Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La Matonne des lettres

Certes, ils n’ont pas inventé la poudre, Jourde et Naulleau. Moi, ça fait des lustres déjà que je ne peux plus voir Philippe Sollers autrement que comme le “Maquignon des Lettres”. Le truculent Jean-Edern Hallier, qui connaissait Sollers comme s’il l’avait fait (d’ailleurs il l’avait fait), lui décerna ce titre jadis. Ils n’ont pas inventé la poudre, mais le crépitement du bois dont ils se chauffent est un réconfort dans cette période glaciaire. On leur conseillerait volontiers dans leur dernier pamphlet de s’éparpiller un peu moins, de ne pas trop s’attarder à distribuer les taloches jusqu’au fond de la classe, à Yann Moix, Sébastien Lapaque, Christine Angot, Douin, Rozynès, et tutti quanti… C’est leur côté “prof”, à Jourde et Nolleau, appliqué. Mais Josyane Savigneau, la directrice du Monde des Livres, elle, mérite un traitement particulier, pas de doute, ce portrait en “Matonne des lettres”. Le ton est celui de l’ironie douce-amère, les détails sont soignés :

«(…) Comme on le voit, la découverte du “Monde” se confond souvent avec celle de fâcheuses coïncidences. Ou alors de rencontres fortuites sur un plateau de télévision, comme en un certain 4 octobre 2001 où, les yeux écarquillés par l’heure tardive et l’incrédulité, les téléspectateurs de “Campus” eurent droit à une interview d’Edwy Plenel par Josyane Savigneau à l’occasion de la sortie des “Secrets de jeunesse” du premier nommé. L’émotion de ce grand moment de télévision et de déontologie était trop forte : l’entretenu ne put retenir quelques larmes. Même Staline, Mao, Enver Hodja et leurs plus zélés thuriféraires auraient reculé devant de pareils procédés.

(…) Mais ces méthodes un rien contestables, iront jusqu’à prétendre certains, se trouvent toujours placées au service d’une bonne cause : “Edwy Plenel. Pour un “humanisme politique”, contre le rejet de l’autre”, annonçait le supplément en première page à propos de “La Découverte du monde”. Vous, je ne sais pas, mais moi, des mots d’ordre d’une pareille radicalité me donnent envie de descendre sur le champ dans la rue, banderole et pavé à la main. POUR-UN-HUMANISME-POLITIQUE/CONTRE-LE-REJET-DE-L’AUTRE ! (…) En gros, quiconque ne goûte pas le contenu du Monde des livres est non seulement un ennemi de la liberté, mais probablement un adhérent en puissance du Ku-Klux-Klan.»


On va me dire que je retarde, car Petit déjeuner chez tyrannie et Le Crétinisme alpin (Nolleau puis Jourde) datent de 2003. C’est vrai, je ne les ai découverts que lors de leur parution récente en livre de poche – je devrais faire davantage attention aux librairies que je fréquente. Ce n’est pas si grave car les rentrées littéraires se suivent et se ressemblent. J’en étais resté au précédent pamphlet de Jourde et Nolleau, le meilleur, auquel on pourra se référer dans cent ans lorsqu’on se penchera sur la littérature de notre époque : un pastiche très drôle de Lagarde et Michard : BHL, PPDA, Camille Laurens, Beigbeder, Labro, Villepin, Nothomb, Sollers bien sûr, aucune de ces baudruches littéraires ne résiste à l’aiguillon de nos deux pamphlétaires réunis. Quand la promesse d’un deuxième tome sera-t-elle tenue ?

Commentaires

  • C'est vrai que leur pamphlet était cocasse quoique parfois un peu trop caricatural, mais, me direz-vous, on est toujours un pamphlétaire trop caricatural, sinon a quoi cela servirait-il ?

    Bravo lapinos !, Sortez de votre cage et coupez-leur les testicules à ces terroristes du sens exclusif.

    Bon pour Edern qui n’était allié qu’à son ego, pour faire un lamentable jeu de mot lorsqu’on ressort cette antiquaille du tombeau, je trouve qu’il n’a jamais rien prouvé que sa nullité littéraire (qui devient avec le temps de plus en plus évidente). Pour les autres faquins, on peut les critiquer, et il y de quoi, mais ils sont tout de même d’une autre pointure.

    Sollers à l’immense privilège de trop signer la fin d’un monde littéraire d’une fin en quenouille ; comme décadent, il est représentatif. Commencer maoïste et finir papiste ce n’est pas rien, serait-il demain raélien que cela ne surprendrait personne. Sa littérature n’est pas toujours sans attrait, sa guerre du goût n’était pas un ragoût.

  • Et alors, hormis BHL, PPDA, Camille Laurens, Beigbeder, Labro, Villepin, Nothomb, Sollers : qu'est-ce que t'as comme casher à proposer ?

  • Ben, Jourde et Naulleau, tiens !

  • Très jouissif leur pastiche, en effet. Et incroyable le culot de Plenel. Je me souviens aussi du pastiche de "la première gorgée de bière" de Delerm par Fellacia Dessert : "la première gorgée de sperme". Un bijou.

  • Pleynel chez Durand, ça ne vaut pas les bonnes vieilles castagnes, Choron ou Gainsbourg à Droit de réponse. L'éviction de Polac a définitivement signé l'ère de l'idiotie française.



    Tiens, ton billet me rappelle une savoureuse lecture de Domenach à propos du déclin de la littérature française. C'est très académique, moins divertissant qu'un pamplet mais plus instructif.

  • Bonjour.



    Retour salutaire du stalker dans la Zone avec quelques

    lignes acerbes sur Jacques Derrida, prétendument l'un

    des plus grands philosophes encore vi...



    Non, pardon, désormais mort et, hélas, pas près d'être

    oublié... en tous les cas par les pseudo-journalistes

    français qui, bien sûr, n'ont pas lu une traitre ligne

    de ce tout autant pseudo-philosophe...



    http://www.hautetfort.com/stalker/



    Amitiés.

    Le stalker

Les commentaires sont fermés.