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17, 27 ou 37

Pour elle je suis Jeudi. Elle, c’est Diane, une fille un peu déboussolée qui partage sa semaine avec cinq mecs différents. Cinq parce qu’elle est juive (russe) et préfère s’abstenir le samedi. Et puis parce que Mardi l’a quittée lundi dernier, après un esclandre, une scène de jalousie incroyable qui a rameuté les voisins. Pourtant elle a pris soin de louer un appartement bien insonorisé. Il l’a frappée au visage et puis il s’en est allé, en la traitant de tous les noms : «Morue ! traînée ! salope ! connasse !», et même «Sale Juive !». Après tout ce qu’elle avait fait pour lui ! C’est cette dernière injure qui l’a le plus touchée, me dit-elle, et je l’embrasse aux commissures de sa tuméfaction (sur le front).

Maladroitement, pour la réconforter, je lui dis aussi que c’est pas grave de se faire larguer par quelqu’un qui a l’injure aussi pauvre. Mais ça ne la fait même pas sourire. Il lui en reste cinq, mais ça ne fait rien, elle est triste quand même. Elle me parle de ses qualités. Je ne connaissais pas du tout Mardi, juste son nom et son âge, que j’ai vite oubliés, parce que même si je ne suis pas trop jaloux, j’ai quand même peur de me mettre à gamberger si je fais la connaissance de Lundi, Mercredi, Vendredi et Dimanche. De me mettre à faire des comparaisons… Et, bien sûr, Diane n’a pas la photo de ses six amants dans son salon, côte à côte sur un guéridon.
Je soupçonne qu’elle a une petite préférence pour Dimanche, car c’est le seul qui ait été présenté à ses parents. Mais la rencontre fut peut-être fortuite. Car Diane aime à dire qu’elle n’a aucun compte à rendre à ses parents à qui elle ne doit que la vie, après tout.

Comme Diane ne manque pas d’éthique, elle n’a jamais trompé Mardi et il a toujours su qu’elle était polygame. Sauf la première semaine, peut-être. Non, ce qui a mis Mardi en pétard, c’est juste qu’elle lui a demandé la semaine dernière de ne pas venir parce qu’elle était malade, il est venu quand même et elle a refusé de lui ouvrir. Alors il a cogné violemment dans la porte. Elle l’a ouverte, et a dit : «Tu ne vas pas me cogner, quand même, Pierre ?», et il l’a cognée quand même (au front).

Diane a eu 27 ans le mois dernier, c’est ce qui explique qu’elle soit un peu paumée. Si j’avais eu le choix - je ne l’ai pas eu puisque je suis tombé raide dingue amoureux du cul de Diane en un éclair, posé à l’arrière du scoutère de Mercredi -, eh bien si j’avais eu le choix, j’aurais préféré une nana de 17. Pressée de découvrir la baise, n’ayant pas encore feuilleté Marie-Claire ni Cosmo et élevé ses exigences à une hauteur qui me dépasse.
Diane rêve en effet d’un super Samedi qui nous réunirait tous, dans le désordre la culture de Dimanche, la voiture de Vendredi, le chibre de Mardi, ou le mien, l’entregent de Lundi, de Mercredi la galanterie.
Ou une fille de 37, prête à oublier ces lectures pieuses avant qu’il ne soit trop tard et à se laisser besogner enfin par un mec fruste. Je ne parlerai pas des filles de 47, pas si pervers.

En plus, à 27 ans, les filles sont complètement bioniquées. Pourquoi diable Diane échapperait-elle à la règle ? Dix ans de spermicides et autres infanticides divers et chimiques, ça fait dix ans qu’elle prend les pilules qu’on lui ordonne. Il n’y a pas que les poulets et les cyclistes que ça fait débloquer, les hormones, bien sûr - faudrait être “directeur marketing” chez Roussel pour prétendre le contraire.

Vous me direz que quand on aime, on admire. Justement, au début j’admirai l’anticonformisme de Diane. Ainsi, quand je lui demandai de me sucer, elle refusa. Catégoriquement. C’était la première fois que j’essuyai un tel refus, définitif en quelque sorte. Bizarremment, je vis là une preuve de son indépendance d’esprit. J’admire Diane aussi, parce que moi, à partir de trois, je fais des confusions. À la limite de la goujaterie. Par exemple, j’intervertis les positions préférées des unes et des autres. Ou pire, leurs prénoms. Même si je n’y mets aucune malice, c’est pas très poli. Diane, elle, c’est une métaphore, ne servirait jamais un couscous à Vendredi qui préfère les tripes à la mode de Caen. Elle a sûrement des trucs mnémotechniques, mais n’importe, elle se débrouille vraiment comme si elle avait une tête bien faite et pas une tête bien pleine. Et quand on permute les journées, c'est déjà arrivé, je vous dis pas le bordel !

Je me demande parfois s’il ne faudrait pas que je lui fasse un enfant dans le dos.

Commentaires

  • Dîtes-moi Lapinos, ce Vendredi dont vous parlez, il ne serait pas un peu sauvage ? Vous n'êtes pas sans savoir que j'ai bien connu un Vendredi, que j'ai même forgé sa légende.



    Quant à Dimanche, il me rappelle un Dimanche de G.K Chesterton. Un Dimanche qui présidait le Conseil des Anarchistes dans un livre "Le nommé Jeudi"... Serait-ce donc ce Dimanche qui mange maintenant chez les parents de Diane ? Il se serait donc rangé, enfin.



    Je vous embrasse, et vous dis à demain.

  • Pentaqueues

  • Oui, ou hexagonades.

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