La cuisine marxiste authentique
« Hé, C'est pour un tajine marocain ou algérien ? »
Mon teint pâlichon me vaut cette vanne du boucher qui découpe mon épaule à la scie électrique. Il y a de la barbaque partout, des tas d'un mètre de haut bien serrés.
En fait c'est pour un tajine franchouillard, puisque j'ai décidé d'essayer avec des topinambours, un légume sensass que les hasards de la guerre nous ont permis de rédécouvrir en France, avec une consistance de navet et un goût d'artichaut.
Je commence par faire dorer les morceaux de chèvre dans de l'huile d'olive et du beurre. Ma recette c'est pour huit personnes. Un kilo de chèvre environ. Puisque mon tajine est franchouillard - ou cosmopolite, comme on veut -, une grosse casserole peut très bien faire l'affaire, à condition qu'elle ait un fond épais.
Comme c'est à feu vif au début, faut faire gaffe à pas brûler le beurre et les trois oignons qu'on ajoute grossièrement découpés. Les légumes doivent être déjà prêts. Quand la chèvre est saisie de tous les côtés - tiens, je pourrais appeler ça la "Tajine du légionnaire" encore -, on ajoute les carottes en rondelles, une livre, les topinambours en gros morceaux, une livre aussi. En plus deux bananes. Pas des bananes de pédé, des grosses bananes bien dures à la peau noire, du Ghana par exemple, qui résistent à la cuisson. Trois ou quatre poignées de raisins de Corinthe. On sale, on rajoute deux ou trois clous de girofle, un ou deux grains de poivre noir, des graines de coriandre, du gingembre… On mêle tout le bazard ensuite jusqu'à ce que ça reluise, quatre ou cinq minutes, on jette un petit verre de rouge pour la coloration, pschhht, et puis on recouvre de flotte à ras de la chèvre.
Laissez mijoter à tous petits bouillons pendant une heure, une heure et demie, suivant la force de votre feu. Ah, j'allais oublier, deux cubes de bouillon de poule dans la flotte, à moins que vous n'ayez une vieille carcasse qui reste dans votre frigo ou sur votre balcon (Par ce temps, un frigo ne sert à rien).
La fine graine de couscous, faut la faire avec la sauce du tajine, ça va sans dire.
Pour le pinard, je conseille un Château Millegrand 2004 (Minervois), à faire rougir certains Bordelais - pour son arôme de pruneaux qui se marie bien avec la chèvre.
Si c'est pas de la cuisine marxiste authentique, ça ! À vue de nez, étant donné le prix de la chèvre en Afrique, y'en a pour moins de cinq euros par personne, pinard compris. Le reste de la semaine, on se nourrira sainement de soupe de poireau avec des tranches de lard, de sardines ou de maquereaux grillés.
Il faut dénoncer l'imposture des soi-disant communistes dans le genre d'Olivier Besancenot. Sous couvert de la défense des travailleurs opprimés, ils réclament en fait des augmentations de salaires. Non seulement la classe ouvrière française n'est pas dans le besoin, le luxe d'un tajine aux topinambours est à la portée de tout le monde, mais les augmentations de salaires ne font qu'augmenter sa dépendance vis-à-vis du grand capital, que transformer encore plus les ouvriers et les employés en consommateurs de gadgets inutiles. Les communistes devraient plutôt nous parler des travailleurs chinois, réellement pressés comme des citrons, eux.
La misère en France, elle est morale. Mais comment espérer de Besancenot, mû par l'envie, qui jalouse le pognon des bourgeois à qui il distribue le courrier à Neuilly, comment espérer d'un type comme ça qu'il s'élève jusqu'à émettre des jugements moraux ?
Commentaires
Un homme qui apprécie les topinambours ne peut etre totalement mauvais ...
Tiens je me disais que ta note allait attirer plein de jolies bonnes vivantes dans le coin, au lieu de quoi tu te fais spamer grave (je serais toi je supprimerais les deux, surtout le second d'ailleurs, non mais sans blague, ok cette anecdote est atroce m'enfin là ça sent la pub à plein nez, quel manque de dignité franchement).
ah euh.. ben c'est fait, désolée (tu peux supprimer mon commentaire)
A la scie électrique ! Une honte Monsieur ...
