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Théorèmes

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Je sais bien que Houellebecq ne publie pas de bouquin, cette année, mais on va quand même pas parler de Yannick Moix !?
Il y a Angot, aussi. Au moins, elle, elle me fait marrer. J’ai vu presque tous ses sketches. Le dernier sur sa naissance à Châteauroux était très drôle, mais difficile à raconter ici, c’est au-delà du “non-sense”. Elle est beaucoup plus drôle que Bigard.
Est-ce qu’il existe un dévédé des sketches de Christine Angot, un zapping, quelque chose comme ça ? Il y a certains sketches que je reverrais bien. Elle restera, Angot, contrairement à Bèguebédé ou Lola Pille : parce qu’elle est vraiment trop, Angot !

À propos de Houellebecq, deux trucs m’amusent. Comment il a réussi à se mettre tous les médias à dos rien qu’en disant qu’il trouvait les Allemands plus sympas que les Français. C’était très fort. Très intéressant aussi. Ça en dit long sur le chauvinisme des Français, leur immobilisme, encore plus cons que les Français de 1920 qui avaient, eux, quelques petites raisons d’avoir de tels préjugés.
Bien sûr, la presse a été choquée aussi par les réflexions misogynes ; ses vannes sur la médiocrité de la civilisation musulmane ont fait sauter au plafond les militants antiracistes - mais St-Germain-des-prés, assez anti-arabe dès qu’il se sent vaguement menacé, a fini par trouver ça plutôt drôle. Le coup des Allemands plus sympas que les Français, c’était très bon.

Et puis ce qui est amusant aussi, c’est cette histoire que raconte Nabe dans son dernier bouquin à propos de Sollers qui n’a pas vu venir le succès de Houellebecq. En gros, Sollers pose l’axiome selon lequel il est impossible d’avoir du succès en librairie aujourd’hui sans écrire des trucs qui plaisent aux femmes puisqu’elles représentent quatre-vingt pour cent des lecteurs ; et comme Houellebecq est misogyne, assez abstrait, politiquement incorrect, ses bouquins sont condamnés d’avance. Raisonnement cartésien, rien à dire. On connaît la suite, les centaines de milliers d’exemplaires vendus, essentiellement achetés par des gonzesses, donc. Et Sollers, le plus grand préfacier de la littérature française, sans doute, mais dont la veulerie est quasi-légendaire (On connaît la chanson : (« Avec sa gueule de Tartuffe, de moine errant, de patron grec, et ses cheveux tout plein d’argent… lalala »), Sollers se rallie bien sûr à la cause de Houellebecq.

Au-delà des histoires de clones chiantissimes, ce mystère me titille. La théorie de Chardonne, également éditeur, c’est que le succès est imprévisible en littérature. Il a lui-même fondé sa maison Stock sur le succès inattendu en France du récit d’un pilote allemand après guerre, Pilote de Stukas. Pourquoi les femmes se sont-elles mises à lire Houellebecq contre toute prévision. Est-ce :

1. Parce que les femmes, de plus en plus masculines, ont désormais des goûts qui se rapprochent de ceux des hommes.
2. Parce que les femmes sont restées dans le fond majoritairement plutôt masochistes et que les propos sadiques de Houellebecq les ont excitées, incitées à acheter le livre.
3. Pour une troisième raison qui m’échappe.

Commentaires

  • T'inquiète mon Lapinos, à Hollywood ils savent très bien pourquoi, n'oublie pas que les américains - et surtout les américaines - ont cinq ans d'avance sur nous, c'est parce que ce sont toutes des desesperate housewives !

  • C'est vrai qu'Houellebecq au moins ne cache pas son racisme, si seulement les gens pouvaient etre "moins" diplomates et ne se la jouaient pas "neutres" et "conciliants" alors qu'il n'en ai rien. Mais celà ne change rien au fait que je suis anti-houellebecq. Mais je lirais bien Nabe, si je passe un jour à Paris.

  • 4 - parce que les femmes se précipitent toujours sur les livres que leur conseillent d\'ignobles séducteurs.

  • Encore une fois je ne crois pas que Houellebecq soit raciste, si tant est que ce mot veuille dire quelque chose. C'est plus les bien-pensants français qu'il ne peut pas sacquer, Gretel, tous ces bobos antiracistes qui vivent entre eux et portent des badges "Touche pas à mon pote" pour être dans le vent.

