institutrice du cours moyen, assenée plusieurs fois, et son parfum d’ennui mortel, avec un vif déplaisir. À côté de cette Histoire cousue de fil tricolore, les contes de Perrault me paraissaient beaucoup moins manichéens. Et le chemin des écoliers un vrai chemin de croix.

Il vaut mieux que j’évite d’allumer la télé aujourd’hui, me dis-je, et, abruti, j’allume la radio. L’invité de Pierre Thivolet ce matin sur Europe 1 s’appelle Philippe Castetbon. Il a écrit un bouquin sur les plaques commémoratives dont les murs de Paris sont parsemés. “Ici est tombé Untel, poussé par une botte nazie…” Une sorte d’enquête, si je comprends bien, pour tâcher de savoir qui étaient vraiment ces martyrs inconnus qui donnèrent leur vie pour que cesse de résonner le bruit des bottes allemandes sur le pavé parisien mouillé… Et c’est au moment où je m’y attends le moins, donc, que je recouvre ma bonne humeur, grâce à la franchise de ce type, Castetbon, manifestement peu préparé à parler au micro d’Europe 1 à une heure de grande écoute. Car ne voila-t-il pas qu’il se met à raconter benoîtement sa surprise d’avoir découvert que la plupart de ces martyrs n’étaient en fait que des “résistants de la dernière heure”, des gars qui s’étaient juste trouvés là au mauvais moment, écopant d’une balle perdue…

Mais Pierre Thivolet, qui commence à trouver qu’il fait chaud dans le studio, interrompt avec professionnalisme ce bel élan de sincérité pour nous rappeler que Philippe Castetbon est encore très jeune et que la préface de son bouquin est signée Bertrand Delanoë.

Après j’éteins la radio et j’allume l’ordinateur pour lire mes messages. Faut que je change de boîte aux lettres, celle-ci marche mal. Une admiratrice m’écrit : « Lapinos, pourrais-tu te dévoiler davantage, on ne sait presque rien sur toi ? », dans un courriel proprement dithyrambique. Mais j’ai lu la plupart des fables de La Fontaine et il en faut plus pour m’attraper. Cette admiratrice se propose ensuite de m’interviouver, puis de jeter ça en pâture sur internet. Bof… Finalement, comme elle n’a pas joint sa photo, la curiosité l’emporte et je me ravise vite. D’accord, mais à une condition : je ferai les questions et les réponses. “On n’est jamais si bien servi que par soi-même”. Ça ne devrait pas trop la gêner, vu que cette interviou n’est qu’un prétexte pour me rencontrer.
Mon ami Jacques P., après la parution tant attendue de son bouquin, s’est vu proposer par un journaliste une auto-interviou. Celui-ci mourrait d’envie de dire tout le bien qu’il pensait de son livre, d’une rare érudition, dans son canard, mais le temps pour le lire lui faisait défaut, hélas, et, ce qui est plus gênant, pour rédiger la critique. Bien sûr, le subterfuge ne fut pas divulgué au lecteur qui crut lire une “vraie” interviou. Résultat : des questions pertinentes et entrant d’emblée dans le vif du sujet, et point de ces quiproquos qui surviennent inévitablement entre un écrivain et un journaliste qui n’a pas lu le livre, ni même de livres du tout, souvent.

Rendez-vous est donc pris avec Chloé vendredi prochain à quinze heures près du bassin du Luxembourg. Va-t-elle se dégonfler ? Je lui demande de tenir ostensiblement Le Voyage de Céline dans la main pour que je puisse la reconnaître. J’ose espérer que ce prénom, Chloé, c’est un pseudo !

Commentaires

  • Je reviens tout juste de vacances et que vois-je?

    Tu es cité dans "Médiatic" et par Canclaux, c'est la gloire!

    Ca va encore affluer question admiratrices!

  • "Mediatic", "Canclaux", je ne comprends pas toujours ce que tu racontes, Sophie, mais sache que je t'ai gardé une place dans mon cœur. Pendant que tu étais en vacances, je t'ai un peu trompée avec d'autres jolies bobos dont j'ai découvert les blogues, bien sûr, mais ça n'était que des passades, ça ne compte pas. T'inquiète pas, je reviens !

  • Tu ne comprends rien? Tant mieux, au moins tu ne te la pêteras pas outrageusement!

    J'espère bien que tu ne m'as pas totalement oubliée, moi ta fan de la 1ère heure! J'ai la désagréable impression de m'être fait remplacer en 15 jours par des "chloé" et autres midinettes toutes émoustillées par ton côté désabusé...

    Bon, ça va pour cette fois, mais fais gaffe I'M BACK...



Les commentaires sont fermés.