L'argument c'est que les os de chèvre sont hyper-durs. En réalité ces boucheries africaines débitent des carcasses à toute vitesse, la demande semble hyper-forte.
L'est trop exotique ton tagine à la banane..
Une vieille carcasse, même avec pas grand'chose dessus, c'est dix millions de fois meilleur que du bouillon cube. Ne jetez jamais une vieille carcasse, elle peut transfigurer une vulgaire soupe de légumes !
(Je ne dis pas ça pour vous Lapinos, vous le savez, mais pour l'édification des masses lectrices de blog.)
Il a l'air merveilleux votre tagine mais pas facile à faire quand on vit en milieu rural loin de toute boucherie halal. Et la banane plantain, n'en parlons même pas (je ne sais pas si vous avez déjà essayé d'en frire des tranches dans de l'huile rouge, c'est délicieux, demandez conseil à votre maraîcher non blanc, en Afrique de l'Ouest ça s'appelle aloko).
Z'êtes sûr que c'est des plantains, Coffe, je croyais que les plantains c'était des petites bananes ?
Sinon il faut cuisiner en fonction des saisons ET des quartiers, c'est la première des leçons. Si vous étiez Coffe, vous le sauriez.
Sûr, j'ai habité en AOF dans mon jeune temps. Les toutes petites fondantes je ne sais pas comment on les appelle, je sais seulement me jeter dessus quand je peux en avoir de mûres ce qui est très rare.
Je sais bien qu'il faut cuisiner avec ce qu'on a à portée de main/pied/caddie/voiture. Même les pires cuisiniers savent que quand on n'a pas, on n'a pas. C'était juste pour dire que c'était appétissant votre truc mais que je ne l'essaierai pas (comment ça tout le monde s'en fout ?). Au fait vous n'avez pas des tas d'esquilles dans la viande avec cet équarissage terrifiant ?
Vous savez que des chèvres y'en a pas qu'en Afrique ? En Corse aussi, dans l'Hérault, le Cantal, etc. Je ne peux pas croire qu'elles soient toutes "exportées" vers Paname !
N'est-ce pas plutôt qu'en tant que fille de militaire, Nadine (Votre style un peu rugueux et l'AOF semblent indiquer que vous l'êtes), vous seriez un peu gênée de servir à vos convives un "Tajine du légionnaire" ?
Bien sûr que vous attirez les bonnes vivantes!!! J'ai testé votre Tajine avec du veau (les boucheries Hallal dans la campagne bretonne, c'est pas trop ça.) et bien c'est un délice! Merci Lapinos!
Paraît qu'on peut faire du tajine avec du veau ou du bœuf, oui, mais moi sans le goût de laine du mouton ou de la chèvre, je trouve que c'est pas la même chose (Les bonnes boucheries tout court, en Bretagne c'est pas facile.)
Pas de papa soldat mais quatre frères et pas de soeur, et une sensibilité un peu excessive qu'on tâche de planquer comme on peut, voilà pour la rugosité (ça se dit ?). Enfin je n'ai pas non plus le sentiment d'écrire comme un homme, je ne sais pas où vous allez chercher tout ça mais je vous fais confiance, vous êtes plutôt intuitif comme garçon. Parfois vous vous trompez mais vous avez des excuses, je n'ai pas un cv ni un pedigree qui rentrent dans les cases habituelles. Enfin aujourd'hui que le multiculturalisme et la mobilité géographique deviennent la règle, je prévois des générations à venir qui me ressemblent beaucoup mais pour une fille des années 70 je reste un peu marginale.
Cette image que vous nous mettez là-haut, quand je passe et la vois sans la regarder, je crois voir une Mère Térésa couchée et défigurée, c'est assez curieux.
La chèvre ce n'est pas la peine d'essayer (quoique j'en voie de vivantes près de chez moi mais elles sont domestiques), mais avec de l'agneau c'est jouable. Dites, le topinambour vous le pelez avant de le cuire ? Parce que vu de loin ça a l'air pire que du gingembre.
