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Admiration spontanée

"Ce qu'il fallait déclarer" la semaine dernière c'était que Jean-Pierre Vernant, un ex-colonel de la Résistance agrégé de philo qui venait de casser sa pipe, était un des titans de la pensée contemporaine ! Et tous les gardiens du Temple de la Culture, dans la presse, à la télé, à la radio, de faire chorus.

D'ici quinze jours, gageons que l'indispensable J.-P. Vernant, "Résistant de la première heure", sera déjà tombé dans les oubliettes de l'Histoire ; en attendant, prière de dégainer les superlatifs et de se prosterner à l'évocation de son nom glorieux (D'ailleurs les baveux seraient bien inspirés de réviser un peu leurs superlatifs pour des occasions comme celle-ci, vu qu'en dehors de "génial" et d'"extraordinaire" ils ont un répertoire qui fait pitié.) Spectacle affligeant du bœuf Guillaume Durand meuglant son admiration spontanée sur France 2 ! Prêt à tout pour garder sa place dans la crèche médiatique, que ça soit Ségolène ou Chirac qui soit élu.

Le "Résistant de la dernière heure", même si on ne peut pas présenter les choses de cette façon sans blasphémer, est déjà l'équivalent d'un bienheureux ; alors le "Résistant de la Première heure", lui, c'est carrément un saint de première classe ! S'il a pu toucher une fois dans sa vie la main de Jean Moulin, il bénéficie même de la double auréole.

Jean-Pierre Vernant avait été présenté au "grand public" par Laure Adler sur Arte dans une interview rediffusée en ce week-end de funérailles médiatico-culturelles.
Sur la Grèce antique, Vernant porte un regard de philosophe. La démocratie grecque idéale des animateurs de télé et des instituteurs n'exista pas en réalité. Vernant ne s'en soucie guère. Les Stratèges militaires reprirent vite le pouvoir et Périclès lui-même est avant tout un chef de guerre. Tous les historiens le disent, mais on ne fait pas de la propagande avec des faits historiques.

Plus près de nous, en 1934, Vernant a séjourné en URSS pendant un mois, assez longtemps pour y observer la misère soviétique dans tous les domaines, peu conforme aux descriptions idylliques que le jeune militant du PCF lisait dans L'Humanité. Il a préféré couvrir ces faits. Idem pour les purges de Staline ensuite. Parvenu au terminus de son existence, Vernant a admis qu'il avait mal auguré du rôle que l'URSS pouvait jouer dans l'édification d'un monde meilleur.
Son autocritique ne va pas jusqu'à faire des excuses. D'abord parce que Vernant n'est sans doute pas assez idéaliste pour croire que ce genre de repentance ait une quelconque utilité ; ensuite parce qu'on ne demande pas de comptes aux vainqueurs.

Commentaires

  • "Le Service de Catéchèse s'associe à votre silence pour vous souffler à l'oreille tous ses voeux pour un très beau Nouvel An médiatique ..."

    Ne me frappe pas Lapinou c'est le Vatican lyonnais à qui je pompe toutes ces jolies phrases.

    Est-ce que tu te rends compte de l'angoisse de tous les suceurs de pines du petit écran de ne pas savoir s'il va falloir sucer aussi les chattes si Ségolène est élue grand timonier au mois de Mai ?

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