Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les habits neufs

Maurice Mazo en peintre expérimenté entend faire connaître son opinion sur la production picturale de son époque. C’est vrai, dit-il en substance, et ce bon sens est d’une effronterie “hénaurme”, qui mieux qu’un peintre peut causer peinture ?

Parce qu’ils ont le verbe haut, le caquet bloqué en position ouverte, les littérateurs et les journalistes de tous poils ne peuvent s’empêcher de déblatérer, y compris sur des sujets qu’ils ne possèdent que bien peu intimement.

Mazo, lui, parle rouge, tranchant sur le bistre des critiques officiels, qui cachent dans les circonvolutions de leur prose obscure -plus c’est abscon plus c’est profond-, l’absence d’éclat de leurs lumières.

Mais je laisse la parole au maître :

«(…) Tous nos fabriquants d’arabesques irresponsables, de petits décors, courts bien qu’ambitieux, se refusant à représenter ce que, par leurs yeux, tout leur être pourrait voir, tous ces peintres fort à plaindre en somme, car ils se privent de la joie de communion avec le monde, et, joints à eux, leurs éxégètes myopes qu’ont engendré tous les milieux, des moines aux grands fonctionnaires des Beaux-arts, avec comme base, les stipendiés de toutes les grandes “galeries” d’Europe et d’Outre-Mer…, tous ces gens qui servent et chantent l’art non-figuratif n’ont pas compris cette vérité profonde et qui d’un coup anéantirait leur position, s’ils pouvaient la percevoir : il n’est de véritable “abstraction” plastique que dans la grande représentation.(…)

«(…) Celui qui se prétend créateur, mais qui, impuissant à ajouter un mot nouveau au langage de libération de l’homme, à monter d’un degré vers l’esprit pur, refuse comme vaines les données du monde extérieur, fonde sur le mensonge et s’oppose au devenir humain.

Ces stériles raillent ceux qui ont engendré hier, et nient d’avance celui qui a la force de créer, et créera demain. Haine horrible de tout ce qui est vie ! »


Extrait d’une longue lettre à Malraux réfutant ses thèses, en date du 9 avril 1951.
(In : “L’art face à sa destruction” Édition e/dite 2005)

medium_mazo.jpg

Commentaires

  • "A tout voir on devient aveugle" disait Dubuffet...
    Je crois bien que les larmes servent à ça, aurais-je ajouté...
    Bien d'accord avec ce Mazo, toute représentation est forcément biaisée, et donc, une abstraction...
    Sacré tableau, on y voit de ces figures!

  • Tout artefact est représentation, Lapinos. L'art de notre époque ne fait que rejoindre la philosophie. Nous sommes au bout dans bien des domaines, il nous reste à expérimenter les combinatoires. Ce matin, un petit garenne est venu sous ma fenêtre, je me suis dit que j'étais cernée par les lapins curieux. Vous vous êtes fait viré de l'essoreuse à salade, Lapinos ? Racontez moi donc : mc.guillory@free.fr, votre présence est râre et furtive sur mes terres, il se passe donc quelque chose sous vos oreilles poilues.

  • Les philosophes discernent toujours les grandes directions, le sens… a posteriori. Mais a priori ces messieurs font moins les farauds, peu s'aventurent en éclaireurs, pas fous.
    Seuls les prophètes m'intéressent, Marie-Cécile

    Et Pollock (etc., etc.) ne représente rien, vous êtes de mauvaise foi ou d'une stupidité insondable, au choix, Marie-Cécile.

    Vous préconisez les "combinatoires" ? John Currin, sur sa renommée et son tas de dollars vous regarde d'un air ironique, Marie-Cécile.

  • Une oeuvre d'art qui a besoin d'un discours a priori pour susciter une émotion ne ressemble guère à de l'art. L'absurdité d'une certaine création contemporaine n'existe effectivement que par la parole absconne des exégètes nouveaux clercs des galeries mondaines. Supprimez les exégètes, et les créateurs professionnels subventionnés disparaîtront. Et l'art jouer

  • (erreur clavier, message parti trop tôt, confuse).
    Et disais-je donc, l'art jouera de nouveau son rôle premier de facteur de communion directe entre les hommes sans le passage par le commentaire et l'analyse. Que l'analyse vienne après, d'accord. Mais avant, non.
    Avez-vous lu Georges Matthieu, "Le Massacre de la sensibilité"?

  • Irina, je connais votre aversion pour le féminin des adjectifs, aussi vous excusé-je d'écrire absconne pour absconse, ne soyez pas confuse (bien que ça vous aille bien, je présume).

    Vous voulez parler de Matthieu, le calligraphe de la pièce de dix francs ? J'avoue que je n'ai pas un goût immodéré pour les arts premiers…

  • Et laissez-moi ferrailler seul contre cette sémio-esthéticienne de la planète bobo, Irina, c'est préférable, car j'ai un long estoc et manque parfois un peu d'adresse.

    Je m'en voudrais tellement si par mégarde vous en preniez un coup au coin du minois !

  • Matthieu le mec de la pièce de dix francs oui. Pas fana de ses oeuvres par ailleurs, mais le livre est bon.
    Je suis encore confuse (si, si) et doit vraiment avoir du mal avec le féminin des adjectifs effectivement mais finalement, absconne, ça a du sens...
    Pour le reste, je la boucle, d'accord monsieur. Même si on se remet toujours d'un petit coup.

Les commentaires sont fermés.