Eh bien si vos topinambours sont bien frais vous devez pouvoir vous contenter de les frotter vigoureusement, Nadine. Un femme moderne comme vous qui fait des efforts pour cuisiner, je trouve toujours ça touchant.
Ah mais avoir des cousins dans tous les coins et déménager souvent ça ne suffit pas pour être moderne ! Surtout quand c'est toujours pour suivre un homme (après le père, le mari). Je sais bien que vous aimez me mettre en colère mais là la ficelle est un peu grosse autour de la barde. Quand vous aurez mangé ma cuisine nous recauserons de tout cela jeune homme.
Je n'avais jamais osé manger des topinambours sans les peler (toujours après cuisson donc) : vous me faites vivre dangereusement dites donc.
Je ne dis pas "moderne" pour vous provoquer, Nadine, mais parce que vous faisiez allusion, je crois, à une conversation avec Sébastien sur le contrôle des naissances.
Je ne pige pas le sens de votre parenthèse : (toujours après cuisson donc). Vous êtes sûre que vous ne confondez pas le rutabaga et les topinambours ?
Je n'aime pas trop balancer des liens comme ça, mais dans votre cas celui-ci s'impose : http://www.chefsimon.com/potopin.htm
Ah d'accord, c'est malin. Je suis de moins en moins moderne de ce point de vue-là puisqu'on y est ; et j'ai dit pourquoi.
Pour le chef Simon on n'a jamais tort de balancer son lien, quel plaisir, quel chouette site ! mais je ne confonds pas. Je ne pense pas être la seule à peler les topinambours : pour faire une purée par exemple, quand on a un convive édenté qui crachote tout ce qui n'est pas parfaitement homogène, c'est utile.
Entre la contraception et les recettes de cuisine, ces commentaires virent très "Femme actuelle" ; c'est un peu ma faute je le crains. Ne manque plus qu'un bon vieux psycho-test du type "allumeuse ou chaudasse ?" ou un patron de tricot et le tableau sera complet.
Le simple fait pour une femme d'avoir sa propre conception du contrôle des naissances et de l'énoncer, c'est ça qui est moderne, Nadine.
Convenez que c'est un changement radical dans les mœurs, depuis les années 70 : certes, tout un tas de ruses sont connues depuis le Moyen-âge pour ne pas enfanter mais le pouvoir du père sur ses enfants est nonobstant demeuré presque intact jusqu'au milieu du siècle dernier. Tandis qu'aujourd'hui on peut dire que c'est la mère qui a droit de vie et de mort sur ses enfants. Il est très rare qu'une femme renonce à ce nouvel ordre social, au-delà des grandes déclarations comme vous faites. Vous n'êtes pas obligée de répondre à cette question indiscrète, mais n'avez-vous pas été éduquée comme vos frères ?
(Si la conversation prend un tour un peu "Femme actuelle", ce n'est pas grave, je ne suis pas aussi guindé que votre Uhlan, Nadine.)
Cette rubrique " femme actuelle" est la bienvenue! En effet, depuis que vous m'avez avoué votre passion secrète pour la peinture figurative j'ose enfin vous montrer mes ouvrages de dames.
http://www.kitzbueheler-baeren.at/images/LapinInconnu.jpg
Bravo, ça c'est du boulot La Charbinières, même si c'est pas encore le lapin de Dürer ! J'applaudis des deux oreilles !
Vous m'en voyez ravie, Lapinos! Pour le lapin de Dürer j'ai fait plusieurs essais mais ceux çi étaient mieux réussis.
Pour l'heure je cuisine, vous sentez?
Pointez vos oreilles sur le lien.
(I knew that already, honey.)
Votre question n'est pas indiscrète, ma réponse le serait. Je n'ai pas du tout été éduquée comme mes frères pour des raisons nombreuses et pas toutes "anti-modernes". C'est long, compliqué et ça n'a rien à faire ici, vous comprenez ?