    Tout le monde a des préjugés. Ceux-ci tombent ou se renforcent au contact de la réalité. L'hypocrisie des bobos ne peut que renforcer ces préjugés, Gretel. Les quelques blancs qui vivent encore dans les banlieues les plus dangereuses, barricadés chez eux, se sentent isolés et ont l'impression que les bourgeois de gauche qui vivent confortablement se foutent de leurs gueules. Leur ressentiment vis-à-vis de leurs voisins noirs n'en est que plus vif, parce qu'ils se sentent acculés.

    (Nabe, lui, préfère cultiver cette tradition française de l'orientalisme, incarnée par Charles de Foucault, Loti, Veuillot, Delacroix, Ingres, Lyautey, etc., qui me paraît beaucoup plus intéressante que la dialectique gauchiste sur le racisme ou que les délires d'une poignée de nationalistes français qui tombent dans le piège de la gauche. Le modèle de la gauche, c'est les États-Unis, l'obligation légale d'un comportement moral, c'est d'une rare bêtise philosophique, une sorte de totalitarisme sans issue ; certains naïfs croient que les Yankis ont réglé leurs problèmes de préjugés raciaux, en réalité tant que le dollar coulera à flots tout se passera à peu près bien dans l'apartheid nord-américain, mais le jour où la pompe ne ramènera plus assez de fric, on verra ce que ça donnera.)

  • Vous y croyez, vous, à la misogynie de Houellebecq ?

  • C'est la première fois que je tombe d'accord avec vous, Lapinos, à propos des U.S. (Je vous conseille le film "Crash", un peu caricatural, mais pas inintéressant pour autant).
    Mais sinon, ce commentaire a essentiellement pour but de promouvoir mon nouveau blog.
    Voilà.

  • C'est dingue le nombre de gens qui veulent m'envoyer au cinéma. Je n'y vais plus depuis 1998 ! C'est trop cher, le son est trop fort, les films sont nuls à 99 %, et le spectacle des spectateurs me navre. Pour 1 euro aux Puces on peut se payer des sensations bien plus fortes, à l'écart des bobos. J'ai entendu ce Cronenburg l'autre jour à la télé, je crois que c'est le type qui a tourné ce film dont vous parlez, il était d'une rare stupidité, plus con encore que Spielberg. Je ne supporte pas ces businessmen yankis qui se prennent pour des intellos.
    Je pourrais faire une exception pour un vieux Chaplin, un vieux Buster Keaton, ou un film d'animation. Walt Disney est un artiste populaire intéressant, féru de dessinateurs animaliers, Oudry, Snyders, entre autre. Ou une très jolie fille qui insiste pour que je l'accompagne au cinoche voir une sombre merde, un film de Woody Allen par exemple.

    Je crois que le dernier film que j'ai vu en 1998 c'était "The Big Lebowski" des frères Coen, aux États-Unis, pour 1$50, mais c'était un peu différent, le contexte était exotique. Bouffer un "Quarter-pound", je ne sais plus trop comment ils disent, chez "Burger King" à Los Angeles, c'est pas la même chose du tout que de bouffer un "Royal Cheese" chez MacDo aux Halles, vous pigez ce que je veux dire ?

  • D'autant mon vieux Lapinos que Chaplin n'était pas yankee mais rosbeef !

  • Qu'est-ce qu'on gagne pour un euro aux puces ?

    Je ne crois pas non plus une seconde à la misogynie de Houellebecq ; ses personnages, hommes et femmes, sont également pathétiques, les femmes sont juste un peu plus malheureuses que les hommes, peut-être. On peut vouloir instruire le procès des dégâts collatéraux et directs du féminisme sans être un misogyne, non ?

  • Mais Lapinos moi j'admire beaucoup la manière dans les anglo-saxons ont toujours opprimé les autres peuples indiens ou noirs par exemple ! Et leur refus de se mélanger que tu appelles de l'apartheid !
    Si tu préfères le Brésil libre à toi ... chacun ses goûts, toi la samba, moi le western !

  • Je suis entièrement d'accord avec tes propos sur les gauchistes, Lapinos, durant la période de colonisation, ils protestaient contre l'attitude pro monarchiste de Lyautey, (dont la politique coloniale etait plus subtile relativement à celle de l'Algérie). Quand à leur politique extérieure, elle est en total contradiction avec leurs discours soit disant anti raciste.
    Et je ne parlais pas de Danielle Mitterrand, de la campagne médiatique à l'époque de Mitterand contre le Maroc , sans parler du soutien de cette dernière aux independantistes Sahraouis.
    Quant à Roland Dumas.No comment!!


    P.S: J'ai un grand faible pour Chaplin également

  • disons que Houellebecq pourrait être mysogine ...à son âge! mais force est de dire que ça n'apparaît pas dans ses romans, ça non...et il faut que ce soit des femmes qui te corrigent Lapinos...

