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Eros et Lapinos

Je sais pas si c’est la grisaille ou quoi, mais j’ai davantage le nez dans le journal en ce moment, à lire les gros titres, que l’œil au ras de la page à reluquer les filles. Méconnaissable, je suis. Victime aussi d’un phénomène curieux. D'une de ces lois injustes de la nature qui veut que plus vous êtes aimé, plus on vous adore. En ce moment, je n’ai qu’à me baisser pour les ramasser, les filles. Un peu de calcul : j’ai prolongé mon bail chez Isabelle, malgré le retour promptu de son mec de Lisbonne. Officiellement parce que mademoiselle ne se satisfait pas d’un homme harassé par un turbin aussi lucratif qu’inintéressant. Officieusement, parce qu’elle voudrait bien qu’il se décide à lui passer la bague au doigt. La concurrence peut inciter un homme de pouvoir tel que Philippe à se décider plus vite.

Où en étais-je ? Ah, oui, il y a Diane, besogne à temps partiel, elle aussi, mais qui s’avère de plus en plus gourmande. Avant-hier, sous prétexte que je lui avais fait une remarque désobligeante sur sa tenue vestimentaire – en réalité un compliment déguisé –, elle m’attendait à la sortie du boulot, en jupe courte et porte-jarretelles, avec un petit bibi rose sur la tête. Je l’avais à peine reconnue et prise par le bras pour l’escorter vers un arrondissement plus hospitalier qu’elle me susurrait déjà des mots cochons à l’oreille.

La dernière en date, c’est un modèle charmant, de l’Académie de peinture simpliste (APS), fondée l’année dernière avec quelques nostalgiques du Beau. Après deux heures passées à épouser fidèlement ses pleins et ses déliés émouvants, ramassé mes cliques et mes claques et balayé un peu la sciure, je m’en vais par la rue des Martyrs vers de nouvelles aventures (sous l’œil bienveillant des mânes de Géricault et de Chassériau), en sifflotant gaiement, pas mécontent d’un de mes croquis, quand ce modèle me met le grappin dessus et m’entraîne chez lui, c’est charmant mais un peu sombre, sous prétexte de poser rien que pour moi. Finalement, c’est moi qui pose pour elle, car elle manie assez bien le pinceau elle aussi. À moitié nu seulement, car je n’ai pas l’habitude. La séance est plutôt chaste, finalement, mais je gage que ce n’était pas la dernière, ni le point de vue final de notre relation toute fraîche.

Un peu plus et je me plaindrais d’avoir des courbatures. Je me console en me disant que je passerai l’hiver au chaud, quoi qu’il arrive, sauf qu'il se peut bien qu’elles me filent toutes entre les jambes, jalouses les unes des autres, et que le cercle vertueux soit brisé. Curieux tout de même que mes yeux cernés d’homme comblé soient plus attirants que mes yeux brillants de fièvre après quelques jours d’abstinence.

Il y a quinze ans, quand je matais les filles à la dérobée, mes roustons congestionnés s’entrechoquant douloureusement au moindre faux mouvement, j’étais loin de soupçonner une autre dure loi de la nature. Je me figurais alors que lorsqu’une de ces créatures dotées de toutes les vertus daignerait se pencher avec sollicitude et des gestes doux sur le nœud de mes problèmes, je connaîtrais enfin la sérénité, je pourrais m’adonner entièrement à des tâches plus spirituelles. Naïf que j’étais ! Plus on baise, plus on a envie de baiser, et inversement… Aujourd’hui, il n’y a que l’état de moine ou celui de lapin qui me paraît raisonnable. Et dans dix ans ? On verra bien.

Commentaires

  • C'est en baisant qu'on devint baiseron

  • Et c'est en limant que l'on devient limaçon...

  • Echange état de moine longue durée, tranquillité garantie, solitude et recueillement, contre état de lapin même à titre momentané. Pas sérieux s'abstenir.

  • pour ça, point nouméro ouno : quitter laval

  • Solidarité entre les exclus de la baise.

  • Cela s’exclut, il n’y a de sexes clos qu’en de vilaines traditions de vils possessifs. On sexe gère toujours…

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