Enfin sachez que j'ai pris des cours de broderie quand ils allaient au judo, et que j'ai sabordé des études brillantes pour éviter d'avoir à choisir entre carrière et famille. Ce qui n'a rien résolu, je m'en rends compte maintenant. Si vous voulez en savoir plus, il faudra sacrifier à la déesse blanquette - mais ça m'étonnerait, vous êtes assez bien élevé pour faire très bien semblant d'être curieux de la vie et de l'avis de vos interlocuteurs même quand dans le fond, ça vous est un peu égal.
Pas de patron de tricot alors ?
Non, non, je suis naturellement curieux, Nadine, de savoir dans quelle mesure vous jouez la comédie de la femme soumise, si vous vous la jouez à vous-même, etc., ce genre de devinettes. D'où mes questions indiscrètes pour essayer d'en savoir un peu plus. Vous faites penser à ces types, tout le monde en connaît au moins un, qui décrivent avec force gestes démonstratifs leur courage physique lors de telle ou telle bataille ou bagarre, et puis qui, face au danger, se carapatent en quatrième vitesse. Vous comprenez, il y a un truc qui sonne faux dans votre discours. Je peux me tromper, mais voyez-vous, ma petite expérience m'a appris qu'il vaut mieux se méfier des femmes, Nadine.
Ah, la Charbinières, méfiez-vous si c'est la première fois avec vos haricots secs, moi il m'a fallu après 24 h de trempage plus de 4 h pour les cuire, et pas 1 h 30, et je vous garantis que mon four n'est pas en cause !
(Au fait, j'ai feuilleté Hoffmann, Nadine, mais ça ne me convient pas, ces nouvelles sont trop longues, ou pas assez épiques… Merci quand même. Je crois que je vais me rabattre sur A. Allais, qui n'est pas très épique non plus mais qui me convient bien.)
Ce n'est pas votre four qui est en cause Lapinos, c'est votre réveil!
Je résume, j'ai publié ma note à 23:55,
5 mn pour trouver tout les ingrédients
24 h de trempage
10 mn de préparation
4 h pour les cuire
Demain matin vers 4 h 10 tout sera prêt, moelleux à souhait, un délice!
Une belle nuit blanche en perspective!
"Il y a un truc qui sonne faux" : c'est parce que vous vous raccrochez à des types connus. Je sais bien que nous avons tous l'impression d'être uniques, heureusement, mais je suis vraiment atypique socialement pour mille raisons. Jamais je n'ai rencontré d'alter ego social, jamais. Je pense que c'est pour ça que ça sonne faux, inspecteur. Parce que si parfois je fais preuve de mauvaise foi, comme tout le monde, je ne ments jamais. Méfiez-vous tant que vous voulez, quand je vous dis que je raffole des nus de Titien ce n'est pas pour faire mon intéressante ou vous complaire - ou alors si, peut-être, mais c'est néanmoins la vérité vraie.
Votre histoire de soumission je ne sais toujours pas à quoi ça correspond dans votre esprit, concrètement. Je vous l'ai déjà demandé et macache ! pas de réponse. Une femme soumise se fait-elle battre régulièrement pour se rappeler cette soumission (il y a des gens qui font ça) ? ou est-ce juste une personne de bon sens qui refuse de contrarier son compagnon pour tout ce qui ne lui semble pas relever de son domaine à elle ou d'un domaine commun si le cas est grave uniquement ?
Je suis très touchée que vous suiviez tant soit peu un mien conseil de lecture ! Effectivement je ne savais pas qu'il fallait de l'épique...
Je ne dis pas que vous n'êtes pas sincère, Nadine, mais que vous avez une notion assez floue, subjective de la soumission.
Mais je ne désespère pas de faire de vous une marxiste ! Ce qui est intéressant, au-delà des appréciations subjectives des uns et des autres, les miennes, les vôtres, c'est le sens de la soumission de la femme au sens social et politique, vous ne croyez pas ? C'est pour ça que j'évoquais la question du contrôle de la fécondité, évidemment cruciale. Si cette question m'intéresse autant, c'est parce que force est de constater qu'au sein de l'Église elle-même c'est un discours presque exclusivement idéologique qui règne, et c'est effrayant. Vous êtes convaincue je pense que tôt ou tard, à l'échelle collective ou individuelle, l'idéologie, qu'elle soit démocratique, féministe, catholique, existentialiste, etc., finit par se heurter à la réalité. Et le choc est généralement violent.