  • ce qui n'enlève rien à la pertinence de tes deux premières hypothèse hein, curieusement...ou pas

  • pour le bouque sur les Stukas, c'est le nom, sans le moindre doute, le nom et le bruit de la bête...il faut, d'après mon père, l'avoir entendu quand il piquait sur sa cible pour comprendre...le nom de la rose

  • Non, moi je crois Houellebecq lorsqu'il dit qu'il est miso, que sa mère lui a trop tapé sur les nerfs ; et puis il y a son admiration pour Baudelaire et Schopenhauer. Mais être miso ne l'empêche pas d'être maso et de tomber encore amoureux, même à son âge. Possible même qu'il ait une préférence pour les chieuses.

    Pour répondre à l'autre excité anonyme, je disais que les Yankis pouvaient connaître pire que l'apartheid qu'ils connaissent aujourd'hui. En Californie les tensions commencent à être assez fortes, les latinos réclament une partie des responsabilités poltiques, en proportion de leur nombre et de leur travail, et les blancs se raidissent, ils flippent. Je ne crois pas à la solidité du contrat social yanki. A la solidité du dollar, oui, mais pour combien de temps ?

  • Te fâche pas mon Lapinos ! On se donne rendez-vous dans quelques siècles pour porter un jugement comparé sur les Etats-Unis et la France !

  • D'accord avec vous, Nadine.

    Lapinos, ce n'est pas sérieux. Si la misogynie s'enseignait, vous seriez recteur d'académie et Houellebecq, simple bizut besogneux. Souvent, vous seriez d'ailleurs obligé de lui infliger des blâmes, car il lui arrive de professer une sorte d'admiration pour le genre féminin.

    Ainsi, dans "Les particules élémentaires", je lis : "Les femmes, parfois, étaient tellement gentilles; elles répondaient à l'aggressivité par la compréhension, au cynisme par la douceur. Quel homme se serait comporté ainsi?"

    Sur son blog, la note du 24 août 2005 n'est pas terrible non plus, comme profession de foi misogyne :
    http://homepage.mac.com/michelhouellebecq/textes/mourir.html

  • Et puis les préjugés sont nécessaires pour ne pas être dérouté par le flux d'informations à comprendre, pour qui sait ouvrir les yeux. Ca vous l'avez bien compris, Mr. Lapin, puisque par définition, vous savez tout sur tout, et mieux que tout le monde.

    Ouais sinon The Big Lebowski il m'a fait bien rire, même dans ma petite chambre parisienne.

    C'est pas que j'ai quelque chose à dire hein, comme j'ai sus-mentionné, faut promouvoir !

  • Moi j'ai longtemps été fasciné par Michel, son délire de personnage d'une intelligence supérieur. Tout ca. Ses ptites phrases courtes. On pourrait penser que c'est des aphorismes parfois, on prend ça pour parole d'évangile, et on oublie que c'est juste un vieux con raciste qui baise pas des masses.
    Trop badant ce mec.

  • En fait, j'ai vraiment dit n'importe quoi dans mes deux derniers commentaires.

  • Parler de Houellebecq, c'est bon pour les commentaires. Ça les attire, comme la merde les mouches.

  • On va quand même pas parler de Dantec ? Qui me fait autant marrer qu'Angot, soit dit en passant.

  • En lisant les commentaires ci-dessus, je me dis que c'est peut-être parce que les femmes n'ont rien compris aux bouquins de Houellebecq qu'elles se sont jetés dessus ? Bien sûr sa misogynie n'a rien à voir avec la mienne. C'est une misogynie sentimentale assez ambiguë. C'est ainsi que je comprends "Plateforme", son premier véritable carton. Il y fait l'apologie de la femme soumise incarnée par une petite pute thaïlandaise, soulignant que ce fantasme est partagé par bon nombre de trentenaires occidentaux, que l'on retrouve dans les bordels de Phuket au lieu des vieillards libidineux de la propagande, mais pourtant à la fin du bouquin son héros tombe amoureux d'une chieuse occidentale de Saint-Quay-Portrieux MALGRÉ TOUT. Ce que j'aimerais bien savoir, c'est si H. a choisi St-Quay-Portrieux au hasard ou pas. Parce qu'il se trouve que les filles de St-Quay-Portrieux sont particulièrement chiantes.

