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Commencer par la fin

Quand on tient l'esprit philosophique pour une sorte de maladie mentale, le cas de Gombrowicz, proche de la dépression et du suicide, est assez intéressant.

Il y a une sincérité extrême chez Gombrowicz, qui le pousse à la fin de sa vie à reconnaître que Ferdydurke est un roman beaucoup trop calculé, "prémédité" c'est le terme qu'il emploie, pour être vraiment vivant et donc éternel. Seules les choses vivantes ne meurent jamais, ça Gombro en est finalement convaincu. En même temps, de façon assez puérile, bien qu'il réduise Sartre à un chantre de l'"égotisme bourgeois", Gombro veut qu'on sache bien qu'il avait précédé Sartre dans la voie de l'existentialisme. Drôle de logique.

Ce petit passage dans une préface me fait sursauter :

« Quant à la pensée objective, elle se voit aujourd'hui concrétisée, exprimée avant tout dans le catholicisme d'une part, dans le marxisme de l'autre. Toutefois, de l'aveu de Marx lui-même, le marxisme n'est pas une philosophie ; quant au catholicisme qui s'affirme comme une métaphysique fondée sur la foi, il est assez paradoxalement la conviction subjective que le monde objectif existe. »

Passons sur le paradoxe, très relatif, puisque du point de vue du catholique c'est Gombrowicz qui est subjectif. Ce qui m'étonne beaucoup c'est qu'à soixante-cinq ans un type cultivé, qui a grandi dans un pays catholique, puisse avoir une conception aussi erronée du catholicisme et prétendre qu'il s'affirme comme "une métaphysique fondée sur la foi" ? Drôle de credo.

Commentaires

  • Le christianisme n’est pas une métaphysique, c’est une foi qui se vit. Mais Gombrowicz n’était pas chrétien, on lui pardonnera sa méprise. D’autant que l’idée que le christianisme est fondé sur un paradoxe est juste. Comment mieux exprimer cette tension entre la vérité révélée et notre existence en tant qu’individu ? Saint Paul l’a dit : « Nous prêchons, nous, un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens. » Je crois parce que c’est absurde.

  • C'est Second Life ici ? Le bureau virtuel des petits lapins qui se multiplient tout seuls ?

  • Je crois vous avoir entendu dire que vous étiez converti depuis peu de temps, Sébastien. Et vous êtes déjà en train de prêcher ? Je vous conseille de laisser un peu décanter tout ça au moins une ou deux générations. Si vous regrettez déjà votre dernière phrase, probablement rédigée dans un élan d'enthousiasme, je peux très bien vous rendre le service de l'effacer.

  • En général, les nouveaux convertis font preuve d'ardeur et de zèle. Je ne déroge pas à la règle.

    N'effacez rien, je vous en prie. Dites-nous plutôt quelle est votre conception du christianisme. C'est bien beau de dire que Gombrowicz se trompe, encore faut-il préciser en quoi il se trompe.

  • à la reflexion on peut retourner St Paul, depuis le temps; folie pour les juifs, scandale pour les paiens du jour... à la reflexion!
    l'absurdité, c'est ce qui arrive quand on se refuse à croire, on fini par vouloir tout savoir, jusqu'à l' "infiniment tésimal" comme dirait le ministre de l'amènagement du territoire (pas linguistique, Dieu merci!)
    on appelle ça la passion de l'ignorance, (vouloir tout savoir)
    on fini par désirer se faire élire...
    l'ironie du peuple élu, tout comme celle de l'universel catholique, c'est la garantie du secret bien gardé parce que c'est l'esprit qui le garde... sentinelle aguerrie toujours au poste, dis merci à Lapinos Sébastien!

  • Lapinos, je m'étonne qu'un type comme Mel Gibson vous intrigue pas plus que ça... taxé d'homophobe, (comme nous) d'antisémite (comme toi!) et de catholique (comment ça?), alcoolique de surcroît, obnoxiously successfull! for God sake, ça vous donne pas envie d'aller voir ces catholiques australiens? ! nous, non... mais vas-tu me dire pourquoi?

  • Peut-être parce que ce serait déjà lui accorder beaucoup plus de curiosité que celle qu'il mérite, Mel Gibson.
    Quoi que sa prestation dans Mad Max m'avait bien convaincue à l'époque.

  • Je ne vous reprochais pas votre zèle, Sébastien, mais votre petit prêche, puisque comme Fodio c'est l'athéisme qui me paraît absurde en 2007.
    Dans cette logique je ne crois pas qu'il y ait beaucoup d'athées "de bonne foi". Je n'en connais pas personnellement, je ne connais que des athées qui m'opposent une incrédulité "de principe".

    Quant à Mel Gibson, c'est sûr que ça nous change de toutes ces petites fiottes démocrates-chrétiennes qui sévissent par chez nous ! Mais je vous l'avoue, je suis assez imperméable à la "littérature" de Gibson, Fodio ; je trouve l'"Évangile selon saint Matthieu" de Pasolini plus crédible.