(Les illustrateurs sont généralement plus à l'aise avec les récits épiques ou avec une certaine forme de fantastique, ce n'est pas un hasard si Shakespeare et Cervantès ont beaucoup été illustrés ; il est vrai qu'un illustrateur a aussi tenté d'adapter Proust en bande-dessinée.)
Vous aurez du mal à faire de moi quoi que ce soit, même une marxiste. Vous devez être trop abstrait pour moi, cher, je ne comprends rien. Qu'entendez-vous par soumission de la femme au sens social et politique, scrogneugneu ? Je porte le nom de mon mari, mon alliance, la vie me mène où il veut lui, je n'ai pas de carrière professionnelle, je porte ses enfants, socialement je suis une femme de. Politiquement je ne sais pas vraiment, j'ai le droit de vote, certes, mais bon, pour ce à quoi il sert !
Je ne vois pas le rapport avec le contrôle des naissances. N'ayant pas épousé un homme du XIIe siècle, je n'ai pas le sentiment de lui voler un droit en ayant un avis sur le moment opportun d'accueillir un enfant supplémentaire. Celui de nous deux qui voudrait le plus d'enfants c'est moi, comme dans beaucoup de foyers même non catholiques autour de moi. Il paraît que les femmes de France voudraient en moyenne un enfant de plus que ce qu'elles ont. Celui qui dit niet c'est souvent monsieur parce qu'on ne peut pas se le permettre ma chérie (pas de ça ici pour l'instant mais il est tôt). La peine des hommes d'aujourd'hui à assumer avec simplicité et courage la responsabilité d'époux et de père est assez bien exprimée dans le pamphlet de Zemmour. Ce sont eux qui ne veulent pas des bébés. Les femmes sont des machines à vouloir des bébés, on a toutes les peines du monde à les retenir ; bien que la propagande pour les faire étudier longtemps et travailler combinée à l'effet "bromure" de la pilule soit assez efficace, le plus souvent ce qui leur fait défaut c'est un candidat à la paternité.
Au sein de l'Eglise, que je fréquente quand même assez assidûment et depuis très longtemps, je n'ai pas reçu de discours idéologique ou non sur le contrôle de la fécondité. J'ai juste vu le film sur l'ivg en classe de seconde et ça m'a calmée pour toujours. En retraite de préparation au mariage on nous a recommandé de nous pencher à deux sur les questions de nombre d'enfants, accueil d'enfants avec handicap etc avant de se marier et de les faire, ce qui me semblait du bon sens, vu la société dans laquelle on vit et vu le contexte (en deux jours de retraite on ne peut pas tout faire et tout enseigner, mieux vaut parer au plus urgent). Après il y a ceux qui tiennent pour les méthodes naturelles et patin-couffin, mais là si on évoque ces méthodes c'est que le principe de maîtrise de la fécondité est acquis. C'est cela qui vous choque ? en quoi est-ce un problème d'espacer les naissances dans une famille ? vous savez que même dans les familles vraiment nombreuses la femme va tâcher de se débrouiller pour ne pas se trouver enceinte trois ou six mois après les dernières couches, pour sa santé notamment. C'est déjà de la maîtrise de la fécondité mais je ne vois pas où est le scandale !
(Proust en bd je l'ai trouvé assez réussi, enfin comme tout le monde je pensais que c'était impossible et donc j'ai été surprise - mais ce n'est pas très intéressant pour autant, ça n'apporte pas grand'chose je trouve. J'avais cru que vous cherchiez du fantastique, et Hoffmann comme Nerval le sont, mais ça ne doit pas être la bonne forme de fantastique.)
Nadine c'est un plaisir de vous lire, vraiment!
Il y a assez peu de choses concrètes dans ce que vous venez de dire, Nadine. De mon point de vue au contraire c'est plutôt la femme qui décide du nombre d'enfants et pas l'homme, surtout dans les milieux bourgeois où les différentes manières de contrôler la fécondité sont mieux apprises ; il faudrait des statistiques pour nous départager sur ces impressions divergentes.