    La misogynie de H. est une conséquence, c'est lui qui le dit, du comportement sexuel féministe de sa mère. Comme Baudelaire, il est directement touché. La manière de nier la misogynie de H., c'est comme si on disait, il n'est pas misogyne, d'ailleurs il couche avec des filles. Dans ce cas-là, il n'y aurait que Montherlant qui serait misogyne, et Montherlant ne m'intéresse pas beaucoup de ce point de vue (même si ce sont peut-être les meilleurs bouquins de M.), c'est la misogynie politique qui est intéressante.

  • On appellerait donc misogynie politique celle dont sont affligés les enfants de chieuse ? Admettons. Et en quoi consisterait cette misogynie-là, professeur lapin ?

    (j'avais oublié de vous féliciter pour votre hilarante mais trop courte version du métèque, merci pour ce bon moment)

  • Non, non, je me fais mal comprendre, je m'emporte, je postillonne, même, la misogynie de Houellebecq est trop sentimentale pour être utile. Et qui plus est Houellebecq est un positiviste ringard, je pense que vous pouvez comprendre, Nadine, en quoi je ne peux pas prendre au sérieux la foi de Houellebecq dans les robots. À se demander si H., qui prétend aimer Baudelaire, l'a vraiment lu ? Nul n'est plus éloigné de ce positivisme béat que Baudelaire.

    Après ne croyez pas que la mère de H. fut seulement une "chieuse", un enfant s'accommode à peu près d'une chieuse, or H. a vraiment souffert du comportement féministe de sa mère, plus que Baudelaire.

  • J'ai bien envisagé cette hypothèse, proche de celles que je formule, mais elle ne correspond pas à mon expérience.
    J'ai un peu incité Pim à lire "Plateforme" - à mon avis son roman le plus abouti, bien que ce soit celui que H. aime le moins, mais je crois que c'est la recette de "Plateforme" qui est la plus équilibrée, pour parler en cuisinier -, et bien sûr je ne suis pas parvenu à mes fins avec cette "chieuse sympathique". Pire, c'est Pim qui essaie de me faire lire des bouquins de Dostoïevski.

    En revanche Nadine m'a dit avoir lu "Vile Bodies" de Waugh sur mes conseils, mais Nadine, si elle est sans doute une "chieuse" elle aussi, on n'échappe jamais complètement aux mouvements de pensée de son époque, fait des efforts pour admettre la supériorité de l'homme sur la femme. Elle n'est donc pas "typique" de la femme contemporaine.

    Mais le "hic" c'est que je suis peut-être ignoble, mais certainement pas un "séducteur", je suis beaucoup trop impatient pour ça.

    Je propose donc une quatrième hypothèse (le théorème de Chardonne n'exclut pas qu'on puisse déceler les raisons d'un succès a posterori, bien entendu) : Les femmes ont un sens atavique aigu de la mode qui les a incitées à se jeter sur "Plateforme" comme des brebis ?

  • Allons, je ne parlais pas de vous, grand narcisse!
    Et Houellebecq a raison : Plateforme est son plus mauvais roman. Ce n\'est pas de la littérauture mais un scénario, un récit très clair, une intrigue rondement menée, tellement calibrée qu\'on s\'y emmerde comme jamais. Son malheur d\'écrivain est de s\'être accompli dès le premier roman. \"Extension\" développe une petite forme sèche et méchante qu\'il n\'a fait que graisser depuis, bien incapable de retrouver le roman allemand moderne qu\'il semble admirer.

  • Admettre la supériorité de l'homme sur la femme, mais oui mais oui.

    Simone connaissait une femme iranienne qui ne s'adressait à son mari qu'un genou en terre. Ma grand-mère lui demande pourquoi, et la femme lui répond qu'en recevant pareil traitement à la maison, il ne risque pas d'aller voir ailleurs (le gars n'était pas un apollon ni un phénix, ni un crésus vous imaginez bien). Qui est supérieur à qui dans l'histoire, et surtout qui a une plus haute idée de lui-même que de l'autre dans ce couple... la réponse est clairement "les deux mon capitaine", non ?

  • Je remarque qu'elle est vachement vexée : pas le moindre petit couinement de pimp ...

  • Lapin ne profite pas que je sois occupée ailleurs pour balancer sur mon compte. Puis ne fais pas les modestes, si je n'étais pas devenue complètement accro à Dostoïevski, même avec un esprit de contradiction aussi développé que le mien, j'aurais certainement cédé à ta séduction. Pourtant Houellebeck part avec de très mauvais points : mes collègues les plus puants, plutôt gauchistes dans l'idée et aristos dans les actes, si tu vois le genre, me l'ont conseillé Tiens, puisque tu joues les sociologues de la littérature, ça peut servir pour ton étude: c'était une femme et un gay, et ils conseillaient "Extension du domaine de la lutte" il me semble.