  • Je fais partie des athées de bonne foi : je ressens chaque jour dans mon coeur, dans le cosmos et dans chaque évènement que ces deux entités hébergent, l'inexistence de tout dieu. Malheureusement à ma bonne bonne se superpose la mauvaise, celle que j'ai armée au fil de la vie pour résister à l'agressivité des croyants de mauvaise foi (ceux qui croient sans doute ni vertu et qui ne s'excusent même pas de croire en un système qui sauve les croyants et condamne les autres - J'espère, Lapinos, qu'entre deux séances de manustupre, vous priez pour le salut de mon âme-)

  • Il faut nous en dire plus, Philograph, car l'agressivité des croyants belges est largement méconnue de ce côté de la frontière. On vous a fait violence, forcé à prier à genoux dans une église ?
    Voyez-vous, en France, il n'est pas un jour qui passe sans qu'on intente des procès, de véritables procès ou des procès d'intention, à l'Église de Scientologie, aux mormons, aux Témoins de Jéhovah, aux "intégristes" musulmans, aux "intégristes" catholiques, jusqu'au pape qu'on accuse même de propager le sida en Afrique, alors votre cas me paraît bien étrange et excite ma curiosité…

    (D'autre part je ne nie pas qu'il existe des incroyants sincères, il y a des cas célèbres dans la littérature, mais je dis que je n'en ai jamais rencontré en vrai.)

  • ben tu gagnerais à me rencontrer Lapin, ceci dit, même après une biture à la in vino veritas tu trouverais pas l'once d'un soupçon de sincérité pour ce qui est de mon incroyance... croire c'est être hypocrite, ou sinon à quoi bon! En littérature, on dira ce qu'on voudra, la sincérité c'est chiant!

  • D'abord oui, je fus contraint d'aller à l'église. La pression qui s'exerça sur mon père par mon grand-père se reporta également sur moi et mes frère et soeur. Nous allions donc d'autorité à la Messe tous les dimanches depuis mon baptême jusqu'à la veille de ma confirmation. Et des baffes, j'en ai pris des méchantes sur le sujet.

    Cette violence-là (et celle exercée sur mon jugement, la pire à mon sens, mais je suppose que vous rangez cela dans les postures de principe et de cosmétologie humaniste) n'est en rien opposable à celle que vous me décrivez et qui n'est à mon sens qu'un harcèlement fondé (justement ou injustement selon les cas) sur le droit commun : cela n'est affaire que d'argent et d'avocats.

    (Question sincère et non rhétorique : savez-vous si le pape souffre d'être accusé de contribuer à la propagation du sida ? Je ne l'ai jamais entendu le dire mais il est vrai que je ne l'écoute que d'une oreille.)

  • Moi aussi j'ai été forcé par mes parents à aller à la messe, ça nous fait un point commun, Philo.
    J'ai aussi été contraint suivant le même principe de faire du football et d'aller à l'école ! De l'école je garde le plus mauvais souvenir des trois car c'était du soir au matin et qu'on y enseignait pas mes matières préférées, le dessin et la cuisine.
    Vous partez de l'idée "a posteriori" que les expériences que vos parents vous ont imposées n'étaient pas faites pour vous, Philograph, je trouve pour ma part que c'est une manière un peu spécieuse de présenter les choses. Ne serait-il pas plus juste de dire que vous êtes en désaccord avec vos parents, avec votre éducation ? Vous voyez, dans votre manière de présenter la réalité, je vous trouve un peu de mauvaise foi.

    En même temps ce que j'apprécie chez vous, sincèrement, c'est que vous avez un esprit concret (la marque de votre éducation catholique ?), et que vous êtes parfaitement conscient du lien qui existe entre l'expérience, votre éducation, et la foi. Et donc parfaitement à même de comprendre pourquoi Jésus-Christ ne demande pas à ses disciples de "croire en lui", à sa divinité ou je ne sais quoi d'assez absurde, il ne leur demande pas de comprendre mais de le suivre, de lui faire confiance, de tenter l'expérience.

    Pour moi l'athée moderne est personnifié par la figure du jeune homme riche, désolé de faire ressortir des souvenirs de catéchisme douloureux. Le jeune homme riche qui, pour mémoire, demande à Jésus ce qu'il doit faire, et Jésus lui répond en substance : "Donne tout et suis-moi." Et le jeune homme riche préfère en rester là. Vous voyez que ce n'est pas un problème de foi à proprement parler. Vous posez plutôt le problème de l'"expérience mal vécue", qui est tout différent.

    (Je ne suis pas dans ses jupons mais je serais tenté de croire que Benoît XVI, en philosophe, présuppose la bonne foi de ceux qui l'accusent de répandre le sida en Afrique, et qu'il aimerait donc les convaincre du contraire. Tandis que son prédécesseur était beaucoup moins naïf et que de tels reproches, malintentionnés, ne l'empêchaient pas de roupiller.)

  • Que j'en fasse ou non le reproche à mes parents ne résume pas notre sujet à une évaluation de mon éducation, mais soit, je n'ai pas vocation à vous affranchir. Tenez, je trouve touchante votre tentative de racolage à la parabole : l'avoir maquillée en argument de réponse ne dissimule qu'imparfaitement votre bon fond. Si, si, il y en a qui dépasse.

  • Ne vous méprenez pas, je ne me fais guère d'illusion sur les athées qui ont assez de mauvaise foi pour reprocher à leurs parents de les avoir contraints à aller à la messe, les pauvrets. Je suis prosélyte, bien entendu, mais le prosélytisme consiste plus à faire connaître la Bonne Nouvelle à ceux qui l'ignorent qu'à convertir ceux qui la connaissent déjà, comme vous, et qui ont déjà fait leur choix. Amen.

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