Par ailleurs quand vous utilisez le terme de "méthodes naturelles", vous savez bien que c'est un terme idéologique, ces méthodes n'ont rien de naturel, il a fallu des siècles pour les mettre au point et elles relèvent d'une technologie hyper-sophistiquée que le slogan est fait pour dissimuler.
Peut-être comprendrez-vous mieux ce que je veux dire si je dis qu'il est plus intéressant d'observer quelles conditions sociales et économiques, patrimoniales, régissent les rapports entre l'homme et la femme aujourd'hui, en général, conditions dont nous ne sommes pas toujours conscients qu'elles dictent nos moeurs bien plus que nos convictions religieuses ou antireligieuses.
Je prenais l'exemple des femmes du XIIe siècle parce qu'il offre un contraste flagrant, mais je crois qu'entre vous, Nadine, et une femme ne serait-ce que des années 1930, il y a une différence assez nette.
Je vous réponds bien tard, veuillez m'en excuser !
Je ne prétends pas être une femme des années trente évidemment. Pour une femme de maintenant je me trouve peu "moderne", mais c'est relatif à ma génération évidemment.
Les méthodes naturelles, bon. J'ai une amie qui sait presque à l'heure près si elle est en train d'ovuler, sans fréquenter de médecin, sans technologie ni rien. Ce qui fait qu'elle a pu attendre que son cher et tendre se décide, car c'était lui qui ne savait pas, ne voulait pas, blabla, comme la plupart des jeunes gens de moins de trente ans aujourd'hui dans la bourgeoisie (si on laisse de côté les garçons élevés dans un catholicisme disons strict). Elle sent ses seins et son ventre etc. Toutes les femmes ne sont pas si sensibles certes mais bon, on n'a pas attendu d'inventer le microscope pour mesurer des variations cycliques dans le corps féminin et ses sécrétions diverses. Mais les méthodes naturelles je m'en fiche un peu, personnellement. En ce moment je ne suis pas concernée (félicitez-moi, merde, bis).
Méfiez-vous, depuis que vous êtes marxiste, vous faites des phrases assez laides avec beaucoup de mots de trois syllabes et plus. J'ai du mal à me concentrer pour les comprendre.
Je me trouve plus concrète que vous mais on ne trouvera pas d'arbitre pour nous départager. Toutefois je suis curieuse de savoir comment vous pensez qu'on peut appliquer les conseils de saint Paul sur la soumission, concrètement, ici, maintenant. C'est une question sérieuse, je voudrais vraiment une réponse, disons que ça me ferait très plaisir ?
(Isabelle si vous repassiez par ici, merci de votre compliment et des lectures que vous nous proposez, c'est long mais c'est bon !)
Allez-y mollo Nadine, vous allez me faire vomir avec votre camarade qui sent ses ovules bouger (Ma grand-mère à moi trouvait le mot "copine" étymologiquement discutable, surtout dans ce cas précis.)
Si vous voulez me faire croire que vous êtes plus pragmatique que moi, trouvez autre chose que la blanquette parce que c'est précisément LE plat que les femmes maladroites proposent à leur "tendre et cher", comme vous dites (Je ne parle pas de moi, évidemment.) (Ma grand-mère, l'autre, faisait une blanquette fondante à souhait, mais elle ne savait faire que ça.)
Et puis comment voulez-vous que je vous donne un conseil concret ici concrètement ? Non, c'est de l'aplomb que vous avez, c'est encore autre chose…
(J'attends toujours au moins le sixième ou septième moutard pour féliciter une mère de famille française, comme Jacques Chirac - le plus pragmatique de tous, n'est-il pas ?)
Si c'était vous qui lui secouïez les ovules, vous ne vomiriez pas elle est ravissante. Et ce n'est pas une copine, je n'ai pas écrit ça (!), c'est une amie et une bonne. Dans ce cas précis, le cher et tendre, elle l'a payé cher (des années de patience) car il était trop tendre, ou trop timoré, comme on voudra.