  • Andre, d'abord a "pimp" est un maquereau, et sans branchies. Ensuite, de quoi je me mèle?

  • C'est exactement ce que je dis, Nadine, vous n'arrrêtez pas de pinailler comme une chieuse, mais dans le fond vous admettez le bien-fondé de cette hiérarchie. Votre tournure d'esprit un peu dévoyée importe peu, ce qui compte c'est que vous transmettiez à vos enfants votre bon sens. Le reste passera avec vous.

    Toi, Pim, il faut que je te fasse cet aveu que, dans la vraie vie, je ne connais personne, je dis bien personne, qui ait lu un roman de Houellebecq. Ce qui confirme une autre théorie de Chardonne, d'ailleurs. Je t'ai conseillé de lire Houellebecq comme on conseille un bouquin de cuisine, ou un truc comme ça. Je t'ai sous-estimée, il faut dire que tu passes ton temps à dire que tu lis très peu. Oh, ça me fait penser que j'ai un excellent truc à te conseiller, qui te plaira je pense.

    Je sais que tu es sensible à son côté intello, mais n'écoute pas Slothorp, Pim, ce mec est capable de te causer de Spielberg pendant deux heures comme s'il s'agissait d'Eisenstein, c'est la moulinette brevetée bobo et tu mets ce que tu veux dedans, ça te fait un article dans "Libé" ou les "Inrocks".

    Houellebecq, il faut le voir au mieux comme un romancier populaire, comme Jules Verne ou Dumas, et si Dumas ou Verne c'est pas calibré, je sais pas ce que c'est.

  • C’est justement parce que je lis peu que je préfère lire de bons bouquins que de vagues constats sur notre triste époque pas forcément bien écrits. Pour ça y’a les blogs (et je parle pas du tiens Lapinos ni de ceux que je lis le plus régulièrement). D’ailleurs comme j’ai commencé à lire autre chose que des bédés voilà seulement 5 ans environ, à mesure que je découvre des auteurs de grands classiques comme Vian, Dosto, Flaubert, Céline etc... Je me rends compte à quel point la littérature contemporaine m’ennuie. Je t’ai raconté ma lecture de Djian que l’on m’avait conseillé cet été, c’est pas si mal écrit mais que c’est insipide!

    (Si tu me flattes Lapinou évite de te servir de moi juste après pour envoyer des piques à Slothorp, sinon ça annule l’effet)

  • Je dirais plutôt comme Jules Verne, dont les romans sont pleins de développements scientifiques chiantissimes. Les passages zoologiques des "particules", si je n'avais pu les sauter, je n'aurais jamais fini. D'ailleurs chez nous c'est l'homme qui a acheté ce roman de gare, dans une gare, pour passer le temps de son voyage, un peu curieux parce que "tout le monde en parlait". Et la femme, poussée par la même curiosité l'a suivi, bêê bêê.

    Je reconnais la supériorité des hommes sur les femmes en égoïsme et en lâcheté, ça oui. En force physique aussi évidemment, et en pilosité. Le fait de constater que la grossesse, étant réservée aux femmes, fausse tout projet d'égalité dans le travail et la vie sociale, d'une part, et de voir comme une nécessité absolue un rôle particulier dévolu à chacun des parents, surtout au père, dans l'éducation des enfants, pour leur bien, et le besoin d'aimer quelqu'un de tout à fait différent de moi n'a rien à voir avec votre histoire de supériorité. Je ne dis rien du désir de compartimenter les responsabilités et les champs d'autorité pour que chacun aie la paix sur son territoire et pour éviter les disputes à deux balles.

  • Qu'est-ce que tu as lu de Vian ? Parce que moi j'avais commencé à lire "L'écume des jours" et que j'ai cru mourir d'ennui.

  • Pas facile d’accrocher à L’Ecume, c’est vrai, farcir de métaphores alambiquées c’est un peu la patte de Vian je trouve, mais parfois ça rend les propos trop maniérés. J’ai lu quasiment les trois quart de ses bouquins à Vian, je crois, mais mes préférés restent "J’irai cracher sur vos tombes" (l’un des vieux bouquins sous pseudonyme) et "L’arrache cœur". Puis aussi les quelques nouvelles du "Loup-garou".

  • Dites, Nadine, vous n'allez quand même pas me filer des coups de rouleau à pâtisserie sur la tronche si vous n'êtes pas d'accord avec moi ?

    Vous seriez plus raisonnable d'admettre que la reconnaissance des supérieurs par leurs inférieurs hiérarchiques ne passe que par une fiction juridique… ou la révolution. Aristophane, déjà, l'avait mise en scène et je vous verrais bien jouer dans une telle pièce tant on devine que vous aimez la poudre et les coups d'État. Je serais curieux de savoir comment vous vivez votre soumission, celle dont parle saint Paul…

  • Moi j'aime bien certaines chansons de Vian mais ça va pas beaucoup plus loin.
    "J'irai cracher sur vos tombes", je l'ai lu parce qu'une de mes copines en quatrième devait le lire, c'était au programme des ses cours de français, et elle trouvait ça choquant. j'étais curieux de savoir ce qui pouvait la choquer. J'avais trouvé ça à moitié bandant mais à moitié raté. D'ailleurs c'est pas très facile de lire en bandant.

    Ce nègre qui massacre tout les blancs autour de lui par vengeance, comment est-ce que tu comprends ça, Pim, comme une fable sur l'Amérique du Nord, comme une fable sur le racisme (si c'est le cas c'est même complètement raté parce que le nègre sanguinaire finit par être plus antipathique que les blancs qui ont tué son frère), ou comme la transposition des propres fantasmes de viol de Vian dans un roman policier ?

  • Bouep, je ne crois pas que Vian ait voulu que ce soit spécialement bandant, mais de toute façon je ne lis jamais les bouquins en me demandant de quoi veut me parler l'auteur. D'ailleurs j'ai arrêté de lire les préfaces depuis qu'un critique complètement creux avait jugé bon de coller une dissection freudienne de Dostoïevski en préface de l'Idiot. Qu'est-ce que ça peut me faire que les héros de Dosto et leurs tergiversations traduisent de façon flagrante l'homosexualité de l'auteur, qui de toute façon a toujours eu un rapport compliqué à l'autre sexe? Ce qui m'intéresse c'est ce que le bouquin me dit à moi, personnellement, le reste je m'en fous. Dans ce bouquin là de Vian, y'avait pour moi une histoire de vengeance complètement fantasmée, puisque impossible pour des noirs opprimés (il serait de très mauvaise foi de ta part de nier le racisme dans les années 50 au sud des Etats-Unis).

  • Me suis mal exprimée, dans ma premioère phrase je voulais dire "je ne lis jamais les bouquins en me demandant de quoi veut parler l'auteur de façon générale, universelle". Pas l'impression que ce soit plus clair mais c'est plutôt ça.

  • Vous êtes passés de l'idée de la supériorité absolue à la supériorité hiérarchique, on progresse un peu déjà. La soumission que je dois à mon mari comme au Seigneur sera complète quand il m'aimera comme le Christ aime l'Eglise, voyez ? Il ne s'agit pas de se soumettre à l'injustice ou à la bêtise dont chaque mari est capable, mais à l'amour, au dévouement jusqu'à la mort. Et devant la croix il n'est pas difficile de se prosterner, chou. Bien sûr pour l'encourager j'essaie de montrer l'exemple et d'être patiente, comme tous ceux qui savent que l'orgueil est le pire poison. Mais la vie conjugale concrètement n'a rien à voir avec les rapports du Christ et de l'Eglise ; la métaphore de Paul propose au couple une dimension spirituelle qui magnifie le quotidien mais pas une règle de l'organisation matérielle du foyer. Il y a un point toutefois sur lequel il est très clair : nous sommes différents fondamentalement donc il ne peut y avoir de symétrie, juste un équilibre fécond.

  • Dites donc, qu\'est-ce qu\'on est mal reçu chez vous quand on se présente comme commentateur masculin ! Comme je m\'accroche toujours avec les déplaisants, je vais encore répondre à votre petite méchanceté.
    \"La moulinette brevetée bobos\" a été inventée par la moulinette à conneries, mon petit lapin farceur. Arrêtez de voir un bobo dans tout ce qui vous dépasse, vous finirez dégluti par l\'hallucination d\'une montagne de merde.
    Sinon, j\'aime bien Verne et je ne me souviens pas de Dumas. Mais ca n\'a pas grand rapport avec Houellebecq qui est un balzacien occupé par un ou deux sujets, mais pas plus. Plate-forme, c\'est pas un roman d\'aventure mais un truc à la Harlequin avec une dose d\'acide moral et de sociologisme.

  • Y'avait plus de couinements ... elle était occupée ...

  • Je suis à priori d'accord avec Pim, c'est pour cette raison que j'ai du mal avec la littérature contemporaine..A part qqs auteurs , sinon très bon choix pour Dostoievski..Pim.

  • Les raisonnements dans l\'absolu ne m\'intéressent guère, Nadine, je préfère me distraire en faisant de la randonnée pédestre. Mais relisez saint Paul sur le point évoqué, il ne s\'agit nullement d\'une métaphore.