La blanquette n'a rien à voir avec le pragmatisme, décidément je ne vous suis plus. Ma blanquette est fabuleuse, mais plutôt pour séduire une femme car c'est la sauce qui est vraiment extraordinaire et la plupart des hommes ne font pas trop la différence, à ce que j'ai remarqué. Ils préfèrent le plus souvent beaucoup de viande rouge, rôtie. Mais ce que vous dites ailleurs des gens difficiles à nourrir est très vrai et du coup c'est délicat de généraliser par les temps qui courent.
Ecoutez, sur cette histoire de saint Paul vous ne cessez de me l'envoyer à la figure pour m'envoyer promener avec ; je n'y comprends rien, n'obéis pas au commandement, me paie de mots, suis abstraite etc. Les curés eux-mêmes sont nuls sur les questions de mariage, gnagnagna. Bien ! Qu'avez-vous à dire, vous ? rien, je m'en doutais un peu et le déplore un peu aussi.
(Vous semblez faire exprès d'être désagréable ces temps-ci, votre bonté vous a-t-elle joué des tours récemment ? C'est pour me consoler de devoir patienter encore longtemps, et peut-être me passer éternellement des félicitations du président de la république, que j'aime être félicitée ! vous ne comprenez vraiment rien !)
C'est vrai, vous n'avez pas dit "copine"… Où avais-je la tête ?
Moi ce sont les abats que je préfère, risotto de tripes, rognons à la moutarde, cervelle panée, omelette d'ovaires… Mais par curiosité, vous mettez quoi dans votre sauce ?
Bon, je reconnais que ce n'était pas très charitable de ma part de vous balancer saint Paul à la figure, une faible femme comme vous. J'essaierai de me tenir mieux la prochaine fois. À condition que vous arrêtiez de me poser des questions de théologie appliquée à votre couple dans lequel je n'ai jamais eu la prétention de m'immiscer, na !
Nadine vous êtes la bienvenue chez moi.
Bonjour Nux Vomica
Merci Isabelle ! Ne lancez pas le lapin sur l'homéopathie, il va encore rager (j'ai sauté l'étape Nux Vomica et là on m'a donné Colocynthis 9ch, ça traîne dans la cuisine en attendant de servir - tadadadam Femme Actuelle).
Qui parlait de s'immiscer ? mais passons aux choses sérieuses. Ce qui est important dans la blanquette :
- jeter l'eau qui sert à blanchir la viande.
- mettre dans l'eau de cuisson une vraie garniture aromatique (poivre en grains, girofle, oignon, carotte, céleri, côte et feuille, poireau ail thym laurier) en plus du citron bien sûr, pour obtenir un bouillon vraiment bon.
- après cuisson réduire le bouillon en plusieurs fois en y mêlant peu à peu la crème puis jaunes d'oeuf, muscade et encore un peu de citron, tout cela à la fin bien sûr (au lieu de faire la blanquette de la femme pressée qui va lier à la farine beuark), et une fois les jaunes mis il faut laisser encore un peu épaissir mais attention jaune bouillu jaune foutu.
- cuire à côté oignons grelots et champignons frais séparément avec des tonnes de beurre et respectivement sucre et citron.
- au moment de servir parsemer d'estragon frais (très important).
Tout cela n'a rien de révolutionnaire, c'est de la cuisine bourgeoise basique, mais j'en ai mangé souvent ailleurs que chez moi et je préfère toujours la mienne. Je crois que le plus important de tout c'est de laisser beaucoup réduire le bouillon qui est vraiment très concentré (de moitié, puis encore d'un tiers).
Maintenant que vous savez les secrets de ma blanquette, vous n'aurez plus aucune bonne raison de venir souper à la maison !
L'efficacité de l'homéopathie repose sur l'effet placebo, et l'effet placebo est scientifiquement prouvé. La Charbinières m'étonne quand même ici, je la supposais plutôt versée dans la médecine par les plantes et les remèdes de grand-mères qui sont quand même plus poétiques que les pilules Boiron…
Vous avez essayé de faire votre pain maison Lapin?
Vous avez essayé de faire votre pain maison Lapin?