    Pim, t\'as tellement envie de me prendre en défaut que tu ne me lis pas. Non seulement je ne nie par les préjugés raciaux dans l\'Amérique des années 50, mais je pense qu\'ils sont encore très vivaces dans l\'Amérique du Nord aujourd\'hui. Je n\'aime pas trop le terme idéologique de \"racisme\", qui est biaisé, qui veut rendre l\'idée fausse d\'un super-péché qui n\'existe pas. Si le \"racisme\" est le fait d\'imbéciles et d\'ignorants, comme les bobos le répètent à l\'envi, retranchés dans leurs quartiers chics, il faut être indulgent avec les \"racistes\", car la bêtise est une circonstance atténuante.

    Pour répondre quand même à Slothorp, au-delà de sa comparaison de Houellebecq avec Balzac - j\'allais dire \"osée\", mais les bobos savent-ils encore ce que c\'est que l\'audace et la pudeur ? -, disons donc sa comparaison \"qui prête à rire\" : je crois que Balzac est au contraire un exemple de génie assez large qui touche à tout, de la peinture au mariage en passant par le femme de trente ans, tous les aspects de la vie sociale, la religion, il embrasse tout. Houellebecq, c\'est un moraliste guidé par son ressentiment, plutôt monomaniaque. Dans le succès de Houllebecq, il ne faut pas sous-estimer le fait qu\'il ait rompu avec la tradition des romans insanes, inintelligibles, justement tels que Sollers continue d\'en écrire entre deux préfaces pour essayer d\'être crédible. C\'est amusant de voir d\'ailleurs que la limpidité de Houellebecq déroute les bobos. On leur a appris que le prix d\'un auteur, d\'une œuvre, se mesure à sa complexité. Et puis tout à coup on leur dit qu\'il faut qu\'ils aiment Houellebecq pour être à la mode, et Houellebecq est facile à lire. Les bobos sont déroutés. Où est donc ce brouillard où ils aiment dissimuler habituellement leur pauvreté ? Dantec leur conviendrait mieux, à la rigueur, mais Dantec a pactisé avec les néonazis, ce con, c\'est comme une grosse tache d\'encre au milieu d\'un cévé.

    Par ailleurs, le rôle d\'homme un peu dévirilisé, opprimé, joué par Houellebecq, plaît assez aux femmes d\'aujourd\'hui, qui quoi qu\'elles disent (je ne suis pas dupe des déclarations de Nadine et de Pim), cherchent des hommes-enfants avec lesquels elles pourront faire jeu égal.

  • Et, mais t'arrêtes un peu de croire que je te persécute? J'ai cru que tu ironisais sur les intentions de Vian.

    Quand à savoir ce que Nadine et moi cherchons, et bien déjà il me semble que Nadine l'a fort bien trouvé, et ensuite, Nadine, moi-même, et toutes tes lectrices ne sommes pas des "profils-types" mais des individus. ça t'arrange peut-être pas, tu voudrais connaître la clé de tous les coffres pour pouvoir piquer un maximum de coeurs, ou du moins connaître l'emplacement de ces coffres pour pouvori les violer, mais c'est comme ça, c'est la vie. C'est aussi pour cette raison que les humains ne sont pas des animaux comme les autres.

  • Lapin, toujours aussi incapable de répondre sur le fond, toujours prompt à attaquer personnellement le commentateur qu\'il ne connaît pas. Evidemment que Houellebecq n\'est pas Balzac ! Il voudrait bien l\'être pourtant mais il ne se préoccupe que d\'\"un ou deux sujets\" là où Honoré touchait à tout. C\'est plus clair maintenant pour la gelée aigre qui vous sert de cerveau ?

  • Ah parce que tu crois que Nadine a "trouvé", toi, Pim ? Pas moi. Et excuse-moi de te simplifier, mais tu n'apparais pas ici avec le relief suffisant pour que je puisse t'appréhender comme il faudrait. C'est moins naïf que de croire à l'existence des sentiments virtuels, non ?

    J'ouvre ici une parenthèse : je crois que les hommes et les femmes ne sont pas égaux devant le blogue, c'est sans doute aussi pour ça que vous vous irritez fréquemment Nadine et toi de mes réflexions. Le charme féminin supporte mal la numérisation. Et qu'est-ce qu'une femme sans sa beauté, son charme ? Ce n'est plus que de l'esprit de femme, quelque chose comme ça, une femme sans maquillage.

    T'as dû remarquer comme moi, Pim, que certaines femmes tentent naïvement de restituer leur charme en affichant des photos d'elles plus ou moins dénudées sur leurs blogues. Elles n'arrivent qu'à se rendre vulgaires.

    (Clair, c'est beaucoup dire, Slothorp, j'avoue avoir toujours beaucoup de mal à entraver ce que vous voulez dire, vous et vos amis - je ne parle pas de Juldé qui est un ange et que je plains de devoir endurer des supporteurs de football tels que vous, méfiez-vous qu'il ne se venge pas en faisant un jour un portrait au vitriol de votre petite société dans un de ses romans. Tout ça pour dire que, non, je ne crois pas que H. soit assez aveugle sur lui-même pour essayer d'imiter Balzac, qui n'a rien à voir.)

  • Non mais de quoi tu parles Lapin? Tu prétends faire de la sociologie sur la littérature en te basant sur tes observations, que tu juges certainement représentatives d'un point de vue statistique et les réactions de tes lectrices. Qu'est-ce que tu viens me baragouiner sur la façon dont tu cernes les femmes à travers le web maintenant?

  • Mon Lapin, quand tu dis que je suis un ange, c'est une manière polie de dire que je n'ai pas de sexe ?

  • Lapin quand je parlais de supériorité absolue c'était pour dire supériorité "tout court". Mais puisque vous n'aimez pas raisonner dans l'absolu, la philosophie, tout ça, dites-moi un peu comme vous voyez l'application des préceptes de saint Paul : imaginez que vous êtes marié, elle doit être soumise comment votre femme, exactement ? se prendre des fessées par principe pour lui rappeler sa place, ou juste vous écouter et tenir compte de votre avis avant de faire n'importe quoi ? ne pas vous couper la parole en public ? ne pas vous contredire devant les enfants ? (ça tout le monde le fait c'est du bon sens et de la politesse) Concrètement vous voyez ça comment ? Je crois qu'il y a deux sortes de soumission : la soumission à la bêtise et à l'arbitraire, et là c'est un mauvais mariage, et l'esprit de service pour ceux qu'on aime. Et là c'est mon devoir de chaque jour. Mais je voudrais votre point de vue concret s'il vous plaît.

    Et merci de vos conseils de relecture, vous savez où vous pouvez les mettre je suppose, avec cette imagination débordante qui vous caractérise et me prête un mari profaillon, un chat, une quête je ne sais pas de quoi, effectivement Pim a raison pas de l'homme puisque je l'ai trouvé, un goût pour les neuvaines à Montmartre et j'attends la suite des passionnantes aventures de ce non-moi incroyable que vous connaissez si bien et qui me ressemble si peu.

  • Pas exactement, Juldé, je voulais dire que vous avez une patience d\'ange. Amoureux du XVIIIe siècle et de la peinture de Boucher, dans mon imaginaire les anges sont d\'ailleurs plutôt dodus avec un petit sexe, non pas asexués.

    J\'espère que le malentendu est levé ?

    Il était écrit que cette semaine je passerais mon temps à lever des malentendus, au tour de Nadine à présent :

    Partageant avec vous le dégoût de la philosophie, Nadine, surtout quand elle n\'est même pas amusante comme celle de Voltaire ou de Rousseau, je me contenterai d\'un exemple pour vous faire bien comprendre comment je vois les choses concrêtement. Celui de sainte Monique, raconté par son fils, m\'a toujours paru proprement édifiant.

    Dans la division de la soumission que vous faites, je retrouve bien la philosophie gaulliste, mais là je n\'ai rien deviné puisque vous vous en vantez. Pour le reste, le chat, le mari prof, ne vous frappez pas, c\'est juste votre pseudo que j\'ai repris parce qu\'il me paraissait adapté au contexte. Une défaillance momentanée de mon imagination, en quelque sorte, je reconnais que c\'était ambigu.

    Dites, j\'espère que votre mari n\'est pas obligé de se justifier comme moi dès que ses paroles vous paraissent un peu ambiguës ? Je ne pense pas. Mon hypothèse c\'est que c\'est une crème d\'homme très amoureux de sa femme qui vous supporte avec enthousiasme. En ce sens qui n\'était pas celui que je voulais emprunter, vous l\'avez bien trouvé. Comprenez bien que l\'état d\'homme amoureux est une notion qui m\'est assez étrangère, elle est beaucoup trop \"XIXe siècle\", chacun son style.

  • C'est la première fois que tu lèves un malentendu Lapinos !

  • Je le fais parce que j'ai une tendresse particulière pour Nadine et Juldé, une sorte de tendresse virtuelle un peu irraisonnée. Les autres bobos, qu'ils aillent se faire voir !

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