Je sais je sais Lapinos vous n'êtes pas sourd!
Inutile de le répéter deux fois !!
J'aime tellement pétrir, la Charbinières, que je me suis parfois mis dans le pétrin à cause de cette manie…
Je fais mon pain de temps en temps à la main, mais je ne suis pas de taille à concurrencer les boulangers parisiens qui me manquent dès que je fais un pas en dehors de la capitale. C'est beaucoup plus difficile de faire du pain qu'une blanquette, même la qualité de l'eau que vous utilisez a des conséquences. C'est tout un métier.
Caractéristique ce rejet de la farine de la part de Nadine. Cuisine bourgeoise, certes, mais cuisine moderne bourgeoise. Toutes les sauces à la farine ou presque, les roux, ont disparu des livres de cuisine nouvelle. La farine ne sert d'ailleurs pas à lier à proprement parler mais plutôt à épaissir la sauce. Quel est l'intérêt du sucre ?
(À vrai dire, en dehors du foie de veau les jours de fête, je ne mange pas de cet animal-là que je trouve un peu trop fade.)
Je ne rejette pas la farine, si vous faites un roux pour votre blanquette, la sauce est beaucoup moins goûteuse. J'ai eu souvent l'occasion de comparer, ma mère fait sa blanquette à la farine, c'est bon mais pas succulent. Essayez de la faire comme ça, vous verrez la différence ! Cette façon de faire la blanquette n'a rien de moderne (ça commence à bien faire !) elle est juste plus fine que l'autre.
La farine c'est très bien pour faire de la pâtisserie et des sauces de tous les jours. La béarnaise qui n'est pas très cuisine nouvelle non plus se fait sans farine.
Le sucre c'est pour que les oignons soient encore plus sucrés et que ça ait vraiment le goût du péché (je ne raffole pas du sucre, une grosse pincée suffit bien sûr).
Ça doit faire vingt ans que j'ai pas avalé une blanquette, au moins…
Est-ce à dire :
a. que votre grand-maman vous manque ?
b. que vous voudriez bien une recette précise ?
c. que vous voudriez bien en remanger par exemple chez nous ?
d. que tout ça ne nous rajeunit pas ?
(Plusieurs réponses sont permises mais on ne triche pas !)
Mais non, c'était pour vous dire à quel point ça ne me manque pas, la blanquette. Tandis que je ne pourrais pas passer une semaine sans manger des rognons. Vous devriez peut-être rajouter un demi cube de bouillon de poule dans votre sauce ?
Oui, et de la farine, hein.
J' écris mon commentaire dans la rubrique "côté femme"!!
"Etant donné que je fais partie comme lui des victimes non consentantes de l’art contemporain..."
Ce serait un plaisir de voir votre travail Lapinos !
C'est sérieux!
J'écris ça en tant qu'Occidental, pas seulement en tant que peintre - Domecq lui-même est prof de lettres et pas artisan pour un sou. Est-ce la raison pour laquelle il manque un peu de rigueur ?
Il est assez naturel pour un critique d'art de surestimer le rôle de la critique d'art dans la crise. Disons que la tactique de Domecq est de faire voler la critique d'art contemporaine en éclat et de la ridiculiser. Je suis pour ma part plutôt un adepte du mépris total vis-à-vis des maîtres de philosophie de Messieurs Pinault et Arnault.
(Le coup de la rubrique "côté femme", ça ne prend pas, vous me prenez pour un blaireau ou quoi, la Charbinières ?)
Tssss, comme d'habitude vous jouez au Lapin "mal embouché",
soyez donc un peu plus simple!!
Et puis, que vient faire le blaireau en cette affaire!?
Vous n'avez pas répondu à ma question!
Qu'est ce que vous entendez par blaireau, un adorateur de Tony Blair? HUHu
Vous êtes une femme, la Charbinières, impressionniste et philosophe par-dessus le marché, ça fait un peu beaucoup pour que je vous fasse confiance et que je vous montre mes autoportraits (Je suis assez peu porté sur le paysage et d'avis comme Ingres de confier cet aspect du travail à un sous-fifre.)